Les auteurs de La taverne de l'irlandais choisissent de démarrer et de finir cette oeuvre sur le ton de la comédie badine, via quelques bagarres cathartiques. Un crescendo thématique et émotionnel est positionné à mi-longueur (à partir de la séquence sublime située près de Waimea Canyon) jusqu'au dernier quart d'heure. Succession de plongées et de contre-plongées redoutables qui placent tantôt le spectateur, tantôt les personnages, sur un piédestal, tutoyant les cieux. Plaidoyer en faveur d'une mondialisation apaisée, et d'une abrogation des clivages ethniques et sociaux. Réflexion également sur le temps et l'espace, les rapports sociaux et politiques, la vie en communauté, thèmes typiquement "fordiens".
J'ai été très surpris par la qualité de l'oeuvre. Comment ce film a-t-il pu passer si longtemps au travers de mon détecteur de classiques ? La mise en scène de John Ford est magistrale, la photographie de William H Clothier est magnifique (il s'agissait de la version restaurée grand écran en 2K). Et bien sûr John Wayne,
Frank S. Nugent, également contributeurs sept ans plus tôt de The searchers.
Il serait fastidieux d'énumérer la succession des séquences qui m'ont déstabilisé en tant que spectateur. Déstabilisé aussi physiquement devant la caisse de l'action Christine par un spectateur ahuri qui tenait absolument à être le premier à rentrer dans la salle de 150 places (alors que nous n'étions que six spectateurs !).
J'ai vu beaucoup de films que je pourrais dire cousus de fil blanc (c'est-à-dire absolument prévisibles de la première à la dernière image) mais celui-là n'est pas loin de remporter le pompon. Je ne dis pas que c'est désagréable, c'est plutôt bien filmé (comment faire autrement avec de si beaux paysages ?) et les acteurs font très honnêtement leur boulot. D'ailleurs chacun d'entre eux est absolument l'archétype de ce qu'on peut – ce qu'on doit – penser qu'il doit être : John Wayne, marmoréen, massif, fruste mais qui parviendra à ramasser la mise (la plutôt charmante Elizabeth Allen), Lee Marvin
buté, fermé, bagarreur et amateur de bitures profondes et de filles faciles et même notre cher Marcel Dalio
en prêtre à cœur sur la main.
Mais enfin, quand on prend tant et tant de plaisir à filmer des bagarres de bistrots considérées comme un des Beaux-Arts, qu'attendre de plus ?
Page générée en 0.0041 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter