Forum - Le Grand embouteillage - Cinecittà 2, Hollywood 0 (ÉDITÉ)
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Forum : Le Grand embouteillage

Sujet : Cinecittà 2, Hollywood 0 (ÉDITÉ)

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De PM Jarriq, le 7 janvier 2005 à 21:27

Un des films italiens des années 70 au cast le plus ahurissant. Qui n'est pas dans la distribution ? Je ne l'ai hélas, jamais vu et je me demande s'il est à la hauteur de ses promesses. Arca a-t-il un avis là-dessus ? Quoiqu'il en soit, une petite sortie DVD serait tout à fait bienvenue.


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De Arca1943, le 8 janvier 2005 à 08:42
Note du film : 6/6

Eh bien, là, je ne peux plus reculer !

Ça fait bien quatre ou cinq ans que je n'ai pas revu Le Grand embouteillage – bien que je l'aie ici, dans ma collection VHS, enregistré lors d'un de ses nombreux passages à Radio-Canada. Pas revu tout simplement parce que je l'ai trop vu auparavant. Or, aucun film n'est inusable.

Mais comme je le connais par coeur, je peux bien vous en parler !

Quoique Café express (1980), de Nanni Loy, soit un très bon cru, qui mérite de passer à la postérité, Le Grand embouteillage est le dernier authentique chef-d'oeuvre de la comédie à l'italienne. Son chant du cygne.

C'est aussi un film typique de la phase terminale du genre : comme Un Bourgeois tout petit petit, c'est un film qui "bascule" : dans la deuxième heure, ça cesse d'être une comédie pour virer au cauchemar.

Un casting à la Airport, à la Voyage of the Damned : L'Ingorgo, c'est en quelque sorte la réponse de Cinecittà au film-catastrophe made in Hollywood. Mais on pourrait le présenter aussi comme un road movie, à ceci près que les véhicules, une fois le bouchon formé, ne bougent plus du tout pour des heures, voire plus d'une journée…

Dans le classique du film-catastrophe Airport (qui est un film choral à sa façon, certes bien différente de Claude Sautet ! ) toute une série de personnages sont pris dans l'avion en péril. Mais il y a un personnage central : l'héroïque pilote (Dean Martin).

Ici également, il y a un personnage qui ressort au milieu de la galerie. Mais plutôt qu'un héros, c'est un monstre : Alberto Sordi, au meilleur de sa forme satirique dans la peau d'un milliardaire en jaguar qui se déclare socialiste. (« Le socialisme, c'est à chacun selon ses besoins. Moi, j'ai VRAIMENT besoin de ma voiture. Mais eux? Non! »)

À ses côtés, il y a son secrétaire-chauffeur-béni-oui-oui qui lui verse le champagne et dit invariablement oui monsieur à toutes ses conneries. Dans la voiture juste à côté, il y a une famille napolitaine, nombreuse et pauvre, évidemment, dont la fille adolescente est enceinte (et par une ironie bien typique, c'est le père, jusque-là ennemi de l'avortement, qui veut la convaincre d'avorter pour ne pas accueillir "l'enfant du déshonneur"). C'est d'ailleurs cette fille qui chante la chanson de L'Ingorgo, dont j'aimerais bien avoir les paroles.

Plus loin, il y a la bagnole où le viveur Patrick Dewaere, complètement allumé, soliloque en essayant de toutes ses forces de ne pas penser à Mara, la fille du tonnerre qui l'attend au bout de la route. Il y a un couple vieillissant (Annie Girardot et Fernando Rey) dont on a l'impression qu'ils sont restés ensemble juste pour le plaisir de s'envoyer des vannes. Plus tard il y aura aussi Montefosci, le célèbre acteur de cinéma (Marcello Mastroianni) "Oh, ben, qu'est-ce qu'il a vieilli!" lance quelqu'un au loin. Il y a aussi une ambulance avec dedans un clochard qui s'est fait renverser dans les clous (Ciccio Ingrassia) et qui voudrait bien savoir combien ça va lui rapporter. Il y a un couple dans la jeune trentaine (Miou-Miou et Depardieu) qui voyage avec, sur le siège arrière, leur ami l'intellectuel de gauche quinquagénaire (Ugo Tognazzi). Dans un 4 par 4 blanc ultra-moderne, dont le klaxon fait un curieux bruit électronique, il y a trois jeunes hommes au regard d'acier, vêtus de blanc comme leur véhicule. Non loin, un type qui transporte tout un chargement de petits pots pour bébés dans sa camionnette. Juste à côté de lui, il y a une nana vraiment bien roulée (Angela Molina) avec qui il voudrait bien entamer la conversation, mais qu'est-ce que c'est difficile…

