« Tout cela a plutôt bien vieilli ». C'est drôlement vrai. Il se dégage de ce classique de la comédie un charme irrésistible. J'en ai une copie sur VHS et je le revois souvent, sans me lasser. J'ai été heureusement surpris par la finale ouverte :
(Tous) : «Alexandre! Alexandre! Où vas-tu? »
(Noiret): « Je vais voir… »
C'est avec ces derniers mots qu'on se rend compte qu'outre l'éloge amusé de la paresse dans un monde – le monde paysan – où le travail est tout, il y encore un petit quelque chose sous-jacent à ce film, quelque chose comme une conception de la vie. Les meilleures comédies d'Yves Robert sont celles où on sent ce courant passer : Les Copains, Salut l'artiste
… Les meilleurs films comiques sont ceux où l'on sent poindre une vision comique de la vie et du monde : cela crée un climat où l'humour va de soi, où il semble congénital, spontané. Et alors le film nous fait rire, nous charme sans effort. On ne sent pas la fameuse "mécanique du gag", car justement la conception du gag n'y est pas mécanique du tout.
Aucun article dans le quotidien belge le plus lu, bien dommage, alors que celui-ci annonce toujours les décès, même de seconds rôles…
Je l'ai donc appris avec une semaine de retard. J'avais été surpris de l'avoir vu si vieilli dans "La chambre des officiers", alors que je gardais de lui l'image du personnage du "Grand Blond"…
Ce film est un véritable hymne à la paresse.C'est aussi l'un des meilleurs films français de l'époque.Tous les acteurs jusqu'au chien sont confondants de vérité.On y découvre quaprès tout,il est bien dommage de se fatiguer alors que parfois,la feignantise est bien agréable.En fait,à la fin du film,Philippe Noiret refuse d'épouser Marlène Jobert car il comprend qu'elle va le prendre pour sa bonniche comme l'a fait son ancienne femme.Même la musique de Vladimir Cosma est comme toujours très belle.Bref,rien que du bonheur!
Derrière cette fable légère, hilarante et charmante, se cache une reflexion mélancolique sur le monde paysan, son présent et son avenir. La frustration des agriculteurs qui y vivent pour trimer sans profiter de tout ce qu'il peut offrir comme jouissance simple et naturelle se ressent par contraste avec la démarche d' Alexandre dont la devise est Carpe Diem! Le personnage de Sanguin Paul Le Person est finalement jaloux et son désir profond, comme les autres collègues (Jean Carmet,
Pierre Richard
…) est de souffler, se reposer, jouir de la terre, de la pêche, des loisirs, du sommeil… Tous ces grands acteurs nous paraissent d'ailleurs bien jeunes…
L'ambition d' Agathe (Marlene Jobert), personnage qui n'est transparent qu'à la toute fin, traduit sa volonté d'une campagne exploitée irrespectueusement vis à vis de la nature, pour le profit financier pur et simple, c'est plutôt visionnaire étant donné l'état actuel des choses (le film sort en 68 non?). Si l'antipathie de ce personnage fonctionne, car le spectateur ne peut que soupirer de soulagement quand il voit le héros (je dis bien héros et pas anti-héros) abandonner son mariage et s'en aller pour "voir", ce n'est pas seulement parce qu' Alexandre est attachant, c'est aussi, grâce à de beaux paysages campagnards, riches et vivants, dont la philosophie de ce personnage est indissociable, qu' Yves Robert
a rendu cette nature trop précieuse pour être souillée par une ambition vampirique de l'ordre du capitalisme (arf! On dirait un discours d'extreme gauche!)
Mention spéciale au chien Kaly et son dresseur Johnny, justement crédité au générique.
On dirait un discours d'extrême gauche!
Vous ne croyez pas si bien dire ! J'ai entendu dans l'émission de Hondelatte Faites entrer l'accusé, que lors de l'arrestation du groupuscule d'action directe, la police a trouvé sur une VHS d'Alexandre le bienheureux des extraits de discours extrémistes qui entrecoupé le film.
Et à sa sortie en 1967 le film est parait-il devenu un modèle de liberté pour toute la génération Hippie de l'époque et pour beaucoup un message fort sur l'endoctrinement des masses.
Godard avait pour une fois raison lorsqu'il disait que tous les films sont politiques.
Je ne sais d'ailleurs pas si un film populaire de ce type pourrait encore voir le jour actuellement tellement son propos (pour le moins soixante-huitard) s'inscrit à contre-courant de l'éthos populaire contemporain (soit populiste façon "Bienvenue chez les Cht'is" soit nettement plus dur, individualiste et "arriviste" du côté des jeunes générations qui n'ont connu que les "trente piteuses" et les quelques miettes laissées par la génération d'avant).
Sinon j'aime énormément la chanson du début, superbement poétique et mélancolique, à écouter ici : http://www.dailymotion.com/video/x1iniz_alexandrele-debut_people
Du Droit à la paresse de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx à L'an 01 de Jacques Doillon
(adaptant un texte de Gébé, qui est un des historiques de Hara-Kiri puis de Charlie-hebdo), toutes les utopies anti-travail ont flatté cette curieuse pulsion de l'individu.
