Forum - La Strada - Le plus fellinien des films de Fellini ?
Accueil
Forum : La Strada

Sujet : Le plus fellinien des films de Fellini ?

VOTE
De moumouju, le 5 juin 2005 à 03:04
Note du film : 6/6

Je ne comprends pas  : il n'y a personne pour dire combien ce film est bouleversant? bon, alors, j'ouvre le débat!


Répondre

De JIPI, le 28 septembre 2006 à 10:26
Note du film : 6/6

La strada est un film magnifique torturant les cœurs par le chemin de croix qu'endure Gelsomina faussement superficielle dont l'immense générosité est enfouie dans l'âme.


Répondre

De Gaulhenrix, le 20 août 2007 à 00:17

Fellini représente plutôt, pour moi, le cinéma populaire et charnel, voire sensuel, porteur de visions oniriques et métaphoriques ; intelligent, sans doute, mais sans être intellectuel.


Répondre

De Gilou40, le 18 septembre 2010 à 15:56
Note du film : 5/6

J'ai revu cette route hier au soir, et je ne me souvenais plus des commentaires du début. J'avais enregistré ce film projeté un soir, il y a des lustres, au cinéma de minuit. Version Italienne sous-titrée. Mais ce n'est pas Patrick Brion qui parle. La voix dit en substance :Voilà peut être le plus Fellinien des films de Fellini ! Malgré un immense succès auprès du public, toute la presse de gauche reprocha à Fellini d'avoir trahi le néo-réalisme.Francois Mauriac, lui, le félicita chaudement pour la grâce de son oeuvre et Le "Maestro" passa outre. Il enchaina avec Il Bidone

Voilà, peut être, la raison pour laquelle j'aime la strada. Alors que, comme je l'avouais, (ai-je bien fait ?) , le cinéma Italien me rebute un peu. Déja, dans le magnifique Toni de Renoir, quelque chose me chiffonne tout du long. Et voilà déjà que l'on parle de néoréalisme. Aurais-je alors des problèmes avec ce fichu néoréalisme ? Je réouvre donc mon dictionnaire et à la définition de "Néoréalisme", je lis : Courant cinématographique italien marqué par la description des réalités sociales. Serais-je alors insensible à ces réalités violentes ? Pourtant , si je me réfère à La traversée de Paris, par exemple, ou dans un climat plus lourd à L'armée des ombres, je nage en plein néoréalisme. Pareil, dans un autre genre, pour papa, maman, la bonne et moi, qui a entrainé sur ce site tant de digressions passionnantes sur la vie en ces années 50 . Donc j'en conclus qu'il existe plusieurs façons de filmer les réalités sociales. Et que je n'aime pas la façon dont les traite le cinéma Italien… (Vous suivez là, ou je m'abonne direct à De Funès ??…))

Pour en revenir à ce bijou de film, merveilleusement esthétique, il ya une chose qui m'intrigue. Autant le personnnage de Gelsomina est fouillé, autant nous ne savons rien de Zampano. Qui est'il exactement ? D'ou vient-il ? Quand Gelsomina lui pose la question, il répond : "-Je viens de mon pays.." Nous ne savons jamais rien de cette rudesse qui l'habite. Jamais ne nous est révélé le pourquoi de cet hiver qui en lui en permanence. Et pourtant, il est beaucoup plus interéssant que sa "protégée". (Comme on l'entend du côté de la place Pigalle). Elle, passe par toutes les mimiques possibles et imaginables. Ca va de Stan Laurel à Chaplin, en passant même, un court instant par Harpo des Marx Brothers. Elle est très touchante, mais rend parfois cette histoire un peu bébête alors qu'elle est censée en être la trame dramatique. On peut lui reprocher d'être un personnage à la Caliméro, plus qu'une véritable tragédienne. Même si on sent qu'elle sait regarder un océan… Lui, par contre, de cette histoire, il est le radier froid, glacial et pourtant tout aussi douloureux. Mais il reste en retrait, par rapport à elle. C'est d'ailleurs assez drôle, on dirait qu'il l'observe quand elle joue. Etait-il fasciné ? Et Richard Basehart est une espèce de fée clochette qui virevolte entre eux comme Jean vilar jouait avec la destinée des protagonistes des Portes de la nuit. Autre film que l'on pourrait qualifier de néoréaliste, me semble t'il, si j'ai bien compris la chose depuis le début.

