Comme le remarque intelligemment le commentateur du DVD, le critique Jean Collet, il n'y a pas de récit structuré dans les films de Federico Fellini, mais une suite de vignettes, de portraits ciselés, de brèves images, de séquences qui figent la réalité de chacun ; mais il n'y a pas de vrai rapport entre les protagonistes. Le personnage principal, Fausto (Franco Fabrizi), de parfaite veulerie, prêt à tout dans sa manie de séduire, ne connaît pas de véritable histoire ni avec sa femme Sandra (Leonora Ruffo), ni avec quiconque : il n'est que rideau de fumée, encore moins consistant toutefois que son beau-frère Moraldo (Franco Interlenghi), seul personnage positif, sans doute, mais friable, inconsistant, incertain.
C'est donc moins le petit cheminement des aventures qui est intéressant que l'atmosphère absolument vide de la ville et de ceux qui y vivent qui compte. Tout cela se passe dans la mauvaise saison (la fin de l'été et l'automne et l'hiver italiens), dans une atmosphère plombée, livide, qui pèse sur les épaules de tous.On peut penser que les dernières images, celles où Moraldo prend le train et quitte la ville sont la représentation de Federico Fellini lui-même fuyant Rimini pour se bâtir un destin. Qui de nous n'a pas connu à trente ans, le besoin de prendre la route ?
Amarcord est en effet un cas à part, qui fait pour ainsi dire le pont entre le Fellini des Vitelloni et celui du Satyricon. Pour ma part, j'aime autant celui d'après que celui d'avant, mais disons qu'avec Casanova et La Cité des femmes, j'ai eu l'impression que la superbe machine commençait à tourner un peu à vide. Heureusement, la trajectoire du maestro n'est pas aussi rectiligne qu'il y paraît : que trouve-t-on, coincé entre ces deux Fellini "grand style", célébrés par les dithyrambes susnommés? Le croustillant Répétition d'orchestre, réjouissante pochade soi-disant "mineure" que je recommande chaudement "au commun des mortels"… Dans la même période, son documentaire sur Les Clowns est aussi un "petit film" chaleureux et sympathique, avec notamment l'amusante Annie Fratellini. J'ajouterais encore Ginger et Fred, comédie satirique prenant pour cible la télévision et qui n'appartient pas non plus à la veine "onirique" de l'auteur, que pour ma part j'adore même si je comprends ma copine qui trouve que «c'est comme manger du gâteau trop riche».
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