En (re)visionnant aujourd'hui 'Le Tonnerre de Dieu', un sentiment de bien-être vous accapare. Telle une sorte de bouffée d'oxygène, tandis que l'ère du zapping bat aujourd'hui son plein. Au lieu de se détériorer, le cinéma de Denys de la Patellière
('Les grandes familles
', 'Un taxi pour Tobrouk
'…) jouit plus que jamais de son époque, de ses vedettes, de ses valeurs et de ses beaux mots. Une pléiade de bons sentiments aussi, sans que l'on ne tombe toutefois dans l'excès. Et une histoire certes simple, mais dont on ne décroche jamais.
Riche vétérinaire à la retraite et sans enfants, un Jean Gabin fidèle à lui-même recueille une jeune et insouciante prostituée, Michèle Mercier,
prisonnière d'un proxénète sans scrupule, le pourtant élégant Robert Hossein.
Joli coup de la production, ces deux derniers acteurs étant alors au faîte de l'actualité – nous sommes en 1965-, avec le début de la saga d'Angélique.
Ils aideront naturellement à faire de ce Tonnerre un gros succès, tourné en partie dans les alentours de Nantes, ville originelle du réalisateur. A noter que Georges Garvarentz,
beau-frère de Charles Aznavour
(dont on entend un morceau dans le film), signa ici l'une de ses meilleures bandes-originales.
Un résultat donc probant, révélateur d'un temps que l'on regrette sitôt la fin d'un film, qui devrait être diffusé plus qu'une fois par décennie sur les grandes chaînes nationales. Une fiction qui prouve par ailleurs, qu'il ne faut pas nécessairement vingt mouvements de caméra à la minute pour obtenir un résultat visuel efficace. Et finalement, tellement reposant. Un film à déguster.
Bonjour David Ah elle était terrorisée la petite Michèle à l'idée de tourner avec Jean Gabin, et puis rien, finalement tout s'est bien passé. Le souteneur (Robert Hossein) est bien gentil quand même, il ne lutte pas beaucoup pour récupérer son gagne pain, ce qui donne à ce film un coté fable moralisateur.
Le film a quand même pris un coup de vieux, il à moins bien vieilli que d'autres Gabin de la même époque : Rue des prairies
ou Gas-oil
tiennent mieux le coup .
Le problème vient de Denys de La Patellière ; chez ce réalisateur il y a du bon et du mauvais , Un taxi pour Tobrouk
ou Les grandes familles
en bien, Du Rififi à paname
en mal, c'est aussi lui qui a réalisé les deux plus mauvais films de Gabin,
Le tatoué
et l'ignoble Le tueur.
Ici c'est moyen ; premièrement le film fut massacré à sa sortie par Bernard Clavel qui avait vu dans ce film une trahison de son roman, la réalisation est brouillonne et la môme Mercier a hélas, peu de choses à faire .
Alors que reste-t-il ? Gabin bien sûr, anarchiste et gueulard il constitue à lui seul une raison de suivre cette histoire. A noter la présence d'un second rôle souvent oublié Georges Géret,
alors jeunot .
Et pour l'anecdote Pierre Granier-Deferre dit avoir hésité longuement avant de confié l'écriture du scénario Le chat
à Pascal Jardin choqué par une réplique écrite par ce dernier dans Le tonnerre de dieu,
Gabin
criant à sa femme Lilli Palmer
qui n'a jamais pu avoir d'enfant : Ton ventre, tu veux que je te dise, ton ventre, eh ben c'est un cimetière d'enfants .
C'est sans réserve aucune que je rejoins l'avis de David-h ! Un sentiment de bien-être, mais oui, c'est tout à fait ça ! On a l'impression qu'avec ce Tonnerre de dieu, Denys de La Patellière
s'offre une récréation bucolique. Mais pas fou, le réalisateur des Grandes familles
: Il ne nous livre pas ici une adaptation des plus fidèles du roman de Clavel. D'abord, il expatrie toute la haute et basse cour, elle qui, dans le livre, étouffait dans la pollution Lyonnaise, dans la campagne Nantaise. Et puis il en profite pour rendre Léandre Brassac un peu plus argenté ce qui lui permet de s'attaquer à l'essentiel de l'histoire, sans croûler sous les dettes. Parce qu'à mon avis, et avant tout, Le tonnerre de dieu,
c'est l'histoire d'un chagrin chez un homme qui avait presque tout pour être heureux. Sauf un enfant … Et ce chagrin, Gabin
nous le livre à petites gouttes de breuvages qui l'aident à se désinhiber de ce drame. Bien sûr, on peut gloser à l'envi sur mille petits détails mesquins concernant un éventuel vieillissement du film. Je prétends qu'il est d'actualité et comme le souligne fort bien David-h, sans nul besoin de moults mouvements de caméras pour aller à l'essentiel. Et quoi que l'on en pense, le tonnerre de dieu
tient encore formidablement la route.
