On est ici devant l'image idyllique de clochards qui revendiquent leur condition comme un choix de vie : Maître Lion, à la demande de sa fiancée Nicole, défend un clochard. Ce dernier est acquitté et furieux d'être frustré d'un séjour chauffé en prison. Ce qu'apprenant, Nicole exige de son fiancé qu'il retrouve le malheureux. Maître Lion lui substitue un de ses amis, l'ingénieur Roger, retour d'Afrique. Roger se voit offrir le gîte par la jeune femme, désireuse de réparer ses torts envers lui. Mais en même temps elle entreprend avec l'aide de sa tante de le convertir. La vieille dame s'enflamme pour le jeune homme qui subit également les assauts de la cuisinière et de la bonne, cependant que Nicole, elle-même, ne reste pas insensible à son charme. Ivre de jalousie, Maître Lion révèle la supercherie qu'il avait imaginée, ce qui a pour effet de précipiter la jeune femme dans les bras de Roger, au grand dépit de la tante.
Entre leçons de bonnes manières à la My fair ladyOh là là, ami Spontex, je ne suis pas du tout d'accord avec vous et j'ai trouvé vraiment pénible ce film qui m'a semblé interminable alors qu'il ne dure que 93 minutes : c'est que, lorsque tout est convenu et que les péripéties se devinent longuement à l'avance, on se prend toujours à bâiller et à se demander quand exactement surviendra ce que l'on a de longue date deviné.
Clochards et cinéma… c'est ainsi que s'intitule un coffret d'apparence séduisant qui comprend aussi Rothchild, qui date de 1934 et qui a l'avantage de présenter une facette du grand talent d'Harry Baur
et La zone,
qui est un reportage. Hors celui-ci je ne vois pas très bien ce qui dans ces films peut vraiment évoquer ceux qu'on appelle désormais les SDF, tant le fil est ténu et le pari acrobatique de les adjoindre à des intrigues compliquées. Dans le genre – limité mais pittoresque – de l'illustration, sinon de la célébration de la vie au grand air, il est préférable de revoir Archimède le clochard
ou l'assez réussie Une époque formidable
de Gérard Jugnot.
Et Boudu sauvé des eaux va-t-on me dire… Il y aurait vaguement, vaguement un peu de ça, dans Coq en pâte,
d'un clodo qui s'installe dans une maison bourgeoise et y révolutionne cœurs et corps, mais tellement affadi, tellement mièvre, tellement loin de la férocité anarchisante, impertinente, cynique du film de Jean Renoir
que l'on est presque gêné d'en invoquer le souvenir : on n'est pas dans la fable insolente, mais dans le vaudeville le plus rebattu.
Et c'est d'ailleurs filmé comme au théâtre, avec des prises de vue frontales et des séquences qui s'accumulent, comme des scènes entre cour et jardin où les protagonistes déclament leur petite tirade et échangent leurs répliques à forts sous-entendus graveleux. La tentation du vaudeville est toujours là, vaudeville qui fonctionne toujours mieux sous les tempêtes des rires contagieux qui descendent des balcons et tombent à plat lorsqu'il est présenté avec la distance de l'écran.
Ce n'est pas que les acteurs soient mauvais ; en tout cas pas tous : Maurice Escande,Du boulevard filmé, donc ; du cinéma, c'est beaucoup dire…
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