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Forum : Les Camarades

Sujet : Un classique du cinéma italien


De Arca1943, le 20 juillet 2004 à 05:27
Note du film : 6/6

Bonjour!

Lecteurs qui passez, voici pourquoi vous DEVEZ voter pour une réédition DVD des Camarades!

Des «films de grève», il s'en est fait beaucoup, et d'excellents, des Raisins de la colère de John Ford à Germinal de Claude Berri. Ces films nous racontent tous un peu la même histoire: celle de travailleurs vivant dans des conditions épouvantables qui sont menés à la révolte par un courageux meneur, le tout avec force scènes de foule et "message" à la clé.

Sur papier, Les Camarades de Mario Monicelli ne semble en rien différer de ce pattern. Mais sur papier seulement. Car l'humour désamorce et neutralise la rhétorique. Les Camarades est une comédie à l'italienne…

C'est-à-dire un drame épique raconté avec beaucoup d'humour. Comme Le Pigeon, La Grande guerre, L'Armée Brancaleone ou Mes chers amis, c'est l'histoire de l'échec d'un groupe de personnages. Grâce aux scénaristes-dialoguistes Age-Scarpelli, orfèvres de l'observation amusée des moeurs, grâce au sens du ridicule de l'inénarrable de Marcello Mastroianni, et à l'ampleur et au sens du tempo de la mise en scène de Mario Monicelli.

Notons d'ailleurs qu'à sa sortie en Italie en 1963, ce film fut pris de haut par les deux côtés! Par la droite qui, ne l'ayant pas vu, prenait Les Camarades pour un «film communiste» (ce qu'il n'est pas : on est bien plus près de Dickens que de Marx). Par la gauche qui, ne l'ayant pas vu, s'exclamait indignée: «On ne rit pas de ces choses-là!»

Bien sûr qu'on peut rire de ces choses-là.

Alors, vous retournez dans la petite case en haut et vous cochez OUI. Rééditons Les Camarades! Rééditons la comédie à l'italienne!

Arca1943


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De gérard, le 21 juillet 2004 à 12:11
Note du film : 6/6

Film (extraordinaire). Plus que la chronique sociale, je voudrais souligner l'humanité partout présente et en particulier le rôle de Bernard Blier aspirant tout à la fois à un plus plus de justice et de dignité, tout en devant réparer "au black" le poële à charbon du patron.

il faut absolument et très vite rééditer ce chef d'oeuvre.


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De Arca1943, le 10 décembre 2004 à 17:53
Note du film : 6/6

Merci de ton soutien, Gérard !

Il est vrai que Les Camarades n'a recueilli que nos deux petites signatures – pour l'instant – mais tout de même 350 visites. Disons – pour prendre un calcul classique du marketing, utilisé pour les lettres aux journaux, mais transposable selon moi à la Toile – que chaque visiteur représente 10 consommateurs, ça fait tout de même un nombre minimum d'acheteurs potentiels de 3 500. C'est déjà intéressant, non? Et les visiteurs, comme de bien entendu, continuerons d'affluer sur cette fiche… Vous qui êtes éditeur de DVD et qui lisez ce message, je suis sûr que vous en salivez d'avance ! Que vous vous précipitez, sans même prendre le temps de fermer votre ordinateur, pour mettre la main sur les droits de cette incomparable tragicomédie épique à grand déploiement ! Que vous songez déjà à une solide campagne de mise en marché… À un plantureux coffret Monicelli (Volume 1 : La Grande Guerre, Les Camarades, L'Armée Brancaleone? Hein? Dites?)

Allez, un bon mouvement, quoi. Il y a des Aldo Maccione qui sont réédités… et il n'y aurait pas Les Camarades?

Arca1943


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De Impétueux, le 10 décembre 2004 à 18:30
Note du film : 6/6

Allez donc ! Vous m'avez convaincu !

Votre critique nuancée et subtile me donne envie de découvrir un film dont je ne me rappelle pas même le nom ; mais Monicelli + …tous ceux que vous avez cité…ça ne PEUT PAS donner un film médiocre !


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De david-paul, le 7 mars 2005 à 00:50
Note du film : 6/6

encore une fois, d'accord avec toi arca!


