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Sujet : Un grand moment de satire populaire à l'italienne


De Arca1943, le 15 avril 2005 à 21:36
Note du film : 6/6

Encore adolescent, j'ai vu cette comédie lors de sa sortie au Québec, à la fin des années 70, puis à la télé dans les années 80. Et elle m'a emporté dans son sillage une fois, deux fois, trois fois, comme peu d'autres films savent le faire.

Je la revois aujourd'hui, en V.O. italienne, et malgré l'état pitoyable de la pellicule, le charme opère encore avec une force inentamée.

Le grand finale de Au nom du peuple italien, en particulier, est un inénarrable morceau d'anthologie. En moins de deux minutes, l'immortel Vittorio Gassman incarne toute une galerie de "monstres" satiriques qui défilent au milieu de la foule déchaînée sous les yeux du petit juge travaillé par sa mauvaise conscience (excellent Ugo Tognazzi)

Contrairement à ce qu'annonce sa fiche, ce film est une comédie, pas un drame. Genre protéiforme, la «comédie à l'italienne» peut vous mitonner plusieurs niveaux de récit et plusieurs genres à la fois. Ici on a, à la fois: une farce populaire basée sur l'affrontement de l'industriel de droite et du magistrat de gauche; un récit policier à double fond – c'est l'affaire qu'instruit le magistrat. Et on a, comme toujours, une comédie de moeurs où le peuple italien en particulier et la nature humaine en général en prennent pour leur grade!

Et si vous voulez y voir une douloureuse réflection sur l'exercice de la justice, vous pouvez, même si c'est un sujet sérieux. Vous pouvez même voir dans ce classique, si le coeur vous en dit, une arme redoutable contre l'imprégnation politically correct.

Comme toujours, des éléments de tragédie nous attendent au détour du grotesque et vice-versa. Et on a beau s'y attendre, ils nous prennent par surprise quand même. La première fois que j'ai vu ce film, je me suis drôlement fait avoir. Ne croyez pas le film terminé tant que vous n'êtes pas à la dernière image.

Ce qu'il y a de génial, c'est la façon à la fois fluide et percutante dont Age-Scarpelli (Agenore Incrocci et Furio Scarpelli) – premiers responsables de l'intrigue – réussissent à ce que les différents propos du film convergent et se dénouent dans cet inoubliable finale.

Vous ais-je déjà dit que les comiques Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi sont parmi les plus grands de l'histoire du cinéma? Mais non, vous le savez déjà. Je sais que vous le savez.

Les personnages secondaires sont campés avec un relief peu ordinaire (c'est tout l'art du "bozettismo", méprisé par tant d'intellectuels et de critiques italiens). La mise en scène de Dino Risi se met tout entière, comme il se doit, au service du récit et du comique. Une comédie où la mise en scène attire l'attention sur elle-même est une comédie en péril (voyez, par exemple, le tragique échec populaire du très beau Playtime de Tati).

Les dialogues sont taillés à l'exacto; l'invention humoristique, toujours fertile. Le film s'ouvre avec un immeuble que l'incorruptible juge Bonifazi fait dynamiter par les carabiniers parce qu'il a été construit illégalement. On ne plaisante pas avec la loi! De cette première scène à la dernière, la «drive» de Dino Risi ne se relâche jamais.

Certains esprits chagrins diront que le gag de la statue de la Justice qui s'effondre dans le tribunal en réparation est un peu trop gros. À quoi je répliquerai, indigné qu'on tente de mettre un bémol, si léger soit-il, à un des mes films préférés, qu'au moment du tournage, le Palais de justice de Milan, qui sert de décor à ces scènes du film, était EFFECTIVEMENT en réparation et que la statue de la Justice est VRAIMENT tombée. Ce qui, à l'époque, fit la joie de tous les caricaturistes de la péninsule.

(En quoi la justice italienne cette année-là prêtait-elle aux lazzi? me demanderez-vous. Excellente question. Une partie de la réponse se trouve dans une autre tragicomédie satirique de 1971, Détenu en attente de jugement, avec Alberto Sordi. Mais ça, c'est pour une autre fois. Ou plutôt, pour une autre fiche…)

Allez, maintenant, soyez chics et votez pour la réédition en DVD de Au nom du peuple italien!!! Allez, à votre bon coeur, m'sieurs dames, la charité, s'il vous plaît. Un petit vote, c'est rien! Allez, venez rire! La plus prodigieuse explosion satirique de l'histoire du parlant vous tend aujourd'hui sa sébile en échange d'un de ses plus beaux fleurons. Aidez-là, aidez-moi, aidez-vous à ramener enfin à la surface ce classique impérissable du grand Dino Risi!

