Je suis bien perplexe sur ce film : c'est peut-être, avec La symphonie pastorale le plus célèbre opus de Jean Delannoy,
mais je le place cent fois après ses deux Maigret (Maigret tend un piège
et Maigret et l'affaire Saint-Fiacre)
et Marie-Antoinette
; la réécriture par Cocteau
du mythe de Tristan et Yseut me paraît niaise et je trouve que Jean Marais
n'a jamais été aussi exaspérant ; quant à la blondeur diaphane de Madeleine Sologne
elle est si parfaitement anodine qu'on ne croit pas une seconde au drame qui se joue.
Pourtant se passer de L'éternel retour dans une DVDthèque cohérente n'est pas non plus envisageable ; qu'est-ce que je sauve alors ? les mimiques diaboliques du nain Piéral
? Est-ce que ça suffit ?
Je suis perplexe ; mais tous les mythes cinématographiques incitent à la perplexité…
Je dois avouer que c'est l'oeuvre en général de Cocteau qui me laisse perplexe. Je n'ai jamais été sensible à cette "poésie" ostentatoire et affichée en étendard, cette joliesse pénible, ces éphèbes péroxydés, et tout ce fatras mythologique. Quelque chose a dû m'échapper. Suis-je le seul dans ce cas ?
Je partage tout à fait votre avis ; je n'ai jamais accroché avec Cocteau, ni pour sa poésie, ni pour ses pièces et romans, ni pour sa céramique et ses dessins, ni pour ses films (sauf, peut-être pour La Belle et la Bête,
mais grâce, sans doute au fastueux décor de Christian Bérard…
En revanche, les Sang d'un poète, Orphée
et Testament d'Orphée
me glacent et m'ennuient.
Et c'est presque pareil lorsque l'œuvre est adaptée par un vrai cinéaste: quoiqu'on en dise grand bien, je n'ai pas aimé Les enfants terribles vus par le grand Melville
et vous voyez comme je suis circonspect sur
L'éternel retour
vu par Delannoy
…
Ah ! J'ai trouvé tout de même une autre raison de voter pour l'édition en DVD : c'est dans ce film que Jean Marais lance la mode des pulls-overs Jacquard qui ont hanté mon enfance.
C'est ça : Pieral et les pulls Jacquard. C'est maigre !
Qui dit mieux ?
Réalisation d'un DVD
De par la qualité et la réputation de ses auteurs et ses interprêtes, il est honteux que ce film ne soit pas encore réédité. D'autant que le thème de Tristan et Yseult est universel et que cette adaptation moderne en donne un éclairage probablement plus abordable à chacun que le mythe médiéval.
Rappelons que le film a déjà été diffusé plusieurs fois à la télévision. Ce sont d'ailleurs ces diffusion qui m'ont rendu ce document inoubliable.
Auteurs et interprêtes magnifiques. Très beau film
Mes parents recherchent ce film depuis pas mal de temps, et moi aussi j'aurais aimé l'avoir en dvd
En lisant le délicieux et passionnant ouvrage de Patrick Buisson intitulé 40-45, années érotiques, somme remarquable d'informations et synthèse acide de la sexualité de la période, je tombe sur quelques pages très drôles sur L'éternel retour, que je conseille à chacun de lire (page 326 et seq. du volume I de l'édition Livre de poche).
Quelques extraits : En même temps que sort le seul film vraiment nazi d'expression française, naît le phénomène Marais qui donne un nouvel élan au culte de la vedette de cinéma.
Avec L'éternel retour et le visage lumineux de son acteur fétiche surgi des noires profondeurs de l'année 1943, le doute n'est plus permis. L'anatomie sculpturale de Marais,
sa beauté saine et triomphnate, ses poses figées et hiératiques, sees bottes lourdes comme un piédestal en font la copie vivante des statues d'Arno Breker. Habité par son fantasme fusionnel qui le pousse à ne négliger aucun détail, Cocteau,
omniprésent sur le tournage, veille à ce que les cheveux de Marais
-Tristan et de son Isolde de cinéma, l'actrice Madeleine Sologne
soient blondis jusqu'à cette blancheur qu'est la blondeur nordique, à la manière des marbres du sculpteur du IIIème Reich..
En février 1946, les critiques anglais découvrant le film, réagirent vivement (…). Marais sera qualifié de nazi typique, de compromis entre Lohengrin et Horst Wessel. Le Daily Mail fustigera la solennité, la sentimentalité intense – bref, toute l'âme teutonne – qu'on retrouvait dans le héros, véritable idéalisation de la jeunesse hitlerienne, tandis que le Daily telegraph regrettera que Cocteau
ait cru devoir souiller ce film avec des marques de l'idéologie allemande aussi criantes que des croix gammées en allant jusqu'à germaniser les amants pour leur donner des qualités physiques et morales si chères à la fiction nazie.
Et quelques autres paragraphes de la même facture… Bref, Mdr, comme dit la jeunesse !
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