Ah, encore un bon film… Avec la caméra stable et pas une gigoterie perpétuelle…
Belles scènes de combat, un peu de raccourcis, mais bon, on n'en fera pas une maladie diplomatique…
Bonne musique, bons décors, masse de costumes, les Romains ressemblent à des Romains, les esclaves à des esclaves. Tout le monde est content. Même les crucifiés de la Via Appia, qui ont juste été cloués avec une petite corde et un soutien aux pattes…
Ouais ! Je ne cache pas avoir été un peu surpris par l'importance des messages dans le forum (c'est le cas de le dire).
Comment faut-il interpréter ce silence ? J'ai vu, revu ce film à différentes reprises. J'estime avoir eu, surtout, le plaisir de le voir en version originale sous-titrée. Il est bien clair, par exemple, que la doublure de Mlle Jean Simmons est très mauvaise car elle ne la crédibilise pas au regard de ses partenaires masculins. Il est clair aussi que les dialogues prennent une autre profondeur. Il est clair aussi que le récit est impressionnant dans son illustration. Ce sont des figurants et non des personnages animés sur un ordinateur. Tout cela remet quelque peu en cause notre vision actuelle des films à grand spectacle. La question aussi qui se pose est de savoir à quelle époque reclasser ce film dont certaines scènes me paraissent très contemporaines. Si Stanley Kubrick s'est plaint d'être confronté au "star-system" hollywoodien, en revanche, au final, c'est bien une oeuvre de Kubrick qu'il nous est donné de voir. Et en plus, c'est bien une oeuvre d'équipe où tout un chacun a fait parler ses convictions, de Kirk Douglas, producteur, à Dalton Trumbo, scénariste, à Howard Fast, l'écrivain dont le roman a servi de base.
Quand je parle d'une réédition DVD, je pense qu'il est indispensable que le DVD respecte le format écran. "Spartacus" dans le dernier coffret "collector" comme "Apocalypse Now Redux" ne respectent pas les formats. Et ce n'est pas normal. L'image au cinéma est l'élément essentiel du film. En ce qui concerne les scènes "manquantes" je serai tenté de dire que les ayant vues je ne pense pas que leur importance soit aussi conséquente. Les grandes élipses des "soirées" des gladiateurs sont largement suffisantes pour exprimer ce qui doit être exprimé. Au niveau de la scène tant décriée entre Laurence Olivier et Tony Curtiss dans le bain, il n'y a rien à redire puisque conforme à l'époque. Quant aux scènes finales quand on assiste au suicide de Charles Laughton, c'est peut-être là le seul instant où le son vaut bien plus que l'imagerie dans l'expression des sentiments.
Pour moi Spartacus est un grand film, un très grand film. Ce n'est pas un bon film, c'est un monument de l'histoire du cinéma qu'il fallait faire.
Amicalement – Pierre
Salut Droudrou
Et puis Peter Ustinov en fait des tonnes quel comédien par moment on a l'impression qu'il improvise surtout dans la scène du choix des gladiateurs pour le combat jusqu'à la mort lors de la visite de Crassus. C'est émouvant de voir Charles Laughton se faire embrasser les cheveux par Varinia puis de tirer le rideau de la vie.
C'est quasiment le même Peter Ustinov que celui de Topkapi de Jules Dassin que l'on oublie beaucoup !
Néanmoins, les aspects positifs de Spartacus l'emportent très largement sur les petites réserves que l'on peut émettre. Grand spectacle, et très beau film.
Ave ! les premières scènes qui se passent au Sénat m'ont immédiatement renvoyé au film de Preminger "tempête à Washington" avec Laughton ! quel travail que celui de dalton Trumbo qui nous donne un film où en comparaison "Gladiator" ne tient pas la route malgré tous ses effets mais c'est très vrai que la séquence de l'éclipse de Barabbas demeure un instant de cinéma inoubliable quant à la confrontation Anthony Quinn Jack Palance elle ne peut nous laisser indifférents et nous toucherait plus que le spectaculaire de la nouvelle bataille de Carthage de "Gladiator" qui, pourtant disposerait de plus de moyens !…Amen ! Salut à tous ! droudrou !
