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Forum : Peur sur la ville

Sujet : Perfide Minos


De kannabeach, le 18 août 2003 à 18:54

Peur sur la ville mérite de figurer parmis les meilleures films à suspense, d'angoisse. Il est la quintessence de ce qu'on peut attendre d'un film à suspense. Le personnage de Letellier, par son apparente nonchalance et impavidité, use d'une subtilité déconcertante afin de percer le mystère de l'intrépide Minos (Roi de Crête, faisant enfermer le terrible minotaure) pour le plus grand plaisir du spectateur….A voir, et à revoir.


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De Jarriq, le 19 août 2003 à 07:55
Note du film : 2/6

Je suis moins enthousiaste que toi sur ce film qui est un des plus faibles de Verneuil. Entre le jeu de Belmondo qui a beaucoup vieilli, les effets visuels ridicules (l'oeil de verre filmé du point de vue de… l'orbite du tueur !), les cascades complaisantes (on zoome arrière pour être sûr que c'est bien Bébel sur le toit du métro) et le dialogue à l'emporte-pièce, "Peur sur la ville" est un "véhicule" de star d'un autre âge.


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De Gaulhenrix, le 19 août 2003 à 16:16
Note du film : 4/6

A propos de "Peur sur la ville", ne pas oublier que Verneuil proposait, avec ce film, un nouveau style de policier à la française : un décor, non plus pris dans les quartiers populaires de Paris, mais centré sur les tours et les immeubles plus modernes de la Défense (je crois) ; une mise en scène spectaculaire faite d'amples panoramiques ; un "méchant" à tendance psychopathe ; et, surtout, un climat nocturne, pesant, voire oppressant, que l'excellente musique de Morricone contribuait parfaitement à créer. Pour toutes ces raisons, ce film mérite une certaine considération.


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De YVO, le 3 octobre 2004 à 18:26

En effet, et ce que je trouve génial, c'est qu il nous montre Paris en 1976 ! Pas Paris en général, Paris en 76, une ambiance unique qui me ramène avec exactitude à l'époque où à l'âge de 3 ans (mais ceci est tout de même tres personnel) j'allais aux Galeries Lafayette avec ma maman et je m ennuyais gravement ; en regardant ce film j'ai vraiment la sensation d'entrer dans la machine a voyager dans le temps ! L'ambiance de cette période est trop bien mise en scène par Verneuil !


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De jipi, le 20 septembre 2007 à 09:30

Minos Gardien du 2ème cercle, celui des luxurieux.

Minos, roi de Crète, devint après sa mort un des 3 juges de l'Hadès. Il garde le cercle des luxurieux chez Dante, car il est l'archétype de ce type de pêcheur. En effet, il a connu d'innombrables aventures amoureuses après que sa femme, Pasiphaé, l'eut trompé avec un taureau. Jalouse, celle ci lui jette un sort qui tuera toute ses maîtresses : des scorpions et des serpents apparaissent dans la couche du roi à chaque fois qu'il y mène une femme autre que son épouse, et les tuent. Ainsi, Minos est puni par où il a pêché.

Fil rouge de Peur sur la ville, « la Divine comédie de Dante » permet au commissaire Letellier de briller par l'humour décalé. La réprimande offerte à l'inspecteur Moissac se ventilant la face par une fausse lecture de l'oeuvre en excès de vitesse bien au dela d'une diagonale est digne d'un inculte littéraire retombant sur ses pattes grace à une ironie verbale.

« Arrète de lire quand je te parle » ou mieux encore « Celui qui arrive au bout de ce truc la a le droit à une remise de peine ».

Bratt Pitt avait déjà jeté l'éponge de manière primaire sur le décryptage du "Paradis Perdu" de John Milton dans Seven. Letellier lui au moins atténue son manque de culture par le bon mot.

Les conditions de travail deviennent intolérables, ou allons nous si les serials Killers impose le décodage du tercet à la PJ.


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De fretyl, le 13 novembre 2008 à 22:43
Note du film : 4/6

Il y'a quelque chose dans Peur sur la ville qui a résisté, contrairement à d'autres polars des années 70.

