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Sujet : "Ca se passe dans un restaurant"


De philou.rodez@voila.fr, le 17 juillet 2004 à 18:35

"l'ami de mon amie" est une excellente synthèse de l'oeuvre de Rohmer. Une fois de plus, le cineaste apporte la sérénité au spectateur, en lui montrant la beauté des choses simples présentes dans la nature, mais aussi en l'interessant avec une histoire dont on veut savoir comment elle finira. On aime ou l'on aime pas Rohmer…Moi j'adore. Ce film marque les années 1980, comme "Subway", comme "quelques jours avec moi". A voir absolument pour tout amateur de films français et européens.


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De vincentp, le 23 juillet 2007 à 11:00
Note du film : 4/6

Comme Marcel Beliveau, Eric Rohmer a souvent posé ses caméras dans des restaurants. La caméra cachée du cinéaste français nous propulse dans les jeux croisés de l'amour de quatre jeunes gens, interprétés par de jeunes acteurs, dont on se demande bien aujourd'hui ce qu'ils sont devenus. Au fil des rencontres dans la ville alors nouvelle de Cergy Pontoise se déroulent des petits drames de la vie amoureuse. Ville nouvelle, géométriquement structurée, à la lisière de la campagne, hétérogènement constituée, et de la grande agglomération. Une vie à la frontière du naturel et de l'artificiel. Tout à l'image des attitudes et des sentiments des personnages, dont certaines de leurs pensées sont marquées par la spontanéité (et la bonté), et d'autres par la ruse (le carriériste, manipulateur de ses semblables). Un beau film, témoignage des moeurs d'une époque, belle étude psychologique, marquée par les affres et les petits bonheurs de l'instant présent.


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De Impétueux, le 12 août 2007 à 19:30
Note du film : 4/6

A mes yeux, un Rohmer de seconde zone (il n'y en a pas de troisième !) et certainement le moins bon de la série des Comédies et proverbes. Il ne me semble pas que ça puisse vraiment démarrer, et même ces égarements et incertitudes du cœur, marque de fabrique de l'immense talent de ce cinéaste atypique semblent artificiels, guindés, invraisemblables.

Le chassé-croisé amoureux est – au moins depuis Marivaux – une des figures de style typiques de la littérature et du cinéma français ; il n'y a donc rien là qu'on puisse reprocher, et la continuité de toute l’œuvre rohmérienne est impeccable, mais il me semble que la recherche formelle prend le pas sur le réalisme des situations : grandes perspectives urbaines de Cergy-Pontoise, géométries trop parfaites pour être séduisantes, recherche un peu trop habile (donc un peu vaine) de symétrie dans les couleurs (la scène finale est typique : les quatre protagonistes sont vêtus de la même façon, les uns de vert, les autres de bleu : et c'est l'interversion qui conclue le film : la bleue est désormais avec le vert, le bleu avec la verte : c'est trop intelligent – ou trop primaire ? – pour être honnête, ou convaincant).

Cela dit, mon 4 est un 4 d'amoureux de l'intelligence et de la précision de Rohmer, l'analyste le plus subtil du cinéma français, le seul dix-huitièmiste que nous ayons (peut-être avec Renoir, quelquefois) ; c'est un 4 d'exigence et de classement relatif : L'ami de mon amie ne tient pas le choc du Genou de Claire ou même de Pauline à la plage, mais s'il pleuvait des films comme ça tous les mois, on se réconcilierait avec le cinéma contemporain !

Une remarque qui me vient à l'esprit : après Les nuits de la pleine lune où Marne-la-Vallée était à la fête (!), c'est une autre Ville nouvelle, Cergy, qui est sur le devant de la scène ; lorsque l'affreux Godard filmait Alphaville ou 2 ou 3 choses que je sais d'elle , le gauchard en peau de lapin qu'il était, et qu'il est resté exhalait, de son opulente Suisse romande, ou des rues friquées du Sixième arrondissement la vertueuse indignation du bourgeois honteux et relaps qu'il a toujours été. Lorsque le réactionnaire Rohmer (voir L'Anglaise et le Duc ou L'Arbre, le maire et la médiathèque, si l'on conteste ce qualificatif, qui est, de mon point de vue plutôt valorisant), donc lorsque le réactionnaire Rohmer filme la banlieue, il le fait sans sympathie, mais sans hypocrisie : il y a des tas de gens qui vivent là, et qui ne s'y trouvent pas mal…

Mais ceci, disait Kipling, ceci est une autre histoire !


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De droudrou, le 12 août 2007 à 20:07

J'ai beaucoup aimé "L'anglaise et le duc" mais n'avais pas pris en compte qu'il s'agissait d'un film de Rohmer !


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De vincentp, le 12 août 2007 à 20:26
Note du film : 4/6

Vous êtes en forme, Impétueux, depuis votre retour de congés, débitant sur l'estrade de ce forum, du phrasé à la tonne comme un personnage de Molière… Pan sur le bec de "Jacques Viallon", un coup de crayon dans les roupettes de Jean-Luc Godard, une remise à niveau de l'oeuvre de Antonioni, qui serait recalé avec vous au concours d'entrée de la Fémis …

Certes l'histoire du chassé croisé amoureux de L'ami de mon amie n'est pas d'un grand intérêt en soi mais il sert de support à une belle étude psychologique. Laquelle met en évidence, finement, la façon dont les émotions et pensées des uns et des autres interagissent. Parfois de façon logique, parfois de façon énigmatique. La psychologie de Blanche évolue ainsi imperceptiblement, au fil des péripéties du récit. Petite fille timide, puis plus téméraire, en proie à des émotions diverses, que nous partageons. L'interprétation de Emmanuelle Chaulet est une des plus belles compositions jalonnant l'oeuvre de Rohmer. Comment se fait-il que cette actrice talentueuse n'ait pas accédé à la renommée ? Le soutien actif de RdT lui a-t-il manqué ? Un film qui restera énigmatique aussi par cet aspect.


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De Impétueux, le 13 août 2007 à 10:08
Note du film : 4/6

Ne mélangeons pas la subtilité intelligente de Rohmer avec les gros sabots suisses de Godard, s'il vous plaît ! Je crois avoir écrit que L'ami de mon amie ne me semble pas un des meilleurs opus des Comédies et proverbes, mais que c'est tout de même un bien intéressant spectacle, avec, vous avez raison, cette qualité d'analyse psychologique, cette mise au clair de la subtilité des rapports humains et des relations entre les êtres que l'on aime tant dans ce cinéma-là !

Quant à vos piques, que dire ! Je n'allais pas jouer les pleureuses pour deux cinéastes, Bergman et Antonioni, qui m'ont toujours sévèrement gonflé, et c'est Viallon, revenu d'un cours de rattrapage accéléré de syntaxe et d'orthographe françaises – où il s'est montré le cancre habituel – qui m'a relancé…

Ce qu'on ne fait jamais sans susciter en moi le délicieux émoi des matins de bataille !


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