Un film qui fit un vacarme terrible en 1973 et qui fut même classé X alors qu'il n'y a pas une seule scène pornographique. Le cinéma des années 70, dans le prolongement des évenements de 68, continue sa révolution en choquant pour briser des tabous.
Tout le monde connait la réputation de Marco Ferreri et tout le monde s'inquétait et redoutait chaque fois de ce qu'il allait voir sur l'écran lorsqu'un de ses films sortait en salle. Lorsqu'on regarde aujourd'hui La Grande Bouffe,
on s'aperçoit, malgré un sujet grave et franchement malsain, qu'il n'est pas si dégoûtant que ce que croyait voir le public. Un peu comme les personnes qui croyaient avoir vu le bébé de "Rosemary's baby
" ou du gore dans "Massacre à la tronçonneuse
", on peut dire que la Grande Bouffe
possède ainsi une très grande force de suggestion par son sujet et son traitement ce qui fait son succès et sa réussite.
Si le film est extrêmement maîtrisé, c'est que Ferreri ne s'attarde pas à filmer la nourriture (pourtant sujet principal du film) mais plutôt des corps en décomposition (visages blêmes, suants, fatigués, bouffis, malades) sous une lumière tamisée et blaffarde, ces meubles poussiéreux aux couleurs rouges-sang caillé avec cette sorte d'étrange meuble-cage à oiseau au milieu d'une pièce, cette vieille maison bourgeoise aux murs gris et délabrés filmée dans une lumière crépusculaire hivernale. Tout cela symbolise bien entendu la mort qui est la destinée des protagonistes de cette macabre et horrible histoire, mais aussi la décomposition d'une société, une idée de putréfaction.
La Grande Bouffe est une oeuvre importante, un film choc qui heurtera encore bien des esprits par son climat malsain et morbide mais toujours tempéré par un certain humour surtout en ce qui concerne toute la première partie où l'on ne comprend pas encore très bien quel est le but réel de ce séminaire gastronomique. Le film a certes un peu vieilli mais il conserve malgré cela toute sa force et puis ce n'est pas non plus n'importe qui qui joue dedans.
Je souhaite à ce que tous les films de Ferreri voient le jour chez nous en Zone 2 avec SURTOUT ses deux plus grands films : "Break up
" (1964-66) et "Dillinger est mort
" (1968)… et avec pleins pleins de bonus car Ferreri
fut un cinéaste à la fois si contesté et si discuté et puis nous savons si peu de choses de lui que ce serait lui rendre le plus bel et plus grand hommage.
Pourquoi la Grande Bouffe est toujours introuvable en zone 2 !?
C'est mon film culte à moi !
Ils ressortent la Boum et pas ça, je suis dégoûté, pas toi ?
Jusqu'à nouvel ordre, je n'ai jamais vu même aucun film de Marco Ferreri en DVD Zone 2. Sauf peut-être Dillinger est mort
mais il faut aller le chercher en ligne sur des sites italiens. Je m'interroge souvent aussi du choix de l'édition de certains films, dont parfois quelques uns sont parfaitement inconnus et ont peu marqué l'histoire du cinéma, tandis que des chefs d'oeuvre incontestés ou films cultes restent encore invisibles dans les bacs de nos magasins préférés alors qu'ils devraient peut-être sortir en priorité.
Patience !…
Entre guillemets et pour rester dans le cinéma italien, j'attends également avec impatience les films d'Antonioni. Mais comme Bruce Willis
ne joue pas dedans, il faudra sans doute attendre un peu… aarrgh !
Je pense qu'il est grand temps de faire revivre tous ces grands classique du cinéma (comme La Grande Bouffe)avant qu'il ne soit trop tard et que l'on se laisse définitivement abrutir par certaines productions actuelles (surtout américaines) où bientôt n'importe quel guignol se prétend acteur !!!
Indispensable dans une DVDthèque digne de ce nom.
il n'y a pas que "La grande Bouffe" à éditer, il y a aussi "Conte de la folie ordinaire" "la dernière femme" "rêve de singe" mais qui contacter chez les éditeurs?
Sinon, pour parler des films américain il faut absolument qu'ils éditent "Hellzapoppin's un film culte du burlesque des années 40
Dans ma longue, longue carrière de spectateur, commencée il y a plus de cinquante ans, je suis sorti avant la fin du film une seule fois : devant cette Grande bouffe qui m'a semblé insupportable de veulerie et de laideur. je ne crois pas que je tenterai de raviser mon jugement en regardant le DVD…
(Pour être honnête, j'ajoute que je me suis endormi avant la fin d'Out of Africa…).
