Je ne suis pas assez familier avec l'oeuvre de Proust pour dire s'il s'agit d'une bonne adaptation ou pas, mais le film suit 24 heures de la vie d'un riche oisif névrosé et obsessionnel, harcelant une jeune femme – plus ou moins prostituée – de son amour étouffant, dont la seule fréquentation, risque de lui aliéner son milieu.
Il ne se passe rigoureusement rien, quelques flash-backs viennent rompre parfois la monotonie, mais grâce à la photo douce de Nykvist, quelques plans d'un Paris débarrassé de ses voitures, aux costumes très réussis, Schlöndorff parvient à faire croire à son voyage dans le temps. On va de salons en jardins, de cafés en bordels, suivant Jeremy Irons, plus blême que jamais. Le côté "europudding" du film est parfois dérangeant : Irons est doublé par Pierre Arditi et Ornella Muti par Micky Sebastian, et tous deux jouent des Français, au sein d'un casting tout ce qu'il y a d'hexagonal. La surprise vient évidemment de Delon, dans un rôle de vieux dandy homo, qui s'est fait une voix nasillarde à la Jean Marais, et joue un personnage pathétique comme dans Le professeur ou Notre histoire, semblant sorti d'un film de Visconti.
Un amour de Swann par sa langueur extrême, ne laisse effectivement pas grand souvenir, mais on peut s'y laisser prendre le temps qu'il dure, comme à la vision d'une vieille photo jaunie.
En effet, Delon est assez surprenant, ici. Bien sûr, en vieil habitué du cinéma italien, je n'ai aucune objection à briser le carcan oppressif des nationalités grâce à la magie du doublage (Rod Steiger dans Main basse sur la ville ! Philippe Noiret dans Mes chers amis ! Trintignant dans Le Conformiste !), mais il n'en reste pas moins que cette gageure de porter Proust à l'écran n'est qu'à moitié réussie, notamment parce que les dialogues restent… trop littéraires, malgré la présence de co-scénaristes éminents comme Peter Brook ou Jean-Claude Carrière. C'est regardable, mais en même temps je n'ai jamais vraiment perçu la nécessité d'un tel film.
Cependant, cher Jarriq, comme il serait dommage d'en rester là avec Volker Schlöndorff. Aussi, je me permets de vous signaler qu'on trouve présentement sur DVD en France son chef-d'oeuvre absolu, Le Coup de grâce, sur la guerre des Freikorps dans les Balkans.
J'avoue que Schlöndorff ne m'a jamais convaincu, que ce soit avec le surchargé, quoique très estimé Tambour, ou l'horrible Servante écarlate. Mais si ce Coup de grâce est son chef-d'oeuvre, j'essaierai.
Ça valait tout de même mieux que Le temps retrouvé, de Raoul Ruiz ! Le temps retrouvé est la dernière partie de La Recherche, celle où les fils se renouent ; quand je dis cela, ce n'est évidemment pas en faisant allusion aux intrigues de Sébastien Japrisot ni même aux épilogues de la bien plus talentueuse Comtesse de Ségur (née Rostopchine). Le temps est à la fois le fondement et la trame de l'œuvre du petit Marcel : prétendre, comme a fait Ruiz, le conclure sur le mode Que sont finalement devenus nos héros mystérieusement disparus ? est un contre-sens abominable !
En fait le film existe bel et bien en DVD et il s'agit d'une excellente édition, par contre il faut traverser les pyrénéens car il n'existe qu'en Espagne !
De ce que je connais de la "Recherche du temps perdu", ce film m'a semblé fort beau et envoûtant en tout cas (l'interprétation est impeccable), à noter une tentative intéressante à défaut d'être totalement convaincante de récréer la sonate de Vinteuil avec un langage musical contemporain par le compositeur allemand Hans Werner Henze (plus connu pour son apport à l'opéra).
pour les mélomanes voici un lien avec la musique : Les musiques de film de Henze
Personne n'est obligé de lire La recherche du Temps perdu et moins encore de l'apprécier. Il n'y a pas de pierre à jeter sur qui n'a pas envie d'entrer dans ce monument de plus de 3000 pages, où il ne se passe pas grand chose et où la richesse du style peut passer pour de la préciosité, l’acuité psychologique pour du maniérisme et les particularités des mondes aristocratique et bourgeois décrits pour de l'ethnographie désuète.