Les discussions au sénat sont intemporelles… Je me souviens de Gracchus susurrant sous le nez de ses adversaires Crassus et César, aux ambitions personnelles totalitaires affirmées : "Notre République est peut-être corrompue, elle a au moins le mérite d'être libre…"
Par ailleurs, les nombreuses scènes de foule et de bataille n'empêchent pas des moments de poésie telles les discussions de Spartacus et Varinia sur l'origine du vent d'été (la respiration d'un jeune dieu endormi dans une grotte, songeant à une jeune fille…) ou le poème d'Antoninus sur les montagnes bleues et les vallées empourprées…
On en pardonne presque au film d'alterner des prises de vues en extérieurs très réalistes avec des clairières de studio aujourd'hui datées… comme des îlots d'onirisme entre deux boucheries.
annoncé en blu-ray par Universal le 25 mai 2010 à l'occasion du cinquantenaire du film !
En hd-dvd, et maintenant en blu-ray (ou à venir), les classiques des années 60-70 sont à redécouvrir. Les 3 jours du condor, Delivrance, la horde sauvage par exemple. Un must : Blade Runner, director's cut.
Rien de Kubrick, dans Spartacus
? Bien sûr que si, pourtant ! Les effets de foule, les batailles, certaines prises de vue et certains ciels d'orage, la capacité à entraîner le spectateur dans les méandres d'une histoire plutôt convenue…
Je m'étonnerai (faussement) toujours que l'usine à fric d'Hollywood présente habituellement, avec les apparences de la vertu, des récits et des idées censément très éloignés de ses propres critères et que chacun prête la main à cette opération de mystification : tout autant Howard Fast, l'auteur du roman dont est tiré le film, que Dalton Trumbo, son adaptateur, étaient réputés pour être de grandes consciences de gauche et durent subir les rigueurs du maccarthysme : l'histoire de Spartacus
est un vibrant plaidoyer humaniste (mais, accordons-le, moins manichéen qu'on aurait pu le craindre), et tout cela, pourtant, ruisselle d'argent et sent le film à gros budget… Hommage du vice rendu à la vertu ? Allez savoir !
Mais ouf ! Kubrick allait sortir du carcan…
"C'est écrit par un nommé Alex North, compositeur fécond de musiques parfaitement oubliables, simples accompagnements des images et non parties essentielles de la qualité d'un film."
Vous y allez un peu fort ! Que les musiques d'Alex North renvoient davantage à l'atmosphère hollywoodienne des années 50 qu'à l'univers de Kubrick,
c'est une chose, qu'on les qualifie d'oubliables avec autant de mépris en est une autre.
Alex North demeure pour les amateurs de musiques de films américains un des grands noms des années 40-50. Ses partitions pour Un tramway nommé désir ou Les Désaxés
/ The Misfits
demeurent aujourd'hui encore des références en la matière, mêlant jazz et orchestre symphonique.
Ses thèmes de Cléopâtre ont encore beaucoup de succès, notamment son fameux générique qui semble nous transporter sur une nef descendant le Nil, a fait rêver des générations et a finalement moins vieilli que d'autres musiques de films du même genre.
Pour Spartacus, son thème d'amour, qui paraît certes aujourd'hui typiquement hollywoodien et peu en rapport avec son sujet, a longtemps fait partie des standards de la musique de film de l'époque, et le thème composé pour le poème d'Antoninus ("blue forests ans purple hills") a conservé son pouvoir d'évocation.
Jusqu'à sa fameuse "Unchained melody", composée pour un film largement oublié, qui fut reprise comme thème principal du film Ghost. Alors rendons à Alex…
Quand on ne s'y connaît pas IMPETUEUX en "musique"… on se tait !… Que vous soyez omniprésent sur ce site, ne vous permet pas de dire n'importe quoi !… Les bandes originales des musiques de films d'Alex North ont été reprises maintes fois par différents orchestres et certains ont la chance d'entendre les mélodies issues de sa musique féconde au travers de nos orchestres nationaux… Alors pitié !… Sachez vous taire quand il le faut…
Certes comme l'indique Impétueux, Spartacus un film de commande (il a remplacé Anthony Mann, viré par Kirk Douglas, au pied levé), mais quel film de commande ! Sans doute mon péplum préféré…
…pour la séquence des arènes, où Douglas affronte Woody Strode, son ami, son frère, qui se sacrifie pour lui, pour la Liberté, pour l'Honneur…Pour l'ambiguîté latente des rapports entre Tony Curtis ( assez fade il est vrai) et Laurence Olivier (la scène du bain, censuré à la sortie du film, fait preuve d'une audace assez rare pour l'époque…mais Dalton Trumbo est grand, et ces séquences me font penser aux retrouvailles de Charlton Heston et Stephen Boyd dans Ben Hur, Heston jouant la séquence comme de simples retrouvailles viriles et Boyd, comédien beaucoup plus subtil laissant transparaître, suivant les indications de Gore Vidal par ses regards et attitudes une attirance homosexuelle pour son ami…).
