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Sur "Carnet de bal"


De vincentp, le 14 décembre 2012 à 23:22
Note du film : 4/6

4,5/6. Je partage l'avis très bien argumenté de Impétueux. Ce film est intéressant, pour son interprétation, nombre de séquences très réussies (toutes ne le sont cependant pas), des dialogues plein d'esprit, sa mise en scène efficace (voir ces prises de vue en diagonales, par exemple). Pessimisme et vision noire, sans aucun doute, de Duvivier. Mais une pointe d'onirisme aussi traverse Carnet de bal (le rêve de l'héroïne de retrouver sa jeunesse croise celle de la mère qui vit dans le souvenir de son fils disparu). Il me semble que l'œuvre de Duvivier est portée par une vision onirique et romantique (celle que l'on retrouve par exemple dans Marianne de ma jeunesse). Une vision noire du présent, renforcée par l'impression d'un passé heureux. Comme si le désenchantement était lié au temps qui passe, et à la maturation de l'être humain.

On mesure à quel point aussi en regardant Carnet de bal combien le cinéma français fut performant dans la seconde moitié des années 1930. La densité de grands films (tel que celui-ci) y est forte (grâce à des auteurs comme Renoir, Carné, Autant-Lara, Grémillon,…, et peut-être aussi grâce à des structures de production efficaces) sans doute sans équivalent par la suite.


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De Impétueux, le 6 novembre 2011 à 17:28
Note du film : 4/6

Ceux qui ont coutume de me lire ici savent que je nourris un goût affirmé pour le cinéma de Julien Duvivier et que, sans méconnaître qu'il a réalisé quelques mauvais films, surtout à la fin de sa carrière, après Marie-Octobre, il présente une des filmographies les plus constamment remarquables du cinéma français. Et cela notamment dans la période 35-39, entre La bandera et La fin du jour.

Carnet de bal est de cette période enchantée, et arrive juste après La belle équipe et Pépé le Moko ; pour ne plus l'avoir revu depuis une bonne dizaine d'années, j'avais sans doute un peu tendance à le surévaluer. Mon 4 est néanmoins sévère, et ne s'exerce que dans le cadre interne, si je puis dire, de l'œuvre du réalisateur.

Et puis, d'ailleurs, c'est un film à sketches, avec les embûches que l'on connaît à ce genre particulier : un fil directeur, quelquefois un peu artificiel, donne l'occasion de présenter des numéros d'acteurs et le cas échéant de dégager une morale de l'histoire. Voilà qui peut donner des trucs très réussis, comme La ronde de Max Ophuls, mais qui souvent aboutit à de sévères ratages comme, par exemple Le diable et les dix commandements du même Duvivier.

Mais dans tous les cas, il me semble, le film présente des temps forts qui font ressortir, parallèlement, des faiblesses du fait de l'inconsistance d'un acteur, de celle d'une des anecdotes ou, plus subtilement, d'un décalage malencontreux entre le ton général du récit et une séquence qui, par rapport aux autres, apparaîtra comme incongrue, ou mal liée.

C'est un peu pourquoi je ne suis pas particulièrement à l'aise pour donner une note à Carnet de bal, parce que l'hétérogénéité des histoires est trop prononcée, et engendre du disparate.

Notons d'abord que Duvivier, d'une façon générale, est un cinéaste très pessimiste, un cinéaste du désenchantement et de l'amertume, un peu comme Autant-Lara est un cinéaste de l'aigreur (et Renoir, d'une certaine façon, un cinéaste du bonheur). Cette constante ne l'empêche pas (et n'empêche quiconque) de réaliser des films à contre-talent, si je puis dire (les Don Camillo, La fête à Henriette), mais disons que c'est plutôt dans la déception et l'échec que son talent s'exprime le mieux.

Et ça fonctionne très bien dans les trois premières histoires de Carnet de bal : celle de Georges, qui s'est suicidé pour Christine (Marie Bell) et dont la mère (Françoise Rosay) ne se résout pas à admettre la mort ; celle de Pierre (Louis Jouvet), l'avocat devenu malfrat, qui ne sait plus qu'il a été l'homme dont se souvient Christine ; celle d'Alain (Harry Baur), entré en religion et mort au Monde parce que Christine n'a pas vu son amour.

