Les raisons de l'absence de tellement de bons films italiens sur DVD en France sont obscures, et même très obscures, je ne vous l'envoie pas dire !
Parmi les (rares) sorties programmées ces temps-ci, il y a le coffret Francesco Rosi, un Risi
peu connu, Il Giovedi,
et un Scola
de la belle époque, Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique.
Du côté des mauvaises nouvelles, on attend toujours que la sortie en salles françaises de certains classiques de Valerio Zurlini, comme Un été violent
ou Journal intime,
au cours des deux dernières années, se concrétise en édition DVD.
Maints gialli de série B sont sortis au cours des deux dernières années, ce qui, en soi, est une bonne nouvelle, mais du côté du thriller triple A – Indagine…, Cadavres exquis,
Le Soupçon
etc – on attend toujours. Dans cette série, pourtant prestigieuse (et qui à son époque fit le plein de spectateurs, y compris à l'étranger) presque rien n'est sorti, même pas le classique Sacco et Vanzetti
(et les autres bons films de Montaldo,
alors n'en parlons pas !). Mais il y a Pontecorvo, c'est vrai, avec les films majeurs que sont Kapò
et La Bataille d'Alger.
Du côté des Totò, une percée notable a été réalisée tout récemment avec l'édition de Guardi e ladri, un fameux cru. Mais comme ventre affamé n'a pas d'oreilles, on se prend à rêver de voir arriver, par exemple, La banda degli onesti,
Misère et noblesse
ou même La Dottoressa
(où l'on trouve aussi Abbe Lane,
qui n'est certes pas quantité négligeable…)
Côté grands maîtres consacrés par les grands critiques, comme Fellini, Pasolini,
Antonioni,
ça va on ne peut mieux. Mais attention : même chez Visconti,
on se gratte la tête en se demandant pourquoi, mais pourquoi le superbe Sandra
n'est pas en DVD. (Et aussi Ludwig,
bien sûr).
Mais au moins le néoréalisme, lui, ne pose pas de problème de status, c'est LA référence qui vient aux lèvres quand il est question de cinéma italien, donc on le trouve en DVD ? me direz-vous. Eh bien, ça dépend. De Vittorio de Sica, par exemple, outre celui que vous citez, il y a au moins Miracle à Milan
qui se fait désespérément attendre. Parce que c'est une comédie ? J'ose espérer que ce n'est pas la raison. Mais toujours dans la veine humoristique, l'absence de L'Or de Naples
et de Il boom
se fait cruellement sentir. De Rossellini,
beaucoup de choses sont sorties, c'est vrai, y compris des jusque-là rarissimes (ses films didactiques pour la télévision). Mais de son classique Le Général della Rovere,
pas la moindre trace à l'horizon. Quant à La Machine à tuer les méchants
ou Dov'è la libertà,
évidemment ce n'est pas au programme.
Mais le néoréalisme, c'est loin de s'arrêter là. De Giuseppe De Santis, par exemple, on n'a daigné nous sortir qu'un seul film sur DVD, le grand classique Riz amer.
Toujours le même. Mais bon sang, ce n'était pas du tout l'homme d'un seul film, De Santis ! Je me languis toujours de revoir enfin le très fort Onze heures sonnaient
et son extraordinaire distribution féminine. Et aussi Pâques sanglantes –
avec Raf Vallone
et Lucia Bosè
! Et je suis dévoré de curiosité de voir enfin La Route d'une année.
Et il y en a encore d'autres, notamment Marcher ou mourir.
Toujours dans la tradition du néoréalisme, mais mariée au grand roman russe, il manque toujours à l'appel au moins un très grand classique d'Alberto Lattuada,
Le Moulin du Pô.
Et du même réalisateur, dans la série "néoréalisme et film noir", Sans pitié,
qui est aussi une histoire d'amour entre John Kitzmiller
et Carla Del Poggio.
Et des bons Lattuada,
il y en a aussi plusieurs autres. Et Le Chemin de l'espérance
de Pietro Germi,
autre grand classique du genre ? Inconnu au bataillon de ces messieurs-dames. Pour ne rien dire de Fuite en France,
qui est la contribution au néoréalisme du réalisateur-écrivain Mario Soldati.
Et je ne mentionne même pas Il sole sorge ancora (1946)…
En revanche, un beau gros coffret Ermanno Olmi (trois films) est paru cette année. Encore heureux !
Je suis loin d'avoir terminé, on s'en doute. On trouve, par exemple, UN SEUL Bolognini sur DVD en France : le très bon L'Héritage
(à cause de Dominique Sanda
?) Mais ses chefs-d'oeuvre La notte brava,
Le Bel Antonio,
sans parler de plusieurs autres ? Bernique. Luigi Zampa
? Zéro films en DVD. Elio Petri
? Zéro films en DVD. Nanni Loy
? Zéro films en DVD. Luciano Emmer
? Zéro films en DVD, bien entendu; pas même La Fille dans la vitrine
avec Lino Ventura
dont on ressort pourtant les plus menus rôles, comme on l'a fait pour De Funès.
Francesco Maselli ? Rien de rien. Carlo Lizzani
? Rien on plus, et je parie que s'il en sort un ce sera un de ses gialli de série B et pas ses quelques grands films comme Le Procès de Vérone
ou Fontamara.