Je suis sûre qu'à l'époque des 11 commandements, le film de Marco Ferreri
est bien plus supportable et subtil que le souvenir qu'on en a.
Je crois que ce film merite 4/6 même si j'ai été décu en le revoyant (en partie).
D'ailleurs je l'ai inseré dans mon top 200 des comedies italiennes avec 6/10 principalement pour la performance des acteurs (Mastroianni, Tognazzi, Piccoli, Noiret et la sensuelle Andréa)
Les films de Marco Ferreri sont tres souvent provocateurs.
@Impetueux
Je l'ai pas vu en salle mais j'imagine que l'impact devait être plus grand que devant mon petit écran TV. Un des rares films ou je suis sorti de la salle de cinema était Rien sur Robert avec F.Luchini qui avait un malaise dans une salle de bain. J'etais a l'epoque pas tres bien et j'ai ressenti le même malaise en le voyant si mal.
Excellente nouvelle que cette édition de La grande bouffe de Ferreri,
je l'attendais.
Bonjour amis fans de la grande bouffe, mon ami est un fan et apprécie la musique du film. Je souhaite lui offrir la bande originale ou au moins les musiques liées à ce film. Est ce que quelqu'un pourrait m'indiquer la liste des titres musicaux s'il vous plait?
Vous en remerciant par avance et bon film! :).
En revoyant La grande bouffe plus de 30 ans plus tard, ce qui frappe le plus, est sa terrible désespérance. Quatre amis qui se réunissent pour crever ensemble, aller au bout d'eux-mêmes, bouffer jusqu'à l'explosion. Bien sûr, c'est la société de consommation qui est directement visée, mais cela reste en filigrane, car le quatuor d'acteurs parvient à faire croire à leur vieille amitié, sans qu'on ne sache rien de leur rencontre, de leurs points communs. La complicité naturelle des comédiens est immédiatement crédible, et donne son âme au film. Car au-delà des pets, des rots, des coïts (tristes !), La grande bouffe
a bel et bien une âme, que la musique traduit magnifiquement. Et ce que raconte Ferreri,
purement et simplement, c'est un suicide détaillé jusqu'au malaise, jusqu'au dégoût, dont on devine à loisir les motivations, puisqu'il ne nous en dit rien. Un plan synthétise bien le film : la colossale flatulence échappant à Piccoli
alors qu'il joue du piano, qui provoque l'hilarité de ses copains (et du spectateur), pour finir brusquement en agonie, puis en mort subite du bonhomme. Terrible et saisissant, étrangement émouvant. Andréa Ferreol,
grasse, blanche, sensuelle, rieuse, aide à sa façon le quatuor à mourir, sans jamais leur demander d'arrêter de manger. N'est-elle pas la Mort elle-même, qui loin de son apparence habituelle de squelette vêtu de noir, et armé d'une faux, attire les suicidaires dans ses filets ?
On comprend ce qui a pu scandaliser en '73, mais aujourd'hui, la vision de La grande bouffe ne provoque rien d'autre qu'un certain cafard, et aussi du respect pour Ferreri,
qui est allé au bout de son propos sans se dégonfler. Certaines séquences, comme la mort de Ugo,
gavé par Noiret
et la main de Ferreol dans sa braguette, vont très loin dans l'absurde, l'horreur, l'humour noir. Mais alors, très, très noir ! A sa façon, ce film unique, atteint une forme de perfection.
Somptueux hommage au nihilisme le plus pur.
C'est le film le plus éprouvant que je connaisse.
Les couillons qui ne voient ici qu'une simple satire de la société de consommation n'ont rien, mais alors, rien compris! Ce film est un appel au suicide pur, un manifeste sur le refus de se laisser faire par cette pute qu'on appelle la vie!
Alors la le cinéma fait un grand pas. Marco Ferreri prend de force un marché sclérosé avec des idées métaphysiques pour l'époque.
Une génération de comédiens vieillissants accepte de se fragiliser dans un nouveau concept hyper dérangeant détruisant une décennie de rôles plutot conventionnels.
La nourriture principale ingrédient de cette déferlante de victuailles devient une arme suicidaire. On n'ingurgite plus pour subsister mais pour le gain d'une souffrance exigée menant au trépas.
Ces esprits délirants suite aux hectolitres de vins absorbés sombrent volontairement vers la nuit éternelle.
Parasités intérieurement par le mal de vivre, ils se suppriment en malmenant leurs corps qu'ils veulent punir d'avoir pris le pouvoir sur une ligne de conduite d'esprit responsable.
Cet hymne à la bouffe absorbée en masse est révolutionnaire, l'audace prend le pas sur une conventionnalité cinématographique lassante. Un nouveau voyeurisme s'exprime sans limites. Volontairement abject la grande bouffe met en lumière un cinéaste hautement épicurien, autun, paradant sur les marches du festival de cannes fier de son travail.
Insulté, frappé, c'est un chemin de croix pour l'équipe du film endurant jusqu'au bout le déferlement critique d'une foule menaçante et hystérique non préparée.
La grande bouffe va permettre à certains comédiens de se remettre en question notamment Michel Piccoli inaugurant en ces années soixante dix un changement radical dans le choix de ses personnages acceptant des rôles complexes tel que dans « Grandeur nature » de Luis Garcia Berlanga.
La grande bouffe est un film bénéfique, novateur, tout est remis en question. Réalisateur et surtout comédiens renaissent par la provocation, un mot merveilleux mouvementant des esprits endormis par les procédures basiques et sans surprises du métier.
Un incontestable progrès cinématographique, une œuvre d'art surréaliste emblème nauséabond d'une profession osant enfin titiller l'intolérable.
En quoi y-a-t-il de la "décadence bourgeoise" dans ce film .. voire de "l'insolence" ?.. Je rappelle (si besoin est) que les protagonistes ont choisi volontairement de mettre fin à leur vie (suicide collectif) en "petit comité", loin de toute idéologie tendant à y impliquer d'autres participants… Ce qui est dérangeant : (je me souviens des commentaires lors de la sortie du ciné), c'est de ne pas connaître "les causes" précises de ce geste, le fait de mettre fin à ses jours dans un "climat convivial", de s'attaquer à la nourriture (sujet tabou)… Non ! FERRERI met en avant l'autodétermination de tout être humain à decider de sa fin… Est-ce plus déraisonnable d'en finir volontairement ainsi, que de se piquer à l'héroïne sous un pont, sans que la mort soit la finalité recherchée ?… FERRERI a récidivé dans cette recherche de l'autodétermination avec "La DERNIERE FEMME", où le choix sanglant du héros, met un terme à ses problèmes existentiels…
Juste avant de repartir au bahut, j'ai fait une petite pose Dvdtoile et j'ai eu envie d'en savoir un peu plus sur un film dont j'ai toujours entendu parler avec degôut. La grande bouffe est un film qui a défrayé la chronique parce qu'il y est question comme je le savais d'un suicide collectif dû à une trop grande ingérence de bouffe. Mais je pensais aussi, que les protagonistes se suicidaient en s'adonnant en plus au sexe à outrance(ce pourquoi la venue des dites putes). Pourtant d'après le topic, il n'en est rien. J'ai crû comprendre que le plus grand nombre de scènes se passent dans la bouffe,en fait.
Je ne vois pas bien l'intérêt que peut apporter ce film que je trouve même un peu ecoeurant car voir des mecs succomber à la nourriture alrs que d'autres crèvent la faim, ça me choque un peu ! Enfin, je n'ai peut-être pas tout saisi. Je sais que j'en avais parlé à un oncle fan de cinéma et qui comme moi essaye d'en apprendre toujours plus sur les sites consacrés et qu'il m'avait dit que ce n'était pas si vulgaire que ça. Alors pourquoi avoir plus ou moins mis ce film à l'index ?J'aimerais en savoir plus combler mes lacunes, moi qui pensais avoir affaire à un film de sur-nutrition et d'overdose de sexe, je crois que ce n'est pas vraiment le cas.
Un film est bien souvent une fiction… une création artistique qui s'éloigne la plupart du temps des réalités quotidiennes…
Je vous conseille de lire les commentaires de notre collègue "Starlight"… Il s'agit d'un suicide collectif d'un groupe d'amis qui sont épicuriens et portés sur la "bouffe" (la bonne bouffe)… On ne connait pas les raisons profondes de cette décision définitive… Un mal-être de la part de ces "hommes" qui ont la cinquantaine et qui semblent avoir tout connu dans leurs vies professionnelles et privées… Une décision qui montre que l'avenir pour eux n'existe plus… la lassitude et l'absence de projets les conduisent à cette impasse…
Un très beau film qui donne à réfléchir sur notre choix de vie et… le choix de notre mort !
Pamina, vous semblez connaître ce film, il n'y est donc nullement question de sexe. Pourtant je croyais que c'était aussi dans leur forme de suicide ?
A mon avis le "sexe" est secondaire !…. Andrea Ferréol est l'Ange exterminateur qui assiste et conduit nos protagonistes jusqu'à leur mort… Elle représente la "mère", la "soeur", l'"amante"…
La "Femme" qui procrée, est aussi associée à la "Mort"… et la boucle est bouclée !
Réponse tardive : la bande originale est extrêmement courte, quelques mesures orientalisantes inédites et un unique thème principal décliné en 2 versions :
Les deux avatars de ce thème principal sont disponibles sur 45T Barclay trouvable d'occasion et depuis peu d'années sur CD dans cette excellente compilation ci :
La grande bouffe, et son style sans compromis, ressemble au "canard" non pas à l'orange mais au "canard enchainé" de cette semaine avec ses déballages, suscitant à la longue l'écoeurement du public, avec pour objectif plus ou moins avoué de ses auteurs, une remise en question des fondements d'un système politique, social et économique.
C'est peut-être le film philosophique le plus puissant, le plus beau, le plus drôle. C'est la comédie noire la plus implacable, le film psychologique le plus tendu, le film dramatique le plus tragique.
On pourrait écrire des pages entières sur La grande bouffe. Comme le font d'ailleurs les étudiants philosophes, à qui l'on demande en université d'étudier cette chose.
Une chose étrange. Un film qui résume bien la complexité de la vie et de la mort.
Quelque chose de marrant dans le fond, mais de sombre. La grande bouffe est drôle parce-qu'il est absurde. Absurde dans tous les instants.
Pourquoi ? Quand ? Comment ? Comment ces types ont-ils bien pu en arriver à vouloir réaliser une telle cérémonie ?
C'est là que se trouve une grande comédie. Voir des bourgeois péter, vomir, patauger dans leurs propres déchets… Pour le simple amour de la philosophie.
Le drame est finalement plus caché, mais omniprésent. Car l'inquiétude que dégage ce film, le malaise que dégage chaque personnage n'emmène franchement pas à l'hilarité.
Piccoli, Mastroïanni,
Tognazzi
Noiret
sont géniaux.
Peu d'acteurs acceptent généralement de prendre ce genre de risque dans ce genre de film. Le tournage et la sortie du film a d'ailleurs dû être une sacré déconnade pour des acteurs de quarante cinq/cinquante balais qui avaient à ce moment là, pignon sur rue.
Cependant c'est Noiret qui obtient le rôle le plus intéressant, parce-que le plus sensible. Ce type fin, fêlé mais fragile, décadent et qui est encore au fond de lui même, un enfant, est poignant de pathétisme.
On dit qu'au moment du tournage Ferreri ne se serait pas posé de question sur l'emballage sociologique du film.
Pourtant celui-ci à sans doute réalisé l'un des pamphlets les plus virulents et les plus choquants sur la société de consommation moderne.
Et puis voilà que j'ai revu. Et que j'ai apprécié. Je n'ai pas écrit aimé. On ne peut pas aimer un film comme La grande bouffe parce qu'il nous bouscule, nous interloque, nous répugne aussi, souvent. Mais on doit de temps en temps remettre en question son joli petit confort intellectuel de spectateur. Et après tout j'ai fait la même démarche avec Salo ou les 120 journées de Sodome
de Pier Paolo Pasolini
qui m'avait hérissé avant que je n'en découvre la puissance.
Fascination infantile, disais-je ; c'est sans doute ce qui m'a le plus frappé et qui se découvre dans tant et tant de séquences : concours idiot à qui engloutira le plus vite sa douzaine d'huîtres ; hurlements de joie de Marcello quand il parvient de remettre en marche la belle auto bleue (une Bugatti) ; propension de Michel à jouer Au clair de la lune au piano ; bataille de gâteau à la crème qui s'engage sur le corps nu d'une prostituée (Rita Scherrer) et qui se poursuit comme une bataille de polochons dans le dortoir d'un internat de garçons ; et repli quasi fœtal de Philippe vers le corps pâle et rose de mollesse et de douceur d'Andréa (Ferréol), l'institutrice goulue qui va materner et accompagner ses petits anges vers la mort.
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