Tous les thèmes de l'auteur sont représentés dans cette histoire : la femme inaccessible, le couple imparfait, l'artifice de la cellule bourgeoise, une image machiste du sexe faible… Et un humour très noir omniprésent, qui est sans doute l'élément le plus intéressant de cette histoire, avec le jeu des deux acteurs principaux : Carole Bouquet (dont le talent de comédienne est frappant) et ce brave Fernando Rey, l'aristocrate né, qui est au cinéma ce que notre intrépide Impétueux est à dvdtoile. Et puis on voit aussi une rue populaire de Courbevoie (me semble-t-il) il y a trente ans, avec ces petites maisons branlantes jouxtant le quartier d'affaire et ses tours de béton et de verre. De mon lieu de travail, je surplombe cet endroit (mais ceci reste entre nous). Quelques vestiges subsitent mais encerclés de toute part… Ils n'en ont plus pour longtemps. Un raccourci de l'évolution de notre pays, peut-être à sauvegarder !
« le jeu des deux acteurs principaux : Carole Bouquet (dont le talent de comédienne est frappant) et ce brave Fernando Rey. »
Ça fait bien, bien longtemps que je l'ai vu, mais n'y avait-il pas trois acteurs principaux, puisque le personnage féminin était joué par deux actrices, Carole Bouquet et Angela Molina
?
C'est vrai. La belle Angela Molina dont on aperçoit l'anatomie complète représente la part charnelle du personnage de Conchita, alors que Carole Bouquet incarne son aspect cérébral.
Qualifier de brave Fernando Rey, dont l'élégante distinction n'est pas exempte d'une certaine cruauté sarcastique de l'œil ne me semble pas, mon cher Vincentp, une excellente trouvaille…
Un adjectif plus acide conviendrait mieux…
C'est encore vrai. L'oeil et le sourire de Fernado Ray expriment souvent de la sarcasticité.
…ou même du sarcasme !
Mais depuis la bravitude, en matière de hardis néologismes, plus rien ne nous fait peur, n'est-ce pas ?
C'est toujours vrai. Vraiment désolé pour ce néologisme affligeant. Mais que voulez-vous, passer quatre heures par jour dans les embouteillages pendant une semaine, et être obligé de se lever à l'heure du laitier, cela vous change un chroniqueur.
Cet obscur objet du désir est l'adaptation très libre d'un sulfureux roman de Pierre Louÿs
(sulfureux mais finalement assez sage, bien davantage que d'autres livres de cet érotomane de talent). On compte six ou sept adaptations de La femme et le pantin, les principales étant la version muette
de Jean de Baroncelli en 1928, celle
de Josef von Sternberg
avec Marlene Dietrich
en 1935 et celle
de Julien Duvivier
avec Brigitte Bardot
en 1959. C'est dire si le thème de l'absolue fascination d'un homme à bonnes fortunes, d'un hédoniste qui a l'habitude qu'aucune femme ne lui résiste et tombe sur une jeune fille bizarre et entêtante qui se refuse à lui tout en jouant un jeu d'une grande perversité (tout autant que d'une absolue innocence ?) prête à la création romanesque.
N'empêche que, pour un film sur la frustration, c'est un peu frustrant.
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