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Non regardable, mais très sympathique


De Impétueux, le 8 mai 2019 à 14:10
Note du film : 2/6

À part un dialogue assez enlevé entre Jean Gabin et Ginette Leclerc (qu'on est toujours heureux de retrouver), où est la patte de Michel Audiard dans un des premiers films qu'il ait réalisé ? La réplique à quoi je pense est cet échange qui aboutit à un définitif Ma chère, étant donné votre degré d'instruction, que vous preniez Caracas pour la capitale du Brésil, passe encore … mais il est alarmant qu'à votre âge, vous confondiez une hacienda avec un claque, parce que Marie-Ange/Leclerc, épouse de Victor/Gabin s'est reproché de n'avoir pas suivi à Caracas un hidalgo (!!) qui lui faisait la cour. Sinon, de fait, qu'est-ce qui reste du dialoguiste enchanteur des belles années de l'âge d'or du cinéma français ? Vraiment pas grand chose.

J'exagère un peu ; il reste, mais marqué de façon infinitésimale, tout le parfum de blanquette de veau, de bœuf miroton et de gigot d'agneau de la France disparue, tout le charme d'une société qui tenait à peu près debout grâce au combat pour rire du Parti communiste et du Gaullisme, l'un et l'autre passionnément attachés à ce qui faisait notre identité. Les cheminots qui soutiennent Antoine Simonnet (Jacques Marin), champion incontestable de la maquette contrecollée et l'aident à construire une goélette pour répondre à la demande du chef de service Antoine Volabruque (Claude Piéplu) sont évidemment syndiqués à la C.G.T. Ça ne les empêche pas, malgré leurs grognements et leurs éructations de jouer le jeu ; le Français est grognon, querelleur, rouspéteur mais – toutes les statistiques vous le diront – dur au mal et efficace au boulot. D'où ce moment rigolo où chacun s'investit pour construire cet absurde bateau destiné à permettre à Volabruque de pêcher le maquereau quand il sera retraité à Dieppe.

Le scénario du Drapeau noir flotte sur la marmite est au demeurant aussi mince que les réserves halieutiques de la Manche et de la mer du Nord réunies ; mais comme on l'a abondamment écrit ici et là, les films que réalisait Michel Audiard, qui remboursaient généralement les frais de la production, sans aller beaucoup plus loin, donnaient l'occasion de réunir des bandes de copains (et de copains de copains) qui aimaient festoyer, boire des coups, dire des gaudrioles (et sûrement trousser des gueuses). Qui leur aurait reproché si ce n'est les naïfs spectateurs (dont j'étais, au moins au début) qui espéraient trouver le talent et la verve de leur dialoguiste favori à la puissance 10 et ne voyaient sur l'écran que des récits mal troussés qui pouvaient faire passer les films d'Émile Couzinet pour des réalisations cérébrales et conceptuelles du niveau de Michelangelo Antonioni.

Cela dit, voir Jean Gabin en mythomane affabulateur, péremptoire et pourtant un peu trouillard n'est pas si fréquent, ce qui permet de hausser la note du film un (tout petit) peu au dessus du désastre industriel. L'œil bleu du grand vieillard du cinéma français est encore vif ; Claude Piéplu est aussi claironnant et excellent que d'habitude et les copains Jean Carmet, André Pousse, Jacques Marin, Henri Cogan font plaisir à voir et revoir, comme les copines Micheline Luccioni, Ginette Garcin, Ginette Leclerc, qui ont de vraies têtes de banlieusardes. Car – j'ai omis de le dire encore – l'action se passe dans la banlieue Sud, à Villeneuve Saint-Georges, une des capitales industrielles du chemin de fer, un de ces nœuds qui (avec Saint-Pierre des Corps, Laroche-Migennes, Culoz ou Vierzon) ont fait la gloire de la S.N.C.F. Revoir ces paysages de voies ferrées à perte de vue, ses aiguillages bien huilés et surtout, dans une belle séquence, le pont tournant de la rotonde où les locomotives attendent d'être orientées est une raison de se souvenir…


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De Arca1943, le 15 mars 2013 à 21:12

« Il n'empêche que ce n'est pas regardable, mais très sympathique. »

Telles furent les paroles de l'oracle Jarriq en janvier 2006. Disposé à payer de ma personne – je me sens tout honteux d'avoir envoyé Tamatoa au front sur des films douteux tandis que je me planquais lâchement derrière les lignes – je vote !

Et puis Gabin sera toujours Gabin


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