Le citoyen Jarriq et moi-même avons été salués récemment par Impétueux (un pilier de dvdtoile auquel on peut accorder toute confiance) pour – et je cite ! – notre « courage indomptable ». Car, surmontant nos craintes, nous avons osé voter pour Cipolla Colt ! Aussi est-ce gonflé à bloc et roulant des mécaniques – voire en me trémoussant tel un coq de basse-cour dans mon kimono "grande taille", comme Toshirô Mifune
dans Yojimbo
! – que je vote aussi pour cette comédie satirique de Dino Risi
qui, il faut bien le dire, connut l'échec lors de sa sortie en salles.
Est-ce que cet échec commercial de Risi (réparé aussitôt avec Sessomatto puis Parfum de femme)
dépend du film, ou du distributeur ? Je l'ignore. Il est aussi possible que le public ait marqué une résistance à une comédie traitant du terrorisme, alors qu'en 1973, les attentats d'extrême-gauche comme d'extrême-droite avaient commencé dans la péninsule (et le pire, on le sait, restait à venir). Il est possible aussi que ce soit un petit cru, qui sait ? Il y en a, des petits crus chez Risi
; comme il y en a chez Monicelli,
Comencini
… c'est normal. Ça se passe généralement ainsi chez la plupart des spécialistes de la comédie, de Blake Edwards
à Philippe de Broca
en passant par Itami. (Et même Chaplin
pouvait se planter, comme on le voit avec Un Roi à New York).
Mais bon, dans le cas de ce Risi peu connu, je ne sais pas de quoi il retourne. Ce ne sont que des spéculations dont seul un DVD peut me permettre d'avoir le coeur net !
Pour le reste, je sais seulement que c'est l'histoire d'Oliver Reed et ses amis anarchistes qui enlèvent Marcello Mastroianni
et sa maîtresse, l'accorte Carole André.
Avertissement sans frais aux éditeurs : Mordi e fuggi fut distribué avec deux fins différentes (eh oui). Comme nous sommes à l'âge du DVD, nous voulons évidemment avoir les deux dans la boîte !
Malgré ma méfiance instinctive envers les "europuddings" (Oliver Reed en terroriste italien, j'ai des doutes…), et pour confirmer l'héroïsme dont nous avons su faire preuve avec Cipolla colt,
je vote pour ce Risi
inconnu au bataillon.
C'est dur parfois, d'être un héros…
Rapt à l'italienne est constitué de deux parties. La première s'apparente à un road-movie, qui évoque forcément Le fanfaron.
Fabrizio (Marcello Mastroianni)
, industriel qui souhaitait juste passer du bon temps avec sa maîtresse, a le malheur de se trouver nez à nez avec des terroristes d'extrême-gauche venant de commettre un hold-up sanglant.
Le couple devient l'otage des malfrats.
La police est impuissante, elle se contente de suivre la voiture. Puis les médias s'ajoutent à ce convoi ainsi que des caravanes publicitaires !! La famille de l'industriel rechigne à payer la rançon, d'autant plus que l'infidélité de ce dernier est étalée au grand jour. Cette première partie est du Risi
de la meilleure veine.
Rapt à l'italienne apparaît comme un pamphlet post soixante-huitard assez virulent que l'on pourra juger, selon l'humeur, irrévérencieux ou caricatural. En effet, Fabrizio-Mastroianni
est présenté comme un bourgeois insupportable de lâcheté et de veulerie. Dans un rôle qui semblait taillé pour Alberto Sordi,
Mastroianni
offre une composition assez remarquable. A l'inverse, les terroristes apparaissent comme des gens courageux voire séduisants, et ce malgré leurs exactions. Le fait d'avoir confié le rôle du chef des bandits à Oliver Reed,
acteur au charisme "animal", est très évocateur.
La fin, sombre et audacieuse donc typique du cinéma italien de la grande époque, achève de donner une bonne impression d'ensemble.
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