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Sujet : Succès public, mais la critique formule des réserves


De dumbledore, le 17 février 2004 à 11:19
Note du film : 5/6

Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, il faut reconnaître que Le Grand bleu est un des films marquants en France pour les années 80/90. Le phénomène populaire qu'il déclencha était du même genre que celui que l'on a connu récemment pour Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain à savoir un succès public de la mesure d'un raz-de-marée et une critique plus que tiède.

Seulement pour Le Grand bleu le succès était plus troublant encore puisqu'on avait un « phénomène Grand bleu » et une critique d'une haine, d'une virulence étonnantes. Le phénomène touchait les ados qui se ruaient à répétition pour voir le film non pas une fois, mais 3, 4, 5, 10 fois. Dès lors, la critique aurait dû non pas forcément revoir sa critique mais du moins traiter le film autrement qu'un film bébête. Le Grand bleu est un film à part. Le Grand bleu est un film symbole d'une époque.

La fin des années 80, c'est quelle époque ? Celle pour la jeunesse de la prise de conscience incontournable du sida, celle des manifestations lycéennes et une vision sombre de l'avenir pour ces mêmes jeunes.

Le Grand bleu c'est quoi ? L'inverse de tout cela. C'est une figure fantasmatique, le Peter Pan de 30 ans qui a réussi à fuir la réalité pour vivre dans un monde idéal et rassurant. Pour ce Peter Pan, Neverland se trouve dans la mer, dans cette bulle de liquide presque amniotique. D'ailleurs, Jacques, notre héros, une fois plongé dans cette apnée, qui a évidemment quelque chose de juvenile, voit son cœur ralentir, son corps accéder à une sorte de sérénité (phénomène adaptatif d'une réelle rareté mais qui concernait le vrai Jacques Mayol). Le refus de grandir du Peter Pan de Besson se voit également dans le fait qu'il a une copine (Rosanna Arquette encore douce et craquante) mais n'est pas apte à avoir une relation mûre avec elle. Il est montré presque puceau : inactif dans la première scène d'amour, demandant des conseils à son pote Reno dans une scène-clin d'œil à Spartacus et finalement incapable d'assumer une paternité. Il préfèrera toujours l'espace enivrant du paradis artificiel des profondeurs.

Parallèlement à cette relation hétérosexuelle fragile, on trouve une relation homosexuelle plus forte. Celle de l'amitié entre Jacques Mayol et Enzo, incarné par Jean Reno. Autant il est maladroit avec Rosanna Arquette, il est à l'aise avec Jean Reno. Leur relation est évidemment plus symbolique, s'incarnant finalement dans le fait de savoir « qui ira plus profond que l'autre ». Toutefois cette homosexualité est elle aussi propre à l'adolescence, plus à l'aise avec ceux de son sexe qu'avec ceux de l'autre.

Outre l'intelligence (certains diront la roublardise) de Luc Besson à incarner un personnage séducteur pour la jeunesse, le réalisateur s'installe dans la parfaite ligne d'un Spielberg dans une mise en scène très colorée, une lumière léchée, un montage très rythmé et lyrique (la scène du rêve). Sa mise en scène était totalement novatrice dans un cinéma français très figé, très « cinéma de papa » basé sur les champs contre champs pépères. Besson a échangé le pied de caméra contre les rails de travelling et le steady cam.

Alors certes le style visuel du film donnait un air frais dans une cinématographie grisâtre. Toutefois le recul des années n'a pas vraiment bonifié le film. Certains détails qui passaient encore comme « limite » sautent aujourd'hui plus aux yeux maintenant que le personnage Besson s'est dévoilé avec ses critères de goût et d'humour: la scène dans laquelle les deux compères boivent du champagne au fond de la piscine, la voiture trop petite et la mère trop grosse d'Enzo, etc.

Signalons que face au succès du film, Besson créa également une nouveauté : sortir quelques mois après une version longue d'un film (rallongée d'une demi-heure). Nouveau succès.


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De P.M.Jarriq, le 17 février 2004 à 11:33

Je me souviens avoir été frappé à l'époque (je ne l'ai jamais revu) par la morale du "Grand bleu", qui offrait le suicide, très poétisé à la fin du film, comme échappatoire aux réalités de la vie et aux responsabilités. Est-ce que cette interprétation tient le coup en revoyant le film en 2004 ?


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De dumbledore, le 17 février 2004 à 11:44
Note du film : 5/6

Totalement.

J'avais rencontré Besson à l'époque de la sortie du film et lui avais posé la question. Il avait d'abord été très surpris de la remarque avant de réfuter avec virulence cette vision de la fin.

Pour lui, la fin est plus une ouverture sur une autre spiritualité plutôt qu'un suicide.

Mais il ne faut pas oublier que le sens des films échappe quelque fois à leurs auteurs et je ne suis pas sûr que la morale soit très claire. Mais c'est le cas aussi de tous les films de Besson par la suite. Nikita comme hymne à la violence, Léon comme relation pédophile, etc…


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De Nomad, le 17 février 2004 à 14:32

En découvrant le film alors que j'étais ado, je n'ai jamais compris le départ de Jacques comme un suicide, et j'ai même été étonné que des amis l'aient interprété de cette façon. Selon moi, le départ est juste le début d'un voyage vers un autre monde. La dernière scène créé un sentiment indescriptible, mais qui me semble très loin de toute idée de mort… Une fin triste et belle, pleine de poésie.

L'époque où j'avais beaucoup plus d'estime pour Besson que j'aimerais bien voir revenir derrière une caméra!


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De P.M.Jarriq, le 17 février 2004 à 19:01

C'est justement ça qui est inquiétant dans ce genre de réaction. Certes, cela peut sembler poétique, ou passer pour une recherche d'absolu. OK… Mais au bout du compte, c'est quand même un type qui quitte sa fiancée enceinte (si je me souviens bien) pour aller se noyer ! Le refus de Besson d'endosser cette interprétation me paraît étonnant. Malgré toutes les enjolivures, le fait est là !


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De dumbledore, le 17 février 2004 à 19:49
Note du film : 5/6

Le refus de Besson d'endosser cette interprétation me paraît étonnant Pas vraiment parce que je le crois sincère quand il dit ça. Pour lui effectivement, ce n'est pas un suicide seulement le passage à une autre dimension. Quelque chose de mystique. Je ne crois pas une seule seconde qu'il fasse l'apologie du suicide. Il ne faut pas être extrémiste non plus. Je pense vraiment qu'il ne s'est pas rendu compte que son message était finalement très tendancieux. Il a été dépassé par les propos de son film.


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De Arca1943, le 2 janvier 2006 à 19:56
Note du film : 5/6

Je dirais pour ma part que montrer un suicide n'est aucunement en faire l'apologie. Ce qui importe, c'est de suivre une ligne narrative jusqu'à son aboutissement logique; et tant mieux si ce faisant le film échappe un peu aux intentions de départ de l'auteur. Cette fin est très réussie parce qu'elle colle avec le caractère jusqu'au-boutiste du personnage, elle est vraisemblable; elle est "préparée", scénaristiquement parlant, tout au long du film. C'est ensuite au spectateur de juger. Le film, lui, n'a pas à donner de leçon de morale.

Là où je trouve ce film réussi, c'est justement parce qu'il laissait place à mon interprétation de spectateur, qui ne correspond sans doute pas à l'intention de l'auteur, mais qui n'est pas non plus niée par le film, lequel heureusement s'abstient d'expliciter un quelconque "message". À mes yeux, le virilisme quelque peu infantile des deux protagonistes avait quelque chose d'autodestructeur, cette compétition enragée finissait par prendre une tournure inquiétante, annonciatrice d'une tragédie (et donc passionnante, dans genre "accroché à mon fauteuil"). Et de fait, ça se termine sur une autodestruction. Et je me disais : "Et voilà! Et voilà où ça mène!" Pas de happy end, c'est comme ça que j'aime ça !

Je suis étonné d'apprendre que ce film, devant lequel j'oscille entre "bon" et "très bon" (comme souvent, je préfère la version courte, plus ramassée, au "director's cut") a été l'objet d'une telle agressivité de la part de la critique franco-française. Comme toujours, je ne comprends rien à la France !


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De Bulzaco, le 10 mai 2007 à 23:00

En fait, Besson est bien conscient de la symbolique du suicide à la fin de ce film: la preuve en est que le film aux Etats-Unis finit par un plan supplémentaire: Jacques à la surface avec les dauphins dans .le clair de Lune, parce que les Américains ne pouvaient accepter un fin immorale: suicide + abandon de la femme enceinte. A bientôt


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De Arca1943, le 11 mai 2007 à 04:58
Note du film : 5/6

Parce que je suis de l'autre côté de l'Atlantique, c'est en lisant la critique de Dumbledore que j'ai appris que ce film avait suscité en France « une critique d'une haine, d'une virulence étonnantes. » Et je me pose un peu toujours la même question dans ces cas-là : la virulence de la critique fut-elle proportionnelle à l'immense succès du film ? Est-ce que plus les gens allaient voir Le Grand bleu, plus les critiques détestaient ça ?

Si la réponse est oui, alors je dis : c'est vraiment une sale mentalité.


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De PM Jarriq, le 11 mai 2007 à 10:17

Concernant Le grand bleu, je ne crois pas qu'il s'agisse de ça, mais plutôt de fossé de générations : autant les jeunes (de l'époque !) sont entrés dans un "trip" quasi mystique en voyant le film, autant les critiques, les "professionnels de la profession" comme dirait l'ineffable JLG, ont trouvé le spectacle débile et creux. Les deux opinions sont aussi valables l'une que l'autre, et irréconciliables. Mais le succès n'a rien à voir là-dedans.


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De originbob, le 25 janvier 2010 à 23:16

Il y a un autre aspect troublant, c'est sans doute lié à la narrative et pas trop fait exprès, mais c'est incompréhensible que les médecins ne fassent rien pour sauver Enzo quand il remonte malade de sa plongée, alors que lorsque c'est au tour de Jacques de remonter dans le coma, on lui fait un massage cardiaque et un electro-shock. Le médecin français arrête même la tentative du médecin de la compétition et le fait partir sans que celui-ci puisse s'approcher d'Enzo. C'est incroyable !! C'est que les autres nationalités que le réalisateur ont moins de droit ou d'espoir de vivre, qu'on les abandonne sans même essayer ? C'a n'aurait pas gêné la narrative de voir Enzo mourir APRES des tentatives de réanimation plutôt que dans l'indifférence médicale. Très triste mon pauvre Besson.


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De Virgd59, le 8 février 2010 à 14:14

Je suis très surprise des commentaires réalisés par chacun, je pense que tout le monde peut se faire sa propre interprétation de la fin. Pour ma part, Jacques descend, il entend les "sirènes" et le Dauphin vient le chercher pour le remonter à la surface (n'est-ce pas ce qu'on pense de l'attitude d'un Dauphin?? surtout que son intérêt et de voir son ami, sa famille, comme Jacques l'appelle, nager avec lui) Pour moi, elle est là, la réelle explication et de voir que derrière la mort de Enzo, on peut y entrevoir une question de racisme, et bien j'en suis choquée!!! comme si ce sentiment était la réponse à toute problèmatique!!!!!


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De MaxiDenis, le 1er juillet 2011 à 00:27

J'ai vu ce film au moins 10x depuis sa sortie, j'ai aujourd'hui 50 ans et c'est fini l'adolescence ! C'est quoi ce mépris ? cette condescendance débile des pros ? je crois que c'est en fait de la jalousie de médiocres face au génie ! Voilà qui est dit ! Je viens de visionner le Blu-ray dans ma salle de homecinéma personnelle, et bien c'est tj un pur chef d'oeuvre, d'abord la musique qui vous immerge littéralement dans le milieu aquatique du début à la fin, ensuite la photo est éclatante pour un film de 88, bien que peu restaurée pour un BR (par rapport au dvd, il y a bien peu de différences), mais l'essentiel est dans le flot d'émotions que l'on ressent pdt tout le film, le drame initial annonçant littéralement les drames suivants. Jean Reno est époustouflant de force et de sensibilité, quel acteur ! Rosanna est à croquer dans cet amoureuse qui tente vainement de raccrocher Jacques à la Terre, ce film n'a pas fini d'émerveiller les vrais amateurs de cinéma, et auc chiottes les critiques élitistes.


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De Impétueux, le 1er juillet 2011 à 18:48
Note du film : 1/6

Vide, creux, ennuyeux et mortifère.

On attend pendant des heures que ça commence !

Autant aller regarder un documentaire à la Géode ou au Futuroscope !


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De Gentianne, le 5 août 2011 à 00:35

Il me semble que dans le film, Enzo dit à un moment que Jacques vient d'une autre planète. La dernière scène, personnellement, je ne l'ai pas prise pour un suicide non plus, mais plus comme la libération d'un homme qui ne peut pas vivre sur Terre, parce que sa planète, son monde, c'est l'eau. C'est également pour ça qu'il est si proche d'Enzo, et si distant de Johanna, car Enzo le comprend et Johanna elle, ne peut pas le comprendre. Après chaque film à une interprétation libre, et c'est ce qui fait la magie du cinéma :)


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De Arca1943, le 5 août 2011 à 02:31
Note du film : 5/6

Tout en maintenant mon opinion exprimée plus haut – à savoir qu'une fiction n'est pas forcément censée être "morale" et que la fin du film est logique en regard de ce qu'on a vu avant – je voudrais reprendre ici le propos de Jarriq, et même renchérir.

Jarriq : « C'est justement ça qui est inquiétant dans ce genre de réaction. Certes, cela peut sembler poétique, ou passer pour une recherche d'absolu. OK… Mais au bout du compte, c'est quand même un type qui quitte sa fiancée enceinte pour aller se noyer ! Le refus de Besson d'endosser cette interprétation me paraît étonnant. Malgré toutes les enjolivures, le fait est là ! »

Ce qui est le plus inquiétant n'est peut-être pas dans le film lui-même, mais dans l'interprétation "spiritualisante" du suicide.

Dumbledore relève : « Pour lui (Besson), la fin est plus une ouverture sur une autre spiritualité plutôt qu'un suicide. »

Et Nomad nous dit : « En découvrant le film alors que j'étais ado, je n'ai jamais compris le départ de Jacques comme un suicide, et j'ai même été étonné que des amis l'aient interprété de cette façon. Selon moi, le départ est juste le début d'un voyage vers un autre monde. » (C'est moi qui souligne)

Et je réponds à Nomad (avec un retard certain !) : « Passer dans l'autre monde », c'est une périphrase bien connue qui signifie : mourir. Alors, au risque de choquer (mais pas dans ce but), on a vu dans les années 80 et 90 au moins deux sectes religieuses suicidaires faire exactement ça (mais en groupe) : le suicide, rebaptisé autrement – le passage ou le voyage. Sauf que ça revenait tout simplement à se donner la mort.

Ce n'est pas un reproche au film ni à Luc Besson ; une fiction est une fiction, et la fin aussi est logique. Et puis que je sache, les ados pâmés ne se sont pas mis à se dézinguer après avoir vu (et revu et re-revu) le film ! Par contre, les œuvres de l'esprit sont souvent nos sismographes, elles peuvent nous lancer – par les voies les plus inattendues, y compris, si ça se trouve, via des œuvres qu'on n'apprécie guère – des signaux, des indices sur l'époque où nous vivons. Cette confusion morale qui prend la mort pour « l'ouverture sur une autre spiritualité », la mort qui « passe pour une recherche d'absolu » (Jarriq) n'était-elle pas dans l'air du temps ? Ne traînait-elle pas obscurément dans le monde ?

Tout ceci fait un peu prétentieux, c'est sûr. Mais bref, je note surtout qu'encore une fois, je donne raison au regretté Jarriq !


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De DelaNuit, le 5 août 2011 à 11:39

Pour apporter ma contribution à cette discussion, voici mon ressenti à la vision de ce film (qui date de l'époque de sa sortie) : j'avais trouvé les images très belle mais la logique de compétition entre les protagonistes m'avait ennuyé car trop loin de mes préoccupations.

La fin m'avait plu, comme une ouverture rafraichissante sur une dimension poétique et fantastique. La mer a toujours représenté symboliquement le passage vers un autre monde (citons pour exemple Pandora…). Celui-ci peut être la mort, mais si on se situe dans la logique du genre "fantastique", ce peut être aussi l'accès à une autre dimension. En suivant les dauphins, le héros rejoignait le monde du mythe, celui des sirènes, des tritons… exactement comme le héros de Rencontres du troisième type décidait à la fin de monter dans le vaisseau spatial pour accompagner les extra-terrestres dans leur monde.

Il ne me semble pas que le rapport à la mort et au suicide soit spécifique à notre époque. Il y a toujours eu des personnes pour ne pas se satisfaire du matérialisme ou des cadres institutionnels et moraux de notre société. Tout le monde n'a pas envie de travailler toute la journée pour rentrer chez soi ensuite retrouver femme et enfants. Certains se réfugient dans la religion et s'enferment dans des abbayes, couvents… d'autres se réfugient dans l'art, la littérature, la philosophie… D'autres choisissent de partir pour de bon vers ce qui est peut-être un ailleurs ou peut être une fin.

C'est un choix à respecter, qui regarde chacun. La religion chrétienne n'a-t-elle pas constamment exalté le sacrifice des martyres ? Les païens qui les ont précédé n'ont-ils pas mis un point d'honneur à bien vivre conformément à leur nature pour ensuite bien mourir de leur propre main ? Rien de bien nouveau sous le soleil. Il n'est par exemple pas une époque qui n'ait fantasmé depuis plus de 2000 ans sur le double suicide de Cléopâtre et Marc-Antoine…

Citons par exemple au cinéma les dernières paroles, au seuil de la mort, d'Elizabeth Taylor dans le Cléopâtre de Mankiewicz : "Je me sens étrangement éveillée, comme si toute ma vie n'avait été que le rêve d'une autre femme et que ma vraie vie va maintenant commencer…" Et citons la Cléopâtre de la récente série Rome devant le corps de Marc-Antoine, disant fièrement à ses enfant : "Votre père est mort de sa propre main, c'est ainsi que meurent les âmes nobles" avant d'aller à son tour taquiner l'aspic.

Le côtoiement de la mort étant une constante de l'existence humaine, la question de subir cette nécessité ou de la choisir a toujours été et sera toujours présente… Même les humains devenus immortels décrits dans le film d'anticipation Zardoz s'ennuient tellement que la vie leur devient un fardeau et qu'ils ne cherchent finalement qu'une libération définitive !


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De Impétueux, le 5 août 2011 à 16:09
Note du film : 1/6

Le christianisme n'a jamais exalté, bien au contraire, le suicide et le proscrit même absolument. Le martyre n'est pas revendiqué, mais subi, parce que la conviction doit l'emporter sur le reniement.

L'idéologie du Grand bleu – si tant est que ce kaléidoscope fadasse et emmerdant comme tout puisse prétendre en avoir une – réside dans la fascination du vide. Ne mettons pas, s'il vous plaît, sur le même plan cette bouillie et le retrait du monde des moines et moniales qui, par la prière continue, participent profondément à la vie du monde. Je sais la chose peu compréhensible pour beaucoup. Elle est en tout cas dans la logique interne du christianisme.


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De DelaNuit, le 5 août 2011 à 19:27

Vide du fond des océans selon les uns ou vide d'une vie de prières adressées à un dieu qui n'existe pas selon les autres… Suicide ou pas suicide de la part de personnes refusant de respecter les lois d'un pays en sachant pertinamment que la sanction sera la mort… Chacun son opinion, tout cela est bien subjectif. S'agit-il vraiment d'être trop bête pour comprendre ? Ne s'agit-il pas tout simplement de croire ou de ne pas croire ?


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De DelaNuit, le 6 août 2011 à 11:54

Désolé si le débat a dévié. Loin de moi l'idée de critiquer les croyances ou non croyances de chacun. Ce que je voulais dire, c'est que la fin de de film ouvre une porte vers l'irrationnel (mot que j'utilise sans connotation péjorative). Or, si à l'intérieur d'un courant de pensée (notamment spirituel ou religieux) les choix et comportements prennent sens, vu de l'extérieur l'irrationnel des uns vaut celui des autres…

En tout cas, si au delà de ses qualités ou de ses défauts, ce film a eu autant de succès à l'époque auprès d'une certaine génération, c'est que ces personnes y ont vu, trouvé ou même projeté des idées qui à leurs yeux avaient du sens et qui peuvent être révélatrice de l'évolution des courants de pensée dans notre société. On peut essayer de les comprendre ou pas… Mais il serait dommage de les traiter par le mépris ou la condescendance.

En cela, Le Grand Bleu demeure un film qui interpelle.


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De DelaNuit, le 6 août 2011 à 15:21

J'ignore ce qui fait le succès d'un film auprès du grand public… Sans doute des tas de raisons que nous ne connaissons pas forcément… Le marketing n'y est pas pour rien mais ne suffit pas toujours. Des phénomènes de mode peuvent aussi jouer un grand rôle, sans compter la démarche des jeunes générations à rechercher des phénomènes culturels qui leur appartiennent et qui se démarquent de ceux de leurs aînés.

Qu'un film soit adulé ou oublié du grand public n'est pas pour moi un critère d'intérêt ou de désintérêt. D'autant que la qualité de la réalisation et l'intérêt du fond sont deux aspects différents qui ne se côtoient pas forcément dans une même oeuvre. Je crois surtout, comme le dit l'un des personnages de Minuit dans le jardin du bien et du mal que "La vérité comme l'art est dans le regard du spectateur".

Quant à parler de spiritualité pour la fin du Grand Bleu, pourquoi pas, il me semble que certaines personnes peuvent le resentir ainsi, mais quant à en faire le propos du film ou le souhait du réalisateur, je n'irai pas jusque là. J'y vois surtout du poétique, du mythique, une transformation en homme-poisson, une fusion avec la Nature… qui peut être pourquoi pas perçu comme une forme de spiritualité païenne mais pas forcément. Cela dépend à mon avis de ce qu'y projette le spectateur, et est sans rapport avec la qualité du film.

Ca se rapproche d'une chose que je remarque souvent dans les productions de films fantastiques appréciés du grand public : c'est qu'ils sont souvent porteurs d'une spiritualité si j'ose dire "néo-païenne" qui me semble une évolution (certains diront régression) curieuse d'une partie de notre société. Star Wars semble puiser son concept de "Force" énergétique, d'âme du monde dans l'animisme ou le shamanisme. Idem pour le lien qui unit entre eux les indigènes d'Avatar avec les animaux, les plantes, et l'âme de leur planète mère (qui ne porte pas pour rien le nom de Pandora, la mère de tous les hommes selon les grecs). Harry Potter repose sur le concept de la magie pratiquée par un peuple de sorciers vivant depuis toujours parmi nous et maîtrisant des secrets de la nature que nous ignorons, et Le seigneur des anneaux propose un monde mythique peuplé d'elfes, trolls etc plus anciens que l'ère des hommes. Certes, ces aspects de spiritualité ne sont évoqués que superficiellement dans ces films dont les effects spéciaux et l'action constituent l'aspect principal. Mais ils en font partie néanmoins et cela tranche tout de même avec les films d'aventure des années 50 qui présentaient presque systématiquement de bons judéo-chrétiens contre de méchants païens cruels et dépravés.

Tout ce néo-paganisme semble s'être développé dans les années 60-70, à l'époque "New Age", et a énormément inspiré le contenu de la contre-culture qui s'est exprimée dans la bande dessinée, les romans et films fantastiques… Sans doute faut-il y voir une rupture entre les dogmes des religions traditionnelles et les attentes ou valeurs d'une partie de la population, qui ont évolué. Je ne dis pas que ce soit un bien ou un mal, je me contente d'observer et je suis curieux de voir où cela nous mènera.


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De madeline, le 29 septembre 2014 à 23:52

Le grand bleu… je mettrais 2/6 et c'est tout amplement suffisant ; film décevant, long, creux malgré la beauté et profondeur de l'océan. La fin est morbide, l'homme, le héros choisit le suicide comme échappatoire à la vie et préfère la mort à l'amour et a la belle Rosanna Arquette. Pour un film censé faire rêver ça ne fait pas rêver du tout, c'est glauque, morbide… ça fait penser a l'homme qui veut retrouver sa mère ou l'utérus et n'est encore pas né… space..


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De Lolo54, le 30 décembre 2015 à 03:09

Bonjour,

Je viens de revoir – Le Grand Bleu – diffusé ce 29/12/2015 sur France2, et je ne comprends pas qu'il y ait autant débat sur la fin, depuis toutes ces années.

Certains arrivent à trouver un côté poétique à un suicide, qui plus est par noyade, qui est sans doute l'une des façons de mourir parmi les plus atroces. D'autres y voient un échappatoire vers un autre monde…

Personnellement, je ne vois rien de tout ça ! Je vois un homme qui descend "pour voir". Mais est-ce qu'il y a quelque chose à voir ? Alors il aurait pu rester seul, de longues minutes en apnée, à observer, à méditer, à attendre, et à trouver la mort finalement. Mais très vite arrive un dauphin (zut ! ce n'est pas une sirène…) comme pour mettre un terme à tout ça, et l'empêcher de se suicider. Tout au long du film, il y a un lien très fort entre Jacques et les dauphins, ils sont sa famille. Le dauphin aurait pu simplement s'en aller, une sorte d'adieu avant de se retirer et de laisser Jacques seul face à son tragique destin. Mais je comprends plutôt que le dauphin est venu le chercher, et Jacques le suit. Et clairement ils prennent la direction de la surface, ce qui symbolise la vie. Là encore, dans quelque chose de plus macabre, le dauphin aurait pu guider et accompagner Jacques vers le fond… mais ce n'est pas le cas !


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De vincentp, le 30 décembre 2015 à 08:58
Note du film : 3/6

Le grand bleu reste avant tout un film modestement réalisé, qui fut un succès populaire à sa sortie. S'il conserve un public, cela est logique…

NB : j'ai remis un peu d'ordre et de logique dans le fil des conversations ci-dessus, qui avaient un peu trop dérivé, supprimé mes messages inutiles, ce qui explique pourquoi trois avis de Delanuit se succèdent.


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