Tout ça est très bien, donc – surtout les segments Jouvet et Baur, grâce à un dialogue étincelant d'Henri Jeanson, au côté sombre des trois récits, à la découverte par Christine que la frivolité de sa jeunesse, des seize ans qu'elle avait lors de son premier bal a pu entraîner des drames, à tous les moins des ratages et des chagrins inconsolables.

Et puis ça dérape : on se demande ce que l'enguimauvé Pierre Richard-Willm vient faire en guide de haute montagne ; on admet un instant que ces vues alpines, ce côté presque exotique que pouvaient avoir les sports d'hiver en 1937, constituent une sorte de respiration, après les trois histoires pesantes. Mais on passe en un clin d'œil à une provençalade comme il en existait beaucoup avant-guerre… Raimu y est, comme de juste, excellent et Milly Mathis n'y est pas mauvaise ; mais enfin ce côté tutu-panpan/aïoli/farandole nous emmène dans un complet changement de pied par rapport au début.

Puis vient le mélodrame, l'histoire de Thierry, médecin opiomane, rendu aux pires bas-fonds, avorteur clandestin, secoué de paludisme qui vit avec une souillon et la zigouille après que Christine a prudemment pris ses cliques et ses claques. Malgré l'idée intéressante de filmer la séquence de façon un peu oblique, avec une caméra décalée et ivre, comme une image de l'existence poisseuse du toubib, ça ne marche pas ; sans doute en raison de la caricature excessive et de la piètre qualité du jeu du très médiocre Pierre Blanchar, aussi exalté et fulminant qu'un Jean-Louis Barrault, jeu si emphatique qu'il parvient par contagion à rendre mauvaise Sylvie, qui joue la maritorne ramassée du côté de la Cochinchine…

Comme il faut finir, il y a un petit bout de route avec Fernandel, sans queue ni tête, et une morale à deux sous…

Malgré cela, qui n'est pas sans importance, il faut évidemment voir Carnet de bal : au moins pour deux séquences : la grâce infinie des jeunes gens en habit conduisant à la Valse grise les jeunes filles aux fraîches robes ; la Valse grise de Maurice Jaubert, ce très grand compositeur mort au front en 1940, auteur des musiques de L'Atalante, d'Hôtel du Nord, du Jour se lève

Et puis Jouvet disant Verlaine, disant comme personne

Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l'heure passé


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Bal


De Impétueux, le 1er mai 2005 à 23:29
Note du film : 4/6

Cher Arca, si je pense, pour ma part, que les Don Camillo sont des bijoux (les deux premiers seulement, évidemment), je rejoins assez Léo en ce qu'ils ne sont pas des chefs d'oeuvre de Duvivier ; toute l'attention est focalisée sur le charme extraordinaire du récit de Guareschi et sur la performance époustouflante de Fernandel (si époustouflante que, dans le grand public, l'immense acteur de tant de grands films a été complètement dévoré par Don Camillo).

Mais où est la patte de Duvivier, là-dedans ? Comment rattacher ces deux films (qui, en fait, n'en sont qu'un, artificiellement découpé pour les besoins de la production) à toute l'oeuvre de Duvivier, celle d'avant-guerre (de La belle équipe à La fin du jour ou d'après-guerre (de Panique à Marie-Octobre) ?

Je me répète en me permettant de vous conseiller à nouveau un formidable et méconnu "Duvivier/Fernandel", le très noir Homme à l'imperméable, son cynisme et sa méchanceté…


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De leo, le 12 février 2005 à 13:15

il est bien évident que les "Don camillo " ne sont pas des chef d'oeuvres ! on peut rire,certes, aux pantalonades de Fernand et Gino mais on a du mal à reconnaitre le grand Duvivier de "Pepe" et autres "Fin du jour" dont l'art est indiscutable. On perçoit d'ailleurs ça et là dans les Camillo l'esprit vachard et un peu noir de Dudu mais on est loin de ces monuments de noirceur et de cynisme que sont "Voici le temps des assassins," "panique" et "Pot-bouille"… Je conseille à Bal de revoir ces films, la différence saute aux yeux ( c'est le cas de le dire ! )


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