Et Pietro Germi
? Étonnamment, rien de rien, aucune de ses grandes comédies à l'italienne n'est au rendez-vous en France. Pas d'édition française ou francophone de Divorce à l'italienne
!? Incroyable mais vrai. Et son dernier drame néoréaliste, Le Disque rouge
(1956) ? Il faut le commander en Amérique, c'est-à-dire chez moi, dans la zone 1; mais sans sous-titres français bien sûr ! Et Antonio Pietrangeli
alors ? Zéro. Même Adua et ses compagnes,
une prenante réussite – et qui met pourtant en vedette Simone Signoret –
n'a pas connu d'édition française ou francophone. Quant à La Parmigiana
ou Je la connaissais bien,
évidemment on peut toujours courir.
Même dans le western italien, il manque toujours quelques morceaux de choix, notamment La Resa dei conti ou Il mercenario.
Mais bon, de ce côté-là, nous avons été passablement bien servis ces dernières années. De même, pour les films de peur, les Bava
et autres Argento
sont là pour un bon nombre.
Et jusqu'ici, j'ai à peine effleuré le chapitre le plus important : celui de la comédie ! Alors, là… ! Alors, là… ! Elle est terrible, avec Catherine Spaak
et Ugo Tognazzi
? Pas de DVD, bien sûr ! Pas plus que pour l'autre grande comédie de Luciano Salce,
Le Fédéral
(avec Tognazzi et un excellent Georges Wilson).
Et les Comencini
des années rugissante 1960-62, comme La Grande pagaille
ou À cheval sur le tigre
? Évidemment qu'ils ne sont pas sur DVD ! Pas plus que Le Grand embouteillage,
du reste. Et Monicelli,
me direz-vous, lui au moins doit être bien représenté ? Eh bien, certes, on trouve Le Pigeon
et La Grande guerre,
deux très grands crus, mais ces autres sommets que sont Les Camarades,
L'Armée Brancaleone,
Mes chers amis,
Un Bourgeois tout petit, petit
n'ont toujours aucune édition DVD. Et même Risi,
si ça va quand même un peu mieux pour lui, n'empêche que Le Veuf, La Marche sur Rome,
Fantôme d'amour
et plusieurs autres brillent toujours par leur absence. Et Miracle à l'italienne,
de et avec Nino Manfredi
? Rien. Détenu en attente de jugement, un des plus grands rôles du tragicomique Alberto Sordi
? Niente.
Et ainsi de suite.
Et au fond, ce ne sont que quelques exemples. Si je devais être exhaustif, ce serait autre chose ! Nous y passerions la nuit ! Il y a encore Liliana Cavani, dont ni Portier de nuit,
ni La Peau
(selon moi ses deux meilleurs films) ne sont en DVD Zone 2… Et aussi… Et encore… Et pendant que j'y suis… Mais bon, d'accord : je m'arrête !
Et après toutes ces cruelles absences, dont chacune me fend le coeur, d'aucuns s'étonneront encore que depuis quelques mois, je me gave comme un perdu de films de samouraïs… Ben quoi, vaut mieux fuir ma peine là-dedans que dans l'alcool !
A partir du moment où ce sont souvent de grosses multinationales (universal, warner, sony, Fox, Paramount) qui ont l'essentiel des moyens de diffusions, on se retrouve avec une écrasante majorité de films américains (si bons soient-ils) réédités et des inédits français ou italiens pour le moins aberrants !
les enfants nous regardent, première collaboration avec le scénariste Cesare Zavattini,
qui offre les prémisses de ce que sera la marque de fabrique du réalisateur et du mouvement qui le caractérise : une sensibilité humaine et poétique dans le quotidien ou la misère humaine est omniprésente.
(Ciné-obs).
Ben quoi, vaut mieux fuir ma peine là-dedans que dans l'alcool ! (Arca1943).
Une chronique intéressante est présente sur dvdclassik.com http://www.dvdclassik.com/critique/les-e(..)
Voilà des heures et des heures que je me dis : "Mais je ne suis pas fou ! Il y a Delon dans ce film ! Et puis ça ne correspond pas avec l' avis de Vincentp ! J'ai cherché ce qui clochait. Oui, il y a Delon.
Mais dans Attention les enfants regardent
…dans un tout autre genre.
Mais l'intérêt de ce film -outre sa gestion du spectateur- réside aussi bien entendu dans sa dimension sociale, politique, et morale. Les enfants nous regardent ne collait pas vraiment à l'idéologie fasciste d’ordonnancement naturel des choses, et sa sortie en salles en fut retardée (cf le cahier excellent de Jean Gili présent dans le dvd édité par Tamasa).
Les enfants nous regardent est un film volontairement terne, pesant, aux images qui s'estompent et qui racontent aussi le désarroi du petit garçon devant le monde incompréhensible des adultes, leurs mensonges, leurs inconséquences, les formes d'indifférence mêlées de cruautés presque machinales.
Est-ce à dire, comme le prétend le gauchisant Jean Gili dans la petite brochure qui accompagne le DVD, que Vittorio De Sica a filmé avec Les enfants nous regardent
une critique acide de la petite bourgeoisie ? Si nul n'ignore la connaissance profonde de Gili du cinéma italien, il est trop souvent victime de ses présupposés idéologiques…
Que bien peu de gens lisent, au demeurant…
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