Je suis d'abord très étonné de ne pas trouver un mot sur ce film. Je pensais voir cette rubrique (ce "fil" comme vous dites) débordant de messages et à vrai dire, je m'attendais à y lire plus de moqueries que de louanges. Fantômas, celui là, a ses fans et ses détracteurs.
Sur le fil de Fantômas réalisé par Louis Feuillade,
Impétueux nous dit :Quel dommage que le mythe du génie du crime ait été, par ailleurs, travesti, dans les années Soixante, par une série assez niaise avec Jean Marais et Louis de Funès !
Pourquoi "niaiserie" ? Je suppose que quand en 19…12/13 (?) Souvestre et Allain
ont écrit Fantômas,
ils n'ont pas pensé un seul instant que leur littérature ravirait les gosses et ce pour la bonne raison qu'elle n'était pas faite pour être lue par eux. Le Fantômas
des deux auteurs prolifiques est, à mes yeux, un mélange de Judex,
Rocambole
et Belphégor.
Mettez tous ces héros dans un shaker, secouez bien et servez frais. Il n'avait rien de bien "drôle" ce Fantômas
allongeant son ombre immense…, même si formidablement et très vite populaire. En tous cas, il était à mille lieues du Fantômas
qui nous intéresse ce soir !
Je suis le premier à déplorer qu'aujourd'hui, l'image et le souvenir que gardent les gens du héros de la boutique Fayard passent automatiquement par De Funès. Oui, c'est sûrement regrettable. Un peu comme quand l'image d'Ivanhoé
ne nous revient qu'à travers Roger Moore,
faisant fi de Robert Taylor,
ou quand Arsène Lupin
nous sourit sous les traits de Georges Descrières
balayant un Robert Lamoureux
ayant pourtant donné ses lettres de noblesse au gentleman cambrioleur bien avant le célèbre Bordelais. Mais je déplore aussi que l'on critique le Fantomas
d' André Hunebelle
comme si il s'agissait d'une adaptation fidèle des livres de Souvestre
! André Hunebelle
a eu cette formidable idée d'infantiliser l'œuvre inaugurale. Car à part les noms des différents protagonistes, que reste-t-il de nos amours ? Les multiples déguisements de notre héros, c'est bien tout. Hunebelle
a su désacraliser, démythifier le héros. Il s'adresse résolument à un public de minots. Et tout est mis en œuvre pour eux. De l'ascenseur qui s'ouvre au son des grandes orgues, l'encre synthétique sur les chèques, les robots qui défoncent les portails, jusqu'aux cascades de Gilles-Yves Delamare de la Villenaise de Chenevarin dit Gil Delamare. Un nom glorieux qui secoua notre enfance de belle manière, en voiture, en moto, en hélico . Il en mourut le pauvre. Pour nos rêves..
Fantômas 1964 n'a qu'un très lointain rapport avec ce que les éditions Fayard ont publié en 1912. Et plus lointain encore avec les Fantômas
de Paul Fejos et Louis Feuillade.
Comme La soupe aux choux
n'a qu'un très lointain rapport avec le livre de René Fallet. A la différence que, là où Hunebelle
a résolument voulu se démarquer avec l'œuvre initiale, Jean Girault
a commis une faute. Et si deux suites ont vu le jour, c'est que les gamins que nous étions ne se sont pas trompés. Quand je regarde La fin du jour,
pensez vous que je vois ce film avec des yeux d'enfant ? Que non pas ! Je le regarde un œil sur l'écran et l'autre sur ma montre, me demandant auquel de ces vieux je ressemblerai le moment venu. Quand je regarde ce Fantômas,
je me dis que c'était bien. C'était l'aurore. D'ailleurs, dans les Fantômas des années 12, Fandor le journaliste travaille au journal La Capitale. Dans ce film, il est journaliste au… Le Point du jour. Alors, je ne l'invente pas ! Fantômas,
une niaiserie ?
Non. Une putain de nostalgie..
On voit, Tamatoa, que vous connaissez votre affaire et n'êtes pas de ceux qui croient de bonne foi que Fantômas est né de l'imagination et du talent de MM. Hunebelle, de Funès
et Marais
réunis ! Vous savez que le cycle compte 32 romans, tous plus horrifiques, sadiques, pervers les uns que les autres. Ce qui est, d'ailleurs, dans la grande tradition des feuilletonistes français, d'Eugène Sue
(ah l'admirable plaisir que je vais me donner en relisant bientôt le terrifiant, sanglant, désespérant Juif errant), à Gaston Leroux
(lisez, si ce n'est fait, les affreux Château noir et Double vie de Théophraste Longuet).
Mais donc Fantômas n'est pas un personnage de conte de fées, vous le dites fort bien. Mais vous donnez crédit à Hunebelle d'en avoir tiré des récits d'aventure. C'est là où je chicane… Non que je sois par principe ennemi des parodies : j'ai bien apprécié Le bal des vampires
qui, pourtant, profanait la théologie transylvanienne revivifiée par Bram Stoker.
Mais il y avait ce diable de Polanski
aux manettes, son infernale ingéniosité, qui va jusqu'à la roublardise.
