Voici sans doute le film de Pierre Granier-Deferre le plus apprécié, y compris parmi ses habituels détracteurs , ceux que l'on trouve dans des bulletins paroissiaux comme "Libération\" ou "Les cahiers du cinéma". Ces plumitifs se sont rendus compte que leur tête de turc n'était pas qu'un champion du réalisme psychologique et qu'il pouvait s'aventurer dans l'irrationnel.
Une étrange affaire est un film étonnant,troublant, qui sort des sentiers battus du cinéma (commercial) de qualité. Un peu comme ce que fut Un papillon sur l'épaule.
La fine analyse de la domination d'un patron sur un employé suffirait à notre bonheur mais en outre, la mise en scène installe le trouble sans que l'on s'en rende compte.
Il faut dire que Granier-Deferre n'a pas son pareil pour diriger des acteurs qui participent au trouble éprouvé par le spectateur: un Piccoli
souverains, des comédiens comme Balmer
ou Kalfon,
très habiles pour distiller le malaise.
Et c'est l'occasion de regretter le parcours de Gerard Lanvin, acteur qui tenait à la fois de Dewaere
pour sa fragilité et de Ventura
pour son côté physique et bourru. Quel dommage qu\'il se soit égaré dans des productions de plus en plus faciles comme Le boulet
ou Camping.
Qu'on se le dise: Une étrange affaire est une superbe réussite du cinéma français ou le cinéaste de La veuve Couderc
affirme son génie du climat troublant !
Pas grand chose à ajouter l'excellent message de Verdun qui a parfaitement saisi cette étrange affaire. Un film dérangeant où s'installe très vite un mal-être qui frise l'insoutenable devant ce Gérard Lanvin
d'abord dubitatif puis très vite larvaire et obséquieux pour finir rampant devant un Piccoli
que l'on aimerait gifler tout le long du film ! Une étrange affaire
ou comment certains hommes sont nés pour dominer et d'autres pour se traîner Ad vitam æternam. Pierre Granier-Deferre
maîtrise parfaitement son triste sujet.
Un bémol : Je veux dire à Verdun que Lanvin ne s'est pas précipité, de suite après cet excellent film, dans Camping.
Il nous a quand même offert entre temps, de belles prestations. Il y a des jours… et des lunes,
dont je redis que c'est un des meilleurs Lelouch
à l'inverse de La Belle Histoire
qui est un sommet de ridicule, Le fils préféré,
Le Goût des autres,
les spécialistes
et d'autres que j'oublie. Et puis, il y a eu Camping,
c'est vrai. Faut-il le condamner pour autant ?
En attendant, cette Étrange affaire, toute étouffante soit-elle, est une œuvre qui tient au ventre !
juste un petit message pour voter pour la réédition de ce remarquable film.
En effet, impossible de revoir une étrange affaire ces temp-ci.
La seule solution consiste à débourser une somme importante sur des sites de ventes d'occasion où de retrouver par hasard un exemplaire.
idem pour d' autres films..
Et il est très curieux de noter que Pierre Granier-Deferre, qui remporta de nombreux succès publics, soit tellement boudé par l'édition…
Outre cette Étrange affaire, je me précipiterai, dès qu'ils sortiront, sur Paris au mois d'août,
Cours privé
et Noyade interdite
…. Mais rien n'est annoncé. Sans doute une question de droits…
Et puis non, se dit-on assez vite quand s'insinuent dans le récit des acteurs anxiogènes, Jean-François Balmer (qui a beaucoup interprété des inspecteurs de police vicelards) et Jean-Pierre Kalfon
(étrange comédien au sourire presque toxique) et que commence à se mettre en place la petite musique, pesante, de la déstabilisation de Louis. Dans tout le film, le pauvre garçon va être débordé, ballotté, submergé par la sorte d'influence démoniaque que Bertrand Malair/Michel Piccoli
exerce sur lui (exerce sur tous) sans rien comprendre à ce qui se passe en lui.
Pour quoi ? On n'en sait rien, donc, mais on marche, le spectateur marche parce qu'il sait bien que ce genre de fascination/dépendance existe, parce qu'il connaît ça dans son entourage, qu'il l'a peut-être subi, avec plus ou moins de force, qu'il se trouve vaguement gêné par des relations qu'il pressent de nature presque amoureuse, presque matrimoniale. Avec ou sans sexualité ? Ah, ceci est une autre histoire et le film n'éclaire pas grand chose.
C'est d'ailleurs là une des caractéristiques du cinéma de Pierre Granier-DeferreLa dernière séquence d'Une étrange affaire est d'un pessimisme radical. Malair a disparu, laissant ses hommes presque orphelins. Louis Coline attend qu'il revienne. Et il écrit à sa femme qu'il préfère attendre Malair que de revenir à la maison. Glaçant.
J'ai songé un instant au Locataire de Roman Polanski
: il y a quelque chose de tendu et de littéralement exaspérant, d'incompréhensible. Et donc de parfaitement véridique..
Si j'adhère à tous les commentaires précédents, je m'étonne que personne n'ait souligné aussi l'aspect réaliste, je dirais presque documentaire de ce film.
Tout au long j'ai retrouvé les travers, les trucs, la manière du patron pour mettre tout son monde à sa botte et le manipuler, en même temps que sa personnalité et ses problèmes personnels. En me remémorant un patron que j'ai eu et quelques histoires racontées par des collègues à propos d'autres patrons du même tonneau, on pourrait presque reconstruire le film de Granier-Deferre, à part peut-être la séance de rasage nu dans la salle de bain !
Oui, un film cauchemardesque, même pas prémonitoire, puisque ça devait déjà se passer comme ça dans les années 70. Alors aujourd'hui, avec la dureté du monde de l'entreprise et l'accélération de l'histoire…
L'interpretation est excellente, et on oublie presque que les acteurs jouent des rôles qui ne reflètent pas leur vraie personnalité. La fin tragique semble réelle, mais Louis Coline (Gerard Lanvin) dit l'avoir juste imaginée, il ne voulait pas affronter Bertrand Malair (Michel Piccoli).
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