Et bien d'autres encore. Tout au long du film, et pour ainsi dire jusqu'à la dernière minute, de nouveaux personnages apparaissent, grotesques, pitoyables, détestables, parfois admirables et même dignes malgré la de déluge de flèches satiriques qui tambourine autour d'eux. De fabuleux acteurs, de fabuleux comiques leur prêtent vie.

Le Grand embouteillage est une sacrée fresque, avec des moments hilarants et d'autres qui glancent le sang dans les veines. Certains voudront y voir seulement la contingence, et parleront de l'Occident au lendemain du second choc pétrolier. D'autres voudront y voir seulement la péninsule et parleront de l'Italie en pleine déconfiture du "compromis historique". C'est aussi cela, pas de doute. Mais c'est, plus largement, et plus immédiatement, une tranche de comédie humaine du tonnerre de Brest, où – comme dans d'autres épisodes du serial – on est déchiré entre la noirceur désolante du tableau d'ensemble et l'incroyable impression de vie qui s'en dégage.

Et puis il y a les enfants, bien entendu : ils sont pour ainsi dire la signature du réalisateur. Ce sont les seuls personnages qui ont la présence d'esprit de quitter les lieux. Tous les grands sont vissés à leur bagnole, qu'il n'est évidemment pas question d'abandonner là, quand bien même l'embouteillage couvrirait-il tout le pays des Alpes à la Sicile.

Le scénario construit par Maccari et Zapponi est d'une fluidité et même d'une clarté surprenantes, en regard du foisonnement des personnages et des épisodes. Le bozzettismo (l'art de faire vivre des personnages en quelques traits raréfiés) marche à fond la caisse. Son plus grand mérite – et qui a dû poser de sacrées difficultés – c'est de réussir à imprimer tout du long un élan narratif unitaire, qui part du point A pour aller au point B. Si bien que le plus grand péril, étant donné le sujet, celui de faire un film statique, est évité avec une rare aisance (une des solutions trouvées a été d'imprimer au film l'allure d'un crescendo : la situation va s'aggravant; un autre étant que l'exposé de nouveaux personnages – contrairement à Airport – se poursuit tout au long du film). C'est un film qui a dû être très difficile à concevoir mais où la difficulté ne se voit pas du tout. Au contraire, le naturel confondant des interprètes donne parfois l'impression qu'ils sont pris sur le vif.

Pour faire tenir tout ça ensemble, mais en même temps pour que ça n'ait pas l'air trop concerté non plus, pour imprimer un mouvement continu à cette tragicomédie dont le thème central est l'immobilité, il fallait un sacré chef d'orchestre. Heureusement pour nous, Luigi Comencini est ici au sommet de son art. Tout en allant toujours à l'essentiel, il capte au passage un maximum de détails. Il navigue avec sa sûreté de main des grands jours entre de nombreux récifs : éviter la rhétorique, la thèse (ainsi le bref discours contre la société automobile est placé dans la bouche d'un des personnages les plus antipathiques), ne pas être lourd – il ne l'est jamais, grâce à une bonne heure de comédie initiale – ne pas se disperser en tous sens, ne pas être "difficile" pour le grand public qu'il s'agit de conquérir, toujours reste dans les limites du cinéma populaire, filmer des dialogues formidables en ne cédant jamais à la tentation du mot d'auteur…

Je pourrais continuer, disais-je, à discourir sur L'ingorgo pendant des pages et des pages. Mais aussi longue que soit cette tartine, les mots ne réussiront jamais à dépeindre l'émotion qui m'étreint, à chaque fois que je vois ce film, quand au lendemain d'une terrible nuit, l'aube se lève enfin sur le grand embouteillage et que montent les accent du jazz (piano, basse, drum) de Fiorenzo Carpi. Car ce qui s'est passé a quelque chose d'irrémédiable : on sait qu'on est pour de bon "de l'autre côté" du film, que les trois quarts d'heure qui restent ne seront pas comiques. C'est aussi parce que l'Italie dont ces films satiriques tirent leur substance tire à sa fin, au bord d'une transformation qu'on pressent sans trop savoir où elle va mener… Deux chants du cygne en un. Je pense que c'est ça qui donne au film sa force de frappe, son élan, sa sombre grâce. C'est pour ça que, comme on dit, "tout se tient".

