Un des très grands films de Capra, dont le titre est en parfaite adéquation avec le contenu. Face à un homme d'affaire vénal, qui en veut toujours plus, et qui est prêt à toutes les bassesses morales, s'oppose une tribu de bohèmes farfelus, qui vit dans le désordre le plus total, au milieu d'objets hétéroclites. "L'argent opposé au plaisir de vivre" selon les termes du critique J Lourcelles. Mais c'est également une histoire parfaitement construite, accessible à tous, qui donne vie à un grand nombre de personnages, ceux-ci se croisant et s'entrecroisant, au gré de saynètes loufoques particulièrement réussies.
Une réflexion magnifique, de la part d'un auteur qui baigne alors dans la réussite matérielle, sur ce que peut être et ne pas être une société capitaliste. Sans remettre en cause les fondements du système, Capra met en évidence la nécessité de surveiller celui-ci comme le lait sur le feu, pour en gommer ses excès. Un sujet bien évidemment toujours d'actualité !
Un grand film à rééditer en dvd !
Merci Vincent d'avoir présenté ce joyau de la comédie sociale.
Vous ne l'emporterez pas avec vous reprend plusieurs des thèmes chers à Frank Capra comme la satire corrosive ou la prééminence des bons sentiments. Cette fable sociale met en exergue le non-conformisme et l'humanisme face aux valeurs étriquées de la bourgeoisie américaine aveuglée par l'argent, les apparences et le pouvoir.
Capra nous fait prendre conscience de notre soif inassouvie de progrès, de gloire et d'ambition, non pas pour prôner l'anarchie ou la désobéissance civile (quoique que la famille Vanderhof se refuse à payer l'impôt), mais nous faire réfléchir sur les réalités sociales de son temps. L'ensemble est présenté sur le ton de la comédie et de l'optimisme. Certains trouveront ce film manichéen et utopique, mais c'est tellement beau et bourré de bons sentiments qu'on retrouve nos yeux d'enfants face à ces personnages attachants et émouvants.
Ce film de 1938 se situe dans la période florissante de Capra où de 1934 à 1946, il signa une bonne demi-douzaine de comédies intelligentes et subtiles comme New York Miami, L'extravagant Mr Deeds, Mr. Smith au sénat, Arsenic et vieilles dentelles ou La vie est belle. A part Lubitsch et Wilder, quel autre réalisateur fut capable d'une telle densité de films conçus comme de véritables moments de bonheur ?
Il faut rendre aussi hommage au couple cinématographique James Stewart et Jean Arthur, qui fut reconduit l'année suivante par Frank Capra dans Mr. Smith au sénat.
Messieurs (Vincent en particulier dont j'ai apprécié certains messages sur des œuvres de Preston Sturges ou Capra) vous allez me faire rougir à force d'éloges. Comme vous avez dû vous en apercevoir, je suis une inconditionnelle des comédies romantiques américaines de l'age d'or hollywoodien. Je succombe littéralement devant le sentimentalisme d'un Wilder, la truculence d'un Hawks, la subtilité d'un Lubitsch, d'élégance d'un McCarey (ah ! je fonds devant Elle et Lui) ou l'humanisme d'un Capra. Tous ces réalisateurs ont en commun de nous procurer l'espace d'un instant du bonheur sans artifice, sans fard. Voilà pourquoi, je ne pourrais jamais « dépecer » ou analyser un film, comme certains ici en sont capables, mais je dépeins seulement les sentiments éprouvés face à l'œuvre et aux acteurs.
Mais ne croyez pas que je dénigre pour autant les autres genres. J'ai découvert récemment, grâce à mon père, des films de Mankiewicz, Walsh, Renoir (sublime La grande Illusion), Christian-Jaque, Hitchcock, Minnelli ou Jacques Demy. Et finalement, je me suis pris de passion pour ce « vieux » cinéma alors qu'auparavant je me contentais des standards actuels sans chercher vraiment la qualité. Et puis, je compte sur vous pour éclairer mes choix à venir.
Heureusement, que le Dvd permet à des néophytes – comme moi – de (re)découvrir de tels moments d'émotion. Parce que, dans ma région, on a plus de chance de croiser des noix, des champs ou des castors que des ciné-clubs.
Ce qui est un peu forcé – puisque, on vous le dit et on ne le redira jamais assez, ça vient du théâtre, où il faut naturellement forcer tous les effets – c'est que la famille (au sens large) de la gracieuse Alice est composée d'un régiment sympathique d'hurluberlus, tous atteints d'une petite flamme de bizarrerie, attisée par l'excellent, bienveillant Vandenhof dont la philosophie essentielle est finalement celle de l'abbaye de Thélème : Fais ce que voudras. D'où cette communauté libertarienne et fort drôle où coexistent sans peine des tas d'originaux, plus ou moins cinglés, au milieu d'une grande gaieté. La morale de l'histoire veut que ce soit le groupe un peu illuminé qui l'emporte sur le capitalisme agressif desséché. Pourquoi pas ? C'est assez animé et sympathique. Comme dans tous les films de la période, tout finit par s'arranger au mieux : les amoureux, un temps séparés, se retrouvent, les adversaires se tombent dans les bras, les familles, si différentes qu'elles étaient, fusionnent (ou presque), les projets immobiliers destructeurs sont abandonnés.
Tout cela est filmé frontalement, sans talent particulier, par ce bon artisan de Capra. On sourit souvent, on est bien content que ça se termine au mieux. De là à porter tout ça au pinacle !!!
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