Pour la bataille finale dans un immense champs, les deux forces antagonistes filmées par une caméra virtuose alternant plans larges et plans rapprochés, Kubrick captant superbement le choc des glaives sur les cuirasses, les combats au corps à corps, la sueur et le sang…
…Et surtout pour le final (aussi réussi que celui du Barrabas de Fleischer, empreint d'une force tragique remarquable, mêlant la déception de la défaite et le sentiment d'avoir pour un temps goûté à la liberté, un final magistral qui laisse dans la bouche le goût amer d'un Paradis perdu…
Alors que pèsent la mièvrerie de la romance avec Jean Simmons (en même temps fréquente dans le cinéma hollywoodien de la grande époque en ce qui concerne les rapports amoureux) et la banalité de la musique d'Alex North (plus inspiré dans d'autres superproductions et drames intimistes) dans la balance d'un film qui enchaîne les morceaux de bravoure comme des perles sur un collier ?
D'un point de vue purement subjectif, le film de Kubrick surpasse allègrement Ben Hur… Là où Wyler, déléguant une bonne partie des Séquences à la seconde équipe de Yakima Canutt, fait platement de la belle image saint-sulpicienne et s'appuie sur le jeu outré d'Heston, le réalisateur de 2001 réalise un VRAI classique, canalisant les envolées lyriques admirables de Trumbo par une mise en scène d'une immense rigueur, belle sans être académique, ample et puissante.
L'histoire de Spartacus est un vibrant plaidoyer humaniste (mais, accordons-le, moins manichéen qu'on aurait pu le craindre), et tout cela, pourtant, ruisselle d'argent et sent le film à gros budget… Hommage du vice rendu à la vertu ? Allez savoir !
Certes, mais c'est un faux problème à mon humble avis, se retrouvant dans toutes les strates de l'art et de la culture… Doit-on tourner un drame intimiste et social avec 100 dollars dans un terrain vague pour diffuser un message humaniste exaltant la liberté? A t-on jamais reproché à Bruce Springsteen d'avoir amassé des millions de dollars avec son hymne Dancing in the Dark, paradoxe ultime quand on sait que la chanson célèbre les désillusions du mythe américain et l'aspiration à une vie meilleure ? Danse avec les loups, pétri de valeurs humanistes, était budgeté à plusieurs millions de dollars et il en rapporté encore plus…Peut-on parler d' d'hommage du vice à la vertu, dès lors que le film est éblouissant ?
Personnellement je regrette que Kubrick soit sorti de son carcan pour entrer dans sa bulle de Plus Grand Cinéaste Du Monde Devant L'Absolu, livrant des oeuvres visuellement splendides, maîtrisées avec un soin maniaque dans les moindres détails, mais aussi pauvrement interprétées et dépourvues de la plus petite étincelle de vie.
Un film de commande certes, mais quel film de commande !
post-scriptum : mille merci à Impétueux pour son analyse passionnante (même si nos points de vue divergent sur Kubrick)et richement argumentée, qui permet à chacun de réagir selon sa sensibilité sur des points précis de ce texte précis et sur ses écrits en général.
Comme je l'ai dit ailleurs je ne suis pas, comme d'autres sur ce forum, un thuriféraire de Kubrick, mais quand ses (trop ?) grandes ambitions se coulent dans les contraintes d'un cinéma commercial de grande classe, quand ses velléités artistiques trouvent un écho dans les désirs précis des producteurs, quand il s'adapte aux exigences d'un public de masse qui veut du grand spectacle ( sur ce côté là le film est loin de décevoir), on ne peut que saluer la performance.
Spartacus est sans doute le péplum qui m'a le plus marqué mais je ne suis pas amateur de ce genre ayant vu quelques classiques dont Ben Hur, Les Dix Commandements
et quelques autres (Le classicisme hollywoodien n'est vraiment pas ma tasse de thé).
