Je ne crois pas qu'il y ait, dans l'histoire du cinéma français et même européen, un acteur qui n'a jamais été une star et qui pourtant ait marqué tant et tant de films.
Je dis marqué de préférence à réussi : on ne peut dire que Et Dieu créa la femme de Roger Vadim en 1956 ou qu'Un homme et une femme de Claude Lelouch en 1966 soient des chefs-d'oeuvre, ni même de bons films. Pareillement La course du lièvre à travers les champs de René Clément en 1972, Le bon plaisir de Francis Girod en 1984, Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard en 1994.
Mais des films formidables à foison et quelques uns très grands : Le fanfaron de Dino Risi en 1962, Z de Costa Gavras et Ma nuit chez Maud d'Éric Rohmer en 1969, Flic story de Jacques Deray en 1975, La terrasse d'Ettore Scola en 1980, Vivement dimanche de François Truffaut en 1983… jusqu'à Amour de Michael Haneke en 2012…
Et encore, au hasard de la mémoire, Le grand silence de sergio Corbucci en 1968, Le train de Pierre Granier-Deferre en 1973, Le mouton enragé de Michel Deville en 1974, La banquière de Francis Girod en 1980, Trois couleurs : rouge de Krzysztof Kie?lowski…
Je n'ai pas vu Le conformiste de Bernardo Bertolucci en 1970, dont on dit grand bien…
Mais il faut aussi mentionner ses deux réalisations : si je n'ai guère été séduit par Le maître-nageur en 1979, j'ai une certaine dilection pour la très étrange Journée particulière de 1973. et se rappeler qu'il a été la voix française de Jack Nicholson dans Shining : lorsqu'on connaît le soin maniaque que Stanley Kubrick accordait au doublage de ses films !!!
On voit, à l'étendue dans les années de cette immense carrière, à la variété des réalisateurs qui ont fait tourner Jean-Louis Trintignant et à celle des rôles interprétés, tous avec un talent fou, combien le cinéma lui doit.
Belle présence, voix chaude, belle voix de conteur. J'ai une quinzaine de ses films dans ma collection. La dernière fois que je l'ai vu, c'était en redécouvrant le Fanfaron (1962) en blu-ray.
Je parlais de voix : à titre personnel, je trouve que l'idée de prêter sa voix à Nicholson dans Shining (1980) a été une des plus mauvaises idées dans l'histoire des mauvaises idées. En revanche, pas de problème pour l'entendre en narrateur dans la VF du Ruban Blanc (2009) de Haneke.
Buon viaggio à lui, comme aurait pu dire l'affreux Bruno Cortona (le fou du volant du film de Risi).
Un pilier du meilleur cinéma français et italien, hautement versatile. Quand on l’a vu excellent dans Été violent, Un homme et une femme, Le voyou ou Le train, on se dit que voilà son emploi : le jeune premier, l'homme séduisant, la star. Mais voici Jean-Louis Trintignant dans Le combat dans l'île, Compartiment tueurs, Le conformiste, Z, Le mouton enragé, Flic story, Le bon plaisir, Fiesta, Bunker Palace Hotel : personnages ô combien disparates. Et alors on se demande où son registre s'arrête. Il s'impose en héros de western dans Le grand silence ou en scénariste de comédies à l'italienne dans La terrasse ! Je l’ai vu en héros comme en ordure, avec une prédilection, je crois, pour le ni-l’un-ni-l’autre. L’ambiguïté lui allait bien. Dans Le secret, tout repose sur son don pour suggérer sans effort le mystère. Son sourire lumineux lui changeait complètement le visage, aussi ne l’utilisait-il qu’avec une grande parcimonie – et dans bien des films, pas du tout !
Nombreux et grands souvenirs. Parmi les titres moins évidents de son immense filmographie, je l’avais trouvé aussi immédiatement attachant en réalisateur dans le film suisse Repérages qu'immédiatement détestable en agent de la CIA dans le film américain Under fire.
Et je me rends compte qu’avec son départ, tout le trio de tête de mon film fétiche Le fanfaron est désormais passé dans l’autre monde: Vittorio Gassman il y a déjà longtemps, Catherine Spaak plus tôt cette année.