C'est sans doute parce que le film est un des rares dans le genre de l'après soixante-huit à ne pas faire de politique. Henri Verneuil se cramponne à son idée de réussir son film, sans avoir d'arrière-pensée contestataire à la façon d'un Boisset pour Un condé ou de Labro pour Sans mobile apparent.
Bien sûr ça n'allait pas durer puisque le bonhomme réalisera peu de temps après I… comme Icare et surtout Mille milliards de dollars.
Dans sa carrière de réalisateur Le casse, Le serpent ou même (on me contestera peut-être) Le clan des siciliens ont perdus de leur gouaille. L'atterrissage de l'avion sur New-York dans Le clan des siciliens parait aujourd'hui extrêmement bricolé et faux ; heureusement reste dans tous ces films une rigidité immarcescible, et je ne pense pas que dans dix, quinze, vingt ans aucun films de Henri Verneuil jusque dans les années 70, ne sera vraiment fissuré.
Il en va de même pour Peur sur la ville. Je parierais dix mille Euros qu'à l'heure ou le nouveau genre policier de Olivier Marchal nous est vendu comme une reconstruction, les chaînes de grandes écoutes ne diffuseront plus 36 que Peur sur la ville séduira encore toutes les générations.

Cependant le film ne manque pas non plus de défauts ; l'excellent Charles Denner n'a strictement rien à faire, les gros plans sur Belmondo pendant sa cascade dans le métro sont horripilants et la scène ou Bebel pendant de longues minutes écoute les appels de Minos, pour en arrivé à la conclusion qu'il téléphone à chaque fois d'une cabine située à coté d'une fête foraine est parfaitement inutile et à mon avis ne sert qu'à nous faire écouter l'un des morceaux (très beau d'ailleurs) que Ennio Morricone avait écrit pour le film.

Mais ça reste un film fait de béton, pas tant par son scénario, mais par l'originalité et l'efficacité tambour battant avec laquelle le film traite de la course poursuite entre un flic et un assassin dément.
C'est certainement avec Armaguedon l'une des ambiances les plus inquiétante du cinéma français. Qui n'a pas le sang glacé lorsque la pauvre Lea Massari meurt de la peur que lui fait l'assassin qui va venir, lorsque retentit la musique troublante fait d'un sifflet grave de Ennio Morricone, lorsque l'assassin dévoile son visage difforme.
Rarement en France un film aura autant joué avec la peur des spectateurs.

Quand à la dernière demi-heure se clouant sur la célèbre et impressionnante descente au petit matin dans le ciel de Belmondo par un câble au bout d'un hélicoptère, elle est aussi l'occasion pour Verneuil de faire retomber la pression et de nous emmener vers une analyse des déroutes psychologiques assez intéressante ; à ce moment là on se souvient que Verneuil restitua l'expérience de Milgram dans I… comme Icare.

Et l'idée d'avoir monté ce suspens essentiellement dans un cadre fait de tours et d'immeubles très, très hauts, donne à la fois au film, un coté américain, mais sert aussi à donner une impression d'écrasement, de vertige et de Peur.

Pour se souvenir de la musique glaçante de Ennio Morricone :

http://www.dailymotion.com/relevance/search/peur%2Bsur%2Bla%2Bville%2Bbelmondo/video/x68ro8_peur-sur-la-ville-generique_shortfilms


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De kfigaro, le 14 novembre 2008 à 09:41

La musique est effectivement un pur bijou, très bartokienne et nerveuse mais un peu moins abstraite que celle du "Serpent".


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De Lagardère, le 14 novembre 2008 à 16:55
Note du film : 3/6

Une anecdote pour compléter l'avis de l'ami Frétyl….

Pour la scène de l'assaut de la grande tour par Jean-Paul Belmondo et les gars du g.i.g.n, cette tour étant la possession de nombreux actionnaires, il fallut dépêcher plusieurs missionnaires à travers le monde pour recueillir les signatures et autorisations de tournage. Autorisations données pour un jour précis ! Le jour dit, un orage épouvantable empêcha Henri Verneuil de tourner…On du renvoyer les mêmes missionnaires aux quatre coins du monde pour obtenir une nouvelle date ! Il faut dire qu'à cette époque, internet n'existait pas…

Propos recueillis dans un bonus de Peur sur la ville..


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De Frydman Charles, le 14 juin 2009 à 10:53
Note du film : 6/6

Le film induit bien souvent le spectateur en erreur.

La tour vue tout au début avec son baromètre géant est la tour "les poissons" à Courbevoie.

Dans le film Norah Elmer défenestrée de cette tour est dite avoir habité 147 avenue Georges Méliès…Sans préciser la ville.En fait l'adresse de la tour est place Charras à Courbevoie.

Moissac cite "la divine comédie" de Dante (42 mn après le début).

"Minos, c'est la terrible voix de la conscience qui juge les intentions et qui prononce les condamnations"

Je n'ai pas trouvé un extrait correspondant sur la version numérique de "La Divine Comédie" sur Gallica (BNF).


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De Tamatoa, le 3 juillet 2012 à 01:31
Note du film : 4/6

Encore un qui ouvre le fil de Peur sur la ville ? Alors que Searching for Sugar Man, The sessions, Champions of the Deep ou Okinawa n'ont pas été commentés ?

