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Délicatement acidulé


De verdun, le 13 mai 2020 à 23:01
Note du film : 4/6

L'eau à la bouche est un film effectivement moins connu que la chanson éponyme de Gainsbourg.

Il y a de nombreux exemples similaires: ainsi peu de gens savent que "Les copains d'abord de Brassens fut écrite spécialement pour Les copains de Yves Robert, et la chanson de Aznavour Paris au mois de d'août est plus également plus célèbre que le film pour lequel elle fut composée. Il faut dire que le film de Yves Robert et surtout celui de Pierre Granier-Deferre ont longtemps été difficiles à voir alors que les chansons courent encore dans les rues "longtemps après que les poètes ont disparu".

L'eau à la bouche est un film qui représente une certaine idée de l'élégance à la française grâce au charme des comédiens et des comédiennes, à la musique de Gainsbourg, au somptueux cadre où l'intrigue se déroule, à la beauté du noir et blanc, à la sophistication des dialogues et des mouvements de caméra -malgré quelques zooms étonnants pour une oeuvre de 1959.

J'ai éprouvé bizarrement une certaine mélancolie, comme Impétueux, à regarder ce film. A cause de ce sentiment de voir un monde disparu ? Ou de voir des acteurs et actrices qui effectivement, n'ont pour la plupart d'entre eux pas eu la carrière méritée malgré leur potentiel ? Un peu des deux.

Certes Gerard Barray a été une vedette des (médiocres) films de cape et d'épée français dans la lignée de Jean Marais. Mais paradoxalement, les deux acteurs à avoir fait les carrières les plus solides sont les deux domestiques, Galabru, dont la présence détonne ici il est vrai (mais en le choisissant plus "bouffon", l'auteur ne voulait-il pas exprimer une différence de classe sociale ?) et Bernadette Lafont.

Signalons en outre que certains collaborateurs techniques du film, comme Claude Zidi ou Nadine Trintignant ont fait un beau parcours après L'eau à la bouche, sans parler de Gainsbourg, qui venait tout juste de publier "le poinçonneur des lilas".

Ceci dit, malgré ses évidentes qualités, il est permis de trouver ce charmant marivaudage un peu trop léger en raison de péripéties réduites au minimum et d'une psychologie des personnages assez sommaire.

De plus, Jacques Doniol-Valcroze a de mon point de vue fait mieux par la suite avec La dénonciation, La maison des Bories voire ses feuilletons télé comme Le tourbillon des jours ou Les fiancés de l'empire.

Mais ne soyons pas farouche et décernons une mention "assez bien" à L'eau à la bouche.


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De Impétueux, le 16 octobre 2014 à 16:27
Note du film : 5/6

Il y a quelques films, comme ça, qui ne survivent dans notre imaginaire que par les chansons qu'on y entend et fort peu par leur scénario ou leur interprétation. Je ne dirais évidemment pas ça pour Les portes de la nuit, qui vit très bien sa vie tout seul, en compagnie des Feuilles mortes et des Enfants qui s'aiment. Je l'écrirai sans vergogne au contraire pour Bye bye Barbara, de Michel Deville, dont la chanson-titre a fait les beaux flirts de toutes les surprises-parties du début des années 70, mais n'a guère que ce titre de gloire. (Et même appréciation pour Toi le venin, musique excellente d’un film que je me rappelle assez piteux de Robert Hossein).

Et j'étais tout prêt à englober L'eau à la bouche dans la même indifférence, me rappelant seulement la mélodie et la sensualité extrême des paroles de Serge Gainsbourg dans ce qui fut sa première composition pour le cinéma et son premier grand succès public. J'avais tort, car si la musique est parfaite, le film est bien loin d'être négligeable.

1959, le bouillonnement, les flux et reflux de la Qualité française contre la Nouvelle vague. Bien que Jacques Doniol-Valcroze soit un des fondateurs des Cahiers du cinéma, son film est avant tout un intelligent marivaudage à qui il ne manque qu'un peu plus de cruauté pour être parfaitement réussi.

Un peu de cruauté, donc ; mais il faudrait aussi gommer la prestation honteuse du sinistre Galabru, ici aussi épouvantable que pourrait l'être un Jean Richard, dans un rôle de larbin mal stylé, consommateur compulsif de soubrettes qui met une touche grotesque, baroque, inconvenante dans ce qui serait sans lui un film élégant. C’est comme si Rohmer avait fait intervenir Darry Cowl au milieu du Genou de Claire.

Élégant, un peu triste aussi au regard des acteurs et actrices qui y figurent, qui ne manquaient ni de beauté, ni de charme, ni de talent, mais qui ont eu, finalement, une carrière un peu en sourdine ; ne sont en tout cas jamais arrivés à aller un peu plus haut que le second rang. Je mets naturellement à part Bernadette Lafont qui a tutoyé la célébrité, mais demeurera plus dans la mémoire, et sans doute à tort, comme une égérie qu'une grande actrice.

Sinon… Françoise Brion, Alexandra Stewart, qui étaient ravissantes ; Gérard Barray, Jacques Riberolles, Paul Guers, qui avaient de la stature. Octogénaires, ou presque, aujourd'hui, morts, oubliés, enfouis… On dirait que Jacques Doniol-Valcroze s’est entouré dans L'eau à la bouche de gens de cinéma un peu à sa mesure, qui n’ont pas eu de destin éclatant malgré de grandes qualités…

Dans une grande demeure ‘’Art nouveau’’ des environs de Perpignan, c’est un chassé-croisé amoureux raffiné, subtil, peut-être un peu artificiel quelquefois, un peu vain, même, mais jamais prétentieux ni ennuyeux. Autrement dit, malgré une certaine préciosité dans les cadrages, ce n'a jamais la lourdeur de Marienbad


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