A mon souvenir Spartacus est une fresque poignante qui comme le dit Steve Mcqueen enfile les moments de bravoure jusqu'à un final des plus sombres et ce fameux passage où tous les esclaves prétendent s'appeler Spartacus, concept très efficace et repris moult fois.
En revanche, pour reprendre le dernier paragraphe de Steve Mcqueen au sujet des autres films de Kubrick:
"Personnellement je regrette que Kubrick soit sorti de son carcan pour entrer dans sa bulle de Plus Grand Cinéaste Du Monde Devant L'Absolu, livrant des œuvres visuellement splendides, maîtrisées avec un soin maniaque dans les moindres détails, mais aussi pauvrement interprétées et dépourvues de la plus petite étincelle de vie."
Ce n'est pas parce qu'aucun des acteurs tire son épingle du jeu que l'interprétation est pauvre au contraire, je trouve cette sobriété appréciable car elle permet de mettre le sujet et l'ambiance en avant plutôt qu'un cabotinage éhonté et s'il fallait trouver un contre-exemple, il me semble que l'interprétation de Nicholson dans Shining
est loin d'être pauvre.
Eh bien, moi qui, au contraire de Steeve MCQueen, suis un thuriféraire absolu de Stanley Kubrick, trouvant en lui tout ce que le cinéma a de plus beau et de plus grandiose, et surtout de plus spécifique par rapport à d'autres arts, moi qui, donc, place Kubrick
au plus haut de mes admirations, c'est bien entendu dans cette optique qu'il faut apprécier ma notation et mes réticences.
Spartacus est un admirable péplum, j'en conviens, nous en convenons volontiers ; c'est loin d'être un de mes genres préférés (pas davantage que le western), mais j'en ai beaucoup vus, jadis, aux moments où ils éclosaient sur nos écrans comme les jonquilles vont dans quelques semaines le faire. À cette aune-là, il n'y a rien à dire, c'est admirablement fait, les batailles sont puissantes, les sentiments violemment contrastés et noblement exprimés, les longueurs sont bienvenues, entre les morceaux de bravoure, et le style d'une grande hauteur de vue.
Mais, précisément, quand notre ami McQueen écrit Que pèse la mièvrerie de la romance avec Jean Simmons, fréquente dans le cinéma hollywoodien de l'époque, je regimbe !
Parce que, à mes yeux, Kubrick est bien davantage qu'un Wyler,
qu'un Fleischer
et que je ne note pas ses films sur les mêmes critères, ne les place pas sur la même étagère.
Je conçois fort bien qu'on n'ait pas pour lui la même admiration que celle que j'éprouve ; qu'on veuille bien admettre que lorsque je place Spartacus au dernier rang de mon classement kubrickien, ça ne signifie pas grand chose en valeur absolue. Je me suis fait jadis la même réflexion en commentant le gros coffrer L'âge d'or de Sacha Guitry
: le 4 que je mets au Nouveau testament
n'est pas tout à fait de la même nature que le 4 dont j'annote aussi Prends la route
de Jean Boyer,
par exemple… Tout est affaire de strates…
Quant à la musique de ce North ennuyeux… elle me fait songer à toutes celles qui, aux États-Unis, lorsque le film n'est pas un musical, accompagnent le film… A côté de ce que nous avons en France, où le compositeur est partie prenante de la réalisation, les Étasuniens font pâle figure… Maurice Jaubert, René Cloerec, Georges van Parys,
Joseph Kosma,
François de Roubaix,
Philippe Sarde,
Vladimir Cosma
…. Ou, en Italie, Carlo Rustichelli,
Nino Rota,
Ennio Morricone,
Riz Ortolani…. Qu'est-ce qu'il y a, en face ?
D'ailleurs, lorsque les Étasuniens veulent une grande bande originale, ils vont chercher Maurice Jarre ou Michel Legrand
… Dimitri Tiomkin
ou John Barry
? C'est peu…
Affirmation éminemment péremptoire ! Il y a du monde en face ! Bernard Herrmann, Franz Waxman,
Elmer Bernstein,
Miklos Rozsa,
Alfred Newman,
Dimitri Tiomkin,
Jerry Goldsmith,
John Barry,
Max Steiner,
Lalo Schifrin,
(Leonard Bernstein
aussi) pour ne citer que les plus connus… Certains d'entre eux sont nés en Europe mais ont fait l'essentiel de leur carrière aux Etats-Unis.
