Jean Rollin est mort, à bas bruit…

Qui se souvient de ce fou cinglé qui, au tournant des prétendues libérées années Soixante-Dix, entrelardait des tournages de films carrément pornographiques, sous divers pseudonymes, avec d'étranges choses, très dénudées et d'obédience vampirique, Vierges et vampires, Le Frisson des vampires, ou Lèvres de sang  ?

J'ai vu cela, rue de la Huchette, rue Xavier Privas, rue de la Harpe, rue Saint-Séverin, dans des cinémas qui n'existent plus, qui montraient, dans des atmosphères glacées de cimetières photogéniques et embrumés, des jeunes filles toute nues qui avaient un certain penchant pour leur propre sexe. Les scénarios n'étaient pas très élaborés, les actrices avaient sûrement été engagées pour leur capacité à satisfaire à la scène comme à la ville les fantasmes du réalisateur bien davantage que pour leur insignifiant talent, les mythes fondamentaux du vampirisme étaient passablement laissés de côté, mais, après coup, et, quarante ans passés, font flotter dans mon souvenir un certain parfum de liberté cradingue. Bien plus, évidemment, que tous les suceurs de sang teen aggers de récentes séries étasuniennes…

Enfin, j'écris cela, sans doute, parce que j'avais vingt-cinq ans.

Jean Rollin est mort, ce qui n'a strictement aucune espèce d'importance. Impétueux