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De CinocheMyLove, le 19 septembre 2005 à 13:58
Note du film : 6/6

Que d'enthousiasme ! Enfin un site qui fait un peu de place au cinéma italien, inexplicablement négligé par les éditeurs. Dans le droit fil de "La Grande guerre", ce Monicelli est un classique, un drame poignant où l'humour et l'ironie surgissent soudain aux moments les plus inattendus. Mastroianni est géant, il y a dans son personnge une touche de ridicule qui a dû faire grincer des dents, à l'époque… La reconstitution historique est très convaincante. Votons !


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De Arca1943, le 20 septembre 2005 à 05:20
Note du film : 6/6

Merci pour votre vote ! Ça ne monte pas vite, mais chi va piano va sano va lontano. (Ou en québécois : p'tit train va loin). Nous avons eu La Grande guerre, nous aurons Les Camarades !!! Et pendant que nous y sommes, je pose la question : est-ce que nous voulons les colonels ?


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De Arca1943, le 14 février 2006 à 13:05
Note du film : 6/6

Plus d'un an après ce message d'Impétueux, toujours pas de Camarades à l'horizon. Pire, en fait : après avoir connu des années pas si mal en 2004-2005, avec la sortie en DVD de quelques sommets comme Le Pigeon, Le Fanfaron, Les Monstres, Nous nous sommes tant aimés, La Grande guerre, Affreux, sales et méchants, Parfum de femme AUCUNE comédie à l'italienne ne semble prévue pour 2006.

Pourtant, même à considérer seulement les classiques de la cuvée la plus haute, les immortelles, il manque encore une brassée de grands films à sortir. Les Camarades en est un; et aussi, pour rester avec Mario Monicelli, L'Armée Brancaleone, Mes chers amis, Bourgeois tout petit, petit; de Dino Risi : Une Vie difficile, La Marche sur Rome, Au nom du peuple italien; de Comencini : La Grande pagaille, L'Argent de la vieille, Le Grand embouteillage; de Scola : La plus belle soirée de ma vie, Une journée particulière. Et manquent aussi les deux grands Salce : Le Fédéral, Elle est terrible; et de Luigi Zampa : Le Vigile, Années rugissantes; et de Lattuada : Mafioso, Venez prendre le café chez nous. Et aussi Miracle à l'italienne, Pain et chocolat

Un espoir raisonnable, disons un espoir minimum, serait qu'au moins cinq ou six de ces puissantes satires sortent sur DVD en 2006. Or, ça n'a pas l'air parti pour ça.

Secouez-vous, les éditeurs !


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De Arca1943, le 14 février 2006 à 19:21
Note du film : 6/6

Eh bien pour tout vous dire, PaulMtl, sur IMDB je l'ai déjà dit ! Voir sur le fil de The Organizer : "Were the jokes lost in the subtitles or what ?", by Arca1943.

Une comédie à l'italienne est toujours à la fois comique et tragique, seulement une de beautés du genre c'est que la proportion de comique et de tragique varie d'un film à l'autre selon les nécessités du sujet. C'est sûr qu'il y a plus de blagues dans Le Pigeon que dans Les Camarades; et mutatis mutandis, plus de tragique dans le second que dans le premier. Pourtant, le regard humoristique reste le même. De même que certaines règles de fer dans la construction des personnages, qui ne peuvent pas être d'une seule couleur : l'organisateur de grèves joué par Mastroianni (dans un de ses plus grands rôles) est par moment admirable, courageux et tout et tout, mais à d'autres il est vraiment ridicule, voire carrément grotesque.

Ce problème de classification n'est pas le premier que je rencontre dans le genre. J'ai déjà vu Tutti a casa classée comme "drame de guerre" (sur le site, vraiment pas fameux, du New York Times ). J'ai déjà eu en main un guide du VHS édité aux USA où Affreux, sales et méchants était classé comme "mélodrame", hi! hi! hi! Et Détenu en attente de jugement, et quelques autres encore. C'est ce qui arrive quand le critique est peu familier avec le genre, quand pour lui ce serial est du chinois : il ne reconnaît pas ses marques et par conséquence, écrit des conneries. Ces "erreurs de classement" s'expliquent justement par le fait que ce type de comédie est une invention proprement italienne, une forme comique inédite jusque-là – et qu'au pays de Louis de Funès comme dans celui de Jerry Lewis, on n'est pas forcément habitué, culturellement parlant, à ce registre d'humour au cinéma. (Mais on s'y fait très vite, comme de nombreux spectateurs à la mine réjouie pourront vous le confirmer !)

Je note d'ailleurs un détail amusant sur les sites italiens de cinéma et DVD : les comédies y sont classées selon des étiquettes pour moi inattendues : "commedia", "comico" et "grotesco". Entre commedia et comico, je crois comprendre que c'est à peu près la même différence qu'entre "comédie" et "farce". Mais "grotesco" ? C'est une catégorie qui n'existe qu'en italien, non? Tu n'as ça ni en anglais, ni en français. Affreux, sales et méchants, Le Grand embouteillage, par exemple, sont classés sur mymovies.it comme "grotesco". Ou alors c'est l'équivalent de "satire", peut-être ?


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De paul_mtl, le 16 février 2006 à 23:03
Note du film : 4/6

Arca, il faudrat que tu dises a IMDB.com et Film.TV.it que I compagni est une comédie car c'est référencé comme un drame.

Pour te faire plaisir, j'irai pour une comédie-dramatique.


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De catquart, le 30 mai 2006 à 16:48
Note du film : 6/6

Les camarades est un film excellent, inégalé, du très grand cinéma italien et je pense que les jeunes générations y trouveront matière à penser sur le début du XXième siècle en plein essor de l'industrialisation italienne. j'aimerais beaucoup que l'on puisse le revoir en DVD, les VHS ayant une nette tendance à s'user avec le temps.


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De Arca1943, le 26 octobre 2006 à 05:05
Note du film : 6/6

Merci pour ce vote, Catquart ! Je persiste à croire qu'une sortie DVD des Camarades serait une excellente idée. C'est un film unique en son genre, le seul à traiter sur un ton humoristique les grands événements du "drame social". Mastroianni est grandissime.


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De gaulhenrix, le 26 octobre 2006 à 10:17
Note du film : 6/6

J'acquiesce, j'approuve, je confirme, etc.


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De Arca1943, le 16 septembre 2007 à 23:13
Note du film : 6/6

Comme l'appétit, le goût des fresques tragicomiques et 'national-populaires' vient en mangeant. Et comme j'ai déjà eu à me mettre sous la dent La Grande guerre et Une vie difficile, me voilà d'autant plus remonté pour que sortent enfin sur DVD La Grande pagaille, Le Fédéral, La Marche sur Rome, Années rugissantes et bien sûr Les Camarades, ce très grand film de Mario Monicelli. Et comme toujours, en plus de la version sous-titrée pour faire plaisir à Jarriq, Impétueux et bien d'autres, il faut aussi la version française, pour les spectateurs moins raffinés comme moi et aussi pour avoir les voix de Bernard Blier, Annie Girardot et François Périer


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De Impétueux, le 17 septembre 2007 à 10:13
Note du film : 6/6

Pervers Arca ! Vous cherchez des poux dont nos chevelures (et, en ce qui me concerne, ma calvitie) sont dépourvus en évoquant, en badinant, la grave question du doublage, question sur quoi vous êtes d'ordinaire un analyste plus subtil et plus nuancé !

Une des grandes parties du problème a été soulevée lors de l'édition des Nouveaux monstres ; notre indignation venait de ce que nous ne puissions bénéficier d'aucune VO (sauf sur les suppléments (!!) pour un film exclusivement joué par des acteurs italiens !

La question se pose bien différemment lorsque, comme c'est ici le cas, comme c'est fréquemment le cas, il y a une distribution mixte ! Il est vrai que je concevrais mal pouvoir regarder Mes chers amis sans la voix de Noiret, ni celle de Blier ; et essayer d'écouter Don Camillo avec un Fernandel doublé est une expérience singulière ! Affreux dilemne, aussi, pour Le fanfaron : de quoi dois-je me priver ? De la voix si riche de Trintignant, ou du Modestamente ! si expressif de Gassman dansant devant la surprise émerveillée de sa partenaire, si piètrement traduit par un ridicule On fait ce qu'on peut !.

Le débat est sans fin… En tout cas, nécessité de donner le choix !


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De PM Jarriq, le 17 septembre 2007 à 10:26

La v.o. évidemment !!!

Petit bémol : à ma grande honte, il y a deux acteurs que j'ai toujours trouvé meilleurs quand ils étaient doublés par quelqu'un d'autre : Noiret justement (cf Cinéma paradiso), et dans un tout autre genre le governator Schwarzenegger, qui en v.f. pourrait presque passer pour un vrai comédien.


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De Arca1943, le 25 août 2008 à 14:50
Note du film : 6/6

Discussion hélas bien abstraite, chers amis, puisque pour l'heure nous n'avons ni la VOST, ni la VF de ce magnifique Monicelli des grands jours.

Si l'on pense aux Risi qui nous pleuvent dessus depuis quelque temps – averse bienfaisante de 17 comédies en DVD sur les deux, trois dernières années ! – Mario Monicelli devient à l'évidence le parent pauvre de cette distribution. Ainsi Les Camarades, L'Armée Brancaleone, Mes chers amis (1 et 2), Un Bourgeois tout petit, petit sont – chose incroyable! – toujours dans les limbes. Auxquels on pourrait aisément ajouter Un héros de notre temps, Donatella, La Fille au pistolet, Nous voulons les colonels, Le Marquis s'amuse, Parenti serpenti… et encore pourquoi pas son petit dernier, Le Rose del deserto (2007) !


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De Arca1943, le 5 décembre 2008 à 12:34
Note du film : 6/6

J'ai l'honneur et l'avantage de pouvoir enfin répondre à la question posée au début de ce fil par l'internaute Catquart.

Ça arrive chez LCJ éditeur le 13 février 2009.

Oui ! Les Camarades de Mario Monicelli enfin sur DVD !!


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De Arca1943, le 5 décembre 2008 à 13:57
Note du film : 6/6

Et peut-être que pour mousser les ventes du DVD, on pourrait demander la complicité du Figaro avec un éditorial incendiaire dénonçant ce film bolchévique tandis que L'Humanité se chargerait du papier du type « Comment ose-t-on rire de notre juste lutte !? » Mais bon, je doute que de grands quotidiens français s'abaissent à mes sordides manoeuvres commerciales…


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De Arca1943, le 31 janvier 2009 à 19:20
Note du film : 6/6

Plus que deux semaines avant la sortie DVD des Camarades ! Je garde au frais un excellent chianti pour l'occasion…


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De Arca1943, le 14 février 2009 à 17:08
Note du film : 6/6

Et voilà ! Incroyable mais vrai, Les Camarades de Mario Monicelli est désormais disponible sur DVD en France !


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De Arca1943, le 29 mai 2009 à 04:05
Note du film : 6/6

« En réalité, je n'ai jamais voulu faire un film dramatique, vraiment dramatique, le seul c'est Proibito. D'abord, cela ne m'est pas congénital, je ne veux pas dire les choses de manière dramatique, cela ne me plaît pas, il me semble que c'est dépassé, vieux style. Je crois que ce n'est pas une manière moderne de s'exprimer que de choisir toujours et seulement le drame. » – Mario Monicelli

Quatre ans et demi après le premier message de ce fil, voici que Les Camarades débarque enfin sur DVD en France (et dans le monde francophone en général). Édition bien modeste, faut-il le préciser, chez Les Films du collectionneur, un éditeur situé, comme le note quelque part Impétueux, juste un cran au-dessus de René Château.

J'aurais voulu qu'il y ait mieux que cette édition, que l'image et le son soient restaurés, qu'il y ait une version italienne avec sous-titres, qu'il y ait une entrevue, fût-elle très courte, avec le réalisateur – toujours avec nous à 94 ans. Il n'y a rien de tout ça. Cependant, au lieu de cracher dans la soupe, je préfère considérer comme un véritable miracle le simple fait que ce film soit sorti sur DVD. Merci, donc, aux Films du collectionneur !