Mais Hunebelle ! Un gentil petit artisan, agréable dans la mise en scène du Paris populaire (Monsieur Taxi,
L'impossible Monsieur Pipelet)
, virant ensuite vers la cape et l'épée lourdingues avec l'insupportable bondissant Jean Marais
(Le Bossu,
Le Capitan)
et achevant sa petite carrière sur des OSS 117
et des Charlots
… Ça manque tout de même sacrément de souffle pour reprendre la barre si haut.
D'autant que, outre le bondissant susnommé, il y a le glapissant Louis de Funès, qui n'a jamais été meilleur qu'en silhouette furibonde de troisième plan (et là il est réellement drôle, comme pouvait l'être Darry Cowl
quand on tenait à l'un et à l'autre la bride serrée), mais qui a contaminé tous les films où il a tenu la vedette en en faisant une sorte de numéro de music-hall voué à sa propre célébration….
Enfin ! Ce venin craché, je me rappelle que vous avez écrit que cette série des Fantômas faisait partie de vos souvenirs d'enfance… Je vous en donne acte. Mais je trouve qu'on aurait bien pu s'appuyer sur un autre personnage mythique pour faire vibrer les petits garçons… Rocambole,
par exemple, qui est moins fort…
Il est 18h47 et vous m'assenez la nouvelle que De Funès "contamine" ses films ? Le prendriez vous pour un germe dévastateur ? Un bacille ? Une bactérie ravageuse ? Il n'est pas toujours bon, certes, et il en fait quelques fois trop mais il reste quand même ce qu'on a inventé de mieux après les anti-déprésseurs !
Jean Marais n'est pas insupportable (décidement !) , c'est un mystère, une énigme. En tous cas, une sacrée présence. Je vous accorde que ce n'était pas un comédien des plus doués mais vous avez conscience, je l'espère, que vous vous attaquez à une légende, là ? Veuillez, je vous prie, considerer ce qui suit avec sympathie : Ne changez pas de sobriquet, il vous va comme la crépinette près de l'huitre.
J'ai laissé passer la Fête nationale et le défilé militaire pour vous répondre, Tamatoa. (Quel bonheur, entre parenthèses et soit dit en passant, d'avoir vu défiler, après les troupes conventionnelles, à 120 pas/minute, des unités de Chasseurs avec leurs trompes, à 140 pas, précédant l'immortelle Légion, à 88 pas ! Quand je pense que l'horrible Verte voudrait nous enlever ces bonheurs… !)…
Je reviens à Louis de Funès ; et oui, un monument… Mais, que voulez-vous, maintes fois dans les pages de DVDToile nous avons évoqué cet extraordinaire talent comique qui laissera des fulgurances inoubliables, mais pas un seul chef-d'œuvre (au contraire de Fernandel,
de Raimu,
de Bourvil)
alors qu'il aurait peut-être pu, dirigé par un grand metteur en scène, laisser davantage… Parvenu à la notoriété par la grâce du Gendarme de St.-Tropez
(où, comme vous sûrement, j'ai ri aux larmes) et après des années de vache enragée, il s'est alors ensuite imposé à ses metteurs en scène, se confinant dans la répétition de ses tics et de ses furibarderies… On peut comprendre… mais enfin, il y avait mieux à souhaiter que Molinaro,
Hunebelle,
Jean Girault
ou Gérard Oury
… Si l'archéologie DVDToilienne vous intéresse, regardez quelques débats que nous avons jadis eus…
Encore plus que Gérard Philipe, je ne peux pas piffer Jean Marais.
Je recule d'ailleurs le moment de regarder Elena et les hommes
pour sa seule présence…Je ne le trouve supportable que dans un petit truc méconnu d'Yves Allégret,
qui s'appelle Les miracles n'ont lieu qu'une fois
… et de fait…
Bon. Mes goûts et mes couleurs n'ont d'importance que pour moi, vous savez…
Bon. Mes goûts et mes couleurs n'ont d'importance que pour moi, vous savez…. Mais que serait un site de cinéma d'une couleur consensuelle, très homogène, sinon une plate-forme des plus monotone et ennuyeuse ? Voilà qui est passionnant et tout empreint de mystère, l'adoration des uns face à la détestation des autres pour une même personne ou un même film ! Et personne n' a raison ou tord, c'est le sujet qui est gagnant. Et j'entends De Funès et Jean Marais,
assis sur leur nuage, l'ordinateur sur les genoux, consultant DvdToile :
'- Pour ou contre, en attendant, ils parlent encore de nous après tant de temps, Jean !-".
"-Oui, Louis, c'est curieux…On n'a pas du être si mauvais que ça..-"
Et puisque on reparle de Jean Marais, je me souviens d'un film vu il y a fort longtemps et dont j'ai oublié le titre. Jean Marais,
tous les matins, trouvait devant sa porte un sac plein d'argent. Et je crois me souvenir que c 'était des gosses qui lui donnaient. Ca vous dit quelque chose ?
Mais le voilà !! Il était sur le site ! Il m'avait échappé, j'avais déja regardé. Toute la ville accuse. J'en garde un très bon souvenir mais lointain. Il faudrait que je le revoie !
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