Tous ces gens que vous citez, Vincentp, sont évidemment des compositeurs de musiques de films… Mais, Leonard Bernstein mis à part (j'ai bien précisé que j'excluais de mon désintérêt les auteurs de musicals), parmi tous ceux que vous citez, y en a-t-il un qui ait créé une mélodie qu'on puisse fredonner ? D'honnêtes artisans, accompagnant certaines séquences par des musiques ad hoc… aucun thème musical marquant…
Je sais que j'exagère (je ne sais plus qui a écrit le thème de mon cher Autant en emporte le vent, qui demeure dans toutes les têtes), mais bien franchement, quand on songe à un film des États-Unis, il est bien rare qu'une musique vienne en tête… Alors qu'en France ou en Italie, c'est très fréquent (et c'est même quelquefois le meilleur du film : Nino Rota
avec Huit et demi)
…
« parmi tous ceux que vous citez, y en a-t-il un qui ait créé une mélodie qu'on puisse fredonner ? »
Malgré la difficulté de l'air, je suis capable de siffler North by Northwest, une formidable B.O. de Bernard Herrman (mais bon, sans fausse modestie, je suis un très bon Siffleur, qui siffle en aspirant comme en expirant).
Je suis d'accord avec vous en gros – la musique des films européens est souvent plus marquante à mes oreilles – mais il ne faut pas non plus exagérer.
La mélodie de Midnight Cowboy est inoubliable, prenante, elle fait surgir tout un univers à elle toute seule.
Le thème musical des Sept mercenaires n'est plus à présenter (mais bon, vous aviez déjà fait une exception pour Elmer Berstein).
La mélodie Raindrops Keep Falling on my Head the Butch Cassidy et le Kid est connue de tas de gens qui n'ont jamais vu le film. Le thème de Star Wars.
Celui de Mission impossible,
bien entendu (mais bon, ça a commencé par être de la télé, alors disons que ça ne compte pas).
La triste et entêtante mélodie de Rosemary's Baby ?
Il y a sûrement d'autres exemples, même si le style "pompier" a souvent le haut du pavé dans les années 50-60 et que certains films auraient gagné à avoir "leur" mélodie.
Cela dit, pour vous donner raison, je remarque que les plus magnifiques B.O. de films américains sont faites de chansons : ainsi, tous deux en 1971, Cat Stevens pour Harold et Maude
et Leonard Cohen
pour McCabe & Mrs. Miller
: dans les deux cas, une osmose parfaite.
Évidemment, selon moi les meilleurs dans le domaine sont (ô surprise) les Italiens et leur commento musicale (comme ça s'est longtemps appelé au générique). J'écoutais encore récemment la musique d'Armando Trovajoli pour Nous nous sommes tant aimés
: l'esprit du film est tellement bien capté… c'est magique…
Les BO qui m'ont plus marquées :La mort aux trousses (que j'ai réécoutée récemment à pleine volume, est qui est peut-être la BO la plus célèbre, renommée, et réussie du cinéma), The searchers
(Max Steiner)
, Aventures en Birmanie
(fabuleuse musique de Franz Waxman)
, Where eagles dare.
Patton
(Jerry Goldsmith)
aussi.
Les chansons "Knocking on heaven's door" de Bob Dylan (Pat Garrett et Billy the Kid), "Mrs Robinson" de Paul Simon et Art Garfunkel… sont entrées dans la petite légende de la musique et du cinéma.
Citons aussi la musique des Pink Floyd pour More, sans doute plus réussie que le film.
Côté italien, n'oublions pas Pino Donaggio, compositeur de plusieurs films de de Palma (point d'orgue : Body double).
Sur ce plan musical, il y a sans doute égalité parfaite entre les deux continents.
Que les compositeurs américains n'aient pas produit des rengaines mémorables (et encore, cela se discute) s'explique en grande partie par le fait qu'ils étaient employés par des studios, collaborant sur plusieurs films la même année, avec une notion de rentabilité. Ils n'étaient pas dans la logique absolutiste déjà évoquée sur ce forum d'un Tarkowski ou d'un Kubrick réalisant une oeuvre tous les cinq ans, une fois que toutes leurs idées ont abouti à quelque chose d'exceptionnel.