Ça faisait un bon quart de siècle que je n'avais pas revu Les Camarades, un film de grève unique en son genre, à ma connaissance le seul qui fasse rire. Non que les blagues y pleuvent comme dans Le Pigeon ou L'Armée Brancaleone, il s'en faut, même si on en trouve de fameuses, comme celle du tirage au sort ou celle du Sicilien qui dégaine son couteau. Mais le simple fait d'introduire l'humour et l'ironie dans ce genre de récit produit du jamais vu, en particulier dans le traitement tout en rondeur des personnages.

J'ai vu bien des héros de films de grève, de Henry Fonda dans Les Raisins de la colère à Gian Maria Volontè dans Actes de Marusia en passant par Sean Connery dans The Molly Maguires, mais jamais un type comme ce professeur famélique et vaguement ridicule, qui vient à deux doigts de piquer son sandwich à un gréviste ou d'éternuer dans le café d'Annie Girardot. Dans ce rôle, Marcello Mastroianni est tout simplement magistral – et aussi à des années-lumière des rôles marquants qu'il venait d'interpréter dans La Dolce vita ou Divorce à l'italienne. Quel registre, quand même ! Il endosse le manteau élimé et les lunettes du prof de gauche comme s'il les avait portés toute sa vie ! Et pour ma part, c'est bien certain, je trouverai toujours plus plausible un tel personnage que les héros statuesques et « emblématiques ».

Le film a beau être spectaculaire – les scènes de foule ou de groupe sont remarquablement conçues, les décors impressionnants de réalisme – ça reste du cinéma de personnages, et autour de Mastroianni gravite une vivace galerie de caractères : Bernard Blier et son bonnet, l'homme fort Folco Lulli (un personnage qui ressemble au Bordine de La Grande guerra, et sa fille bien en chair (Gabriella Giorgelli) qui a un oeil sur le womanizer du dimanche Renato Salvatori), le professeur Di Meo (François Périer), qui enseigne aux ouvriers le soir venu – car en 1900 seuls ceux qui savent lire et écrire ont le droit de vote – et s'égare volontiers dans des envolées oratoires, la fille qui est la honte de son vieux père ouvrier parce qu'elle « fait la vie » (Annie Girardot, magnifique), sans oublier l'immigrant Sicilien qui vit avec sa famille dans une misère si noire qu'on finit par lui donner un passe-droit pour aller travailler tandis que les autres font grève. Et le cheminot qui crache, et la jeune Raffaella Carrà qui veut vendre ses cheveux, et le Bergamasque au dialecte si accentué que (presque) personne ne le comprend…

La principale revendication de ces dangereux grévistes d'une usine textile de Turin à la fin du XIXème siècle ? Passer de la journée de travail de 14 heures à celle de 13 heures ! Mais nos héros réussiront-ils ? Ce n'est pas gagné… Car bien entendu c'est l'histoire d'une grève qui échoue; comme plusieurs autres films de Monicelli, c'est l'histoire d'un échec collectif.

« Quel grand film que Les Camarades, disait Bertrand Tavernier, et quel dommage que nous ne puissions en faire de semblables en France ! » Seule consolation, il n'y a pas qu'en France, patrie de Germinal (1963), qu'on ne pouvait en faire de semblables : aux USA ou en URSS non plus !

Non seulement l'immixion de l'humour, même sporadique, est un remède souverain contre les périls de la rhétorique (qui guettent au premier chef les films qui traitent ce genre de sujets sociopolitiques), mais cela ouvre aussi aux acteurs et aux dialoguistes (Age-Scarpelli) la possibilité de travailler les personnages dans une clé à part. Les Camarades est une page d'histoire populaire, mais alors une page d'histoire habitée, vécue, plausible, et pas didactique pour deux sous. Le résultat est un grand film, d'une réelle originalité, un des plus beaux films de grève jamais conçus.


