Voilà un film qui, à son tour, sort de l'ombre. Je n'écrirais pas aujourd'hui qu'il s'agit d'une perle, voire d'un chef-d'oeuvre. C'est une de ces fictions réalisée par ces metteurs en scène qui deviendront des as dans leurs domaines. Ici, Maurice Lehmann, secondé par un Claude Autant-Lara (et non pas le contraire !) pas même mentionné sur les affiches. Et pourtant la filmographie d'Autant-Lara
est beaucoup plus impressionante que celle de son compère. Mais nous sommes là, à l'aube de deux carrières. Et les deux hommes nous concoctent ce ruisseau,
oeuvre sans grande ambition mais pas dénuée d'intérêt. Bien sur, nous ne rêvassons près d'un ruisseau qui sillonne tranquillement nos campagnes mais nous trempons bien nos pieds dans le synonyme des bas-fonds
…
Un scénario des plus élémentaire, pour ne pas dire succinct, mais qui nous offre la possibilité de voyager dans un milieu oû les truands, maquereaux, et petites frappes sont plutôt bons enfants et nous apparaissent même assez sympahiques. Le genre Fric-frac
que Lehmann abandonnera en cours de tournage à son ami Autant-Lara
pour incompatibilité d'humeur avec messieurs Fernandel
et Michel Simon.
Un Michel Simon,
ici plus roublard que jamais, et qui joue dans les traits, les postures, la voix, la démarche d' Irwin Molyneux, rôle qui l'avait interprété à peine un an plus tôt dans drôle de drame.
Il nous donne vraiment l'impression de n'avoir pas pu quitter ce rôle ! On dirait vraiment une continuité. D'autant qu'il donne la réplique à une Françoise Rosay
brillantissime comme dans drôle de drame
et qui porte ce film d'un bout à l'autre. Quel talent ! Ces deux êtres, au sommet de leurs art, grignotent (gentiment) une très jeune Gaby Sylvia qui ressemble étrangement à Danielle Darrieux
jeune. Elle n'est pas dénuée de talent. Un peu perdue façon Les voyages de Gulliver
au milieu de ces géants, mais elle possède un jeu qui lui vaudra une jolie carrière tant au cinéma qu'au théâtre. Gaby Silvia ?? Mais oui, rappellez vous :
Une ballade, donc, dans l'univers glauque des boites de nuit. Lehmann ne lésine pas sur les numéros de music hall
et Françoise Rosay
nous gratifiera même d'une jolie mélodie . Je ne peux pas vous garantir que c'est elle qui chante mais je sais que son ambition première était de devenir cantatrice. Alors pourquoi pas. Paul Cambo,
lui, remarqué auprès de Jouvet
dans Ramuntcho
reste toujours un point ou deux en deça de tous les autres. Ce comédien ne prendra de l'étoffe que sur le tard.
Mais tous ces braves gens n'ont pas à rougir du spectacle offert. Ils se fendront même une belle morale. Mon Dieu, que demander de plus. Un DVD ? Peut-être pas. Il y a plus urgent à éditer. Mais un sympa moment de cinéma est toujours bon à prendre. Une tiède soirée passée au bord d'un ruisseau, sans ennui. Tranquille…
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