On peut ignorer, ou ne pas aimer mais on ne devrait pas avoir le droit de trahir à ce point l'esprit d'une œuvre littéraire d'une telle importance en la confinant à l'anecdotique et au décoratif. Pas plus qu'on ne peut adapter Albert Cohen du fait du déferlement de son langage, intraduisible à l'écran, on ne peut pas transcrire Marcel Proust : Luchino Visconti, que je n'aime pas trop mais dont la subtilité raffinée laissait penser qu'il aurait une certaine pertinence à le faire, y a renoncé, vite découragé par l'impossibilité de la tâche et le pathétiquement mauvais Temps retrouvé de Raoul Ruiz me fait encore grincer les dents. Pour Volker Schlöndorff la tentative était certes d'avance vouée à l'échec, mais Un amour de Swann pouvait paraître une option possible puisque c'était porter à l'écran l'anecdote de Proust et le faire avec cette partie là de La Recherche qui est la seule contée à la troisième personne et qui peut, à la limite, donner lieu à une certaine homogénéité du récit. Donc grosse coproduction internationale, distribution assez réussie (bien qu'Ornella Muti, excellente actrice par ailleurs, ne me semble pas du tout incarner l'Odette de l’œuvre littéraire) et luxe décoratif. Ah oui, de ce point de vue là le film est agréable, les costumes d'une parfaite élégance, les intérieurs vastes et luxueux et les quelques aperçus du Paris chic de 1880 (les alentours du parc Monceau notamment) enchantent. Et puis, à l'usage de ceux qui ont simplement entendu parler de La recherche, mais croient pouvoir en citer quelques passages éclatants, il y a quelques références. Certes pas la fameuse madeleine, mais quelques bouts de conversation, les vacheries délicieuses d'Oriane de Guermantes (Fanny Ardant), les jeux de mots idiots du docteur Cottard (Jean-François Balmer) et, en évidence, la constatation effarée de Swann (Jeremy Irons) : Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre !. Mais les adaptateurs, pour enfoncer le clou et déciller les regards de ceux qui n'auraient pas compris montrent surtout la capitulation de Swann, résigné à épouser Odette, incorporent une séquence inventée et située très postérieurement où l'on voit le héros, marié et père de famille se promener mélancoliquement en compagnie du baron de Charlus (Alain Delon) qui, au demeurant, intervient à peine dans Un amour de Swann (le livre) et n'est encore nullement identifié comme homosexuel… Et, tant à faire, ces mêmes adaptateurs vont chercher des expressions ou des situations qui figurent dans d'autres parties de La recherche et les incorporent sans aucune vergogne dans leur film ; ainsi Tu me mets aux anges ! expression d'amour saphique n'est pas employé, réellement, par Odette, mais par Albertine, dans La fugitive ; ainsi l'anecdote des souliers rouges de la duchesse figure-t-elle dans Le côté de Guermantes.On peut, bien entendu, estimer que tout cela n'a aucune importance et sans doute, d'ailleurs, n'en a effectivement aucune. N'empêche que si vous ne voulez pas qu'un Proustien vous ricane au nez (ce sont des fanatiques, je le sais : j'en suis !), vous n'avez pas intérêt à citer dans une conversation le film de Schlöndorff autrement que pour vous en gausser avec méchanceté…
J’apprecie Proust, mais il faut du "courage"pour lire tout Proust. L'adaptation semble fidèle au roman, peut être un peu trop académique. Un coté erotique dans une sorte d’imaginaire au début à 3 mn 19 et à 1 h 15 en situation réelle dans un coche,lorsque Charles Swann met en place une orchidée dans le corsage d'Odette
. Proust disait "faire catleyas".Odette tenait à la main un bouquet de catleyas et Swann vit, sous sa fanchon de dentelle, qu’elle avait dans les cheveux des fleurs de cette même orchidée attachées à une aigrette en plumes de cygne. » PROUST, Du côté de chez Swann. A 17 mn dans un coche, Swann Aujourd'hui les catleyas n’ont pas besoin d’être arrangés . Un radiateur , à premiere vue, à 5 mn 19, me semble anachronique. En fait il s’agit du dos d’un fauteuil avec son repose tête ! Il fait penser à un radiateur electrique, et c’est terriblement d’actualité avec les problèmes d’énergie aujourd'hui. Curieux fauteuil, on dirait deux fauteuils face à face très proches, ou un fauteuil avec un repose pieds démesurément surélevé voire un canapé pliant. Les radiateurs existaient du temps de Proust. histoire du radiateur ,Les premiers radiateurs électriques apparurent en 1880, mais étaient très differents de ceux d'aujourd'hui. Sans évoquer les radiateurs, Proust disait à propos de l’électricité "c’est un luxe charmant" (à l’ombre des jeunes filles en fleurs). Le lien ci dessus extrapole peu efficaces,les premiers radiateurs sont des objets d’apparat.Ils sont, comme le dit Marcel Proust à propos de l'électricité "un luxe charmant". J’ai trouvé les "fauteuils radiateurs moins convainquants sur le lien ci dessous "Charles Swann le charmant stérile" . Il existe des fauteuils radiateurs a brancher sur le chauffage central ! (Prévoir de bons coussins) Fauteuil radiateur aux enchères, fauteuil radiateur rouge