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De Impétueux, le 20 septembre 2009 à 10:20
Note du film : 6/6

Il est bien dommage que les lumineuses interventions d'Arca sur ce film extraordinaire soient éparpillées sur les trois fils de discussion qui en touchent des aspects divers ! On aimerait jubiler avec lui en additionnant les remarques sur le talent de Monicelli et la capacité de la comédie italienne de donner sans cynisme aucun, mais avec une impitoyable lucidité, qui est le seul vrai réalisme, un regard de tendresse à la pauvre humanité.

La brève allusion à Germinal permet de montrer toute la mesure des différences entre le lyrisme exalté (qui n'est pas pour autant médiocre) du film de Claude Berri et celui de Mario Monicelli ; car, Piémont pour Pas-de-Calais, textile pour charbon mis à part, on y retrouve presque exactement la même structure et certaines séquences sont absolument identiques, non dans la façon de filmer mais dans le ressort dramatique (la délégation d'ouvriers timides et impressionnés par le décorum du patronat, l'arrivée des Jaunes, ici les chômeurs de Salluzo, là les mineurs belges, le grondement de la foule devant la troupe, dont la fusillade est déclenchée par un jet de pierre et la panique d'un soldat). Mêmes ressorts dramatiques, et mêmes structures des personnages : Pautasso (Folco Lulli), brave type à la tête près du bonnet, c'est la même bonne pâte d'homme que Maheu (Gérard Depardieu) et le professeur Sinigaglia (Marcello Mastroianni) vient, avec les mêmes meilleures intentions du monde semer la même révolte et la même mort qu'Étienne Lantier (Renaud)

Bien des ressemblances (bien des différences, aussi, évidemment), mais surtout une autre façon, bien plus subtile, de voir le drame de cette condition ouvrière de la fin du 19ème siècle. Ces masures pitoyables, cette misère noire qui colle la peau, ces travaux interminables et épuisants, cette humanité presque réduite à la bestialité, on les rencontrait dans toute l'Europe industrielle et c'est l'époque où les aspirations à une plus grande dignité humaine se font jour ici et là. Mais cette vie dégradante, on peut la filmer par tous les cheminements : par la noblesse emphatique de l'indignation révolutionnaire, mais aussi tout autant – et mieux – avec ce sourire amical et clairvoyant qu'est celui de Monicelli ; les plus déterminés, les plus courageux ne sont exempts ni de ridicules, ni de faiblesses, les plus raisonnables de petites crapoteries, les plus égoïstes ne manquent pas toujours de générosité…

Et quand Raoul (Renato Salvatori), après la mort de Pautasso (Folco Lulli) écrasé par le train des Jaunes, lance à Sinigalia (Mastroianni), Un mort, il vous en faudrait tous les jours ! (pour alimenter la révolte), on est tout proche du grand ressort martyrologique qui fait les révolutions…

Les acteurs, connus ou moins connus sont extraordinaires et Mastroianni, exalté, ridicule, touchant, sournois, égocentrique tour à tour trouve là un rôle magnifique… La musique de Carlo Rustichelli est d'une très grande subtilité, presque narquoise, par exemple au moment de la mort de Folco Lulli, toujours très adaptée… Et cette chanson révolutionnaire qui ouvre et clôt les génériques de début et de fin ! C'est du grand art… on y trouve presque des résonance de chœurs d'opéras…


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De Arca1943, le 20 septembre 2009 à 23:43
Note du film : 6/6

« Il est bien dommage que les interventions d'Arca sur ce film extraordinaire soient éparpillées sur les trois fils de discussion qui en touchent des aspects divers ! »

(Arca, ponctuant son discours des cinq doigts de sa main droite joints vers le haut) : « " Accidenti ! S'ils avaient sorti le DVD plus vite, je ne me serais pas éparpillé !


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De vincentp, le 3 avril 2014 à 23:07
Note du film : 6/6

Très beau film, effectivement, de toute une équipe (mise en scène, scénario, interprétation, photographie). Un classique du cinéma italien, qui joue sur une gamme d'éléments comiques et dramatiques : esprit bouffon, humour non-sensique, croisés avec des situations tragiques. Une belle observation des comportements individuels et de groupe. Grand rôle pour Mastroiani, mais aussi pour Annie Girardot et Bernard Blier. La mise en scène de Monicelli est superbe (plans-séquence,…).


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