Pas trop marqué par la "griffe" Lelouch, qui irrite tant ses détracteurs (dont je suis, parfois), Le bon et les méchants fait partie de ses films les plus "normaux", bâtis sur un scénario qui se tient, avec un minimum d'impro en roue-libre, et une certaine sobriété de mise en scène.

Bien sûr, on a droit à des plans de voitures lancées à tombeau ouvert, à des plans-séquence inutiles (le générique pénible avec le prof de danse), mais dans l'ensemble, c'est un joli film, tout en sépia, où les comédiens sont à leur avantage : Dutronc moins nonchalent que de coutume, Jobert moins minaudante, Villeret égal à lui-même, et surtout Cremer, excellent en flic ambigu, jouant triple jeu avec un total manque de scrupule. Le film se passant dans le milieu de la résistance, la présence de Reggiani renvoie plus ou moins consciemment à L'armée des ombres, et c'est fort bien ainsi. Si le scénario se tient, malgré quelques lenteurs (le très long hold-up du train), on se prend à regretter que le film ne traite pas davantage de ces deux personnages de charognards que sont Bony & Lafont, qui ne font que passer, le second étant quelque peu caricaturé par un Kalfon plus malsain que jamais. Mais tel n'était pas le propos de Lelouch, et sa gageure de faire une comédie sous l'Occupation est réussie. A classer avec La bonne année et Robert et Robert, parmi ses vrais bons films.

Curieusement, je me fais la réflexion que ces trois films font partie des rares de sa filmo, qui n'ont pas pour vedette une de ses épouses du moment… Que peut-on en conclure ?

Que ces trois films là ont été réalisé pendant la période des soldes!…

J'ai suffisamment écrit ici et là que les réalisateurs avaient le plus souvent tort de faire touyrner leurs femmes ou maîtresses (Pagnol et Orane Demazis, puis sa Jacqueline , Clouzot et sa Véra , voire Guitry et sa Geneviève ) pour n'être pas frappé par la justesse de l'observation de PM Jarriq !

C'est vrai qu'il n'est pas mal, celui-là. Je l'ai revu sans déplaisir, il n'y a guère. Un autre Lelouch que je testerais de nouveau, c'est Le Voyou avec Trintignant. Au moins pour l'acteur, à défaut du réalisateur !

Deux exceptions notables, de réalisateurs qui ont bien eu raison de faire tourner leurs compagnes : Cassavetes, qui sut comme personne magnifier Gena Rowlands, de Une femme sous influence à Opening night, et Woody Allen qui a créé de magnifiques personnages en filmant Diane Keaton.

Des exceptions qui confirment la règle, bien sûr…