Réédition Au nom du peuple italien! Rééditons la comédie à l'italienne! Aidons Arca1943, le pauvre petit orphelin, à compléter enfin sa collection!

Arca1943

P.S. Ceux qui ont vu le film remarqueront que je n'ai pas vendu la chute, même si je tourne autour. Merci d'en faire autant dans vos interventions, s'il y en a.


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De moumouju, le 5 juin 2005 à 03:31
Note du film : 6/6

on dirait que c'est un film satirique..et pourtant ne serait-il pas tout simplement réaliste?

comment la justice peut-elle triompher des intérêts économiques politiques lorqu'il s'avère que ceux-ci sont trop puissants pour elle…un film à ne pas manquer et c'est pourquoi je vote un 6/6 massif!


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De spontex, le 13 juin 2005 à 23:44
Note du film : 6/6

Tant que j'y suis, votons pour celui-ci !

Après tout, n'est-ce pas un peu la complexité du système de vote qui fait qu'il y en a si peu ? :-)


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De Arca1943, le 14 septembre 2005 à 13:48
Note du film : 6/6

Profitons donc de la sortie de Parfum de femme pour rappeler aux éditeurs que leur travail est loin d'être fini : il reste une bonne demi-douzaine de Risi catégorie triple A qui dorment toujours dans leur boîte, attendant le jour de leur triomphale libération…


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De niko93, le 5 octobre 2005 à 00:22

Bonjour à vous,

Je viens de découvrir le film dans une édition DVD italienne assez désastreuse, mais bon, passons ! Comme vous l'imaginez certainement, j'ai beaucoup aimé. Quand j'ai le temps – disons deux ou trois fois par an – je descends en Italie dans l'unique but de trouver des films. Et là-bas, malheureusement ( et ce n'est pas un scoop ), c'est largement pire qu'ici en ce qui concerne les éditions DVD.

En fait, je voulais profiter de l'occasion pour vous remercier de vos nombreuses et brillantes interventions sur ce site. En vous lisant, je me sens moins seul. J'ai beau rebattre les oreilles de certains copains afin qu'ils découvrent – un tant soi peu – quelques incontournables films italiens, je me retrouve souvent face à une galerie de moues moyennement intéressées.

Bien à vous,

Niko 93


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De Arca1943, le 5 octobre 2005 à 04:40
Note du film : 6/6

« J'ai beau rebattre les oreilles de certains copains afin qu'ils découvrent – un tant soi peu – quelques incontournables films italiens, je me retrouve souvent face à une galerie de moues moyennement intéressées. »

Moi aussi, je rebats des oreilles en quantité ! Mais quand je suis parvenu à certains résultats, généralement, c'est en commençant avec le meilleur cinéma "de genre". Dans mon entourage, j'ai fait des émules du Grand silence, de L'Incompris, de La Grande guerre, de Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon : westerns, mélodrames, comédies, thrillers… Avec, toujours, deux critères inséparables : ce qui s'est fait à la fois de plus populaire et de moins hollywoodien. À mon expérience, ce sont ces vieux films italiens-là qui "marchent" le mieux avec ceux qui n'en ont jamais vu. Et Cinéma Paradiso, bien sûr. Toujours avoir Cinéma Paradiso à portée de la main !

Dans un deuxième temps, peut-être, si le poisson a vraiment mordu, tu peux y aller avec Fellini, Antonioni, Visconti, Pasolini, les Taviani… Mais même alors, je te suggère de commencer plutôt avec, par exemple, Amarcord, Blow-up, Les Damnés, Le Décameron, La Nuit de San Lorenzo

Évidemment, on peut aussi avoir dans son entourage des gens à qui il vaut mieux offrir carrément Mort à Venise ou Teorema. Tout dépend. Mais justement : une des vertus de notre salade, cher collègue vendeur, c'est qu'elle couvre "une vaste gamme de produits", comme dit la pub. Il s'agit de bien connaître le client et de bien connaître le produit…

…à condition qu'on le trouve en DVD, bien sûr !!!


