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Petite comédie bien tournée


De Impétueux, le 30 septembre 2008 à 13:57
Note du film : 4/6

Le frétillant René Clair a réalisé une assez jolie carrière dans un Hollywood, qui considérait encore alors que la légèreté, la désinvolture, la distinction venaient d'Europe, et d'abord de France. La belle ensorceleuse petit film qui a beaucoup de charme, et guère de fond, est de cette époque, encore étonnamment insouciante (1941), alors qu'un peu partout dans le Monde, les nuages sont plus que sombres…

Il est vrai que le film représente bien aussi le dernier sursaut d'élégance de la Nouvelle-Orléans, au milieu du 19ème siècle, avant la guerre de Sécession, avant que l'animosité entre le Sud agraire, littéraire et pastoral et le Nord industrieux, urbain et commerçant n'atteigne les sommets d'une des plus photogéniques guerres civiles que le Monde ait connu.

Ce n'est pas dans une plantation, comme dans Autant en emporte le vent, mais dans une grande ville, une Nouvelle-Orléans reconstituée en studio, que se passe le film ; d'où la prédominance des noms à consonance française (Claire Ledoux, Robert Latour, Charles Giraud) des protagonistes ; d'où, aussi, le cosmopolitisme des salons, d'où on vient, indistinctement, de Paris, de Londres ou de Saint-Pétersbourg, le goût pour les couturiers, la mode, les raffinements de la conversation. Un coin de l'Europe issue du Congrès de Vienne transposé dans le Nouveau Monde, en quelque sorte.

L'anecdote est on ne peut plus convenue : Claire Ledoux (Marlène Dietrich), demi-mondaine de qualité internationale, qui a sillonné le Monde, est en quête d'un amant fortuné ; elle jette son dévolu sur le niais et richissime Charles Giraud (Roland Young), qui n'est déjà plus tout jeune et dont la part de fortune pourrait donc revenir à sa sœur cupide (Anne Revere); seulement, Claire a fortuitement fait la connaissance d'un marin beau, robuste et désargenté, Robert Latour (Bruce Cabot), et il est évident pour le spectateur que ça se terminera par la victoire de l'Amour sur l'Intérêt, après des péripéties boulevardières assez convenues.

Marlène Dietrich est redoutablement belle, capricieuse, irritante, exaspérante ; elle chante fort joliment, d'une voix infiniment moins rauque que celle qu'elle aura plus tard, d'assez jolies mélodies (notamment Sweet is the blush of May) ; Bruce Cabot, vedette masculine (je ne compte pas le singe) de King Kong et qui sera bien plus tard le vieux camarade de John Wayne dans Hatari, a un faux air de Clark Gable du pauvre, mais ne laisse pas beaucoup de trace…

Mais le film est gai et léger ; il y a une quantité inconcevable de serviteurs noirs, tous fort distingués, et qui paraissent heureux de leur sort ; il y a des atmosphères bien saisies ; il y a des dialogues plein d'esprit, comme celui-ci, entre la sœur avare et très pincée de Charles Giraud et son mari, lors d'un bal où Giraud papillonne autour de Claire/Dietrich :

  • Ça me dépasse, qu'un homme puisse agir de manière aussi idiote !
  • Moi, non !
  • Ce genre de femme te plaît sûrement !
  • On peut y prendre goût ; j'aurais aimé avoir l'occasion.

On dirait du Guitry, presque !


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