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Sujet : Les clowns, de Fellini


De vincentp, le 29 juillet 2008 à 22:30
Note du film : 5/6

Un regard nostalgique porté sur les clowns, vestiges d'un monde artistique en voie de disparition, et acteurs de la vague d'immigration vers la France, en provenance d'Italie, du début du XX° siècle. C'est l'occasion pour Fellini de montrer, avec tendresse, nos quelques travers (cf le débat fiévreux entre ex-clowns sur des sujets dérisoires, qui me rappelle des débats auxquels j'ai assisté entre critiques de cinéma ). Les clowns ne sont que le prolongement de nous-même le temps d'un spectacle. Et le cinéma est le successeur tout désigné pour prendre le relai du cirque, comme représentant de nos travers.

Egalement une démonstration de tous les types de comique qu'il est possible de développer dans un spectacle, qu'il soit de cirque ou de cinéma (farce bouffonne, burlesque, comique de situation et de répétition, humour noir….). Ah, la mama qui déclame le discours de Mussolini… Ou le fauve qui n'obéit qu'à des ordres exprimés en allemand…

Cette histoire (soit-disant un documentaire) mélange réalités, rêves, et l'on navigue à cheval entre les deux, dans un monde tantôt féérique (celui du cirque), tantôt tristounet (le monde réel). La forme du film (images colorées et merveilleuses, musique tonitruante pour le monde du cirque, couleurs plus neutres et bande sonore plus discrète pour les images du monde extérieur) appuie le propos.

Pour faire plaisir à notre collègue Gaulhenrix, ajoutons que l'on retrouve dans Les clowns des figures ou des thèmes récurrents de l'œuvre de Fellini : ecclésiastiques itinérants, matrones aux attributs volumineux, vieillards édentés, fascistes débiles, mais aussi des tonalités vertes et jaunes marquant la sphère privée (cf la chambre de l'enfant rappellant celle de Juliette des esprits) alors que la sphère publique est plutôt celle du bleu et rouge. L'auteur joue aussi comme à son habitude sur les oppositions entre types de plans successifs (ex : grand-angle, suivi d'un centrage de l'image sur un personnage décalé sur le bord du cadre précédent), créant des sortes de vertige passager et forçant l'attention du spectateur…

Mais j'ai prévu de regarder ce sujet de près avec Satyricon et y reviendrai donc prochainement.

"Quel message souhaitez-vous faire passer sur les clowns ?" demande-t-on à un moment à l'acteur Fellini. Lequel reçoit alors un sceau sur la tête, le privant de réponse. La réponse à cette question est apportée par le spectateur, en fonction de son imagination, de sa sensibilité, et de son assemblage des pièces du puzzle proposées par ce si génial Fellini. Puzzle narratif et créatif, foisonnant d'idées, et dont on mesure ici tout l'apport dans le cinéma contemporain (David Lynch, Emir Kusturica par exemple…).

Impétueux nous présentait son traîté des Balkans via Underground tantôt. La filiation de ce film avec Les clowns est par exemple évidente. Le bestiaire animal de ces deux films est proche, comme le sont également les comportements outranciers, l'arrière-plan social, l'arène publique, et le style visuel et sonore.


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De Impétueux, le 30 juillet 2008 à 12:03

Je ne dis pas que je ne réviserai pas un jour mon appréciation sur Fellini, beaucoup apprécié pour Le Cheik blanc , La Strada, Les nuits de Cabiria, nettement moins pour La dolce vita, assez à nouveau pour , moins pour Juliette des esprits et qui est, à mes yeux, totalement parti dans le foutraque à compter du Satyricon.