La scène du funambule qui se restaure sur son fil si haut perché est la métaphore absolue de ce film : Le mur qui sépare la comédie de la tragédie est bien mince… Même en voulant être drôles, nous pouvons très vite devenir pathétiques. Ou le contraire. En cela, La strada est un immense film. De la trompette de Gelsomina aux larmes de Zampano sur la plage, nous sommes conviés au banquet de la vie…


Répondre

De Nadine Mouk, le 22 janvier 2016 à 16:56
Note du film : 6/6

Quels comédiens inoubliables! Anthony Quinn est monumental. Il semble être né pour incarner cet hercule bourru et brutal, qui ne se découvrira un cœur que trop tardivement. Un regret tout de même comme déjà spécifié sur ce fil : la voix française de l'acteur ne fait pas le poids vis-à-vis de l'ensemble de cette œuvre fantastique. Ce n'est pas la voix de Henry Djanik, son doubleur officiel que l'on entend et c'est fort dommage. A l'opposé (et quarante centimètres en dessous), Giulietta Masina, son sourire gourmand et sa "tête d'artichaut" (Fellini est gonflé de faire dire ça à l'écran à propos de sa compagne!). Un personnage unique dans l'histoire du cinéma, lunaire, angélique, déchirant, qui rappelle parfois sous son maquillage de Pierrot celui de Jean-Louis Barrault dans Les enfants du paradis, ou même Chaplin dans Les feux de la rampe. Sacrées références ! Longtemps après la fin du film vous aurez en tête sa façon de dire "Zampano !" et les échos de sa trompette. Parce qu'il y a aussi la musique immortelle de Nino Rota.

Totale réussite, La strada s'inscrit incontestablement parmi les chefs-d’œuvre absolus du cinéma mondial. Un film d'une rare intensité émotionnelle, le beau travail de mise en scène de Federico Fellini renforce le coté noir et désespéré de l’œuvre. L'Italie néo-réaliste est tragiquement représentée avec ses personnes pauvres et marginales, l'univers des gens de la route et des saltimbanques qui l'arpentent également. Ce film est d'une force symbolique, on rit et on pleure. Richard Basehart est très bon, même excellent. Il est la mouche d'un coche qui n'en avait pas besoin. Il le paiera de sa vie de fou, Monsieur le fou … Mais dans ce film éblouissant, je crois que chaque pierre, chaque caillou de La strada a du talent ! Immense ! Énorme  !


Répondre

De Frydman Charles, le 21 mars 2022 à 12:14
Note du film : 6/6

Giulietta Masina devait avoir 34 ans à la sortie du film. Mais avec son 1 m 57 aux côtés d'Anthony Quinn et son 1 m 85 ,sa simplicité d’esprit dans le rôle de Gelsomina on dirait une enfant "Gelsomina : « le visage énigmatique de l’enfance »"  ! Zampano la présente comme sa femme lors des spectacles ou sa partenaire auprès d'une amie, mais aucune tendresse, aucun amour entre eux. Gelsomina éprouve un sentiment pour Zampano qui reste indifférent .J’étais petit lorsque le film est sorti, et ma mère avait été marquée par la tête d'artichaut de Gelsomina : répliques du film Vers 1h et 1 h 05 mn : "Tu as une drôle de tête, tu sais. Tu es vraiment une femme ? On dirait un artichaut.", "…Et toi aussi, tu sers à quelque chose avec ta tête d'artichaut" . A voir ce soir 21 mars 2022 sur Arte