à Drouot,pub fauteuil radiateur années 1920 . Je n'ai trouvé que deux occurrences du mot cheminée dans le roman …un dromadaire l’argent niellé aux yeux incrustés de rubis qui voisinait sur la cheminée avec un crapaud de jade…. Diverses cheminées dans le film à 18 mn ,47 mn du feu dans la cheminée , 1 h 33 mn 26 . Dans du côté de Guermantes le feu de cheminée tient une place importante. Odette la niçoise, Odette etait connue à Nice selon le film , à 44 mn 19 Charles cherche une Chloé susceptible de lui donner des renseignements sur Odette . Chloé lui est présentée par une tenancière de maison close. Charles Swann dit à Chloe, une prostituée qui vient de Nice il paraît qu'à Nice tout le monde sait qui est Odette de Crecy, la scène est tres crue, et en évoquant Odette ,Charles Swann semble vouloir y apporter une touche de romantisme. Proust qui n'est jamais allé à Nice fait remarquer qu'Odette vient de Nice dans a la recherche du temps perdu, Odette Il crut même comprendre une fois que cette légèreté des moeurs d'Odette qu'il n'eût pas soupçonnée, était assez connue, et qu'à Bade et à Nice, quand elle y passait jadis plusieurs mois, elle avait eu une sorte de notoriété galante. Sous la plume de Proust, j'ai trouvé une Chloé dans "sodome et Gomorrhe" Je n’aime que Chloé au monde, elle est divine, elle est blonde, et d’amour mon cœur s’inonde. (Allusion à Daphnis et Chloé,Chloé était blonde), mais à priori pas dans "un amour de Swann". C'est scabreux mais la scene illustre Sodome…Antisemitisme de l'epoque , Charles Swann, Charles Swann ou le Charmant Stérile est un juif assimilé Il est vrai que Swann est juif. Mais jusqu’à ce jour—excusez-moi, Froberville—j’avais eu la faiblesse de croire qu’un juif peut être Français, j’entends un juif honorable, homme du monde. Or Swann était cela dans toute la force du terme. Hé bien ! il me force à reconnaître que je me suis trompé, puisqu’il prend parti pour ce Dreyfus (qui, coupable ou non, ne fait nullement partie de son milieu, qu’il n’aurait jamais rencontré) contre une société qui l’avait adopté, qui l’avait traité comme un des siens. Il n’y a pas à dire, nous nous étions tous portés garants de Swann, j’aurais répondu de son patriotisme comme du mien. Ah ! il nous récompense bien mal. (Sodome et Gomorrhe 678/77). Ces dames font remarquer son judaïsme au salon script du film A 16 mn 40 C'est drôle de voir un juif l’invité d’une famille qui a produit trois papes et je ne sais combien de cardinaux. Je sais qu’il est converti et ses parents aussi. Mais on dit que les convertis restent plus attachés à la religion que les autres. Antisemitisme avec ce jeune juif aux cheveux longs que l'on voit refoule d'un salon par le maître d’hôtel à 21 mn , mais invite a la table de de Charlus (Alain Delon) qui lui temoigne une fausse compassion docplayers un amour de Swann un film mal aimé Le jeune homme juif sans nom qui apparaît dans plusieurs brèves séquences du film, est la synthèse de Bloch et du Narrateur. Comme le père de Bloch dans le roman, ce jeune homme habite rue des Blancs-Manteaux, ce qui semble à Charlus un comble de perversité, une profanation. Charlus lui pince là joue . On le revoit a 23 mn 50 à table avec Charlus et rejoint par Swann et Odette ,Charlus lui tient "amicalement" le visage et dit '' Vous ressemblez au portrait de Mohammed II (Mehmed II) par Bellini. On ne vous la jamais dit ?" . Charlus a du voir dans le nez fin et crochu de Mehmed II une analogie avec les caricatures antisémites de l’époque, alors que le nez du jeune juif est fin et pas crochu ! Mehmed II était évidemment musulman ! Son nez fin crochu s’abaisse sur des lèvres pleines et sensuelles. « Son apparence rappelait, disait-on, celle d’un perroquet sur le point de croquer une cerise ». A 1 h 12 mn le jeune juif sort brusquement d'un fiacre ou il se trouve avec Charlus qui le rejoint, le jeune dit Je croyais que vous vouliez regarder le soir la lune avec moi-Charlus : la plus grande des sottises est de trouver ridicule des sentiments que vous ne partagez pas, j’aime les ténèbres, vous les craignez,au revoir, mon affection pour vous est morte…-le jeune:je ne voulais pas vous offenser-Charlus : qui dit que je suis offensé, hautain Vous ne savez donc pas quel prodigieux personnage je suis ? Pour les meilleurs d’entre nous tout bas qui étudient les arts…comme Diogene dans son tonneau nous cherchons un homme (homosexualité sous entendue)…vous n'en valez pas la peine…adieu monsieur , nous ne nous reverrons jamais . Que s'est-il passé Dans le fiacre ? Le baron Charlus était homosexuel sous la plume de Proust. Proust , juif par sa mère était Dreyfusard. Le personnage du Baron Charlus (Alain Delon) dans le film est conforme à la description qu’en faisait Proust . Orgueilleux, imbu de sa personne, antisémite, antidreyfusard Très imbu de sa personne, il est monstrueusement orgueilleux et peu faire montre d’une grande brutalité avec ceux qu’il n’aime pas. .Page générée en 0.011 s. - 5 requêtes effectuées
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