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Forum : Les Petites marguerites

Sujet : Une oeuvre phare de la nouvelle vague


De Dreamworks, le 24 janvier 2006 à 15:56
Note du film : 5/6

Je me souviens avoir vu ce film dans un festival de films Tchèque et je n'en ai pas un souvenir très précis. Je me rappelle d'une histoire à la bizarrerie étrange et de deux actrices à la plastique irréprochable. Je me souviens de mon enthousiasme à la sortie de la projection, du sentiment d'avoir vécu des instants très insolites. Une édition de ce film en DVD, serait la bienvenue. La présentation de R.d.T. me donne envie de le revoir. Il n'est pas sûr qu'on puisse trouver des défenseurs en grand nombre pour ce type de cinéma. Mais soutenir ces Petites marguerites me parait une bonne inititative.


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De RdT, le 25 janvier 2006 à 14:40
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Merci pour votre soutien, Dreamworks. Mais je suis un peu déçu, je pensais que j'allais susciter plus de réactions avec Vera Chytilovà. J'insiste car Les petites marguerites est vraiment un chef d'oeuvre essentiel qui mérite qu'on en parle, qu'on le voit, et qui ne peut laisser indifférent. Pour ceux que cela intéresse, vous trouverez le visuel d'une affiche Allemande sur :(http://www.filmreporter.de/index.php?pIQ9JRgDoTqS%2FMwCEsdOGNpVde2w3BF5GFFGsubSmhs5U3lDUsgcPfWrF20ij716yUZt6JvhJIs%3D). Le visuel est très différent de l'affiche Américaine, et correspond peut être un peu plus à l'esprit du film. Bien sûr on aurait pu trouver encore mieux. Car chez Vera Chytilovà, on en trouve du visuel… Et puis Jitka Cerhová, et Ivana Karbanová sont tellement charmantes. Mais le mieux c'est évidemment de voir le film. Alors votons pour son édition Zone2 avec des sous titrages en Français, (pas seulement en Anglais).


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De RdT, le 20 février 2006 à 12:36
Note du film : Chef-d'Oeuvre

186 visites seulement sur la fiche de ce que je considère comme un chef d'oeuvre. C'est à désespérer de vouloir promouvoir de vrais talents. Ah! si ces Petites Marguerites de Vera Chytilovà pouvaient séduire autant de monde que les films de Civeyrac; Et pourquoi l'édite-t-on, lui, avant d'éditer Chytilovà?


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De lych666, le 20 février 2006 à 13:53

Vous enflammez ma curiosité…


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De RdT, le 20 février 2006 à 15:39
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Ah! Lych666 enfin quelqu'un d'un peu curieux, je me sens moins seul. L'édition en DVD zone 2 des films de Vera Chytilova me parait être un vrai combat cinéphilque digne de ce site. Il existe bien une édition en DVD des Petites Marguerites mais en zone 1 avec sous titrage en anglais, difficile à trouver dans l'hexagone. Ce n'est pas ainsi que la langue tchèque se diffusera en France. Je vous invite aussi à voter pour l'édition en DVD zone 2 de «Les Petites perles au fond de l'eau»(une série de court métrages) et «Quelque chose d'autre» (le premier long métrage de Vera Chytilova). Ainsi que Trains étroitement surveillés de Jan Nemec (disponible, comme «Les petites marguerites» en zone 1 sous titrés en anglais).


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De RdT, le 26 février 2006 à 17:13
Note du film : Chef-d'Oeuvre

245 visites au 26 février 2005 (60 visites en une semaine…), et seulement trois votes pour l'édition en DVD zone 2 de Sedmikrasky. Pourtant je vous assure Ivana Karbanova et Jitka Cerhova sont délicieuses. Personne ne se laissera donc tenter? Vera Chytilova est une réalisatrice qui domine de haut les années soixante. Alors je relance un appel : amis curieux de DVDtoile mobilisez vous, pour une cinéaste qui le mérite.