« Que les compositeurs américains n'aient pas produit des rengaines mémorables (et encore, cela se discute) s'explique en grande partie par le fait qu'ils étaient employés par des studios, collaborant sur plusieurs films la même année, avec une notion de rentabilité. »
Ce n'est pas une très bonne explication puisque l'exigence de rentabilité est également essentielle pour n'importe quelle industrie du cinéma. Les Nino Rota, Ennio Morricone,
Riz Ortolani, Mario Nascimbene,
Carlo Rustichelli,
Piero Piccioni, Armando Trovajoli
et autres composaient également pour plusieurs films chaque année.
La réponse selon moi est à chercher ailleurs, dans la conception même que l'on se faisait du rapport entre film et musique. La notion italienne de commento musicale est selon moi un indice : la musique me semble souvent avoir un rôle plus grand, être plus volontiers "protagoniste" à Cinecittà qu'à Hollywood. Les exemples les plus éloquents se trouvent dans les cinémas de Fellini et de Sergio Leone,
mais il y en a plein d'autres (ainsi la B.O. grinçante et pulsante d'Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon
semble inimaginable à Hollywood, où on me semble moins porté à mettre la musique à l'avant-plan). Le tandem Hitchcock
-Herrmann
me semble plutôt une exception que la règle…
Quand j'écris que je sais bien que j'exagère, en écrivant que les musiques de films d'Outre-Atlantique ne passent pas la rampe…. je sais bien précisément que j'exagère. Et les exemples pertinents cités rétablissent évidemment l'équilibre.
Mais deux choses ; d'abord que je crois vraiment qu'aux États-Unis la musique de film n'est pas, hors exception notable, aussi importante dans le film que le dialogue ou la lumière, mais demeure un simple accompagnement. Est-ce qu'on pourrait, a contrario, concevoir Il était une fois dans l'Ouest sans les deux thèmes principaux écrits par Morricone
(L'homme à l'harmonica et C'era une volta) qui font que le compositeur est presque co-auteur du film, avec Leone
?
Mais – revenons à Spartacus – ce qui est très curieux, très singulier pour un amateur de Kubrick –
c'est ce décalage entre une musique d'accompagnement, ni plus ni moins emphatique que celle de tous les péplums que j'ai vus, ni plus, ni moins désagréable et le soin maniaque que le réalisateur accordait à tous les éléments de ses films.
Spartacus se situe au début de carrière de Kubrick, lequel avait remplacé Anthony Mann qui avait un différent avec Kirk Douglas. Ce n'est pas une oeuvre véritablement personnelle, mais plutôt celle d'un studio.
D'autre part, il y a bel et bien pléthore de rengaines mémorables dans le cinéma américain, tout particulièrement dans le western (High noon, Rio bravo,
Alamo)
… John Ford emploie à de très nombreuses reprises des thèmes du folklore américain (un de ses films s'appelant My darling clementine).
Regardez les films de Mc Carey (Elle et lui,
La route semée d'étoiles)
: la musique y constitue la pierre angulaire… Et ne parlons pas des "musicals", genre typiquement américain…
Mais ceci ne veut pas dire pour autant que nos compositeurs hexagonaux ont démérité !
chef d'oeuvre avec l'édition 55ème anniversaire d'un entretien dans les suppléments avec Kirk Douglas nous apprenons qu'au montage Stanley Kubrick
voulait supprimer la scène I'm Spartacus et que c'est Kirk Douglas qui, faisant valoir sa position de producteur du film qui a permis de la maintenir ; effectivement un gros plan sur le visage de l'acteur nous fait partager toutes les émotions de SPARTACUS qui demeure, plus que jamais un très grand film.
N'hésitez pas à faire l'acquisition de cette nouvelle édition. L'image bluray est splendide et quel son !