Oui, et je fais amende honorable. Mais un pt'it détail me chiffonne comme dirait Columbo : Je suppose que tous ici, ainsi que quelques millions d'autres Français, nous possédons le DVD de Peur sur la ville. Il est à portée de main dans la DVDthèque. Alors pourquoi, quand il passe à la télé, à condition bien sûr qu'un chef-d'oeuvre inédit en DVD ne passe pas sur la chaine d'à côté, pourquoi, dis-je, ce besoin d' arrêter le balayage des chaines sur ce Verneuil là ? Et de le voir pour la centième fois ..J'ai lu toutes vos critiques. Elles sont toutes respectables et si on les regroupe en un seul texte, elles répondent peut-être à ma question : Une espèce de nostalgie d'un cinéma, peut-être pas au mieux de sa forme certes, mais qui n'est plus. Ainsi que l'époque qui l'a drainé. Non, ce n'est pas un grand Verneuil. Mais c'est un Verneuil. Bien sûr, Belmondo avait fait beaucoup mieux avant et il fera mieux après, mais c'est Belmondo. Et puis Ennio Morricone. Ah ! Ennio MorriconePeur sur la ville c'est un film qui ne serait pas critiquable ? Si ! Mais il existe, c'est tout. Comme une marque, un repère. Un instant T dans un océan de films.

Frétil a parfaitement raison, qui nous dit : Je parierait dix mille Euros qu'à l'heure ou le nouveau genre policier de Olivier Marchal nous est vendu comme une reconstruction, les chaînes de grandes écoutes ne diffuseront plus 36 que Peur sur la ville séduira encore toutes les générations.
Mais sans nul doute ! Et ce soir encore, l'audience a du battre des records. Jarriqu, lui, dénonce le ridicule de l'oeil de verre filmé du point de vue de… l'orbite du tueur !. Je ne sais pourquoi mais à la première vision du film, il y a belle lurette, j' y ai vu un clin d'oeil (!) à Alfred Hitchcock. Et je le pense toujours. Mais peu importe : Il y a dans ce film, une espèce de…magie (?) de l'époque ou pour l'époque, qui reste, s'accroche à nous. Certains films sont comme ça et nous "forcent", quelque part, à les voir. On se sent comme un peu "obligés" (mattez bien les guillemets) de les regarder quand ils passent. Ca me fait ça aussi (docteur) avec Le corniaud, par exemple. Ou avec Baisers volés, Un drôle de paroissien. On connait par coeur, il sont, eux aussi, dans la bibliothèque, mais on regarde…Ou encore et pareil pour Les bronzés. C'est comme une espèce de cafard, de regret, de vague mélancolie, je ne sais comment dire, comment expliquer, qui nous commande de voir ces films là. Et c'est une évidence de les voir "puisqu'ils passent à la télé" ! Mais est ce bien un film que nous voyons ou n'essayons nous pas de nous replonger, à travers eux et à toutes forces, dans des années trop vite envolées ? Le cinéma, bon ou moins bon, n'aurait' il pas cette mission là aussi, qui n'était pas prévue dans le contrat ?

Je ne sais pas si je me suis fait comprendre. Mais Peur sur la ville est repassé ce soir à la télé et, ""bien évidemment"", je l'ai regardé avec un très grand plaisir..


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De Impétueux, le 3 juillet 2012 à 17:35

Bravo pour cet éloquent message, Tamatoa ! Vous dites très exactement ce que nous avons tous dû penser hier en tombant, un peu au hasard, sur ce film qu'on ne lâche plus quand on le prend au vol…

Je ricane tout de même un peu en constatant qu'il est passé sur Arte ! Lors de la création de la chaîne franco-allemande, on projetait plutôt des films slovaques sous-titrés en finlandais… Et hier, Peur sur la ville, puis L'Exorciste… Y'a pas à dire… à tout pécheur miséricorde !


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De Nicoco, le 17 avril 2021 à 16:26
Note du film : 1/6

Je rejoins l’avis de Jarriq me faisant exactement les mêmes réflexions au visionnage de ce Peur sur la ville qui m’a bien déçu.

Je ne suis pas de la génération marquée par Belmondo qui inspire à certains une indulgence voire un aveuglement certainement provoqué par une douce nostalgie sans lien évident avec les qualités intrinsèques du film.

Car ce film d’action a bien vieilli et provoque parfois des sourires gênants tant certaines scènes frisent le ridicule.