Le DVD du Grand embouteillage doit absolument sortir, et pas dans dix ans.

Arca1943


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De PM Jarriq, le 8 janvier 2005 à 09:28

Merci, Arca. Je suis convaincu ! Je VEUX le DVD du "Grand embouteillage".


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De cyrano, le 23 février 2005 à 21:23
Note du film : 6/6

Moi aussi, comme je souhaite voir rééditer tous les films de Patrick Dewaere ….


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De david-paul, le 7 mars 2005 à 00:21
Note du film : 6/6

réedition obligatoire !


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De Arca1943, le 16 avril 2005 à 20:30
Note du film : 6/6

Cette fiche a été visitée 675 fois… Nous avons quelques signatures… Je sens que ça vient. La Gaumont fera-t-elle un bon mouvement? Allez, quoi. Cette comédie dantesque, au casting étincelant, mérite le tapis rouge…


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De Andi, le 18 juillet 2005 à 14:22

Bitte Film auf DVD erstellen.


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De Arca1943, le 3 septembre 2005 à 16:33
Note du film : 6/6

Demandez Le Grand embouteillage, le film catastrophe où Bruce Willis n'arrive pas.

Quand, dans l'après-11 septembre, des milliers de gens sont morts d'un coup par la main de l'homme, les élus du Congrès américain, réfléchissant aux moyens de contrer la menace terroriste, se sont fait projeter La Bataille d'Alger. Choix révélateur : c'est bien joli l'usine à rêves, mais quand vient le temps de s'injecter une bonne dose de réalité, on va cogner à la porte de Cinecittà.

Cette fois, c'est par la main de la nature que le désastre arrive. Mais au milieu des ruines, à la Nouvelle-Orléans, où les secours n'arrivent toujours pas (hier au moment d'écrire la première version de ce message), on voit l'Homme se livrer au pillage. Scènes désolantes qui m'ont rappelé un terrible passage du Grand embouteillage, un film catastrophe de Luigi Comencini où aucun héros ne survient pour dénouer l'impasse. En voilà un autre qu'on devrait montrer à Washington pour l'édification des membres du Congrès.


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De vincentp, le 28 mai 2006 à 21:59
Note du film : 5/6

Un film vu il y a longtemps et qui m'avait marqué par certains aspects : le viol de la jeune fille, le macho qui se dégonfle (Mastroianni), et surtout une apparente comédie qui vire progressivement à la tragédie, mettant en évidence :

  • les lachetés et les bassesses humaines, qui se cachent derrière la respectabilité,
  • l'aspect superficiel de la civilisation moderne, qui fabrique des êtres monstrueux, égoïstes, et veuls.

On s'associe bien volontiers à la pétition de Arca1963 pour la réédition de ce film.


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De Arca1943, le 5 mai 2007 à 02:29
Note du film : 6/6

Eh bien, VincentP, force nous est de constater que presque un an plus tard, votre souhait de voir rééditer ce classique ne s'est toujours pas réalisé. Disons-le : cette absence est une anomalie, une aberration, une erreur. Luigi Comencini, maître du cinéma populaire, un des titans de la comédie à l'italienne, nous a quittés. Et qu'est-ce qu'on trouve de lui sur DVD en France? Une misère. Même pas La Grande pagaille, même pas Casanova, un adolescent à Venise, même pas Un Enfant de Calabre

Tiens, Le Grand embouteillage, voilà un titre qui ferait belle figure dans la toute nouvelle collection Comédie italienne de l'éditeur Seven7…


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De Baggino, le 14 décembre 2007 à 16:33

LE FILM EXISTE EN ITALIE SUR WWW.DVD.IT


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De Arca1943, le 14 décembre 2007 à 19:17
Note du film : 6/6

Sans aucun doute, mais hélas, sans sous-titres français (ni la VF bien sûr). Pourtant, cela arrive : ainsi, deux Germi, Divorzio all'italiana et Sedotta e abbandonata, sont sortis en Italie avec une option STF. Et parfois, curieusement, on trouve aussi la VF (Siamo donne, La Calda vita). Je ne sais pas à quoi est dû ce choix heureux pour les spectateurs francophones (peut-être à l'intention des cinéphages du Val d'Aoste ?) mais ça n'arrive pas souvent.


