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Impeccable Serrault !..

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De Gilou40, le 24 septembre 2010 à 23:43
Note du film : 4/6

Gérard Jourd'hui n'a pas oeuvré bien longtemps dans le cinéma. Gérard Jourd'hui c'est, dans notre esprit, celui qui créa cette formidable émission La dernière séance avec son ami Eddy Mitchell.

Et nous étions nombreux, en ces années 80/90, a nous installer devant notre écran pour retrouver ce vieux cinéma de quartier qui sentait bon le Skaï ancien, les esquimaux, les affiches un peu moisies et les ouvreuses parfumées. Et les westerns, si bien disséqués par notre Shmoll national était si nombreux, qu'il est à parier que notre ami Pmjarriq était un abonné de cette émission…Puis, Gérard Jourd'hui se lanca avec bonheur dans le long métrage. Parce que ce film, oui, c'est du bonheur ! Et choisir Michel Serrault pour ce rôle de faux-monnayeur, c'est l'étoile en haut du sapin.

C'est l'histoire d'un imprimeur qui, s'étant débarrassé d'une femme encombrante et infidèle, se met à faire de la fausse monnaie. Mais une bévue ancillaire (une connerie de sa bonniche, comme dirait Gabin), va bouleverser la vie tranquille de ce sympathique bandit…

Et Serrault va se livrer à un récital ! Mille visages et autant de jeux différents. Un régal ! Il a, dans ce film, l'occasion de jouer les hommes du monde, les ouvriers, les pépés gâteux, les assassins et se livre à des imitations fort réjouissantes de Jouvet, Dullin dans Volpone. Il est le type à qui on ne la compte pas. Sur de ce qu'il est et pourtant porteur de tant de regrets. Une tempête sous la casquette d'un presque retraité. La lave et le miel. Et tout en nuances…


Il nous apprend d'abord à bien blanchir son argent. Pour se faire, à bord de sa vieille DS, il quitte le département et s'en va ratisser les supérettes en tous genres. Il ne fabrique que des billets de 500 Frs. Aussi, son réfrigérateur regorge-t-il de boites de caviar et de bouteilles de Champagne qu'il a dû acheter pour rendre très propre son argent…

Le caviar, qui finit par le dégouter, c'est son chat qui le mange. Le Champagne, lui, il le partage avec l'inspecteur chargé de retrouver l'assassin de sa femme et qu'il a pris soin de mettre dans sa poche. Et là, le film perd un peu de son charme. Car le choix de Pierre Richard dans le rôle de l'inspecteur n'est pas le bienvenu. Ça ne colle pas. Trop de métier d'un côté et pas assez de l'autre. Pierre Richard casse le film. Il n'est pas question, ici, de faire la critique de cet acteur. Mais il n'est pas, peut être pour une fois, à sa place. Je crois que Jean Poiret était mort à cette époque, mais il aurait bien fait l'affaire. Une espèce de Poulet au vinaigre dans les rouages de ce vieux filou, "ca l'aurait fait" !

Les autres protagonistes du film, parmi lesquels l'excellent Jean-Pierre Bouvier, en parfait voyou,- il s'appelle d'ailleurs claude Attias (!) – sont tellement occultés par la présence de notre imprimeur faussaire que l'on a du mal à se souvenir qu'ils étaient (quand même) dans ce film. Mais Serrault est tellement énorme, talentueux, dans ces différents costumes, que l'on se croirait plutôt invité à un one-man-show. Quelques scènes que je classe d'anthologie : la colère, extraordinaire, qu'il pique devant sa secrétaire, la charmante Anna Galiena. Une immense leçon de cinéma.

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La scène ou il s'apprête à berner un fleuriste. Or, c'est une petite fille qui vient vers lui:
"-Tu veux un beau bouquet, Monsieur ?-"
Après un temps d'hésitation…"-Non, mon Ange, c'est pour moi…-"
"-Tu as encore le cœur qui bat et qui tremble, hein, vielle canaille…-" pense-t-il, ému devant ce beau visage d' enfant… Et il range sa fausse coupure pour donner l'appoint à la gosse…
La scène ou il tue Jean-Pierre Bouvier, dans un chantier en construction. Il lui explique d'abord que sa mère ne voulait pas qu'il se déguise, puis sa femme. Que les toilettes de la gare lui servent de loge pour se changer… Difficile de penser, à cet instant, que cet homme représente à lui tout seul, La Cage aux folles. Que sous des habits improbables, il a fait se tordre de rire des milliers de gens. Qu'il a été ce malade immortel et marrant du Viager. Ou l'instituteur rikiki des Diaboliques. Il est autre chose. A mille lieues. Ailleurs. Quel acteur !

Un grand, un vrai récital ! Il faut voir ce film. Gérard Jourdhui n'a tapé qu'une fois. Mais c'est du Tyson ! Et comme vous dites quelques fois : J'ai mis 4/6 mais ca vaut peut être 4,5…


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