Le jeu des acteurs est médiocre, particulièrement le méchant joué par Adalberto Maria Merli. Les scènes d’action durent une éternité et finissent par nous endormir. La musique d’Ennio Morricone que j’affectionne pourtant particulièrement ne sort même pas du lot

Je me pose alors la question : faut-il nécessairement être contemporain de ce film pour l’apprécier encore aujourd’hui ?


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De Frydman Charles, le 4 janvier 2023 à 06:51
Note du film : 6/6

Je reviens au passage lu par Moissac (Charles Denner, un cousin par alliance) dans le livre "la divine comedie" aux classiques jaunes Garnier dans la voiture : "Minos, c'est la terrible voix de la conscience qui juge les intentions et qui prononce les condamnations". Vers 42 mn

. Le commissaire Letellier évoque à son adjoint les besoins de l'enquête et lui demande d’arrêter la lecture. Alors que Moissac semble néanmoins s’intéresser au livre et Letellier le coupe "c’est un foldingue" . Le passage lu par Moissac ne se trouve pas dans la traduction de la divine comédie, mais les pages lues semblent dans les premieres pages du livre. Peut être dans la préface ? J’ai acheté la version numérique de la préface aux éditions Garnier 1999, le passage ne s’y trouve pas. L’aspect du livre et la couverture sont les mêmes qu'en 1976, et la préface de Henri Longnon était probablement la même, elle est datée de 1938. Vers 47 mn Letellier toujours dans la voiture s’est approché du domicile de Germaine. Il a essayé de lire le livre, Moissac est debout devant la portière .
Letellier "c’est impossible à lire ce truc là . -Moissac : ouais, c’est pas facile à lire – si l’autre dingue l’a lu jusqu'au bout, ça vaut une remise de peine !" Entre temps Germaine Doizon a été tuée par Minos, pendant que Letellier et Moissac se rendaient depuis l’hôpital chez Germaine en voiture. Ça c’est pas de la littérature ! Letellier devait aller la voir, Mais Minos s’est fait passer pour un commissaire et a pris les devant. Quand Letellier arrive chez elle c’est trop tard, et Minos encore dans l’appartement parvient à se sauver. Peut être que si Letellier tout en muscle était allé plus rapidement chez Germaine Doizon au lieu de s’intéresser au livre laissé par Minos dans la voiture et discuter avec Moissac, aurait il pu la sauver ? Mais comment deviner que c’était urgent ? Minos (mais on ne sait pas que c’est lui à ce moment là) qui se trouvait à l’hôpital a dû faire le même trajet que Letellier et son adjoint, mais a été beaucoup plus rapide ! Extrait video de peur sur la ville ,la divine comedie. Le lien suivant évoque la mythologie grecque, Minos y suggère à Socrate que ce n’est pas lui qui juge, mais la propre conscience de Socrate qui lui inflige un auto châtiment "Minos. Je ne suis pas ton juge, Socrate, ni celui des autres hommes. La conscience humaine se juge elle-même selon ses actes." Minos à Socrate " . Un peu comme dans crime et châtiment, le remord, la conscience de Raskolnikoff lui inflige un châtiment bien plus fort que celui des hommes. Malheureusement la conscience du Minos du film ne le tourmente pas, et son oeil de verre qui juge les autres , devrait le juger lui même en se reflétant dans ses lunettes de soleil. On lit dans l’enfer de Dante " 9. Et lui : « Si j’étais de verre étamé, ton image extérieure plus vite en moi ne se refléterait pas, que ne s’y reflète celle de dedans.". Le verre étamé est également évoqué dans le Paradis de Dante "Si la lumière ne pénètre pas au delà de la couche rare, il doit y avoir un point où la couche contraire ne la laisse plus passer ; et de ce point le rayon venu du dehors se réfléchit, comme la couleur à travers le verre derrière lequel du plomb est caché" . "Peur sur la ville" est avant tout un film d'action , et les cascades de Belmondo attirent les foules. Mais les performances littéraires ne sont pas négligeables, mème si elles n’attirent pas le public !!! On sait peu de chose sur le métier et la vie privée de Pierre Valdeck alias Minos. Vers 1 h 14 mn, alors que Letellier est chez Helene pour enrrgistrer les coups de fil, Pierre Valdeck alias Minos appelle Hélène. Letellier "qu’est ce qu’il te voulait ce gugusse" Hélène : c’est pas un gugusse" Letellier, "je sais il est chef de clinique et père de 2 enfants". Peu après parle de roman photo avec le chirurgien. C’est surprenant, à l’hôpital il avait plutôt un rôle de brancardier et ses 2 enfants ne sont pas évoqués ailleurs dans le film. Surprenant également qu'Hélène ne reconnaisse pas en Minos la voix de son ami Pierre Valdeck.


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