"C'est Robert d'Héry… ", disaient ses copains d'adolescence, à l'époque où il fréquentait un cirque ambulant. Parce que le nom de son petit village de l'Yonne, où il a vu le jour en 1921, était plus facile à retenir que le patronyme de son meunier de père, enregistré comme Foulley par l'état-civil. Le pseudonyme lui restera jusqu'au bout. Robert Dhéry, amuseur public qui a enchanté les salles de cinéma de l'après-guerre, avec un humour qui s'exprimait aussi efficacement sur les planches du théâtre que sur le grand écran. Un humour gaulois et franchouillard, mais capable de passer les frontières, comme lui, parce que nourri d'une truculente authenticité. Sa verve comique s'est nourrie à toutes les sources : son père l'avait envoyé en Angleterre, quand il avait 15 ans, pour se familiariser avec la langue de Shakespeare. Il a atterri chez un hôte qui lui fera ingurgiter chaque semaine une bonne demi-douzaine de films américains et britanniques. Sans sous-titres : « Il apprendra donc l'anglais et le cinéma en même temps au pays natal de Chaplin et de Laurel », s'amuse Pierre Tchernia qui fut l'un de ses compagnons de route. Mordu par le virus du spectacle, Robert Dhéry va monter à Paris pour suivre des cours. Il préfère vite la pratique à la théorie, dans les cabarets. Il tourne un premier film, Monsieur de Lourdines, à vingt ans, et l'année suivante il épouse Colette Brosset. Ils seront à tout jamais partenaires dans la vie, sur la scène et à l'écran. Leur famille s'élargit en 1948 quand ils fondent les Branquignols. Une variation sur le mot branque, et c'est bien une folie, une bizarrerie que cette troupe qui va sauver de la faillite le Théâtre La Bruyère, à Paris, en y jouant à guichets fermés pendant des mois. Tout ce que la France compte de comiques va un jour ou l'autre s'y enrôler. Jean Carmet, Jacques Legras, Micheline Dax, Pauline Carton, Jean Lefèvre, Jean Richard, Jacqueline Maillan, Francis Blanche et un certain Louis de Funès, que Robert Dhéry envie : « Ah ! la vache, il en a de la chance, il est petit… » Comme Keaton ou Chaplin. Mais sa grande taille ne lui interdit pas la voie de la réussite. Ah ! les belles bacchantes, La belle Américaine, Allez France, Le petit baigneur, jusqu'à la fin des années 60 chacun de ses titres sera synonyme de triomphe. Mais, avec l'échec de Vos gueules les mouettes, il mesurera, en 1974, que son heure est passée. Il est regardé avec un brin de condescendance pour son rire bon enfant et nigaud que l'on est supposé vite oublier. Une maladie du coeur le condamnera au repos toutes ses dernières années. Peut-être reprendra-t-il sa place particulière au panthéon du rire ? Avec un regard tendre sur la société de son temps, il s'est donné un humour de gags et de burlesque, sans doute plus profond, par son sens de l'absurde, que ne le dit une première vision superficielle. |
Décès de Robert Dhéry
L'acteur, scénariste et réalisateur de La Belle Américaine et du Petit baigneur est décédé dimanche.
Fondateur, avec son épouse Colette Brosset, de la troupe des "Branquignols", il avait débuté au cinéma par une apparition dans Remorques de Jean Grémillon en 1941 puis, quelques années plus tard, avait tenu un petit rôle dans Les Enfants du paradis de Marcel Carné.
Le film de Bertrand Tavernier, La Passion Béatrice, avait, en 1987, mis fin à sa carrière cinématographique. AH
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