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De RdT, le 28 février 2006 à 11:35
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Une oeuvre d'art exceptionnelle se reconnaît pour moi en ce qu'elle renouvelle le regard de celui qui la contemple, parce qu'elle bouscule les spectateurs. Il faut réveiller les auditeurs disait Berlioz, en écrivant sa symphonie fantastique. Les petites marguerites ont cette qualité : elles donnent un oeil nouveau à celui qui les regarde. «Ce film est dédié à ceux qui s'indignent uniquement quand on piétine leurs salades» Cette phrase qui s'inscrit en rouge sur la dernière scène conclut une oeuvre qui est au cinéma ce que «Le Maître et Marguerite» de Boulgakov est à la littérature. La musique originale de Jiri Sllitr et Jiri Sust nous secoue par son aspect insolito-humoristique. Les plans se succèdent en images d'une beauté fulgurante. On passe du pop art à un tableau de la Renaissance, de Fellini à Jan Fabre, de Jacques Tati à Brigitte Bardot… Vera Chitylova c'est tout cela à la fois, mais c'est plus encore. Elle n'est pas allée chercher son inspiration dans un éphémère mouvement de mode, elle a filmé ce qu'elle a voulu. Elle a réussi. Ce film demeurera un exemple de la vitalité du Printemps de Prague. C'est encore aujourd'hui un brûlot incandescent contre le clinquant de la société de consommation.

Les deux actrices principales Jitka Cerhová, et Ivana Karbanová

sont totalement craquantes. La façon dont elles parlent le tchèque est pour moi irresistible, d'une musicalité enchanteresse.

Au début du flm Marie la blonde et Marie la brune sont assises en bikinis, affalées contre une palissade. Elles arborent des moues boudeuses :

«-Ah! non ça ne va pas

«-Qu'est ce qui va alors?

«-Rien ne va

(insert d'un plan de façade d'immeuble qui s'écroule)

«-Que fais tu?

(Marie la blonde pose une couronne de fleurs sur sa tête)

«-Je ressemble à une pucelle non? Je suis une pucelle…

«-Tu comprends?

«-Personne ne comprend rien

«-Personne ne nous comprend

«-Tout dégénère dans le monde

«-Tout!

«-Tu sais quoi? Puisque tout dégénère dans le monde

«-Oui?

«-Nous serons dégénérées… Nous aussi…

(elles se redressent face à face l'une de l'autre dans une attitude chorégraphiquement parfaite)

«-Très bien!

«-Ça t'embête?

«-Pas du tout .»

(elles se renversent et atterrissent de manière féerique au milieu d'un champ de marguerites…)

Je ne vous dis pas la suite. Je résiste à la tentation de vous raconter le tourbillon saugrenu dans lequel on est entraîné dans le sillage de ces deux redoutables demoiselles. Et si vous souhaitez le découvrir, suivez mon exemple : votez pour une édition en DVD d'un film génial qui, selon mes informations est inédit en zone 2. Ah! si je pouvais réunir sur Les petites marguerites autant d'émules que les Civeyraciens…

Je place cette oeuvre fort haut dans mon Panthéon cinématographique personnel Vera Chytilová dépasse même Godard!!!

(NB au sujet de l'illustration : la qualification de «Comédie féministe» sur l'affiche américaine me paraît assez peu adéquate, les américains ont toujours une façon bizarre de catégoriser les choses…)


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De RdT, le 28 février 2006 à 11:40
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Vous indiquez en page DVD, que ce ilm est sorti en zone 2. Mais à mon humble avis, il n'est disponible qu'en zone 1 à l'heure qu'il est. Je relance donc un appel solennel pour son édition en zone 2 de toute urgence. Et j'appelle à la rescousse toutes les cinéphiles avisés de DVDtoile. Si quelqu'un connait une adresse à laquelle on peut se procurer ce DVD en zone 2 aujourd'hui, alors qu'il le fasse vite savoir.


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De RdT, le 8 mars 2006 à 22:56
Note du film : Chef-d'Oeuvre

J'ai beau chercher, chercher, pas moyen de mettre la main en France sur un DVD zone2 des Petites Marguerites. Je relance donc un appel solennel pour un vote massif des internautes en faveur de sa réédition. J'insiste car c'est une oeuvre essentielle à mon sens pour l'histoire de la cinématographie.


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De RdT, le 19 mars 2006 à 23:00
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Selon la base de donnée Tchèque équvalent à l'Imdb : http://www.cfn.cz/vhs_dvd.php?id=18603 Les Petites Marguerites ne serait édité en Tchèquie qu'en VHS, et c'est une édition qui date de 1998. Je revote donc pour une réédition en DVDzone 2, et rappelle à la mobilisation des internautes de DVDtoile

Jitka Cerhova et Ivana Karbanova le méritent bien.