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De niko 93, le 5 octobre 2005 à 13:39

Merci de ta réponse. Tout de même une précision, je ne suis pas vendeur mais juste un amateur et un modeste collectionneur. C'est pourquoi je descends régulièrement en Italie ( mon épouse est italienne, c'est pratique ) dans l'espoir de trouver quelques perles rares. Pas facile, les éditeurs italiens ne valent guère mieux que leurs homologues français ou européens. D'ailleurs, si tu cherches un film uniquement disponible chez nos cousins transalpins, je peux mener l'enquête et pourquoi pas te le ramener ( rien de vénal, il va sans dire ). Ceci dit, j'imagine que tu disposes déjà d'innombrables réseaux et que ta vidéo-dvd-théque doit être plus qu'impressionnante.

Donc, à tout hasard, voici mon mail : nicolas.gallet3@wanadoo.fr

Bien amicalement,

Nicolas


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De paul_mtl, le 30 juin 2006 à 01:21
Note du film : 3/6

Pour IMDB c'est un drame policier

Pour Film.TV.It (et Arca) c'est une comedie et je me suis fait avoir :D Je dirai que c'est une une comedie-DRAMATIQUE/policier.

Vu en VO en 2005 (> et >>) je l'ai pas archivé car j'ai pas l'intention de le revoir. Fallait il prendre Gassman & Tognazzi pour ce registre politico-social-criminel et avec ce ton la ? Je me suis jamais vraiment immergé dans ce film. Est ce qu'un G-M Volonté au lieu de Tognazzi aurrait changé cela ? Gassman est un acteur plus polyvalent plus polymorphe qui se tire de presque tous les coups tordus des scenaristes / réalisateurs.

( Je l'ai vu dans un film francais La vie est un roman et son petit sourire narquois avait l'air de nous dire 'reguardez dans quel galere je suis'. Et ca tombait bien car c'est aussi son rôle dans le film. Du coup on ne savait plus quand il jouait son rôle a fond et quand il s'ennuyait réellement sur le tournage du film avec le télespectateur. :D )

Reste que pour quelqu'un qui découvre la politique/société italienne de l'époque ca doit être tres interessant. Pour moi c'etait rempli de poncifs et de choses connues sans grand interet vu le ton utilisé.


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De TEEMERENZIANO, le 14 septembre 2006 à 01:21
Note du film : 6/6

Ce film est un des nombreux chefs d'oeuvre du grand Dino Risi et son message est plus pertinent que jamais.

C'est une honte de ne pas le trouver en DVD meme en Italie et son dernier passage à la télé remonte à au moins 20 ans !


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VOTE
De Impétueux, le 14 septembre 2006 à 09:23
Note du film : 6/6

De confiance, et au vu du concert qui chante à l'unisson les vertus et puissances de Au nom du peuple italien, je joins ma modeste voix à la chorale !


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De vincentp, le 14 septembre 2006 à 10:21
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Il est diffusé ce mardi 19 septembre 2006, à Paris, au cinéma Reflet medicis, à 18h, 20h, 22h, dans le cadre du cycle comédies italiennes. Vous devriez aller y faire un tour, Impétueux, pour vous forger de visu votre propre opinion, et rejoindre peut-être ce qui effectivement s'apparente à une chorale (Arca a LE style lyrique du troubadour chantant les louanges des héros du moyen-âge).


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De Arca1943, le 14 septembre 2006 à 12:39
Note du film : 6/6

« Il ne manque plus qu'un vote pour constituer une équipe de foot. »

Hélas ! Je n'ai que de très vagues notions de ce jeu aussi bizarre qu'exotique. Vos prenez les joueurs en patins ?


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De Arca1943, le 2 octobre 2006 à 12:55
Note du film : 6/6

Il y a une question que j'ai oublié de vous poser, VincentP : dans quel état était la copie de Au nom du peuple italien que vous avez vue ?


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De vincentp, le 2 octobre 2006 à 13:17
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Elle était bonne voire très bonne, me semble-t-il, sans être neuve.

Mais j'avoue ne pas avoir pris de note à son sujet, cher Arca1943 !


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De Arca1943, le 17 mai 2007 à 01:13
Note du film : 6/6

C'est un tel plaisir d'annoncer que Au nom du peuple italien sort chez Studio Canal le 2 juillet 2007 !


