Dans la série "le saviez-vous ?", "Lunes de fiel" avait d'abord été annoncé comme un film d'André Téchiné avec Alain Delon et Isabelle Adjani.
Je revois encore les pubs dans les revues style "le film français"… Encore un "auquel on a échappé", comme disait Charlie Hebdo !
Je suis comme pas mal de monde, un admirateur de Polanski, et je me délectais de découvrir même avec retard, ce Lunes de fiel.
Quelle déception ! Quel embarras ! C'est une espèce de petit porno soft, bourré de clichés jusqu'à la gueule (la petite musique d'accordéon quand on arrive dans le flash-back parisien), horriblement mal joué par Seigner, gauche et empotée dans un rôle qui avait vraiment besoin d'une grande actrice, ou au moins d'une nature comme Adjani
de l'époque Possession.
Coyote
est mal distribué (la scène où il se déguise en goret aurait pu couler définitivement sa carrière !), Hugh Grant
n'a jamais été aussi peu à sa place, et Scott Thomas,
à la rigueur, s'en sort sans trop de dommage. Peut-être parce qu'on ne la voit pas beaucoup.
Le film est long, mal rythmé, le comportement des personnages est souvent illogique, irritant, et on a du mal à croire qu'on assiste à la projection d'un film signé Roman Polanski. Je sais que Lunes de fiel
a ses aficionados, je serais intéressé de connaître leurs arguments, tant ce film m'est passé au-dessus de la tête. Je vais m'en tenir à Répulsion,
Chinatown
et Rosemary's baby.
Et je vais ranger Lunes de fiel
à côté de Quoi ?
et La neuvième porte,
dans les "accidents industriels" d'un grand réalisateur.
Ah oui, quel drôle de film ! C'est interminable et mal composé, c'est une sorte de flashback continu avec des retours au présent inutiles ou peu pertinents. Ces flashbacks sont sans doute placés à intervalles réguliers dans le récit pour que le spectateur n'oublie pas qu'il assiste au récit fait au blanc-bec ahuri Nigel (Hugh Grant) par le vieux saligaud estropié Oscar (Peter Coyote)
qui s'échauffe en faisant audit blanc-bec le récit des turpitudes de sa vie avec Mimi (Emmanuelle Seigner).
Et tout cela pendant que Fiona (Kristin Scott Thomas)
, la charmante femme de Nigel, s'enquiquine à cent sous l'heure sur le paquebot où les deux couples sont en croisière.
Lunes de fiel ne commence pas trop mal, une fois l'artifice du paquebot de croisière posé et le récit d'Oscar de sa rencontre avec Mimi n'est ni désagréable, ni mal filmé. On peut même s'amuser de la suite de hasards qui aboutit à la rencontre : au cinéma ça passe. Cela étant si le personnage d'Oscar, écrivain dilettante et impubliable, amoureux de Paris comme Hemingway
ou Fitzgerald
fonctionne assez bien, j'ai moins de goût pour celui de Mimi, danseuse sans cachets qui manque de crédibilité en fille amoureuse archi-charnelle ; on ne sait pas grand chose d'elle, de son passé, de sa personnalité avant sa rencontre et ses foucades et outrances déconcertent un peu. Disons toutefois qu'Emmanuelle Seigner
est un beau brin de fille et que quelques unes de ses représentations érotiques sont assez torrides pour qu'on y prenne agrément (ceci n'est pas en contradiction avec ce que j'écris au paragraphe précédent).
Malgré quelques tournures littéraires intéressantes (pour dire la lassitude de Mimi ressentie par Oscar : j'écrasais ma bouche contre la sienne comme un mégot dans le cendrier et le propos d'un voyageur hindou L'Inde est infestée de mouches et de mendiants) et un paquebot qui ne ressemble en rien aux affreux châteaux-forts ambulants d'aujourd'hui (ceux qui esquintent la Lagune), malgré quelques jolies vues de Paris, Lunes de fiel ne ressemble pas à grand chose ; en tout cas on n'y retrouve que du Polanski
de seconde zone, plus exactement de second rayon.
Un film complètement raté, s'éparpillant dans toutes les directions, avec une psychologie de personnages totalement invraisemblable. Reste que la forme est de qualité (photographie de la mer et des intérieurs, sons). A mon avis, le plus mauvais film de Polanski.
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