Donnons acte à Alexandre le bienheureux d'avoir donné de ce prurit une vision individualiste et non prosélyte ! Il me semble singulier que les canailles sanglantes d'Action directe aient pu engranger quoi que ce soit de l'aimable et mol hédonisme de Philippe Noiret
!
« Godard avait pour une fois raison lorsqu'il disait que tous les films sont politiques. » Billevesées, tout au contraire. C'est que monsieur Godard appartenait à une génération de gauche souscrivant au principe totalitaire Tout est politique.
Ce que vous appelez "Pulsion", justement, n'a vraiment rien de "curieux"….C'est un état quasi-normal chez tout être naissant, simplement dérangé par une contrainte dont se passerait 90% de la population! Dans le deuxième film de Mesrine, on l'entend dire :"-Je ne veux pas être l'esclave de mon réveil matin, à vie !-" Et souvenez vous de Fernandel
dans La vache et le prisonnier
: "- Non mais qu'est ce qu'ils croient ces Allemands ? C'est quand même pas à nous qu'ils vont apprendre à rien foutre !-" La paresse est un état normal constamment contrarié . Nous sommes tous de bébés contrariés !
Il me semble singulier que les canailles sanglantes d'Action directe aient pu engranger quoi que ce soit de l'aimable et mol hédonisme de Philippe Noiret !
J'aurais mois aussi été moins surpris si ces brigands avait eu à porté de main le Nada de Claude Chabrol
; film qui semble raconté avec 10 ans d'avance les méfaits de ce commando.
Ami Lagardère, si l'ami Gaulhenrix venait encore sur DVD toile de temps en temps, ce serait le moment d'ouvrir avec lui une charmante polémique qui opposerait ses chers Gaulois, cossards, hâbleurs et bordéliques comme pas deux, et mes chers Romains bâtisseurs, constructeurs, conquérants !
La paresse m'a toujours semblé le pire des vices et ne rien faire m'a toujours paru une bonne définition de l'Enfer… Fais-je partie des 10% qui transparaissent dans votre message ?
Petit aparté, répondant à Arca. Le monde du cinéma de gauche des années soixante à quatre-vingt a trois ennemis traditionnels : Walt Disney (porteur du modèle de divertissement capitaliste), B de Mille (hérault du maccarthysme), et John Wayne (l'impéraliste armé). Mais pour notre Jean-Luc Godard national, seuls les deux premiers sont dans le camp adverse. John Wayne, portant Natalie Wood dans ses bras, trouve grâce à ses yeux. C'est très net (et amusant à constater) dans sa série "Histoire(s) du cinéma". Il peut y avoir un poète qui sommeille dans un intellectuel de gauche ! Tout n'est donc pas que politique, et peut être aussi affaire d'affectif.
Mon cher Impétueux, je suis près à relativiser, voire à remettre en question la "profondeur" (!) de mon message, mais je vous demande de faire de même pour votre définition de l'Enfer….Nous sommes, je le crois, vous et moi arrivés à un age ou nous avons surement, un jour, cotoyé l'Enfer. Et ça n'était certainement pas un jour de paresse….
Bien sûr, ami ! tout cela est pour de rire !
N'oublions pas que nous sommes sur le fil de l'aimable Alexandre le bienheureux !
Ah ! J'ai écrit égrillard ; voilà un truc que je n'avais pas remarqué lors de mes premières visions du film et que je n'ai pas été plus fier que ça de découvrir ; à un moment, Agathe (Marlène Jobert) vient émoustiller Alexandre (Philippe Noiret)
qui pêche tranquillement dans la rivière. Et alors qu'elle fait des effets de buste et de cuisses, brusquement le poisson mord et la canne d'Alexandre se lève brusquement. Qu'elle est grosse ! s'exclame Agathe devant la prise…
Ouaf, ouaf ! Voilà qui me fait penser aux graveleuses allusions de Billy Wilder ou d'Alfred Hitchcock
qui avaient au moins l'excuse de vivre et de tourner dans un pays puritain…
Pour ma part, j'ai toujours gardé un excellent souvenir du film Alexandre le bienheureux. Je l'ai découvert étant enfant et il est pour moi mémorable. Philippe Noiret proclame un éloge de la paresse qui a vite fait de faire des émules dans le village. Il faut dire qu'il a trimé dur pour en arriver là. Sa femme, une véritable mégère, lui demandant de travailler comme une bête dans cette ferme et ces champs qu'il finit par détester. Aussi, le jour où elle décède dans un accident de voiture, il se retrouve seul et décide de se coucher et de ne plus rien faire. Son chien, dont le rôle est aussi parfait dans son genre, sera son seul compagnon lors de ce repos bien mérité. Marlène Jobert arrive sur ces entrefaites et cache bien son jeu. Elle entreprend de séduire notre homme et le mène au mariage. Il se rendra compte juste assez vite qu'elle va prendre la place de sa femme et que le cercle infernal va recommencer pour lui. La seule solution est de prendre la fuite vers la liberté.
Pour la chanson du film interprétée par Isabelle Aubret, elle est tout simplement superbe….
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