La cinémathèque française consacre depuis le 27 janvier, et jusqu'au 1er mars 2025, une rétrospective à John Frankenheimer (1930-2002).

L'oeuvre de John Frankenheimer, cinéaste formé à la télévision, a été l'une des plus inspirées du cinéma américain des années 1960-1970, avant de décliner brutalement au cours des années 1980-1990.

Ainsi, il convient de voir ou revoir les belles réussites que sont Le temps du châtiment, L'Ange de la violence, Un crime dans la tête, Le prisonnier d'Alcatraz, Sept jours en mai, Le train, L'opération diabolique, Les parachutistes arrivent, Le pays de la violence, French connection 2 et Black Sunday.

Cette rétrospective permettra aussi de redécouvrir une oeuvre pour la télévision telle que Path to war où le réalisateur a, semble t-il, retrouvé un peu de sa verve d'antan.

Verdun

Est-ce d'avoir été la filleule de Christian Dior qui donnait à Geneviève Page cette distinction, cette élégance, cette classe innée qui allaient si bien avec le charme insolent de sa voix grave ? En tout cas tout cela qui faisait que, passant quelquefois en coup de vent dans une brève séquence, on n'oubliait jamais son éclat…

Car comme beaucoup elle préférait le théâtre au cinéma et on l'a bien davantage vue sur les planches que sur les plateaux, alors même que des réalisateurs étasuniens notoires ont fait appel à elle comme Anthony Mann dans le bien prétentieux Cid en 1961. Elle a finalement peu de rôles de premier plan, même dans la surévaluée mais plaisante Vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder en 1970, où elle incarne à la perfection une espionne prussienne. Mais elle a aussi été Nadia qui accompagne dans son périple dangereux en Sibérie Curd Jürgens dans Michel Strogoff de Carmine Gallone en 1956. Et Yolande, femme délaissée par Maurice Ronet dans Trois chambres à Manhattan de Marcel Carné en 1965.

C'est dans doute dans le rôle trouble et glacial de Madame Anaïs, tenancière de maison de passe de luxe où Catherine Deneuve viendra vivre ses fantasmes de Belle de jour de Luis Bunuel en 1967, que le public se la rappellera le mieux. Mais comment oublier Geneviève, la nymphomane de Buffet froid de Bertrand Blier en 1979, ou Mme Schmidt-Boulanger, la sévère patronne de l'agence de police privée où exerce l'Oeil (Michel Serrault) marqué à vie par la disparition inexpliquée de sa fille… Superbe et bouleversante Mortelle randonnée de Claude Miller en 1982.

Impétueux

Il est curieux – et finalement très rassérénant – qu'un acteur doté d'un physique assez banal – du genre de ceux qu'on peut facilement rencontrer dans la rue – soit parvenu, dans chacun des rôles qu'il a incarnés à retenir autant l'attention et à pénétrer les mémoires.

Que ce soit dans les seconds rôles où il parvenait à imprimer sa présence, comme dans Bonnie et Clyde d'Arthur Penn où il interprétait Buck, le frère de Clyde (Warren Beatty) ou, bien plus tard (1992) dans Impitoyable de Clint Eastwood dans le rôle d'un shérif crapoteux.

Mais bien sûr il fut un inoubliable Popeye dans French Connection tant en 1971 qu'en 1975, policier absolu lancé dans la lutte contre la drogue et amené à vider la mer avec une petite cuillère. Et magnifique dans Conversation secrète (1974) de Francis Ford Coppola, détective méticuleux, ambigu chasseur de sons étranges.

Je suis loin d'avoir vu la très vaste filmographie de Gene Hackman, qui était aussi romancier et a arrêté sa carrière cinématographique il y a déjà vingt ans, en 2004.

On l'a retrouvé mort chez lui, à Santa Fe, avec sa femme et son chien. Il avait 95 ans, elle, trente ans de moins. Suicide ? Assassinat ? Intoxication ? Accident ? Va savoir…

Impétueux