C'est bien dommage quand on a les talents et les moyens de Tarantino de s'amuser comme un gosse avec ses jouets. Mais ça se laisse voir, si l'on est un peu indulgent.
Je n'arrive pas à définir ce qui me fascine tant chez Tarantino, je ne connais pas toutes ses références et allusions à ses lubies et pourtant je ne peux m'empêcher de jubiler devant tous ses films. Kill Bill n'est pas mon préféré, je garde une préférence certaine pour les fameux Jackie Brown et Pulp Fiction, mais de la à dire qu'il est vide et sans création, ouch! C'est un peu fort… Parfois, j'ai l'impression que Tarantino a filmé des détails spécialement pour moi, des petits trucs insignifiants, mais que j'adore revoir, par exemple dans Kill Bill Vol 1:
Dans le Vol 2:
Bref, je ne peux pas non plus reprendre le film (les 2) plan par plan, et pourtant c'est ce qu'il faudrait faire pour vous transmettre toutes les qualités de réalisateur de Tarantino… J'ai d'ailleurs essayé d'écrire une chronique sur Pulp Fiction, mais ça serait bien trop long et indigeste car le film se suffit à lui même… Je ne peux pas vraiment parler de Kill Bill de manière exhaustive non plus car cela me prendrait au moins une vingtaine de pages… Il faudrait aussi parler de l'esthétique, des dialogues,des personnages, de la narration, du rythme, de la musique, l'alliance de tout ça (et moi, je ne parle que des détails insignifiants, sans tous les citer et seulement ceux qui me viennent maintenant à l'esprit, car il y en a beaucoup d'autres et non les moindres, bref, ce message est très frustrant)… Et oui, le style de Tarantino à mon goût n'est pas un Gloubi Boulga ou ragoût sans sauce comme Le pacte des loups par exemple, mais un pur exercice de style passionné et créateur de nouvelles émotions… Je pourrais voir et revoir ses films sans me lasser, ce qui n'est pas le cas de certains films que je considère pourtant meilleurs…
Halte au feu ! Mes convictions politiques, religieuses ou philosophiques n'entrent pour rien dans l'indifférence que j'ai éprouvée pour Tarantino dès Reservoir dogs ! J'admets volontiers qu'était purement polémique ma rogne contre la Palme d'Or de 1994 ; d'abord parce que ce genre de récompenses n'a absolument aucune importance, puis parce que Tarantino n'a sûrement pas conspiré pour l'obtenir et ne pouvait pas la refuser ; je bats donc ma coulpe là-dessus, mais mon pseudonyme me semble dire assez que je suis plutôt un réactif et un bouillant (après tout ! "Dieu vomit les tièdes", dit l'Ecclesiaste).
Cela posé, ce qui m'ennuie chez Tarantino, c'est avant tout l'usage d'une violence gratuite et esthétisée, qui en fin de compte, me laisse parfaitement indifférent au sort des protagonistes.
C'est d'ailleurs davantage gratuite qu'esthétisée que je fustige ; quand Kubrick filme une des scènes premières d'Orange mécanique sur accompagnement musical de La pie voleuse de Rossini, dans une sorte d'étrange ballet entre la bande d'Alex et celle de Billy Boy, quand il fait danser à Alex Singin in the rain dans la scène du matraquage et du viol du couple, l'esthétique me semble être, par le gouffre, la distance qu'elle présente avec la réalité de la violence, un renforcement considérable du propos ; quand intervient la scène finale de La horde sauvage, les corps déchiquetés par les balles dans des ralentis grisants, c'est précisément à l'issue du film, et elle est l'évidence de la lassitude des protagonistes….
Mais les personnages de Tarantino ne me semblent bâtis que pour se lancer dans d'improbables scènes de karaté. Kill Bill me semble tout aussi enquiquinant que Matrix, le prêchi-prêcha New Age en moins et quelques idées narquoises en plus…
Mais bon ! Je ne prétends pas avoir un discours raisonné sur le cinéma…
À condition expresse de ne pas avoir d'yeux que pour ça – combien de grands films n'ont pas reçu le moindre prix dans le plus petit festival ! – moi aussi, je crois à l'utilité de ces palmes, oursons et autres lauriers. Par exemple, vous savez comme j'aime les farces. Eh bien, en -405, Aristophane décroche le 1er prix du festival d'Athènes pour sa pièce Les Grenouilles. (Franche rigolade. J'aime particulièrement la scène où Bacchus, déguisé en centaure, vient cogner à la porte d'Hercule parce qu'il a besoin de lui pour descendre aux enfers). Eh bien, encore aujourd'hui, Les Grenouilles reste sa pièce la plus connue…
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