Je n’ai toujours pas vu La longue marche (1965), que j’aurais préféré voir de son vivant.
Puisque nous pleurons Jean-Louis Trintignant, j'aimerais rappeler (ce que ne fera aucun média) qu'il fut au nombre restreint de ceux qui survécurent après avoir rencontré la si belle et si cruelle Antinéa, souveraine immortelle de l'Atlantide, ensevelie dans les sables du Hoggar, au plus profond du Sahara… Un savoureux péplum qu'aucun éditeur hélas n'a jugé bon de sortir en France.
Nos chers camarades ont fort bien parlé de l'une des plus belles carrières du cinéma français et européen.
Je rajouterai parmi les réussites de Jean-Louis Trintignant certains films moins connus mais que j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ces dernières années: Un homme à abattre, L'Américain, Un homme est mort, L'attentat, Les violons du bal, Les passagers, Une affaire d'hommes, Passion d'amour, La femme de ma vie et Un héros très discret.
Parmi les téléfilms notables, l’on peut citer également Credo https://dvdtoile.com/Film.php?id=85363 de Jacques Deray sur un scénario de Jean-Claude Carrière inspiré d’une histoire réelle d’un ukrainien interné dans un asile parce qu’il croyait en Dieu. Il s’agit là d’ une vraie rareté de la filmographie de Jacques Deray. Huis-clos étonnant, à l’intrigue spirituelle et religieuse, Credo est resté inédit depuis sa diffusion à la télévision en 1983 jusqu'à sa projection à l'Institut Lumière, à Lyon, en mars 2017, en présence de Trintignant. (Master vidéo « restauré » pour l’occasion par l’INA pour le compte de Studio Canal ; celui-ci attend toujours un potentiel éditeur …)
Œuvre, certes très théâtrale, dont le tournage n’a duré qu’une semaine car un seul décor a été utilisé, mais très efficace qui annonce La Controverse de Valladolid . De par son thème, on peut rapprocher Credo de "The Prisoner" (L’Emprisoné – prix OCIC 1955), de Peter Glenville, avec en plus l'influence bresonnienne.
La Controverse de Valladolid en 1992, a déjà fait l’objet de deux éditions dvd, contrairement à L’interdiction du même cinéaste Jean-Daniel Verhaeghe, l’année suivante. Dans ce téléfilm L’interdiction, Jean-Louis Trintignant y endosse le rôle principal, celui du marquis d’Espard.
Ce soir "sans mobile apparent" sur C8. Le film était programmé longtemps avant le décès de Jean-Louis Trintignant.
Personne n'a, me semble-t-il, pris en considération suffisante l'excellent Un homme est mort ou Trintignant en éternel homme traqué jouait énormément sur un aspect autistique qu'il a amplifié dans d'autres de ses films dans une ambiance à la Don Siegel. Ça aurait été un meilleur choix de rediffuser ce polar là plutôt que Sans mobile apparent auquel je n'ai jamais accroché, peut être aussi à cause d'une musique de Morricone absolument défaillante.
Faut-il rendre hommage à Trintignant qui fait partie du paysage ? C'est comme louer les qualités de Randolph Scott qui incarne, avec quelques autres, le western. Mieux voit voir et revoir les films de Trintignant, qui a accompagné de belles pages du cinéma européen de la fin des années cinquante à la fin des années soixante-dix, essentiellement.
Personne n'a, me semble-t-il, pris en considération suffisante l'excellent Un homme est mort ou Trintignant en éternel homme traqué jouait énormément sur un aspect autistique
Si si, c'est mon cas. Un film qui, sous les aspects d'un polar conventionnel, possède une atmosphère insolite vraiment à part qui anticipe à plusieurs reprises Un papillon sur l'épaule. Bien d'accord pour le trouver supérieur à Sans mobile apparent, dont les défauts m'ont récemment sauté aux yeux.
à Delanuit ! mea culpa ! mea maxima culpa ! J'avais oublié qu'Esther la gentille fiancée de Ben Hur avait tenu le rôle d'Antinéa ! là j'exprime tous mes regrets pour Jean-Louis Trintignant !…
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