Un assez bon petit film, pourtant tombé en disgrâce, qui se laisse voir sans déplaisir. Avec une
Dany Carrel
omniprésente. Vous savez,
Dany Carrel
: "La saucisse qu'on emmène pas quand on va à Francfort" comme lui expliquait
Quinquin dans
le Pacha.

C'est drôle, chaque fois que je vois cette actrice, c'est à cette phrase que je pense. Ah ! Cet
Audiard,

il en aura laissé des traces…
La moucharde
est une comédie dramatique qui va crescendo jusqu'au dénouement attendu, bien sûr, mais qui ne nous fait pas dire :"-
Ah ! Enfin, c'est fini…-" . Non, parce que le scénario, même assez convenu, nous tient sinon en haleine du moins bien éveillé. Rien de très compliqué mais bien agencé. Guy Lefranc, habitué aux productions des plus légères, fait ici exception à la règle. Et je crois même qu'à part
Les amoureux sont seuls au monde
et son fameux
Chantage
(que je ne vois pas dans sa filmographie),
la moucharde
est bien le seul film sérieux et grave qu'il ait réalisé. Mais n'oublions pas que c'est lui le premier qui a osé
San Antonio
..
Dany Carrel
a du talent. Du talent et un physique. Habituellement, elle nous expose assez souvent des décolletés explosifs, ici elle apparaît
belle, sans ornement, dans le simple appareil d'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil… amoureuse d'un
Pierre Vaneck
chanceux mais pas très net côté morale. On peut s'étonner de voir pareille scène dans un film qui n'annonce pas du tout ce genre de situation. Mais cette apparition s'explique peut-être par le fait que ce film est tiré du livre de l'excellent
Pierre Coffinet,
La fille de proie. Et il est bien connu que l'écrivain ne crayonnait jamais un bouquin sans y mettre quelques scènes sexuelles assez chaudes. Pour ne pas dire torrides. Là, il n'est pas question de ca. La "sexualité" comme la noirceur de l'histoire sont très atténuées, censure et décence oblige. Il avait un côté assez torturé l'écrivain à succès. Alors
Betty, personnage un peu naif bien ressenti par
Dany Carrel,

a fait un effort…
Et il y en a du monde pas très net autour de cette petite fille évadée d'une maison de redressement, établissement bien loin du grand banditisme.
Albert Dinan,
Henri Crémieux,
Georges Chamarat,
Yves Deniaud,

tous pourvus de casiers judiciaires de politiciens véreux et qui voient en elle une proie bien facile. Il n' y a guère que
Serge Sauvion,

romantique à souhait, qui lui veut du bien. Et le père "la morale", Monsieur
Noel Roquevert
, avocat de son état, intransigeant sur l'honnêteté. Mais ces deux là, elle n'en veut pas.
La moucharde
veut connaitre l'argent facile, la grande vie, quitte à jouer les
balances
pour des flics qui rénumèrent bien. Mais c'est un jeu qui peut coûter très cher. elle l'apprendra vite…
Voilà un film oublié. Le DVD existe, avec une fort belle image d'ailleurs. Mais je crains que cette oeuvre, aussi sympathique soit-elle, ne refasse pas surface dans beaucoup de mémoires. Je l'ai revu. J'en suis fort aise. Ce ne fut pas l'extase mais un bon moment passé…