Oui, superbe image pour l'édition HD restaurée, et bien sûr de grandes qualités cinématographiques. Je retiens subjectivement le générique d'ouverture de Saul Bass (puissant), l'interprétation de Laurence Olivier, la finesse du scénario, la rigueur de la mise en scène. Mais l'histoire souffre du fait d'être trop prévisible. Heureusement, les péripéties (par exemple autour du numéro de magie de Tony Curtis) maintiennent l'attention du spectateur pendant les 192 minutes.
https://www.youtube.com/watch?v=-spQt_tLBeI
Spartacus correspondait en plein à son époque. Non point l’époque du film mais l’époque du tournage : le maccarthysme. Cette tristement fameuse chasse aux sorcières qui voulait clouer au pilori toute personne soupçonnée d’avoir eu des idées procommunistes. Kirk Douglas, producteur et interprète, vit l’intérêt de la révolte d’un esclave pour dénoncer la mainmise d’une commission sénatoriale sur le monde du cinéma. Mais il alla encore plus loin en demandant à Dalton Trumbo, l’un des scénaristes mis au ban d’Hollywood, d’adapter le roman original. Kirk savait qu’il allait au clash avec la censure mais mena jusqu’au bout son combat avec un courage exemplaire.\r\n\r\nCinquante ans après, alors que lui-même avoue une mémoire un peu défaillante, vu son gra! nd âge, Kirk Douglas revient en détails sur la genèse, le tournage et la sortie de ce film peu banal.\r\n\r\nMême s’il s’attribue le beau rôle, il raconte tout avec précision. De l’idée première jusqu’aux ultimes coupures de la censure (la fameuse scène de bain entre Laurence Olivier et Tony Curtis qui fut rétablie ultérieurement). Cela fait de son livre un véritable reportage sur les lieux mêmes de l’action. Y compris les hésitations, les erreurs (Anthony Mann fut remplacé par Kubrick), les cabotinages, les pressions. Kirk s’efforce de ne rien oublier et cela rend son travail passionnant. Le lecteur assiste vraiment à la naissance du film et, une fois le livre fermé, n’a qu’une envie : se précipiter sur son lecteur DVD pour revisionner Spartacus (j’avoue ne pas l’avoir fait car j’ai souvent vu et revu cette production).\r\n\r\nL’ardent cinéphile peut seulement regretter que le tournage proprement dit, et notamment l’attitude de ! Kubrick, soit insuffisamment développés mais il y a déjà t! ellement d’informations que c’est faire fine bouche de gourmand.\r\nI Am Spartacus ! (réplique la plus célèbre du film qui faillit tomber à la trappe) est donc bel et bien un vrai livre de cinéma. Je tiens à le signaler car le cas est rare. Dans notre beau pays, notamment, on préfère disserter sur le cinéma, l’analyser que le faire vivre. Les auteurs ont trop souvent besoin d’expliciter au lecteur le pourquoi du comment. Or, un vrai livre de cinéma doit faire pénétrer dans la coulisse, donner l’agréable illusion de participer à la création d’une œuvre. Ce qu’a parfaitement réussi Kirk Douglas.\r\n\r\nCet ouvrage, qui parait chez nous peu après celui sur Diamants sur canapé (Sonatine) prouve à quel point les Américains aiment le cinéma. Il prouve aussi que Kirk Douglas, dont la filmographie ne compte pas que des chefs d’œuvre, sut être un producteur d’une rare efficacité. Il entrera dans le panthéon du septième art, le glaive de l! ’illustre gladiateur à la main. Spartacus reste un des plus grands peplums realisé avec, Quo vadis, ben- hur et les dix commandements.
Spartacus reste un des plus grands péplums réalisé avec, Quo vadis, ben- hur et les dix commandements.
La mise en scène de Kubrick est rigoureuse et de grande qualité. Il est à l'aise aussi bien dans les scènes de combat vues via notamment des grand angles que pour des scènes plus intimistes filmées de façon rapprochée. Ce qui m'a frappé le plus, c'est la qualité du jeu de Laurence Olivier dans le rôle de Marcus Crassus. Son personnage lui a été taillé sur mesure par Dalton Trumbo.
Les relations politiques à l'intérieur du sénat sont également décrites avec mesure, pondération, et sont crédibles. Le descriptif du monde politique de Rome est très réussi, plus que les relations un peu trop idéalisées qui se nouent entre les esclaves. Globalement une oeuvre sans réelle faiblesse, qui oscille entre le très réussi et l'exceptionnellement réussi.
Et il est vrai que l'édition restaurée de 2015 en haute définition est de toute beauté, et met en valeur cette oeuvre incontournable. Je la place sur le podium des films portant sur le monde antique, juste derrière Ben-Hur.
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