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Forum : Les Maris, les femmes, les amants

Sujet : Verticale de l'été


De Impétueux, le 20 septembre 2011 à 22:06
Note du film : 4/6

Un film charmeur et bien agréable à regarder, qui n'a pourtant pas beaucoup de substance et qui passe aussi vite que les nuages sur les plages de l'Atlantique… Un de ces films à multiples personnages qui s'entrecroisent au fil d'histoires guère compliquées, pleines d'émois amoureux, de maisons familiales patinées et chaleureuses, de roses trémières, de plages immenses où l'on vient en groupe pécher la crevette, de découvertes adolescentes, de passages à l'âge adulte, de démons de midi, d'enfantillages de grandes personnes, de chagrins d'amour, de coquillages et de couchers de soleil.

Des tas de films ont été construits sur cette base-là, de L'hôtel de la plage à Liberté-Oléron ; ça fonctionne toujours assez bien, parce que la réunion, dans un espace-temps unique de plusieurs générations et de plusieurs caractères est une mine à ciel ouvert, assez facile à exploiter. Les maris, les femmes, les amants est de cette même veine, unanimiste et sympathique, avec plein de dialogues spirituels, des personnages très typés et très drôles, des situations qui, sans être toujours bien originales, sont émouvantes, comiques ou charmantes.

Comme très souvent chez Pascal Thomas, il y a un regard très juste, très fin, sur des tas de situations d'apparence banale, connues de chacun, et vécues par tous, d'une certaine façon, à une autre époque ou dans d'autres lieux, et qui sont éternelles et qui mettent en scène les formidables et irrésolus mystères des relations entre les femmes et les hommes, les parents et les enfants, les petits et les grands, les jeunes et les vieux…

Une suite de scènes, de tableaux, paresseusement rattachés les uns aux autres comme l'été, en vacances, on rattache paresseusement la sieste sur la plage, l'apéritif sur le port, les ballades à vélo, les courses sur les marchés pittoresques, les couchers de soleil romanesques, les nuits tièdes, les lectures distraites et les jeux des enfants. Cela, c'est le meilleur du film.

Il est un peu dommage que Thomas ait trop compliqué l'entrecroisement des histoires, ait voulu dresser un parallèle à prétention paradoxale entre les maris, qui partent en vacances dans la belle île de Ré, et les femmes qui, pour leur boulot, restent à Paris. L'artifice permet quelques développements habiles, mais oblige à trop d'allers-retours qui, à la longue, affaiblissent le propos et le rendent trop léger, trop superficiel, parce que trop habile.

Et puis, alors que ce n'est pas vraiment nécessaire, il y a quelques scories, des petites histoires sûrement vraies, placées là par Thomas parce qu'il souhaitait précisément les "placer" absolument, les relations entre l'éditeur de romans à l'eau de rose Tocanier (Michel Robin, impeccable) et sa femme hystérique de jalousie (Catherine Jacob, excessive), avec l'intervention d'un marabout africain, ou les mésaventures amoureuses d'Odette, femme délaissée et exaspérante (Hélène Vincent, qui est Marielle Le Quesnoy, dans La vie est un long fleuve tranquille) qui a pourtant cette délicieuse réplique désespérée, devant ses copines séduisantes et accablées par ses désespérances : Moi, quand je m'assieds nue, j'ai un pli du ventre qui se dépose sur mes cuisses : c'est le seul contact humain que j'ai !

Jean-François Stévenin, velléitaire hyperactif est très bien ; Daniel Ceccaldi aussi remarquable que d'habitude, Guy Marchand un peu en retrait. On note que c'est le premier film de Ludivine Sagnier, en petite fille déjà jolie et le dernier film avant sa mort d'Héléna Manson, l'infirmière acariâtre du Corbeau de Clouzot.

Agenore Incrocci, le grand scénariste italien, le complice de Furio Scarpelli, avec qui il forma un duo admirable, écrit beaucoup de bien de Les maris, les femmes, les amants, le qualifiant de Merveilleuse chronique d'été ; certes, certes ; mais pour la placer au niveau du Pigeon, de La Grande guerre, ou des Monstres, il manque tout de même par trop ce qui fait la force des comédies italiennes : l'amertume…


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