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De vincentp, le 17 mai 2007 à 10:08
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Bravissimo ! C'est une grande nouvelle, que nous aurons le temps de claironner tout azimuth, d'autant que le seul détracteur sur dvdtoile de ce film, alias Paul_mtl, a disparu de la circulation.

Mais Monsieur Arca, je suis surpris nénamoins que votre note ne soit que de 6/6. Car nous avons, nous autres privilégiés, la possibilité de mettre un 7/6 pour les "chef d'oeuvres". La pingrerie que jadis vous m'avez reproché pour L'armée brancaleone est ici de votre fait. Vous êtes invité à corriger votre note, si vous voulez que la promo de ce film soit optimale.


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De Arca1943, le 18 mai 2007 à 03:09
Note du film : 6/6

6 sur 6, ce n'est quand même pas si mal ! Face à ces films, vous devez comprendre que je suis un peu comme un trekkie devant Star Trek, alors que je dois mener une formidable lutte contre moi-même pour ne pas classer d'office "Chef d'oeuvre" mes 30, voire mes 40 comédies à l'italienne préférées. Si je mets "chef d'oeuvre" à celle-ci, je devrai aussi le faire pour Détenu en attente de jugement, Mes chers amis, Pain et chocolat, Le Fédéral et combien d'autres extraordinaires comédies.

Pour le moment, j'ai donc deux Risi classés chef-d'oeuvre : Une Vie difficile (1961) et Le Fanfaron (1962).

Quel bémol pourrais donc trouver à Au nom du peuple italien pour justifier ma note? Ce n'est pas facile. Mais pom-pom, pom-po-pom pom-pom… la musique de Carlo Rustichelli, tiens, que j'ai sifflotée à vélo sur mon heure de dîner en pensant à votre message. Une ritournelle en mineur, avec ici et là, c'est vrai, des petites interventions de clarinette jazzée quand même assez cool, mais pas forte-forte dans l'ensemble. On s'ennuie de sa géniale Marche de l'armée Brancaleone. C'est mince, me direz-vous; mais j'avais seulement besoin d'un prétexte.

Car ainsi je réussis encore à me retenir !


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De Arca1943, le 30 juin 2007 à 18:01
Note du film : 6/6

Pour plusieurs, la date du 4 juillet évoquera sans doute d'abord la fête nationale de je ne sais plus quel pays d'Occident dont le nom m'échappe. Mais pour moi, le 4 juillet sera à jamais le jour où Une Vie difficile, L'Argent de la vieille et Au nom du peuple italien sont sortis en DVD Zone 2 !

J'ai déjà le porto qui sied à ce genre d'occasion. Restent le pâté truffé et les films. Mon acheteuse – car j'ai une acheteuse pour l'occasion : nulle autre que ma maman en personne ! – sera en France dans une dizaine de jours, après quoi je devrai guetter son retour… ah là, là, encore presque un mois à attendre ! Ah, comme c'est dur !

In the meantime, pour tromper cette terrible attente et oublier l'Italie, je regarde des vieux films de samouraïs. Et si la date est reportée, comme cela arrive hélas régulièrement, je vais piquer une grosse colère digne de Tatsuya Nakadai à la fin du Sabre du mal !


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De Arca1943, le 1er juillet 2007 à 01:09
Note du film : 6/6

En présence du réalisateur ! Ça alors. Heureusement, comme j'ai une bonne nature, je ne suis pas vert d'envie, je ne suis pas vert d'envie, je ne suis pas… mais passons. Pour des raisons pratiques, je vous suggère les séances de L'Affaire Mattei, Lucky Luciano et Cadavres exquis, puisque ces trois Rosi majeurs ne sont pas (encore) en DVD. Notons que le 4 juillet marque aussi la parution d'un coffret Rosi comprenant Le Christ s'est arrêté à Eboli, Trois frères et Oublier Palerme.


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De PM Jarriq, le 4 juillet 2007 à 16:48
Note du film : 5/6

Oui, c'est un excellent film. Au nom du peuple italien n'a pas grand-chose d'une comédie, mais plutôt d'une satire au vitriol concentré. Tout a été dit plus haut, sur cette oeuvre forte et enragée, qui confronte deux personnalités comme Gassman, plus Gassman que jamais, en richard pris de loghorrée verbale, et Tognazzi sobre et austère, en juge roulant en mobylette, ne souriant jamais. Leurs scènes ensemble, surtout celle sur la plage sous la pluie, sont brillamment écrites et interprétées, et transcendent véritablement le sujet. Quant à la chute, elle est effectivement magistrale, et n'est pas sans évoquer la fin du Reptile de Mankiewicz, avec d'autres enjeux, certes, mais une même surprise.