Cela écrit, il n'est pas exclu que j'apprécie désormais le foutraque…

Mais je suis sûr que je n'apprécierai jamais le cirque et moins encore les clowns ; à partir de sept ans, j'ai supplié mes parents de ne plus jamais m'emmener voir ces tentes miteuses, ces trapézistes qui ne tombaient jamais, ces dompteurs qui ne se faisaient jamais dévorer, ces prestidigitateurs qui sortaient des foulards et des pigeons de leurs manches d'une façon morne, et par dessus tout, ces clowns grotesques et clinquants à qui je n'ai jamais trouvé le moindre talent comique…


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De vincentp, le 30 juillet 2008 à 14:12
Note du film : 5/6

Vous avez, Impétueux, une préférence pour le cinéma classique, tel qu'il a pu être produit jusqu'à la fin des années cinquante. Le Cheik blanc (scénario Antonioni) est certes un spectacle sympathique et bien fait mais respire l'œuvre de jeunesse, et la narration est perfectible. Comme vous, le critique Jacques Lourcelles, dont j'apprécie le dictionnaire formidable (mais ne partageant -loin de là- tous ses avis), et qui hait le cinéma de Bergman, Antonioni, Godard et de la nouvelle vague.

Ce cinéma des années cinquante ne pouvait qu'évoluer (du simple fait de l'évolution de la société, mais aussi du progrès technique qui facilitait des tournages extérieurs avec du matériel plus léger). Les cinéastes ont du s'adapter comme leurs prédécesseurs ont du s'adapter au passage du muet au parlant.

Concernant le cirque, j'en ai eu aussi mon overdose -comme beaucoup d'autres- avec "la piste aux étoiles" et Jean Richard, que ma grand-mère portait au pinacle. Ce spectacle était vieillot et a fait beaucoup de tort au cirque. Heureusement le cirque moderne s'apparente plus à des spectacles de cabaret, très esthétiques. Il n'a plus rien à voir avec le cirque d'antan, et procure un grand plaisir.

Enfin, pour en revenir à ce film de Fellini, il est incroyablement moderne par l'esprit, et par la forme. Fellini ne suit aucune convention de forme et de fond (s'en moquant gentiment), et raconte en fin de compte une histoire de personnages, qui sont des clowns, mais qui pourraient être des comiques troupiers, ou des chansonniers de cabaret. Il ouvre avec ses films des années 60-70, c'est évident, la voie à des cinéastes contemporains, qui n'ont fait que reprendre et développer la plupart des éléments novateurs apportés par cet auteur.

  

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De Lagardère, le 30 juillet 2008 à 14:14
Note du film : 3/6

Qu'elle drôle d'idée , Impétueux , de vouloir toujours attribuer des vertus comiques à un clown ! Les clowns ne sont que les miroirs terrifiants de nos maladresses , notre vulgarité , nos physiques voués aux gémonies du temps…Ils nous rappellent constamment que nous ne sommes que des "Niquedouilles pitoyables"…( c'est bien ça ? ) Il n' y a guère que les enfants qui s'esclaffent de "nous" voir déjà si loin et si las…C'est cruel un enfant. Charlie Rivel , que l'on aperçoit dans le film , disait : "-Le clown ? Y mourira jamais ! -" Il y a deux mille ans que ça dure….


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De Impétueux, le 30 juillet 2008 à 15:53

Halte au feu !, les amis ! Je vois bien que vos corrections sont fraternelles, mais laissez moi aussi un peu respirer !

Je ne serais pas intervenu sur le fil des Clowns si Vincentp ne m'avait, à l'issue de son message – fort pertinent par ailleurs – interpellé (sans animosité aucune, bien sûr !) ; et d'ailleurs je lui répondais dans mon propre message que je reviendrais peut-être à Fellini quelque jour, sa filiation avec mon cher Kusturica étant avérée, de l'avis général ; mais j'y reviendrai sûrement avec Prova d'orchestra ou avec E la nave va, parce que, quoi que vous en disiez, cher Lagardère Les clowns ça ne passe pas et ça n'est jamais passé !

Qu'ils soient la représentation métaphorique de notre pauvre ridicule humanité, j'en conviens volontiers et tout ce que vous direz en ce sens sera sûrement très juste ; mais Les Clowns m'ennuient, comme m'ennuient Chaplin, Buster Keaton ou Jacques Tati

Et ce n'est pas à mon âge respectable que je vais manger mon chapeau et faire mine d'apprécier ce qui ne m'a jamais accroché…


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