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La France d'en haut fricote avec celle du bas


De Impétueux, le 20 mars 2015 à 22:43
Note du film : 2/6

Quoi qu'on vous en dise, quoi qu'on vous en raconte, avec les meilleurs arguments du monde et toute la bonne volonté qu'on peut y mettre, il y a des trucs qui ne vous plaisent pas, avec quoi vous n'avez pas d'affinités et qui ne vous disent rien. Un peu comme sur la carte d'un grand restaurant, finalement : on vous propose des plats dont vous êtes certain qu'ils ont de la qualité, mais qui ne vous intéressent pas. Dans le registre années 70/80, je prends tous les Sautet et m'en enchante à chaque vision ; et à chaque fois que je m'aventure dans un Pialat, j'y suis mal à l'aise.

Je ne dis pas, pas du tout que c'est mauvais, inintéressant, surfait, détestable, mais ça ne me plaît pas. Ou, plutôt, ça m'agace. Je n'ai pas une très grande connaissance du réalisateur, mais je n'ai pas très envie de découvrir davantage que ce que j'ai vu : jadis Van Gogh (mais comme je ne peux pas piffer le peintre, c'était un peu biaisé) ou Sous le soleil de Satan (mais entrer vraiment dans Bernanos, c'est très compliqué, presque impossible). Plus récemment À nos amours, qui m'a laissé en plein débat avec moi-même.

Et Loulou, donc. Façon de filmer à la fois brouillonne et intelligente. Je ne suis pas très exact en écrivant façon brouillonne : je sais que Maurice Pialat, voulant capter la vie, son tohu-bohu, son mouvement permanent, épuisant, énervant, la filme avec cette violence et cette aigreur ; ceci, même si je m'y sens mal à l'aise, n'est pas mal conçu du tout : c'est le bruit et la fureur de l'existence, la faiblesse et la lâcheté des hommes et des femmes, leur veulerie, la laideur de la vie quotidienne, l'absence de toute espérance.

Gérard Depardieu avait encore en 1980, la fraîcheur, presque l'ingénuité de son immense talent. Un peu davantage, même : on sent en lui une telle vitalité, une virilité si abondante qu'il envahit l'écran sans partage, malgré toute la qualité du jeu de Guy Marchand, qu'on a vu rarement mauvais, d'ailleurs. Isabelle Huppert est, de son côté, tellement naturelle, tellement spontanée qu'on en arrive à marcher et à croire à son personnage lâche, exaspérant, immature, velléitaire.

Il n'y a que des crapules ou des minables dans Loulou. Comme le dit Depardieu dans un moment de lucidité sarcastique Je me demande ce que je fous avec un mec comme moi.

Un cinéma que je n'aime pas. Mais du cinéma, vraiment, évidemment.

___

Et depuis ce message j'ai radicalement changé de point de vue sur le cinéma de Maurice Pialat. Et je souhaite revoir Loulou pour placer le film à une meilleure jauge… parmi les grandes.


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De vincentp, le 3 mai 2009 à 08:34
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Je prends la vie comme elle vient…

La rencontre improbable de trois personnages issus de milieux sociaux différents : Isabelle Huppert, bourgeoise, mais victime d'un odieux Guy Marchand -boeuf incarné-, fréquente le mac Loulou alias Gérard Depardieu, en lequel elle trouve réconfort affectif. Les saynètes déroulant quelques instants de la vie quotidienne de ces personnages forment un kaleidoscope éclairant les facettes des caractères, mettant en évidence leur complexité, leur ambiguité. Point de bons ou de méchants : simplement des individus formatés par leur milieu social, mais qui utilisent leurs quelques atouts intellectuels ou physiques pour aller de l'avant, ballotés par des événements qui les dépassent par moments.

Au delà de cette simple histoire, sans doute un portrait de l'être humain, une étude des formes que revêtent ses relations affectives et sociales, intangibles. Mais aussi en arrière plan, un portrait de la société française du début des années quatre-vingt, celle des bars plus ou moins miteux, de la rue populaire, fréquentés par le quidam ordinaire.

Extrêmement bien réalisé : la séquence initiale qui voit Isabelle Huppert passer de Guy Marchand à Gérard Depardieu est par exemple incroyablement bien faite, avec une adéquation totale entre le fond et la forme. Huppert navigue au milieu des danseurs, un peu perdue, et finit par atterrir dans les bras de Depardieu, après un aller-retour avec Guy Marchand.

Le film est à la fois très dense, complexe dans sa construction, mais l'histoire est toujours claire, limpide, et crédible. Les situations mises en scène sont très variées, et l'on ne s'ennuie pas, même en face de crises de couples. Extrêmement bien interprêté par Depardieu, Huppert, (et Guy Marchand), incroyablement spontanés, et sans doute au sommet de leur art d'acteur. Mais aussi extrêmement bien dirigés par Maurice Pialat bien sûr, lequel capte la part la plus naturelle de ces acteurs.

Un des grands films français du début des années quatre-vingt.


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