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Forum : L'Exorciste II : l'hérétique

Sujet : Quelle horreur !


De Impétueux, le 15 septembre 2011 à 18:08
Note du film : 0/6

C'est épouvantable. Et d'autant plus épouvantable que c'est un film de John Boorman, le réalisateur de Délivrance, d'Excalibur, un film qui n'a pas manqué de moyens, qui a été tourné par d'excellents acteurs (Richard Burton, Max von Sydow, Louise Fletcher – l'infirmière sadique de Vol au-dessus d'un nid de coucou – ou Linda Blair, la Regan du premier film, qui valait mieux que la suite de sa carrière ratée). La musique est d'Ennio Morricone qui, il est vrai, ne s'est pas foulé…

Il y a quelques images assez fortes, moins d'effroi que d'atmosphère, la ville sainte africaine de Jepti, en étranges et angoissantes constructions de pisé. Mais c'est tout de même épouvantable.

Un scénario atterrant de bêtise, mal fichu, mal écrit, oscillant sans cesse entre plusieurs orientations (thriller, philosophies manichéennes, complications psychologiques, images gore) sans en adopter aucune et voguant dans une bouillie indigeste, dans des symbolismes puérils, ou ridicules, ou enquiquinants (ou les trois à la fois), des péripéties invraisemblables, souvent même incompréhensibles et une impression générale de foutage de gueule. Il paraît, d'ailleurs, que le scénario connut cinq versions, toutes plus emberlificotées les unes que les autres, et que les acteurs étaient conscients de participer à une catastrophe collective. Mais que faire, quand le navire a pris la mer et fonce sur l'iceberg ?

L'Exorciste était une réussite parfaite parce qu'il marquait une complète cohérence et qu'il offrait une histoire claire (on écrirait même limpide si le terme n'était pas osé, lorsqu'on mêle Satan au récit) : la possession diabolique d'une petite fille de la bourgeoisie artistique de la côte Est des États-Unis, rationaliste, sceptique, même, mais bien obligée de considérer au bout du compte que le Mal, dans sa dimension spirituelle, existe et marque sa puissance quand il le veut, possession intelligemment introduite par un pré-générique tourné dans un chantier de fouille d'Irak et qui est une réussite absolue, parvenait à convaincre les esprits les plus narquois. Si des images de vomissements verdâtres et des contorsions excessives paraissent aujourd'hui un peu tarte, elles arrivaient dans le crescendo du récit et participaient à sa tension. Et on sortait de la projection bouleversé et épuisé.

Dans L'Exorciste II: L'hérétique, on est dans le grandiloquent, le grotesque, le ridicule à peu près tout le temps. On ne profite même pas de la magnifique idée d'aller tourner, au cœur de l'Éthiopie, dans les fantastiques églises troglodytes de Lalibela, de filmer les stupéfiantes cérémonies du monophysisme copte. Ces images étonnantes arrivent sans nécessité et disparaissent sans raison.

Un gâchis total, absolu, irrémédiable. Et dire que le thème a donné lieu à trois autres films (L'Exorciste 3, la suite, L'Exorciste : au commencement et Dominion: Prequel to the Exorcist) tous plus hideux les uns que les autres…


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De DelaNuit, le 16 septembre 2011 à 17:21
Note du film : 4/6

J'avais pour ma part plutôt bien aimé ce film malgré ses imperfections, sans en faire pour autant un chef d'oeuvre ou un film culte.

Le premier Exorciste, certes très efficace et bien réalisé, ne m'a jamais enthousiasmé. Sans doute trop axé sur une opposition dualiste entre le Bien et le Mal trop restrictive et primaire à mes yeux.

Ce film de Boorman m'apparaît plus sympathique et surtout plus riche dans sa thématique, avec ses incursions dans un fantastique merveilleux, son prêtre Richard Burton ne résolvant plus sa quête spirituelle dans les bras de la divine Ava Gardner comme dans La nuit de l'iguane, mais au sein de l'Afrique mystérieuse, rêvant qu'il survole les plaines sur le dos ailé du démon maître des nuées.

A mes yeux, l'intérêt de ce film est justement de ne pas chercher à renchérir sur le terrain du précédent, ni dans l'horreur, ni dans le manichéisme, mais de prendre un autre sentier, certes touffus, mais ayant l'intérêt de nous conduire ailleurs.

Car ici, le démon Pazuzu (Pazuzus en anglais, issu du panthéon babylonien, d'où la scène des fouilles irakiennes du premier film) apparaît moins comme une incarnation diabolique au sens monothéiste du terme que dans sa dimension mythologique d'esprit dévastateur ayant sa place dans une cosmogonie où les entités opposées se côtoient et se répondent dans une nécessaire complémentarité.

Le personnage de Regan découvrant ses pouvoirs apaisants représente alors l'autre pôle, pacificateur, stabilisateur dans cet équilibre des forces.

Alors malgré son scénario mal fini, ses idées insuffisamment développées et nombre de maladresses, ce film m'apparaît autrement plus sympathique et porteur que l'opposition traditionnelle basique entre le Bien et le Mal, entre Dieu et le diable, du premier Exorciste et des autres séquelles, dualisme primaire servant commodément de prétexte à l'humanité pour se livrer aux pires exactions, tant il est vrai que le Mal réside toujours dans le camp adverse…


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De Impétueux, le 16 septembre 2011 à 19:00
Note du film : 0/6

Nous sommes ainsi fondamentalement d'accord, DelaNuit : vous voyez fort bien les différences d'inspiration et imputez à défaut ce que je tiens à crédit – et réciproquement.

Le spiritualisme syncrétiste de L'Exorciste II conduit sur une voie radicalement différente que l'orthodoxie chrétienne de son prédécesseur. On pourra toujours dire que c'est ma foi catholique qui me guide dans ce jugement ; sans doute, mais ça n'est pas suffisant : j'aime aussi que les films de vampire aient une cohérence complète avec la mythologie des morts vivants et des films inspirés de l'Olympe antique n'auraient ma pleine adhésion que s'ils respectaient le corpus minimum admissible.

Alors que, dans le premier opus, le Père Merrin (Max von Sydow) était un fils rigoureux et discipliné de l'Église, et que le Père Karras (Jason Miller) était un prêtre à la foi angoissée, mais réelle, on retrouve, dans le deuxième volet un Merrin presque dissident et à deux doigts de l'Excommunication ; le prologue alternatif présenté dans un supplément du DVD enfonce d'ailleurs encore davantage le clou, dans le style Le Père Merrin avait développé une doctrine où l'individu peut jouer à la fois avec le Bien et avec le Mal (je cite de mémoire) : deux forces antagonistes et de force égale, c'est bien du manichéisme, du gnosticisme, du catharisme, toutes hérésies condamnées vigoureusement par Rome.

Je dois dire aussi que les images de grosses bestioles sur le dos de qui Merrin se fait emporter m'ont paru un peu surprenantes ; en revanche, et je le répète, Boorman filme remarquablement l'atmosphère poussiéreuse de l'Afrique, illuminée par un soleil mortifère ; mais, à mon sens, il n'en tire pas un parti convaincant.


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De Arca1943, le 24 mars 2012 à 16:11
Note du film : 0/6

Lointaine promesse faite jadis sur dvdtoile (à Dumbledore sur le fil de Rangoon), j'ai fini par remettre en piste cet Exorciste 2. Au cas où j'aurais raté quelque chose la première fois que j'ai vu le film (c'est-à-dire à sa sortie).

Eh bien, malgré mon jeune âge, je n'avais rien raté et ma première impression était la bonne : c'est mauvais ! mais mauvais…!

Salmigondis sans queue ni tête, ce film est insauvable, même si certains tentent périodiquement de le sauver en raison du syndrome des habits de l'empereur qui accompagne la théorie des auteurs comme son ombre. Je me rappelle d'ailleurs qu'à l'époque, dans une revue de cinéma française – Image et son, je crois bien – un critique s'était fendu en huit pour lui trouver du génie. Que voulez-vous, c'était le grand Boorman, donc il fallait absolument 1) soit prouver que L'Hérétique était l'oeuvre d'un génie mécompris 2) soit admettre que c'était une daube imbuvable mais alors dévaluer les autres films du réalisateur, en raison de l'agaçant fétichisme de la signature.

Pour moi, la présence dans la filmographie de Boorman d'au moins deux daubes qui se fourvoient dans le plus complet ridicule – Zardoz et L'Hérétique – ne font que confirmer ma sympathie pour ce réalisateur, qui se lance dans des entreprises risquées et donc, susceptibles de se casser spectaculairement la gueule. Avec John Boorman, "ça passe ou ça casse". Les éclairages roses d'Excalibur, par exemple, c'est sublime, mais ça aurait pu "casser" au lieu de "passer", voyez-vous ?

Ici, rien ne passe ! Et Impétueux a raison, hélas, de remarquer que les séquences africaines du film – les plus réussies malgré l'anachronique costume colonial de Burton – ne servent finalement à rien du tout. J'ai été perplexe pendant tout le visionnage ''( « Mais voyons, mais qu'est-ce qu'ils essaient de faire au juste ?? »)'' et je n'en reviens pas encore qu'on puisse se fourvoyer ainsi. Effets de surimpression risibles, scènes "d'hypnose à deux" puériles et répétées, sauterelles finales hautement prévisibles.

Le scénario est indigent, pour ne pas dire débile, et pour susciter l'angoisse, l'inquiétude, il se fie beaucoup trop – contrairement à ce qui a parfois été dit – sur l'épisode précédent, c'est-à-dire sur la simple présence du personnage de Regan. Richard Burton a carrément écrit sur le visage qu'il n'y croit pas, qu'il se sait embarqué dans un naufrage : je l'ai rarement vu aussi neutre, aussi éteint. C'est bien dommage pour Louise Fletcher qui, elle, va valeureusement au casse-pipe.

En plus, comme le fameux malheur qui ne vient jamais seul, Ennio Morricone signe une B.O. les moins inspirées de sa carrière.

Bref, ce n'est pas sur dvdtoile mais sur nanarland qu'on devrait traiter de ce film !


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