Bref, du grand Risi, du grand cinéma italien, et un seul désir, que Studio Canal continue d'éditer ces films, dans d'aussi bonnes conditions (copie parfaite, et v.o.) Bravissimo, dottore !


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De Arca1943, le 4 juillet 2007 à 17:49
Note du film : 6/6

« …n'a pas grand-chose d'une comédie, mais plutôt d'une satire au vitriol concentré » . C'est bien ce que je disais : une comédie. Mais au fait, Jarriq, y a-t-il aussi l'excellente VF, sur ce fameux DVD ?


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De PM Jarriq, le 4 juillet 2007 à 18:34
Note du film : 5/6

Oui, il y a la VF. Mais je n'ai pas vérifié…

Déjà que Les nouveaux monstres


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De Arca1943, le 4 juillet 2007 à 18:54
Note du film : 6/6

Me voici soulagé. Ma non ti preoccupa, carissimo Jarriq : lo juro, non ho mai pensato a domandarti d'ascoltare la versione doppiatta col francese !


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De PM Jarriq, le 4 juillet 2007 à 19:28
Note du film : 5/6

Va bene…


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De Impétueux, le 20 août 2007 à 19:02
Note du film : 6/6

Ah là là ! Doux Jésus qui m'avez permis de vivre assez longtemps pour découvrir ce film superbe, aurez-vous assez de bienveillance pour me permettre de le revoir quelques fois encore ? Merci à Arca, en premier lieu, mais aussi à Vincentp, qui, dans leurs péans enthousiastes ont éveillé ma curiosité et, alors que j'entame le pesant chemin qui va vers la décrépitude et vers la mort, de trouver encore une fièvre jubilatoire toute fraîche !

Ce matin, sur le fil de Dupont Lajoie, je donnais quelques raisons de ne pas apprécier le cinéma engagé, le cinéma à thèse, le cinéma militant d'un Boisset, mais aussi d'un Rouffio (Sept morts sur ordonnance, Le sucre) : au plus haut point, il y a l'imperturbable sérieux avec quoi les choses – qui sont graves, sans doute, mais qu'on ne change pas avec un film – sont traitées.

Avec les maîtres de la comédie italienne, il y a ce mélange de grotesque et de tragique qui est la vie même, infiniment plus cruelle et gaie, tout à la fois, que ne la présentent nos sombres didactes ! C'est que Risi, Monicelli ou Scola n'ont pas de l'Homme la haute idée de nos idéologues rousseauistes, espérants et orants d'un invraisemblable Progrès et contempteurs de la méchante Société.

Lorenzo Santenocito, (Vittorio Gassman), est, certes, un des personnages les plus absolument odieux du cinéma, beaucoup plus nuisible que le Bruno Cortona du Fanfaron ou que les personnages des Monstres et la façon dont, après l'internement de son père, il écarte les scrupules qui lui viennent, se toisant dans un miroir, charge encore son personnage. Mais enfin…il n'est pas le coupable, soupçonné avec délectation par Bonifazi (Ugo Tognazzi), rigide, intègre, droit comme un I, mais capable, aussi de faiblesse (le regard triste qu'il jette, par la fenêtre du restaurant, à sa femme qui l'a quitté), ou de duplicité (la scène de la plage)…

C'est en cela qu'il y a mille fois plus d'humanité souffrante et ridicule, tout à la fois, dans Au nom du peuple italien et tant d'autres merveilles que chez les sectateurs et dénonciateurs du cinéma engagé…


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De Gaulhenrix, le 20 août 2007 à 20:18

Tiens donc ! Cela me rappelle une vieille antienne – à d'autres que moi, aussi, sans doute. Qui choisir : Racine, qui montre les hommes tels qu'ils sont, ou Corneille, qui les peint tels qu'ils devraient être ? Bonne dissert. ! Rassurez-vous, je ne vous délivrerai point la mienne…


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De Arca1943, le 25 octobre 2008 à 19:54
Note du film : 6/6

« C'est que Risi, Monicelli ou Scola n'ont pas de l'Homme la haute idée de nos idéologues rousseauistes »