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De Arca1943, le 20 mars 2006 à 13:48

Bon, bon. À l'insistance de l'impatient RdT, je veux bien voter pour Les petites marguerites. Mais je propose un échange tchéko-ex-yougoslave au sommet : Le Parfum des fleurs des champs, sympathique comédie satirique, attend toujours un deuxième vote à sa fiche…


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De vincentp, le 28 mai 2006 à 19:44
Note du film : 5/6

Reviens donc parmi nous, RdT. J'ai eu Impétueux au téléphone : il renonce à te conseiller d'aller voir un psy pour corriger ta "névrose obessionnelle". Il s'est rendu compte que Beba Loncar, Ivana Karbanova, Elisabeth Wiesner méritent que l'on s'intéresse à leur filmographie, et que les preux chevaliers de ce site que nous sommes doivent chanter haut et fort sous les fenêtres de ces tourterelles.

Je te promets même que l'on va te trouver des films de ces actrices dont tu n'as jamais entendu parlé et dont tu ne soupçonnes mêmes pas l'existence : "Beba Loncar sur la piste cyclable" (1976), "Ivana Karbanova joue au cerceau" (1934).


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De Impétueux, le 28 mai 2006 à 22:35
Note du film : 0/6

Je n'ai rien promis du tout ! Et le cinéma tchèque n'a aucune chance de m'attirer jamais, trop vanté qu'il a été aux jours mauvais de la Nouvelle Vague et des lumineuses (ahaahah !) prémisses de Mai 68 ! Le cinéma tchèque est mort et je ne déposerai pas une marguerite (hihihi !) sur sa tombe.

Quant à RdeT, s'il veut bien faire amende honorable et commencer une cure de Clouzot, Becker, Duvivier, qu'il nous revienne.

Mais je préviens que je ne le tiendrai pour un féal loyal et absolument sûr que s'il absorbe tout Grangier et tout La Patellière !


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De Arca1943, le 29 mai 2006 à 00:01

Pour bien démarrer cette cure destinée au regretté RdT, thuriféraire très influencé, me semble-t-il, par la mode intellectuelle des sixties, deux bonnes comédies à l'italienne – aux antipodes, donc, de la Nouvelle Vague (*) – Brancaleone aux croisades et Mesdames et messieurs. Pourquoi ces deux-là, me demanderez-vous ? Mais bien entendu parce qu'on y trouve l'accorte Beba Loncar !

(*) « Tout change, sauf l'avant-garde. » – Louis Jouvet


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De RdT, le 10 juin 2006 à 15:13
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je suis en effet fort curieux de voir ce "Beba Loncar sur la piste cyclable" (1976), et cette "Ivana Karbanova joue au cerceau" (1934). J'espère que DVDtoile créera vite des fiches sur ces deux films. Mais êtes vous sûr de la date de «Ivana Karbanova joue au cerceau». Ne serait-ce pas plutôt 1954? J'ai peur que vous ne la vieillissiez un peu. Mais cher Vincentp, Je suis heureux de voir que vous ayez pu regretter mon absence. Mon côté Volpone voyez vous.

Durant mon absence, je constate que peu d'entre vous se sont inréressés à mes égéries. Je vois que j'ai du pain sur la planche.


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De verdun, le 10 juin 2006 à 20:40

Personne ne s'est intéressé à tes égéries durant ton absence ??

Au contraire, j'ai voté pour Les drakkars de Jack Cardiff où l'on voit Beba Loncar évoluer aux côtés de Richad Widmark. La nordique de l'étape, c'est elle !!

Et j'ai voté pour Au-delà du bien et du mal de Liliana Cavani, pour voir mon égérie à moi Dominique Sanda mais visiblement on peut apercevoir dans ce film Elizabeth Wiener.

Et plusieurs de nos messages ont montré que tes exercices d'admiration nous ont manqué..


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De salvadora, le 16 juin 2006 à 18:25

courage, j'ai vu ces films en 1967, j'avais 16 ans, ils sont marqués pour toujours et je les cherche pour ma fille qui veut étudier le cinéma !!!


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De pouss, le 21 juin 2006 à 00:56
Note du film : 6/6

Cher Monsieur (ou Madame ?),

On ne peut pas être plus éloquent que vous. Et je ne peux que renchérir : ce film est un vrai petit bijou. Quelque chose de rare. Je ne crois jamais avoir vu quelque chose de semblable dans l'esprit iconoclaste,le ton moqueur, l'espiéglerie. Une réussite à tous les niveaus sans conteste. j'apprendrais le tchèque rien que pour revoir ce film. Je l'ai vu en effet il y a plus de 20 ans et j'en ai encore des scènes gravées dans mon esprit. J'ai rarement vu plus de fraîcheur, de jeunes filles plus délurées. Vous avez raison de comparer Vera à Godard. mais il n'y a pas ce côté tragique comme on peut le voir dans A bout de souffle (qui bien son titre).