Répondre

De Impétueux, le 25 août à 19:41
Note du film : 3/6

Découvrir le cinéma de Federico Fellini avec La Strada; parce qu'on a alors 8 ou 12 ans, le retrouver vingt-cinq ans plus tard en DVD dans la médiocre retranscription française sabotée par l'affreux René Château ; faire cela un soir de mauvaise humeur ; et de cette façon en écrire un méchant avis assez puéril ; se le reprocher parce que l'on est un être scrupuleux et exigeant ; se dire que désormais; les années passées on a suffisamment exploré le continent fellinien et que, même si on ne lui a jamais trouvé les pics et les éminences qu'on aurait espéré y déceler, on peut l'avoir apprécié de plus en plus et aussi lui trouver, grâce à La dolce Vita ou à Et vogue le navire d'immenses qualités…

Revenir à La strada ; n'en n'être pas ébloui comme on l’espérait secrètement pouvoir l’être, mais en rehausser la place dans son Panthéon personnel ; se confirmer qu’on est toujours aussi exaspéré par la mélodie écrite par Nino Rota qui ne fut pourtant pas pour rien dans le succès public du film, qui en est un des fils conducteurs et sert même à sa conclusion.

Se dire que le coup de génie de Federico Fellini, c’est la distribution des rôles et que la seule possibilité que son récit pût fonctionner était bien d’employer de tels acteurs.

D’abord Anthony Quinn, au physique taillé à la hache qui pouvait, par la qualité de son jeu, se rendre aussi rustre, sauvage, violent, sommaire et esseulé que le personnage de Zampano exigeait qu’il fût. Il est vrai, pourtant, comme on l’a sagement remarqué, qu’il est un mystère complet : on comprend bien d’où est issue Gelsomina, la misère de cette Italie qui ne va connaître son miracle que peu à peu, on ne plonge pas dans le passé de Zampano, les claques reçues, l’abandon possible, l’enfance vécue comme un calvaire… Enfin, tout ça fait partie des hypothèses.

Puis Giulietta Masina, si fragile et si forte à la fois, si naïve et si profonde : merveilleux personnage créé sans doute par Fellini avec l’aide de sa femme. Sait-on qu’après une fausse couche en 1943, elle perdit son petit garçon qui n’avait que onze jours en 1945 et qu’elle ne put avoir d’autre enfant ? Voilà assez pour mettre dans un regard cette lueur distante, comme coupée du monde qui sera sa marque durant sa carrière. Gelsomina terrorisée et soumise, aimante et craintive, à peine éveillée, même émerveillée par la vitalité et le brio du Fou, le funambule (Richard Basehart) mais résignée aux saletés de la vie.

Les paysages de banlieues tristes et de terrains vagues, parfaitement désespérants, sont filmés sans complaisance et le climat de l’Italie exsangue d'après-guerre devrait nous parler davantage : je ne me souviens pas avoir vu représentée la France de l’époque dans cette même désolation ; ce qui m’y fait le plus songer, c’est l’Espagne du Luis Buñuel du début : Terre sans pain, par exemple ; presque le Tiers-Monde…

On peut tout de même reprocher à La strada un contenu trop vide et une anecdote à la fois mélodramatique et sans aspérités, presque niaise. Le scénario est répétitif, prévisible, quelquefois languissant ; il manque des personnages secondaires, des arrière-plans qui bâtissent la réalité : les gens du cirque, sur qui pouvaient être bâties de singulières péripéties sont oubliés sitôt qu’entrevus.

Et puis voilà : Fellini qui, avec Le Cheik blanc, La Strada, Il Bidone, Les nuits de Cabiria avait exploré avec talent les voies toujours douces-amères, pathétiques et comiques que seuls, ou presque les Italiens maîtrisent, s'est vu, à partir de La Dolce vita, décerner un brevet d'intellectuel et de phare de la pensée,pour passer la suite de sa carrière à souvent contempler un nombril qu'il avait à la fois démesuré et bizarre…

Mais j’ai déjà écrit que j’avais un problème avec cet immense réalisateur.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version haut débit

Page générée en 0.0063 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter