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Sujet : Un Bolognini fort intéressant !


De Arca1943, le 27 novembre 2005 à 18:47
Note du film : 5/6

Depuis un certain temps, j'avais dans mes cartons virtuels les éléments pour la fiche de ce Bolognini que je comptais, je le jure, envoyer à dvdtoile. Maintenant il est trop tard, personne ne va me croire… Peu importe. Battu de vitesse, je vote avec enthousiasme pour ce classique d'une grinçante ironie avec Mastroianni et Cardinale, d'après le célèbre roman de Vitaliano Brancati. Si on doit avoir un seul Bolognini dans sa dvdthèque, je dirais : celui-là. Qui plus est, la composition sicilienne de Mastroianni est une sorte de pied à l'étrier pour Divorce à l'italienne, l'année suivante…

Le Bel Antonio est un autre ajout précieux au millésime 1960, qui comporte déjà, entre autres, La Dolce vita, L'Avventura, Rocco et ses frères, La Grande pagaille, Adua et ses compagnes, Les Dauphins, La Fille à la valise, La Longue nuit de 43, Les Adolescentes, Bandits à Orgosolo, La Ciociara, Les Évadés de la nuit, Le Vigile… Sacré millésime.

Encore un grand film italien dont l'absence sur DVD est une honte !


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De PM Jarriq, le 27 novembre 2005 à 19:58

…Une honte et une vraie bêtise. Il est clair que des rééditions bien agencées, regroupées par coffrets thématiques (réalisateurs, comédiens, comédie, néoréalisme, etc.) trouveraient un vaste public. Le cinéma italien est devenu très rare et indisponible à la télé comme en vidéo. Ne parlons même pas des salles ! Le succès récent du sublime Nos meilleures années et les sorties de Parfum de femme ou Les monstres, montrent pourtant la voie. Il y a tellement de grands films à exhumer…


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De vincentp, le 28 novembre 2005 à 15:16
Note du film : Chef-d'Oeuvre

La production italienne des quatres années suivantes n'est pas mal non plus !

S'il y avait eu une coupe du monde du cinéma, de 1960 à 1964, l'Italie l'aurait emporté haut la main.


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De Arca1943, le 28 novembre 2005 à 15:37
Note du film : 5/6

Oh oui ! Voir mes petits messages "la tempête satirique du siècle" – et bien d'autres phénomènes concomittants.


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De Sandokan, le 3 février 2006 à 13:16
Note du film : 6/6

Encore un classique italien incontournable ! Mais où sont passés tous ces films ?


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De Arca1943, le 5 janvier 2008 à 23:52
Note du film : 5/6

Pas trop tôt ! Enfin, ce célèbre classique de Mauro Bolognini avec Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Pierre Brasseur et Tomas Milian va sortir sur DVD le 5 février !

Qui sait, peut-être même qu\'un jour nous aurons La Notte brava ?


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De Arca1943, le 14 mars 2009 à 21:35
Note du film : 5/6

Histoire de m'en garder pour une longue période, je savoure au compte-gouttes mes précieux DVD millésimés Italie 1960. J'ai bien pris mon temps avant de revoir Le Bel Antonio et ç'a vraiment valu la peine. Voici une étude de moeurs et de caractères d'une magnifique intelligence, toujours plausible bien qu'elle traite en réalité d'un cas limite, et qui navigue habilement entre le drame psychologique réaliste et l'acerbe critique des mœurs. Ceux qui ont vu et apprécié Divorce à l'italienne retrouverons la Sicile à l'aube des années 60 ainsi que Marcello Mastroianni, mais dans un style ô combien différent.

Bien entendu, d'abord et avant tout, Le Bel Antonio est un film connu pour aborder de manière frontale un sujet peu traité au cinéma, en évitant avec brio tous les pièges tendus sur sa route. Jamais graveleux, sans pour autant renoncer complètement à l'humour; rarement psychologisant – bon oui, un tout petit peu sur la fin – tout en rendant avec une rare finesse le caractère du malheureux protagoniste; jamais mélodramatique, tout en n'ayant pas peur d'émouvoir son public dans certains moments cruciaux.

Certes, un grand sujet en cache toujours un autre, et dire que Le Bel Antonio est un film sur l'impuissance sexuelle serait incomplet : le tout, c'est qu'il s'agit bien sûr d'un film sur l'impuissance sexuelle en Sicile (aïe, aïe, aïe). Et ce thème inusité et « scabreux », l'écrivain sicilien Vitaliano Brancati l'avait choisi, à l'évidence, pour passer ses compatriotes à la casserole à partir d'un « cas » qui sert de révélateur des mœurs siciliennes, montrées ici comme un terrible carcan. C'est un thème qu'on retrouve aussi chez son compatriote Leonardo Sciascia (mais aussi par exemple dans Malicia) : le poids des interdits sexuels engendre une érotomanie de tous les instants, exacerbée et ridicule. Le bel Antonio revient du « continent » (ça, c'est le reste de l'Italie) tout auréolé – bien malgré lui – d'une réputation de coq de basse-cour qui « les a toutes » (toutes les femmes du « continent », s'entend : les femmes siciliennes, elles, sont pures). Et son papa en remet une louche sur le sujet dès qu'il est question de son fils dans la conversation. Sauf qu'Antonio, hélas, ça n'est pas ça, pas ça du tout…

Le versatile Marcello Mastroianni incarne avec subtilité ce Sicilien trentenaire dont le séduisant visage cache une tare impardonnable dans un univers où tout homme est d'abord un étalon. Claudia Cardinale est excellente dans le rôle difficile de son épousée à l'ingénuité touchante (mémorable scène où elle demande à une ancienne servante de la famille comment on fait les bébés). Les quelques moments d'humour du film découlent quant à eux du personnage du père du bel Antonio, incarné par un Pierre Brasseur truculent (et remarquablement postsynchronisé), qui vante sur tous les toits les chimériques prouesses filiales. Enfin, le jeune Tomas Milian est très à l'aise dans le rôle du cousin et confident d'Antonio.

Fort heureusement, le film est en noir et blanc : c'est-à-dire que la mise en scène de Mauro Bolognini ne semble pas ici obsédée par la composition picturale, et se fait donc plus discrète, contrairement à ce qui se passera dans plusieurs de ses films subséquents en couleurs. Évidemment ça reste très, très soigné, mais pas trop soigné : la réalisation a juste le bon mélange d'élégance et de crudité pour faire passer à l'écran cette histoire excessive. La photographie en noir et blanc est magnifique, la Sicile toujours aussi photogénique – ah, ces orangeraies, ça donne le goût d'y être – et les interprètes sont convaincants jusque dans les plus menus rôles. Moi qui suis loin d'être un inconditionnel de Mauro Bolognini, je dois ici m'incliner : c'est un sacré film. Et il me tarde d'autant de mettre la main sur La notte brava


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De verdun, le 29 avril 2013 à 00:33
Note du film : 6/6

Un très grand film.

Mastroianni, beau comme un dieu, joue merveilleusement ce séducteur dont l'impuissance va provoquer le scandale…

Les images, comme souvent chez Bolognini sont formidables: on n'oubliera pas de sitôt la confession de Antonio à son ami sur les raisons du "mal" dont il est atteint et surtout le terrible final, où transparaît le malaise du personnage principal face à la réaction opposée de son entourage.

L'un des thèmes préférés du cinéaste s'exprime ici avec force: l'impossibilité de nouer une histoire d'amour normale, souvent à cause des barrières sociales ou des mesquineries individuelles des protagonistes.

Le personnage principal aime follement sa femme (superbe Claudia Cardinale, dont la voix est ici doublée) mais ne pourra pas l'honorer et celle-ci ira très vite voir ailleurs sans tergiverser.

On retrouve avec plaisir Thomas Milian et surtout Pierre Brasseur en père pittoresque toujours enclin à élever la virilité en valeur suprême.

Un long-métrage dont l'audace et la franchise n'ont guère pris de ride: les films sur l'impuissance ne courent pas plus les rues en 2013 qu'en 1960 ! C'est-dire si Le bel Antonio était avance sur son temps.

Plutôt que revoir La debandade, ruez-vous sur cette oeuvre où Bolognini prouve une fois de plus, aidé par le script de Pasolini et la puissance de Mastroianni, qu'il n'est pas le sous-Visconti que l'on a parfois raillé.


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De vincentp, le 17 novembre 2019 à 11:00
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu en dvd pour un avis en forte hausse. Le bel Antonio (1960) croise drame intimiste et chronique sociale, dans un contexte de société sicilienne urbaine contemporaine, placée sous la coupe de notables affairistes et machistes. A la même époque, Francesco Rosi dresse un portrait assez similaire de la société sicilienne de la campagne dominée par la mafia (Salvatore Giuliano (1962), Pietro Germi s'intéresse aux transgressions imposées par les normes siciliennes archaïques (Divorce à l'italienne (1961). Des tableaux urbains extérieurs et intérieurs en noir et blanc intègrent la population et les décors, rythment la progression du récit de Bolognini, emploient des tonalités sombres pour représenter les éléments les plus dramatiques. Pierre Brasseur endosse le costume du bouffon, exprime des réactions humaines spontanées et authentiques, contient la part dramatique. Un fond sonore discret, élaboré, pianoté, module le drame sous une forme acceptable.

Ce récit est l'histoire d'Antonio, naviguant entre ombres et lumières, écartelé entre son psychisme fragile et son affichage social de mâle dominant. Dixième minute : Antonio adresse quelques mots à Nantunza, employée introvertie de la famille, se replie dans sa chambre plongée dans l'obscurité, coupée de la luminosité extrême par un rideau ondulant. Il exprime à voix haute quelques pensées sur le vide de son existence. En quelques plans, sans emphase, avec une finesse exceptionnelle, Bolognini, présente à la fois les tenants et aboutissants de son récit, qui feront sens dans l'esprit du spectateur quatre-vingt minutes plus tard. Vacillante, mise à mal par la quête du pouvoir et de l'argent, l'humanité est portée par le cousin, Edoardo (Tomas Milian), mature, fin analyste, et de très bon conseil pour Antonio. La reconnaissance sociale est aujourd'hui celle de Bolognini, de ses acteurs et collaborateurs (Pasolini, Nannuzzi, Piccioni,…), qui inscrivent cette oeuvre artistique sur la durée.


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