Vraiment on ne peut que souscrire à votre désir de réédition en zone 2. Au fait, qu'est-ce que cela veut dire en zone 2 ? Je crois deviner mais dites-moi plus précisément.

Si vous avez besoin de moi pour aller défiler devant le ministère de la culture avec une banderolle, n'hésitez; je suis votre homme.

AA


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De RdT, le 15 août 2006 à 11:12
Note du film : Chef-d'Oeuvre

«Si vous avez besoin de moi pour aller défiler devant le ministère de la culture avec une banderolle, n'hésitez; je suis votre homme.» Cher Pouss, si vous êtes toujours partant pour une manifestation, organisons là. A ma connaissance Sedmikrasky n'est toujours pas disponible sur le marché français en zone 2 (la zone 2 correspond aux standards de lecture européens). Je ne connais pas l'édition zone 2 à laquelle fait référence DVDtoile, mais je doute qu'il soit encore disponible et m'interroge, est il sous titré en français?

Unissons nos efforts pour fédérer un vaste mouvement d'opinion en faveur de ce chef d'oeuvre de Vera Chytilova. 4 suffrages, seulement, en sa faveur. Sur DVDtoile il me semble qu'on pourrait faire mieux.


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De Arthur Fauvert, le 27 août 2006 à 18:02

RdT vous parlez fort bien de ce fllm et me donnez envie de le voir, bien que le Tchèque me soit une langue très étrangère.


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De RdT, le 27 août 2006 à 23:42
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Voyez le, voyez le n'h'ésitez pas, vous ne le regretterez pas.


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De vincentp, le 17 mars 2007 à 09:26
Note du film : 5/6

Ce film, idôlatré par Rdt, source d'inspiration pour beaucoup d'auteurs français, sera diffusé le dimanche 27 mai 2007 à la Cinémathèque française à 20h30. Une belle occasion pour Impétueux de découvrir ces petites tchèques mutines, dont la fameuse Karbonava Ivana. Un film "vintage" qui rappellera à tous les anciens combien fut glorieuse la période soixante-huitarde dans les pays de l'Europe de l'Est.


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De RdT, le 26 mai 2007 à 18:01
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Le 27 Mai 2007 ne restez pas devant votre ordinateur. Après être allé à Saint-Malo au Festival étonnants voyageurs pour voir Capitaine Achab de Philippe Ramos avec Valérie Crunchant,

je vous invite chaleureusement à vous rendre à la projection du 27 mai 2007 à la Cinémathèque de Les Petites Marguerites.

Vous ne le regretterez pas ne serait-ce que pour le charme de Ivana Karbanova, (une de mes actrices préférées…) et la qualité du scénario dont l'anticonformisme est un régal pour l'esprit.

Ce chef d'oeuvre incontestable fête déjà ses quarante ans…

Le type de chef d'oeuvre qu'on aimerait voir fleurir à nouveau dans La France de 2007.

  • «Capitaine Achab» le 27 Mai 2007 à 16H au «Festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo» au Théâtre Le Vauban

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De Kastor6211, le 12 septembre 2009 à 13:13

Il s'agit du chef-d'oeuvre de la cinéaste… Il n'a pas pris une seule ride même 40 ans après son édition en DVD. Après information les sous-textes français ne traduisent que de manière très approximative les dialogues. pour qui comprend le tchèque et les sous-entendus relatifs à certaines séquences, on peut apprécier la V.O. directement.

Qu'est-il advenu de la réalisatrice au cours des 1980s et 1990s ? Il semble que les cinéphiles aient perdu sa trace.


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De vincentp, le 17 avril 2012 à 20:44
Note du film : 5/6

Comme la voix d'un autre monde

Très beau film effectivement. Félicitons RdT pour sa perspicacité. Les petites marguerites explore toutes les possibilités offertes par le cinéma : formes et mouvements, gestuelle, dialogues, montage, couleurs aussi… Très réussi, et surtout ce film n'est pas daté, ni propre à la culture tchécoslovaque : il est de portée universelle. Point intéressant : le fait de mixer des aspects de comédie avec des pointes politiques (assez énigmatiques par moment).

Toutefois, il s'agit non pas d'une critique contre la société de consommation (avis de RdT) mais d'une attaque en règle contre les normes figées du marxisme-léninisme. Les deux jeunes filles changent de tenue comme des jeunes filles frivoles occidentales, par exemple. Mais tout est bâti autour de cette idée. Chitylova comprit et exprima en son temps l'idée que le communisme, doctrine totalitaire, contraire absolu de la nature humaine qui aspire à un idéal de liberté, était voué à disparaître.

