Peu à peu les gens meurent. C'est bizarre, n'est-ce pas, tant on les croyait immortels à les regarder sur les écrans. Même si, comme c'était le cas de Jacques Boudet, ils ne se montraient qu'en deuxième ou troisième rideau, dans des films qui ne déclenchaient pas des furies d'assistance; Jacques Boudet n'a jamais joué dans une superproduction internationale, n'a jamais interprété un super héros, n'a jamais fait rêver les jeunes filles.

Mais comme il était bon, présent, substantiel dans les films de Robert Guédiguian, avec sa tête de type normal, avec cette tête de voisin qu'on aimerait avoir à côté de chez soi ! Un de ces artisans modestes et consciencieux sans qui le cinéma n'existerait pas vraiment.

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Bien qu'elle soit apparue dans une bonne trentaine de films, dont tous ne sont pas absolument négligeables (Annie Hall de Woody Allen) , personne ne se souviendrait de Shelley Duvall si elle n'avait interprété à merveille Wendy Torrance.

Qui est Wendy Torrance ? Comment pourrait-on ignorer qu'elle est la femme soumise, craintive (sûrement battue) de Jack (Jack Nicholson) dans l'admirable Shining de Stanley Kubrick.

Est-ce que ça ne suffit pas pour demeurer au paradis du cinéma ?

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Au bout du compte, rien n'est plus normal que, l'un après l'autre les Douze salopards disparaissent. Je ne suis pas très féru du film de Robert Aldrich (qui a fait beaucoup mieux) qui date de 1967, mais, évidemment, on peut comprendre que parmi les acteurs de ce grand succès public, Ernest Borgnine, Charles Bronson, John Cassavetes, Telly Savalas, Lee Marvin, Robert Ryan, Trini Lopez (et sûrement d'autres) aient quitté ce monde. Voilà que tous ceux-là sont rejoints par Donald Sutherland qui avait tout de même 88 ans, ce qui est suffisant.

Il a figuré dans un nombre gigantesque de films et je n'en ai pas vu tant que ça, lorsque je regarde sa filmographie, alors même qu'il a tourné jusqu'en 2023. Qu'est-ce que je conserve en tête ? L'extraordinaire composition de 'Hawkeye' Pierce, chirurgien magnifique et cinglé dans le bordel fascinant de Mash de Robert Altman en 1970 ; et puis bien sûr, le rôle-titre du Casanova de Fellini en 1976, où il était parfait dans l'optique médiocre très anti-Casanova de Fellini.

Mais il y a sûrement des amateurs qui ont d'autres souvenirs.

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Évidemment, le souvenir que l'on conservera le plus de cette très jolie femme au sourire triste, c'est celui de la danseuse de cabaret de Lola de Jacques Demy en 1961, de sa guêpière, de ses jambes interminables gainées de bas résille, de son chapeau haut-de-forme. Autour de ce film-là, de très agréables prestations dans des films de qualité, mais où elle n'était pas en haut de l'affiche : Pot-Bouille de Julien Duvivier en 1957 et, la même année, Montparnasse 19 de Jacques Becker les deux fois à côté de Gérard Philipe.

Mais aussi des seconds rôles dans La dolce Vita et Huit et demi de Federico Fellini (1960 et 1963).

Et la daube triomphale de Un homme et une femme de Claude Lelouch en 1966. Et plus grand chose depuis lors…

C'est curieux comme des légendes subsistent sans raison.

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