<font color=yellow> Robert Stack, éternel incorruptible…</font>

Né Robert Modini, le 13 janvier 1919, à Glendale, Canada, Robert Stack est le descendant d'une lignée irlandaise remarquable: un de ses ancêtres ouvrit l'un des tout premiers théâtres de la ville de Los Angeles, tandis que sa grand-mère, Maria Perrini, fut une grande cantatrice de la Scala de Milan.

Alors qu'il n'avait qu'un an, ses parents divorcent et, deux années plus tard, sa mère l'emmène avec lui en Europe où il va passer trois ans. C'est ainsi qu'à son retour au Etats-Unis, le jeune garçon, baragouinant le français et l'italien, doit apprendre la langue anglaise!

Adolescent, il fait preuve d'un goût prononcé pour le sport: compétitions de hors-bord, tir au pigeon, polo, autant de disciplines qu'il pratique à un haut niveau. On prétend même qu'il donna, plus tard, quelques leçons à Clark Gable et Carole Lombard! Mais on prétend tellement de choses…

En attendant ce jour, Robert Stack, lassé de ses nombreuses blessures sportives, s'inscrit à un cours d'art dramatique. C'est ainsi qu'il remarqué par le producteur Joe Pasternak pour la qualité de sa voix. Une caractéristique familiale, sans doute… Pris sous contrat par la compagnie Universal, il tourne son premier film en vedette masculine, aux côtés de la jeune Deanna Durbin, First Love. Tout un programme! Nous sommes en … 1939! Car Robert Stack n'a pas attendu d'interpréter qui vous savez pour devenir une vedette… On découvrit même, après la guerre, des photographies de la jeune star dans la chambre d'Anne Frank, cette jeune juive allemande morte au camp de Bergen-Belsen.

Les rôles s'enchaînent, avec pour partenaires Margaret Sullavan et James Stewart (the Mortal Storm- 1940)"), Deanna Durbin à nouveau (Nice Girl? – 1941"), Frances Farmer (Badlands of Dakota – 1941"), et surtout Carole Lombard (To Be or Not to Be – 1942"). Un beau début de carrière, vous en conviendrez!

Mais la Seconde Guerre Mondiale éclate. Le jeune homme sert dans l'US Navy pendant trois ans.

Ce n'est qu'en 1948 qu'il fait sa réapparition à l'écran, partageant la vedette avec Wallace Beery, Jane Powell, Elizabeth Taylor et Carmen Miranda dans A Date With Judy. Pas mal non plus! Mais ce n'est que vers le milieu des années cinquante qu'il trouvera véritablement des rôles à sa mesure. Tout d'abord dans the High and the Mighty (Ecrit dans le Ciel)", avec John Wayne, et davantage encore dans Written on the Wind (Ecrit sur du Vent)" en 1956 (qui lui vaut une nomination aux Oscar du meilleur second rôle, finalement attribué à Anthony Quinn) ou encore Tarnished Angels (la Ronde de l'Aube, 1957"). Pourquoi tant de films sur l'aviation en si peu de temps? Toujours est-il que l'acteur est au sommet de sa carrière cinématographique. Mais il ne le sait pas encore…

Car, en 1959, après les refus de Ben Johnson et Van Heflin, il accepte d'interpréter pour le petit écran le rôle du policier Eliot Ness, ce petit flic de Chicago qui fit tomber le fameux gangster Al Capone. La série, the Untouchables (les Incorruptibles)" eut un immense succès international, dura jusqu'en 1964 et valu à Robert Stack richesse et renommée.

Mais la cage, certes dorée, n'en était pas moins une cage. Car les producteurs hollywoodiens, jugeant l'acteur trop marqué par le rôle dans l'esprit des spectateurs de cinéma, ne proposeront plus rien d'intéressant à celui qui avait fait une grosse infidélité au septième art. Heureusement, les Européens, moins frileux, l'engagèrent successivement pour Le Soleil des Voyous (1967, Jean Delannoy), Storia di Una Donna (1968-Leonardo Bercovici) et un Second Souffle (1978, Gérard Blain).

Ensuite, on ne vit plus Robert Stack, à l'écran, que dans des rôles mineurs. Pourtant, son apparition remarquable dans le film de Spielberg, 1941 (1979) aurait dû lui amener, à lui aussi, ce second souffle que seule la télévision lui permit.

Depuis 1956, Robert Stack était l'époux de Rosemarie Browe. Le couple eut deux enfants, Elizabeth (actrice éphémère pendant les années quatre-vingts) et Charles. Ils étaient tous les trois à ses côtés le jour de sa mort.

Car Robert Stack est décédé le 14 mai 2003 d'une crise cardiaque, bien que traité pour un cancer de la prostate.

Avec Eliot Ness, pour nous autres cinquantenaires, c'est un petit morceau de notre enfance qui s'envole.

Texte de Christian Grenier de <a href="http://www.encinematheque.net"><img src="http://encinematheque.net/img/logom.gif" style="vertical-align:-20px"/></a>.