Nb : les divers fils consacrés à ce film gagneraient à être assemblés en un seul.


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De Impétueux, le 29 mai 2023 à 19:41
Note du film : 0/6

Dieu sait si l'époque était prétentieuse ! L'époque ? Celle de mes vingt ans, celle de la Nouvelle vague, celle des expérimentations, celle où le cinéma avait des ambitions et se voulait encore le 7ème art ; en tout cas pensait avoir de l'importance dans le cheminement des idées. Alors que, sans doute, il ne faisait que suivre cette longue houle irrépressible que nous pouvons tous constater en nous effarant qu'elle existe mais contre quoi il est impossible de se dresser, sauf pour la beauté du geste. Voilà qui peut paraître bien obscur pour qui ne se rappellerait pas que Les petites marguerites, qui date de 1966, ne font que précéder de deux ans ce qu'on a appelé le Printemps de Prague, la tentative désespérée d'Alexandre Dubcek de sauver l'idée même de l'idéologie communiste. Tentative qui dura moins de 8 mois avant que le Pacte de Varsovie ne sifflât la fin de la récréation le 21 août 1968.

Vera Chytilova profite de l'état de vague respiration en apnée de son pays pour tenter de rejoindre les billevesées et coquecigrues de la Nouvelle vague française, des puériles momeries de Jean-Luc Godard et de ses épigones : ça déconstruit un maximum comme aujourd'hui le bien plus encore dangereux wokisme prétend démolir trois millénaires de civilisation. En 1966-67, on n'avait qu'à interdire la diffusion du film et ça fonctionnait. Je ne dis pas qu'on avait raison, mais enfin on pouvait encore imposer quelque chose. C'est fini, pour l'instant, tellement la glue s'insinue dans tous les domaines, comme le font les monstruosités épouvantables dans les films d'horreur.

Vera Chytilova, inspirée par une grande conscience humaniste qui appelle le spectateur en poser en parallèle les puériles conneries commises par ses deux héroïnes et la brutalité intrinsèque du monde, prétend nous questionner (c'est bien le mot qu'ils disent, non ?). Comment peut-on prendre la vie au sérieux pendant que tant d'horreurs nous accablent ? Doux Jésus, quelle innovation de pensée ! Quelle redoutable intuition ! Quel magnifique coup de poing porté aux idéologies !

Donc deux péronnelles qui s'ennuient, deux parasites inutiles, plutôt bien gaulées mais qui semblent n'avoir pas lu trois livres dans leur vie (remarquez, ça nous change des héroïnes de Godard) décident de devenir dépravées pour manifester, proclamer haut et fort leur propre inutilité et, c'est sous-entendu, le mépris qu'elles ont pour le monde. L'une et l'autre s'appellent Marie ; il y a Marie 1 (Jitka Cerhová, la brune) et Marie 2 (Ivana Karbanová, la blonde) : on n'en saura pas beaucoup plus : ce sont des images, des figures, des symboles, des allégories, des faux-semblants, des archétypes : l'époque voulait cela.

Et les deux insignifiantes décident de devenir mauvaises ; idioties minables, séduction sans aboutissement de trois ou quatre barbons ridiculisés et grugés, refus de toute règle, destructions systématiques. Ça dure, ça dure… Et cela avec tous les tics les plus enfantins des révolutionnaires de la pellicule : le film apparaît en noir et blanc, puis en couleurs, puis teinté de brun, de vert, de bleu, de rouge, de tout de ce que l'on veut. Il faudrait qu'un admirateur du film bâtisse une thèse d'État en 500 pages pour expliquer, justifier, ces changements de nuances : peut-être ont-elles un sens, après tout ?

Le film n'est pas long – 1h14 – mais il est interminable. Les deux filles – dont le minois et la tournure, j'y reviens, ne sont pas désagréables – fatiguent par leur puérilité niaise. À la fin, voilà qu'elles saccagent consciencieusement, avec une grasse volupté, tous les plats préparés d'un banquet. Elles se déshabillent, salissent, polluent la pièce jusqu'à ce qu'un gigantesque lustre leur tombe sur la tête. Proches de disparaître, elles proclament qu'elles vont s'amender. Bernique !

Je ne mets pas en cause la bonne foi de ceux qui ont apprécié le film qui, il est vrai, tranche par son originalité sur la plupart des productions de l'époque. Mais enfin, cette originalité mise à part, qu'est-ce qui peut bien rester des Petites marguerites ?


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