De la même façon qu'il existe, pour les livres, des éditions savantes qui se préoccupent à la fois de publier des textes difficiles, oubliés ou peu rentables et de donner à ces textes une parution sans faute, un appareil critique, des gloses et interprétations diverses de spécialistes, il est primordial que le cinéma reçoive la même attention pour des chefs d'oeuvre qui, pour une raison ou pour une autre, trouvent difficilement un éditeur.

Deux sujets, donc: l'édition, et la qualité de l'édition.

D'une façon générale, le cinéma muet, le cinéma "extra-occidental" (sauf le japonais), le cinéma expérimental trouveront difficilement preneur ; heureusement, des gens courageux se lancent ; même si le muet m'est inconnu, je salue ainsi la parution de ces Dreyer que vous annoncez.

Mais un gros travail doit être fait pour que des films majeurs, déjà édités, soient retravaillés dans les conditions que j'ai dites : comment se fait-il – pour être cursif – que le film français considéré comme le plus extraordinairement réussi du premier siècle, Les enfants du Paradis n'existe qu'en médiocre édition René Chateau ? On sort des nouilleries modernes avec 4h de bonus, des story-boards, des scènes coupées, des interviews, et on n'est pas capable de donner à Garance et Frédérick un bout de commentaire ?

Tout à fait d'accord, mais concernant Les enfants du Paradis, Criterion a offert une édition splendide… On n'est pas prophète en son pays !!

Les titres de Criterion sont multi-zones : pas besoin d'avoir un lecteur dézoné pour en profiter !

Diable ! Vous m'ouvrez des horizons….Cela dit, l'objection du coût me semble tout de même pertinente (mais que ne ferait-on pour certains films !)

Je donnais l'exemple des Enfants du Paradis, parce que le film est connu de tous ; je sais aussi que Criterion existe, mais :

1 – je trouverais préférable qu'on soit "prophète en son pays"

2 – le prix des DVD zone 1 me semble bien plus élevé que celui des zone 2

3 – moin lecteur n'est pas dézoné (pour les raisons 1 et 2)

J'aurais pu aussi citer, massacrés par Chateau, de Jean Renoir,Les bas-fonds ou French Cancan, de Duvivier, Marie-Octobre, de Claude Autant-Lara, La traversée de Paris, de Jacques Becker, Goupi mains rouges, de Clouzot, L'assassin habite au 21, Le salaire de la peur et Les diaboliques, de Georges Franju, Les yeux sans visage, de Jean-Pierre Melville, Le deuxième souffle et j'en oublie sûrement deux douzaines….

C'est vrai que Goupi Mains rouges est une merveille, Ah Goupi tisane, Goupi mes sous, Goupi Tonkin ! il faudrait tous les citer. Un film de la veine des grands Pagnol. A quand un dvd pour lui rendre justice ?