Ray Liotta est décédé ce jeudi 26 mai à l'âge de 67 ans.

Il restera bien évidemment l'inoubliable Henry Hill des Affranchis de Martin Scorsese, petite frappe devenant caïd, finissant balance pour le FBI. Sous la caméra du virtuose, morceau de bravoure échevelé de plus de deux heures, il imprimait la pellicule par son sourire carnassier, gangster aux cheveux gominés pris entre les accès de violence de Joe Pesci et un Robert De Niro d'une implacable froideur. Son physique de beau gosse- bad boy et la sobre intensité de son jeu faisaient merveille sous la caméra du réalisateur de Taxi Driver, le plaçant immédiatement sur la liste des acteurs sur lesquels on devait compter.

On pourrait juger que sa carrière ne fût pas ensuite à la hauteur de ce coup d'éclat, l'acteur enchaînant les films sans vraiment retrouver de cinéaste à la hauteur de son talent.

Mais James Mangold, dans Cop Land, lui a offert un magnifique rôle de flic déchiré par la vie, intègre et imprévisible, ainsi qu'un rôle marquant dans le sinueux Identity.

Et surtout, surtout, le surdoué Joe Carnahan lui a offert sur un plateau le rôle-titre, aux côtés de Jason Patric, de l'inoubliable Narc. Epaissi, barbu, Ray Liotta est d'une intensité presque épuisante pour le spectateur en flic borderline, aux éclats de violence stupéfiants de brutalité, à l'humanité palpable derrière le regard impavide. L'acteur est époustouflant dans le rôle.

Voilà un acteur que j'ai beaucoup vu, de séries B (Phoenix de Danny Cannon) en blockbusters (Hannibal de Ridley Scott).

Je lui ai toujours trouvé une sincérité et une force fragile qui m'ont touché.

Sa disparition m'attriste.

Steve McQueen