Bien vu. C'est qu'à se faire une trop haute idée de l'Homme, on en vient bien trop facilement à la négation de l'Homme. Il y a aussi là-dedans un effet de générations : au moins en Italie, la gauche qui a eu vingt ans en mai 1968 et la gauche qui a eu vingt ans en septembre 1943 n'ont vraiment pas la même mentalité. Une belle illustration de cette lutte interne, si on peut l'appeler ainsi, se trouve dans La Terrasse : le vieillissant directeur des programmes culturels de la RAI Serge Reggiani confronté au jeune metteur en scène qui veut transformer Le Capitaine Fracasse en une infecte tambouille à peine reconnaissable…

Des gens comme Risi ou Monicelli ont été enfants puis adolescents dans le contexte bizarre d'un totalitarisme atteint d'une forme particulièrement aiguë d'esprit de sérieux et qui cherchait à faire d'eux des Hommes Nouveaux en leur bourrant la tête de slogans. Une fois adultes – et découvrant la liberté sur le tard – pouvaient-ils à leur tour chercher à transformer leurs spectateurs en Hommes Nouveaux ? Impossible, ils auraient eu l'impression d'être devenus des fonctionnaires du MinCulPop. Dans le cas de monsieur Scola, qui est un vieux communiste impénitent, je suis sûr que des camarades ont dû le lui reprocher amèrement, voire le tancer d'importance…

Soyons maintenant indulgents, une main sur le coeur, à l'italienne. Quand on voit le début fort réussi de Dupont Lajoie, on se dit que la satire, l'esprit qui fustige les moeurs, n'est pas si incompatible avec le sérieux Yves Boisset. Offrez-lui, en 1971, le scénario en or écrit par Age et Scarpelli et demandez-lui de le transposer en France : il pourrait, il aurait pu, théoriquement. Mais pas la fin, pas la dernière demi-heure. Les méchants sont de droite, les bons sont de gauche. Point. Alors, découvrir ce qu'on découvre in fine au sujet du juge Bonifazi – le courageux magistrat qui roule en mobylette et lit L'unità, qui n'a pas peur de faire dynamiter un immeuble construit illégalement – ne peut tout simplement pas arriver dans l'univers d'Yves Boisset, ni même de Costa-Gavras. Or bien sûr c'est ce développement – essentiel tant du point de vue du récit policier que de la critique sociale – qui donne tout son sens et son poids à cette magnifique satire de Dino Risi que je viens de revoir pour la énième fois !


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De vincentp, le 5 février 2020 à 19:59
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu sur grand écran pour un avis inchangé: on a affaire à une merveille cinématographique, un des très grands films du cinéma italien, situé au coeur de sa période la plus féconde. Cela fait plaisir de revoir un tel film, pour en apprécier un peu plus ses qualités multiples. Au nom du peuple italien est particulièrement bien dialogué par le duo Age et Scarpelli, notamment à mi-longueur quand l'affrontement entre Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman bat son plein, avec deux visions de la société antagonistes. Un regard amusé sur le clergé et le monde du cinéma, un tour de la ville et de la campagne environnante, jusqu'aux bords de mer, à la fois immaculés (vagues déferlant sur le rivage) et dégradés par les déchets. Comme le personnage incarné par Ely Galleani, à la beauté radieuse, mais corrompue par Santenocito. Les séquences avec cette actrice sont des modèles de mise en valeur d'un personnage secondaire et d'intégration au sein d'un récit dramatique.

Le final est un monument à lui seul, croisant aspects imaginaires et réels, éléments du présent et passé, voix-off et bruits de la foule en délire, avec une gestion de l'espace et du temps optimisée. Le sens du final suscite les interrogations du public, et achève le récit par un point d'interrogation. On relève un sens du détail poussé au coeur de chaque séquence (description de la bureaucratie, du train de vie poussif de l'Etat, des salons mondains). On peut ajouter que Yvonne Furneaux, actrice née à Roubaix, maintenant fort oubliée, qui joue l'épouse de Santenocito est toujours en vie, âgée aujourd'hui de 93 ans. La mise en scène de Dino Risi est discrète, épurée (champs, contre-champs), avec l'ajout de plongées ou contre-plongées spectaculaires, et des mouvements de caméra fiévreux lors du final. Cette oeuvre est porteuse d'une émotion intense distillée par une subtile alchimie de rires et d'éléments dramatiques, distrait et suscite réflexion et interrogations.


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