Rien ne pouvait être aussi brillant, de ce fait, que la mise en valeur de héros, de types, de guerriers à qui nous pouvions nous assimiler, pauvres jeunes gens qui ne voulions pas voir que notre histoire était derrière nous. En dix ans fleurissent les figures exaltantes qui nous redonnent moral, même si nous savons que nous nous mentons un peu. Et même beaucoup.
Fanfan la tulipe de Christian-Jaque au tout début, sans doute (1952) ; et chaque année à la suite un grand succès : Les trois mousquetaires d'André Hunebelle en 1953, Le vicomte de Bragelonne de Fernando Cerchio, Le Bossu, Le Capitan, Le miracle des loups d'André Hunebelle à nouveau entre 60 et 63, Le masque de fer d'Henri Decoin en 1963… Tout cela se poursuivra avec de beaux succès jusqu'à la radieuse série des Angélique animées en cinq épisodes par Bernard Borderie entre 1964 et 1968.Tous ces films s'appuyaient sur le vivier de la culture populaire française ; en premier lieu sur les merveilles écrites par Alexandre Dumas, merveilleux pourvoyeur d'intrigues et d'histoires. Grâce à son atelier d'écriture, Dumas pouvait, à un rythme invraisemblable donner à ses lecteurs des ''séries" complètes qui offraient une vaste perspective historique.
C'est ainsi que sont nées les longues merveilles : le Grand siècle des Trois mousquetaires ou Le Vicomte de Bragelonne, la Révolution française, de Joseph Balsamo jusqu'à La comtesse de Charny en passant par Le collier de la Reine et Ange Pitou. Et puis, ce qui nous intéresse ici, la trilogie de la Renaissance : La Reine Margot, La dame de Monsoreau, Les Quarante-cinq. Deux siècles d'histoire haletante. Je plains ceux qui n’aiment pas lire : s’ils savaient de quoi ils se privent !Donc nous voilà au début des conflits : 1572. Le Roi Henri II est mort en 1559, l'œil crevé dans un tournoi et a laissé le trône à son aîné François II, puis après une brève année à son deuxième fils Charles IX, qui souffre de faiblesse de caractère, mais ne manque pas de sensibilité ni d'intelligence. Malheureusement les trois frères Valois (François II, Charles IX, Henri III) souffrent de l'influence excessive de leur mère, Catherine de Médicis.
C'est dans ce panier de crabes que se déroulent le roman et le film qui en est inspiré, d’autant que l’atmosphère est bouillante : les calvinistes qui ont su s’imposer dans de vastes régions, menacent l’unité du Royaume et cherchent à acquérir des territoires, des principautés, des autonomies ; si, quelques décennies plus tard, le Cardinal de Richelieu tiendra tellement à faire tomber l’arrogance de La Rochelle, c’est parce que le risque était grave et profond.Marguerite, sœur des trois derniers Valois, François II, Charles IX, Henri III est présentée comme dotée d’un beau tempérament ; et son incarnation par Jeanne Moreau, dont la sensualité n’a jamais été la ligne faible est plutôt réussie, en face de la rigidité ennuyeuse d’Isabelle Adjani dans le navet de Patrice Chéreau (1995).
Selon plusieurs historiens, Margot n’était pas si dispendieuse que ça de ses charmes, mais la légende est faite et il ne sert de rien de revenir là-dessus. De la même façon, il faudrait être un peu davantage soucieux des personnalités de Catherine de Médicis (Françoise Rosay).Jean Dréville filme tranquillement, dans une grande conformité à l’histoire fantasmagorique proposée par Alexandre Dumas avec des récits amoureux qui bourgeonnent, qui détournent plaisamment du récit principal mais qui, évidemment, forgent les légendes. En premier lieu le massacre du 24 août 1572 qui survient seulement sept jours près le mariage de Marguerite et Henri de Navarre (André Versini). Quelques scènes un peu barbares dans un Paris d’horreurs sanglantes, mais du cinéma plutôt plomb-plomb.
Bon nombre d’acteurs de second ou troisième plan, toujours bien agréables à reconnaitre : Françoise Rosay) , étonnante en Catherine de Médicis, Louis Arbessier, qui interprète l’Amiral de Coligny, Robert Porte en Charles IX et Daniel Ceccaldi en futur Henri III (chargé en personnage homosexuel caricatural alors que rien ne prouve que le Roi l’était).
La seule qualité du film finalement est de permettre au spectateur de contempler la face arrière nue de Jeanne Moreau un très bref instant. C’est déjà ça.
Page générée en 0.0053 s. - 6 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter