Jacques Rozier, héritier de Jean Renoir nous a donné peu de films. De 1962 à 2008. Adieu Philipinne, Du Coté d'Oruet, Les Naufragés de l'Ile de la Tortue et Maine Océan. Quatre chefs-d'oeuvre: ce n'est pas baucoup en 40 ans de carrière, mais cent pour cent de réussite. Quand au cinquième long métrage, Fifi Martingale (2001), j'en ai entendu parlé, mais à ma connaissance il n'est jamais sorti sur les écrans. Pourquoi jacques Rozier a t'il produit si peu durant sa longue carrière? Il suffit de voir son premier et merveilleux court-métrage: Rentrée des classes (1955), 24', et vous aurez la réponse. On aimerait bien voir (ou revoir) son oeuvre en DVD. Je crois malheureusement qu'en dehors de quelques rétrospectives tous les 3 ou 4 ans au Quartier Latin, on pourra attendre longtemps encore la parution des DVD. C'est dur pour un passionné de Jacques Rozier.
Revers de la médaille, ce portrait qui se veut réaliste des années soixante a vieilli. Énormément vieilli. Car les comportements ont changé du tout au tout. Le mode d'élocution, les relations au travail, en famille, les rencontres homme-femme ne sont plus les mêmes. Les attitudes de ces minettes de Jacques Rozier, vierges effarouchées pour pas grand chose, prêtent aujourd'hui à sourire, et peinent à capter l'attention du spectateur contemporain.
Avant-hier, je pédalais sur une piste cyclable, et croise à un moment trois adolescentes de quinze ans environ circulant en sens inverse. Je jète généralement un coup d'œil aux cyclistes qui roulent en sens inverse pour une question de sécurité. Il se trouve que l'une des adolescentes me regarde et me dit droit dans les yeux : "bonjour !". Alors que je pourrais être presque son "papounet". Ce genre de comportement, en 1962, à en croire Adieu Philippine, était aussi probable que la rencontre avec des martiens.
Mais chers lecteurs, Droudrou, Impétueux, Alholg, Spontex, Arca1943, madame Alliot-Marie, Benoit XVI, gardiens de la morale, rassurez-vous : il faut beaucoup pédaler pour observer pareil phénomène de la nature -c'est la quatrième fois que cela m'arrive sur cette piste cyclable, soit environ une explosion d'œstrogènes tous les 1000 km-. Et puis, dame nature nous réservant toujours des surprises, la même journée, un peu plus loin, un roquet enragé et belliqueux a voulu gouter mon mollet de cinéphile. J'ai réussi à le semer, en employant la technique de pédalage en accéléré du facteur qui fait sa "tournée à l'américaine".
Diantre, Vincent, que voilà pas banales rencontres anecdotiques : tu ne vas quand même pas nous faire accroire que tu refuserais qu"une donzelle te témoignât un certain intérêt au vu de tes mollets et te gratifiât d'un tonique "bonjour !" et que tu te refuserais désormais à utiliser les pistes cyclables au risque de rencontres imprévues que voilà un beau sujet scénaristique !
Et voilà que Vincentp veut nous faire accroire que s'il jette un regard sur les jeunes cyclistes qu'il croise, c'est pour des raisons de sécurité et non pas pour le plaisir ! A d'autres, ami ! Vous n'allez pas nous faire croire que vous n'aviez pas alors une lueur vermeille autant que libidineuse dans l'œil ! et d'ailleurs je vous soupçonne de pratiquer le vélocipède uniquement pour ce genre d'occurrences qui, pour rare qu'il est ne réveille pas moins le sacripant que vous êtes !
Plus sérieusement, je comprends mal le reproche fait à Adieu Philippine (que je n'ai pas vu) ; vous écrivez les comportements ont changé du tout au tout. Le mode d'élocution, les relations au travail, en famille, les rencontres homme-femme ne sont plus les mêmes ; sans doute… et vous ne croyez pas que les comportements, les modes d'élocution, les relations au travail, etc. ont changé depuis Guitry, Renoir, Pagnol, ou même Truffaut ? Je conçois bien qu'il ne soit pas toujours facile de se propulser dans les modes de pensée plus anciens (j'ai exprimé cela, sur la thématique de la fille-mère, si déshonorée qu'elle était, sur le fil de La fille du puisatier) ; mais si j'admets qu'on ne puisse plus aujourd'hui lire L'Astrée sans s'endormir ou La nouvelle Héloïse sans mourir de rire, il me semble que le cinéma, moins ancien, supporte assez bien la patine du temps… Vous qui, me semble-t-il, ne détestez pas le cinéma muet, vous devriez en convenir…
Dernière chose : ce que j'évoquais, sur le fil du Signe du lion, ce ne sont pas les promenades dans Paris, mais les errances : il y a la capitale nuance d'un personnage écrasé qui marche sans but, mais aussi dans l'angoisse… non dans la légèreté…
Des long-métrages anciens par le seul talent des metteurs en scène, sans volonté de produire quelque chose d'intemporel, n'ont pas pris une ride. Citons par exemple La charge fantastique ou Haute pègre -celui-ci réalisé au début du parlant-.
Des films ou des séries sont construits sur le principe du non rattachement à des éléments temporels. Prenons par exemple la série "Chapeau melon et bottes de cuir (les saisons 1965-66 avec Diana Rigg). Le producteur Brian Clemens gomma toute référence à une époque précise. Les épisodes datés de cette époque restent moderne aujourd'hui. La même série, dans les années 70, avec d'autres contributeurs, et qui se veut ancrer dans l'Angleterre du réel, a elle énormément vieilli.
La "nouvelle vague" choisit elle la seconde possibilité : se positionner dans le réel, au milieu des quidams. Ceci offre des avantages, mais l'inconvénient est un possible caractère périssable. Logiquement, nombre des oeuvres de ce courant de pensée ont énormément vieilli, comme A bout de souffle, Paris vu par. D'autres en revanche tiennent mieux le coup (Vivre sa vie, Lola,etc…). Cela peut être du à la mise en scène, les thèmes abordés, ou la façon de discourir. Ce dernier point joue beaucoup me semble-t-il. Un acteur comme Errol Flynn dirigé par Raoul Walsh semble être un acteur contemporain : il n'annone pas comme un speaker commentant le tour de France dans les années cinquante.
D'une façon générale, comme le fait remarquer Robert Bresson dans un des suppléments du dvd L'argent, le cinéma est périssable. Les chefs d'oeuvre d'aujourd'hui ne seront pas forcément ceux de demain.
Quant à la cycliste, c'est vrai, j'aurais pu m'arrêter et la demander en mariage. Bronzé et musclé, comme je le suis après 500 km d'entrainement, la réponse ne pouvait être que positive. Les aspects matériels ? J'ai une voiture, c'est très pratique pour aller la chercher à la sortie du collège. L'aspect social ? Son père aurait été sans doute ravi d'avoir un gendre si renommé : pensez donc, un des chroniqueurs vedette de dvdtoile ! Voilà un rang social assuré pour sa progéniture. Mais, … j'ai eu peur d'"affoler vos ventricules" si je vous avais présenté cette charmante personne le mois prochain… et ai donc continué paisiblement mon chemin -avec juste, je le reconnais humblement un regard éberlué en arrière (et ai aussi entendu un gloussement typé)-.
J'ai dépassé le cap de la 45° minute, suis allé jusqu'au bout et ai revu mon avis à la hausse (la note passe de 4/6 à 6/6). C'est un très beau film, peut-être bien un chef d'oeuvre, merveilleusement naturel, via le jeu des acteurs, les péripéties (on tire par exemple sur la queue d'un âne pour le faire reculer). Rozier se moque de toute évidence du cinéma français traditionnel de type Christian-Jacque, au travers du tournage d'un film de l'ORTF, dont les ingrédients sont à des années lumière de ceux de ce propre film de Rozier. La vieille garde du cinéma français en prend pour son grade ! Et puis, Adieu Philippine fin pour décrire les relations sociales, contient une part de poésie (via les images, le mode de narration) qui lui donne un charme particulier. Un air de famille également avec le cinéma italien de cette époque (au travers de l'épisode du drageur). La fin est très réussie, douce et mélancolique, et complètement novatrice, car elle semble s'éterniser (contrairement au cinéma classique qui se termine souvent par le clap "fin"). Une des plus belles réussites, sans doute, de la "nouvelle vague".
Enfin, remarquez, j’en parle par ouï-dire parce qu’il y a bien longtemps que je ne pratique plus cette chasse-là ; mais de très jeunes gens, que j’ai le bonheur de connaître, me confirment qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est un langage un peu moins apprêté et sans doute plus direct.
Toujours est-il que le fier petit coq, qui s’appelle Michel Lambert (Jean-Claude Aimini) a un avantage indéniable : il est quelque chose comme assistant plus ou moins bénévole à la télévision, ce qui lui permet d’introduire les deux amies Liliane (Yveline Céry) et Juliette (Stefania Sabatini) dans ce qu’elles imaginent être un monde enchanté qui leur ouvrira les portes – va savoir ! – du cinéma, du vedettariat, peut-être d’Hollywood !Intéressante petite partie documentaire où l’on voit les conditions de tournage, en 1960, des émissions qui faisaient la gloire de la chaîne unique de télévision : d’abord une diffusion de variétés, avec le jazzman Maxime Saury, puis une dramatique, qui eut un grand succès, fort mérité, Montserrat d’après Emmanuel Roblès réalisé par le grand Stellio Lorenzi.
On ne parle pas trop de la guerre d’Algérie, alors que Michel doit partir dans les deux mois sous les drapeaux… Pourtant un vieux copain, Dédé (Pierre Frag) vient d’en revenir, un peu mutique ; il est invité dans la famille de Michel (Maurice Garrel, Arlette Gilbert) où sont aussi reçus un couple de vieux amis (Charles Lavialle, Jeanne Pérez). Il y a là une grande véracité des attitudes et des conversations. Le meilleur du film.Et puis tout se gâte lorsque, sur un coup de tête, Michel claque la porte de la télévision et part pour le village du Club Méditerranée de Porto-Vecchio. Les deux filles le rejoignent. On ne sait toujours pas s’il en préfère une et si l’une, ou l’autre ou les deux sont amoureuses.
Il reste trois quarts d’heure de film à tourner ; hors quelques beaux paysages de la Corse (mais en noir et blanc, hélas) il n’y a plus rien : un capharnaüm, une bouillie, une suite de tirages à la ligne, compliquée d’épisodes ridicules, notamment avec l’aigrefin Pachala (Vittorio Caprioli) qui doit des sous à chacun et roule tout le monde.C’est vraiment dommage que ce qui aurait pu être un petit bijou réaliste s’englue peu à peu dans l’insignifiance et la médiocrité.
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