Charles Aznavour, qui vient de mourir à l’âge de 94 ans, n’était pas seulement le plus grand auteur-compositeur-interprète de la chanson du siècle dernier, reconnu comme tel par ‘’Time’’ et ‘’CNN’’ devant Bob Dylan et Frank Sinatra. Il était aussi un acteur surprenant et magnifique qui a tourné dans plus de 80 films.

On pourrait s’amuser à essayer de le reconnaître parmi les garnements des Disparus de Saint-Agil, mais sa vraie carrière à l’écran commencera avec Les Dragueurs de Jean-Pierre Mocky, en 1959. Et cela avant d’enchanter avec deux de ses plus grands succès à l’écran : Tirez sur le pianiste de François Truffaut et Un taxi pour Tobrouk, de Denys de La Patellière, l’un et l’autre en 1960. Un jeu économe, sobre, intelligent qu’il développera ensuite dans un des sketches du Diable et les 10 commandements de Julien Duvivier, en 1965 et dans Paris au mois d’août (malheureusement toujours inédit en DVD) de Pierre Granier-Deferre en 1965.

Beaucoup de collaborations encore par la suite, mais un seul rôle vraiment notable, en 1982, celui du tailleur Kachoudas, dans Les Fantômes du chapelier de Claude Chabrol, avec Michel Serrault.

J’ai eu le privilège de bavarder plusieurs fois avec lui, il y a bien 25 ans : il avait une grande simplicité de contact, beaucoup d’intelligence, de finesse, de gentillesse. Et puis comment pourrait-on mieux exprimer ce que ce petit Arménien disait, qui est si fort : "Je suis devenu Français d'abord, dans ma tête, dans mon cœur, dans ma manière d'être, dans ma langue… J'ai abandonné une grande partie de mon arménité pour être Français… Il faut le faire. Ou alors il faut partir… ». Beaucoup devraient en prendre de la graine. Impétueux