On est toujours trop bon avec les femmes - Elisabeth Wiener et Raymond Queneau...

Forum : On est toujours trop bon avec les femmes

Sujet : Elisabeth Wiener et Raymond Queneau...

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De RdT, le 24 mars 2006 à 17:04
Note du film : 4/6

…valent qu'on jette un coup d'oeil un peu approfondi sur ce On est toujours trop bon avec les femmes. A la base de cette réalsation de Michel Boisrond, un roman de Raymond Queneau, publié sous le pseudonyme de Sally Mara en1947, la même année que ses fameux «Exercices de style». Ce On est toujours trop bon avec les femmes de Queneau était d'ailleurs lui même un magnifique exercice de style : un roman coquin narrant sur un ton humoristique la sanglante insurrection Irlandaise de Pâques 1916 à Dublin. C'est un «Blanche neige et les sept nains» tragico coquin. Gertie (Élisabeth Wiener), se retrouve enfermée dans les toilettes pendant que sept insurgés Irlandais s'emparent du bureau de Poste où elle exerce comme postière. Sa découverte par Caffrey (Claude Brosset) dans les toilettes nous vaut cette savoureuse petite leçon d'étymologie dont l'oulipien Queneau a le secret :

«L'esprit Irlandais, on le sait, n'obéit pas aux règles de l'esprit cartésien, non plus qu'à celles de la méthode expérimentale. Ni français, ni anglais, mais assez voisin du breton, il procède par «intuition». Caffrey ne pouvant ouvrir la lourde, eut donc «l'ankou» (celtisme pour «intuition» N.d.T.) que quelqu'un se trouvait là enfermé! Cette «anschauung» (Germanisme pour «ankou» N.d.T.) lui boucla immédiatement les tripes. Essuyant la sueur qui lui dégoulinait encore de la tronche, il oublia ses troubles égocentriques et découvrant son devoir «d'un seul coup d'un seul» (gallicisme pour «anschauung» N.d.T.) il résolut de rendre à Mac Cormack (Jean-Pierre Marielle) de la découverte qu'il venait de faire…» S'ensuit une étude exhaustive et sans fards des conséquences que peut produire la présence d'une Britannique gironde habillée à la dernière mode de Paris au milieu d'insurgés irlandais un peu rustauds. Rassurons tout de suite les inquiets, c'est une comédie, après quelques péripéties scabreuses Gertie s'en sortira bien. A la fin elle est libérée par son fiancé le Commodore Britannique Cartwright (Robert Dhéry):

«-Chérie, pardonnez moi de vous poser cette question, mais ces rebelles, ils ont été… Comment dire… corrects avec vous, n'est ce pas? Gertie regarda Dillon, Kelleher, puis les cadavres.

Non, dit-elle.

Cartwright pâlit. Kelleher et Dillon demeurèrent impassibles.

Non, dit Gertie. Ils ont voulu soulever ma belle robe blanche pour regarder mes chevilles…»

En réalité, dans son roman, Queneau nous fait grimper à une altitude un peu supérieure à celle des chevilles de Gertie…

Comment Boisrond et Élisabeth Wiener ont répondu aux impératifs imposés par le facétieux Raymond? Tel est tout l'intérêt de ce film, qui mérite assurément son édition en DVD. L'adaptation de Boisrond avait su donner une nouvelle vie à l'une des plus belles supercheries littéraire de Raymond Queneau.

Le charme et le talent d'Élisabeth Wiener

n'y étaient pas pour rien. Il faut urgemment qu'une édition nous permette la revoir dans On est toujours trop bon avec les femmes.