Peu importe que l'adorable Michele Mercier renonce si vite à son statut de putain, que son Jeoffrey de Peyrac de proxénète lache si vite et presque tendrement son gagne-pain. Le principal n'est pas là. Il y a dans ce film un personnage essentiel qui passerait presque inapercu tant il est souffrant comme les pierres du château et discret : C'est la femme de Brassac. La merveilleuse Lilli Palmer
!
Cette femme fit une brillante carrière aux USA et vint faire quelques petits tours par chez nous. Elle fut, par exemple, Odette de Starenberg dans le film où trainait encore un peu de parfum d'un Guitry qui allait nous quitter : La vie à deux.
Dans ce Tonnerre de dieu
elle représente la femme éperduement amoureuse dans un silence et une patience cadeau pour un mari qui tutoie les anges un peu trop souvent, et qui lui reproche un ventre cimetière d'enfants… Elle ne bronche jamais ! Elle encaisse. Tout. Les chiens ramassés, les putes de même, tout ! Elle est magnifique dans son renoncement et sublime dans l'immense amour qu'elle porte à son Gabin
de mari, atrabilaire chronique et poliment désespéré. Michèle Mercier,
Angélique
depuis peu disparait complètement devant la candeur de cette actrice et ce rôle qu'elle défend avec merveille. Plusieurs très jolies scènes lui offre la possibilité de redire en silence ou en quelques phrases parcimonieuses le chêne charmant qu'elle est face à son roseau de mari à la grande gueule.
Par rapport au livre, le film est très aéré, au sens propre et figuré. Même avec une imagination débordante, il est difficile en lisant Qui m'emporte, le livre de Clavel, d'entendre le chant des grenouilles ou le vent dans les arbres. Et la scène de l'orage dans la grange est fort bien reussie.
À ce propos, Georges Géret, bien jeune et dans sa période la plus faste car après Compartiment tueurs
il devint méconnaissable, est excellent et j'ai envie de dire comme d'hab. Même si il est doublé dans la grange pour faire face aux chevaux terrorisés. Le côté misantrope de Gabin
est peut-être un peu trop appuyé, c'est vrai. Mais très paradoxalement, il garde la stature qu'il avait dans Archimède, le clochard,
un poivrot distingué. Et en tendant bien l'oreille, par instants, on entend comme des tonalités du Baron de l'écluse
… En tous cas, il y est bon et autrement moins ridicule que dans sa jupette de Golgotha
(!). Mais tout ce petit monde est à sa place. A t-on volontairement, à des fins promotionnelles, reconstitué le duo Mercier
/Hossein
qui démarrait en trombe la saga des Angélique
? On le dit
…Je remarque que notre site nous présente une affiche du Tonnerre de dieu (Matrimonio alla franchèse) qui reprend le même dessin que pour Angélique.
Le hasard ferait-il aussi bien les choses ? Ou les dessinateurs était-ils en manque d'inspiration ? Et ça frappe en cette année 1965. Car malgré la fraicheur du vent léger de Mary Poppins,
ils balayaient tout sur leur passage. Mais peut-être ont-ils été choisis parce qu'il fallait que ce soit eux, tout simplement. En tous cas, la belle et sensuelle Mercier
est à sa place. Hossein,
lui, sans sa célèbre cicatrice reste un peu en retrait. Mais Hossein
un peu en retrait, c'est comme une marque de fabrique..
Oui, David-H a raison, je le redis. Et je partage très grandement son enthousiasme. Dans ce beau film sur la vie avec tout ce qu'elle comporte de tempêtes et de ciel bleu, il fait bon entendre le vent faire revenir à la raison les gens élégants et les autres. Et puis quoi ? Quand Léandre Brassac se cuite, c'est un vieux singe
qui se souvient du Yang-Tsé-Kiang qui n'est pas loin .. Il se met en rogne, c'est Noël Schoudler
qui éructe ! Et quand, en tout bien tout honneur, il est câlin avec sa protégée, c'est Monsieur
qui reprend du service. On est en famille dans ce film. Et pour longtemps encore. Le tonnerre de dieu
ressemble à un cours de rattrapage.. On se sent bien. C'est facile, je sais.
Mais on se sent bien.
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