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De Arca1943, le 10 octobre 2008 à 20:08
Note du film : 6/6

« Bitte Film auf DVD erstellen. »

J'allais le dire.


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De kfigaro, le 13 octobre 2008 à 09:21
Note du film : 6/6

Je suis dingue de ce film ! j'ai acheté le DVD italien et je compte même me mettre à cette langue tellement je l'adore. J'ai heureusement aussi une VHS de bonne qualité pour comprendre l'histoire mais l'idéal serait tout de même d'avoir un DVD sous titré en français, je vote !


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De kfigaro, le 13 octobre 2008 à 09:24
Note du film : 6/6

En fait, cette fausse comédie est déjà en quelque sorte un drame rien que par sa musique :

Vidéo du générique

Fiorenzo Carpi a écrit une musique extraordinaire qui distille l'angoisse et le malaise avant même que l'histoire ne commence.


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De Arca1943, le 13 octobre 2008 à 15:18
Note du film : 6/6

« Cette fausse comédie est déjà en quelque sorte un drame. »

Oui… comme tant d'autres comédies à l'italienne (1958-1978) : de La Grande guerre à L'Argent de la vieille, du Fanfaron à Affreux, sales et méchants. C'est ce type d'humour qui veut ça. Ce qui est en revanche typique de la phase terminale du genre (fin des années 70), c'est la tendance à construire en deux parties, la première plus satirique, la seconde virant au cauchemar. Un Bourgeois tout petit, petit, réalisé deux ans plus tôt, fonctionne sur le même mode.


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De Arca1943, le 13 novembre 2008 à 14:10
Note du film : 6/6

Il est vraiment incongru que cette comédie satirique à l'italienne de très haute cuvée ne soit toujours pas sur DVD. D'autant qu'elle existe dans une excellente VF et qu'il y a plein de Français dans le casting (Depardieu, Dewaere…). Que font donc nos nouvelles collections spécialisées de Seven7, M6 et autres lieux ? Que font Les Introuvables ? Que fait la police ?


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De kfigaro, le 14 novembre 2008 à 09:15
Note du film : 6/6

J'ai l'impression qu'il y a tout un pan du ciné transalpin des années 70 et 60 qui est totalement boudé par les éditeurs (et pas forcement des titres obscurs c'est ça le pire).

Il suffit d'ailleurs de regarder les forums qui reviennent le plus régulièrement ici : ce sont la plupart du temps des doléances pour rééditer (à juste titre !) les chefs d'oeuvres jamais édités ni même diffusés (ou si peu) de Rosi, Risi, Comencini et tutti quanti…

Je me demande aussi si le ciné asiatique (film de genre y compris) de ces mêmes années n'est pas mieux estimé ou plus "tendance" que le ciné italien ?


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De fretyl, le 2 juin 2009 à 15:16
Note du film : 5/6

Un film inclassable et absurde comme beaucoup d'autres classiques de la comédie Italienne réalisé à la même époque. Comme dans La grande bouffe ce n'est ni drôle, ni triste, à peine désenchanté dans sa moralité et enjoué dans son interprétation.
En dehors de la situation prétexte à toute les situations les plus étranges, se cache aussi une peinture abstraite d'une société de consommation complètement bloqué par un matérialisme envahissant ou les hommes deviennent presque fou. Ce n'est ni méchant, ni gentil, c'est juste cynique et bien mordu dans le sens de l'observation de personnages parfois caricaturaux.
Et puis on ressent bien la montée d'une angoisse collective avec en prime une pointe d'érotisme et de jolies actrices toutes assez aguichantes ne pouvant que faire monter les frustrations déjà bien palpable


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De Arca1943, le 2 juin 2009 à 16:11
Note du film : 6/6

Ce qu'il y a de plus "absurde", c'est surtout l'absence de ce film sur DVD en France. Une satire qui n'a rien perdu de son mordant, dans le style efficace et accessible que nous connaissons bien. Alberto Sordi et ses comparses sont tous au diapason, avec une mention spéciale à Marcello Mastroianni qui n'a peur de rien dans le rôle du "grand" Montefosci, une vedette de cinéma fatiguée et vieillissante… Excellente version française, qui plus est.


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De fretyl, le 2 juin 2009 à 16:57
Note du film : 5/6

J'aurais bien une solution à vous proposer, mais je sais que malheureusement vous êtes un honnête homme.


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De Arca1943, le 2 juin 2009 à 18:04
Note du film : 6/6

Malheureusement.


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De Arca1943, le 16 février 2014 à 04:50
Note du film : 6/6

C'est quand même incroyable qu'après toutes ces années, Le Grand embouteillage, un des derniers sommets de la comédie à l'italienne, ne soit toujours pas sorti sur DVD. D'autant qu'aux côtés de Sordi, Tognazzi, Mastroianni, il y a Girardot, Depardieu et Dewaere et qu'il en existe une excellente VF. Ce film est une puissante fable satirique, une fresque à la fois drolatique et atroce sur l'Homme et son amie la bagnole. Un road movie de l'immobilité !

Et il n'est toujours pas en DVD !? Mais je rêve !


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De Tamatoa, le 16 juillet 2014 à 02:13
Note du film : 5/6

Moi aussi, hier au soir, je suis venu lire la critique d'Arca (entre autres) avant que de m'installer devant mon poste. Et il faut reconnaitre 1) le talent de notre bien aimé Canadien et 2) que ce film est prenant d'un bout à l'autre. J'ai apprécié essentiellement trois "passages" : D'abord, l'invitation faite à Marcello Mastroianni et sa relation avec la sensuelle Stefania Sandrelli qui a un mari si indulgent.. Jolie frimousse dont je me suis demandé un grand moment où j'avais bien pu l'apercevoir. Bon sang mais c'est bien sûr, elle était, trois ans plutôt, la maîtresse de Montand et de François Perier dans Police python 357. Et elle y était également fort belle. Ensuite, la scène où Ángela Molina accepte de monter dans le camion du jeune et commence à gratter de la guitare. Cette guitare rouge et marron, bien assortie à sa jeunesse et les seins nus tellement libres sous la chemise . Il y a là quelques minutes de grâce absolue. Et puis, oui, les rapports de Alberto Sordi avec son espèce de larve qui fait pitié à voir. Mais tout le reste, et surtout le réveil dramatique que décrit si bien Arca m'a bien réjouit également. Mais j'aimerais bien savoir ce que représentent ces grands piliers que l'on voit sur le côté de l'autoroute . Ca m'intrigue. Des vestiges de temples anciens ? Des colonnes à caractère sacré ? Ou simplement le gros œuvre d'un futur pont qui enjamberait l'autoroute ? Je n'ai pas réussi à me faire une idée. On voit très souvent ces drôles de piliers puisqu'ils siègent de part et d'autre de ce Grand embouteillage

Cocasse, saugrenu, fantasmagorique, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce film à la fois déconcertant et jouissif. En tous cas, à la fin du film, on se pose une question : En se posant en chroniqueur d'une cohue ordinaire, Luigi Comencini fait il montre d'un esprit journalistique caustique, ou d'un regard machiavélique sur la société Italienne ?


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De Impétueux, le 16 juillet 2014 à 11:13
Note du film : 5/6

Comme beaucoup de monde, je suppose, la vision du film a suivi (ou précédé) la lecture de la remarquable chronique d'Arca qui analyse avec une très grande finesse la structure et l'orientation du film et la fait ressentir dans son intelligente complexité.

J'ai rarement autant ri spontanément (je veux dire : assis devant mon poste de télévision et non dans une salle où les réactions des autres spectateurs ont souvent un effet d'entraînement), donc rarement autant ri devant la première demi-heure (et les relations extraordinairement cruelles et réalistes du couple formé par Fernando Rey et Annie Girardot).

Pour répondre à la question de Tamatoa, il me semble qu'Alberto Sordi, à un moment donné, indique la raison de la présence de ces piliers massifs : dissensions entre autorités locales sur le tracé d'une voie et stérilisation du chantier…

Comme j'ai enregistré le film et le reverrai sûrement, je tirerai ça au clair…


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De Arca1943, le 11 septembre 2014 à 14:49
Note du film : 6/6

«Comme j'ai enrgistré le film et le reverrai sûrement, je tirerai ça au clair…»

Ou autre option: vous pourrez visionner le DVD édité par TAMASA qui nous arrivera dans les bacs à compter du 21 octobre 2014, soit avec environ seulement quatorze ans de retard !!

Enfin ! J'espère que j'aurai pas à attendre à chaque fois quatorze ans pour La Grande pagaille, La Marche sur Rome, Le Fédéral, L'Armée Brancaleone, Drame de la jalousie, Miracle à l'italienne, Pain et chocolat et un Bourgeois tout petit, petit !


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De Impétueux, le 5 juin 2015 à 19:38
Note du film : 5/6

J'ai, de fait, écouté Arca et acheté le DVD paru chez l'éditeur Tamasa ; packaging élégant, qualité de l'image et du son ; suppléments insignifiants (galerie de photos et deux filmographies, seulement, celles de Comencini et de Sordi) ; un livret de 16 pages aussi où Jean Gili, spécialiste du cinéma italien donne son regard sur le film, pertinent mais pas davantage que celui de notre distingué contributeur et ami dans son message du 8 janvier 2005.

Ces choses étant dites, communions à nouveau sur la grande qualité du film, due notamment à la virtuosité du cinéaste et de ses scénaristes Zapponi et Maccari qui ont adapté une nouvelle de Julio Cortazar, toute nimbée, j'imagine, de ce décalage léger et inquiétant avec la réalité, de ce talent fabuliste qu'offre la littérature argentine, Cortazar à gauche, Jorge Luis Borges à droite et Adolfo Bioy Casares je ne sais où, courant qu'on a appelé réalisme magique.

Virtuosité qui permet de nouer les fils de toutes les histoires archétypiques des automobilistes coincés sur un tronçon d'autoroute à proximité de Rome, vers qui parviennent, d'ailleurs, des nouvelles d'autres embouteillages absolus dans toute l'étendue de la Péninsule. Au fil des images, Comencini abandonne la plupart des personnages qu'il avait posés au début du film, en découvre d'autres, noue d'autres histoires et, paradoxalement, le spectateur accepte ce vaste panoramique sans rechigner, sans réclamer un retour vers la dispute du couple Irène/Annie Girardot-Carlo/Fernando Rey, sur le sort de la jeune femme (Eleonora Comencini) contrainte de quitter le taxi qu'elle ne peut plus payer, celui de l'obsédé inquiétant Patrick Dewaere ou des quatre maffieux, qui, tout en se rinçant l’œil, font mine de ne pas s'apercevoir du viol de Martina (Angela Molina) par de petites racailles qu'on croirait copiées de celles d'Orange mécanique.

Alors qu'on pourrait craindre hétéroclites ces tranches de vie et de misère – et, de fait, elles le sont – les coups de projecteur un peu substantiels donnés à certaines vignettes (l'arrogance de l'advocato socialiste Benedetti/Tognazzi, la louche complaisance envers Montefoschi/Mastroianni du couple Pompeo/Gianni Cavina-Teresa/Stefania Sandrelli, la rencontre improbable du livreur/Harry Baer et de la routarde Martina/Angela Molina) ne captent pas exclusivement l'attention, simplement la focalisent un temps.

Je n'ai pas souvenance dans ma longue carrière de cinéphage d'avoir vu un tel talent, une telle fluidité dans le balayage de cent actes divers, jamais frustrante, jamais désinvolte. Et puis cette glaciation qui vient tout doucement et la fin avec le petit garçon endormi sur la banquette arrière et la tristesse calme de sa mère, qui a vu des médecins, a espéré un miracle à Lourdes et se rend à Naples où on lui a dit qu'un magnétiseur…

Pour autant je ne hausse pas mon appréciation au niveau maximal. Sans doute parce que le discours, qui se veut édifiant et sarcastique est un peu dévoré par le brio même de la réalisation et qu'à force de vouloir commenter les illusions, réelles ou prétendues telles du Progrès technique, on moralise un peu trop, on didactise un soupçon au delà de ce qu'il faudrait. Il y a, à mon sens, une épaisseur de trait en trop dans Le grand embouteillage. Très fine, très ténue, mais c'est déjà miracle que d'avoir réalisé un film si intense…


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